Cette époque produisit un excellent peintre de perspectives, duquel il a été fait mention dans l'histoire de l'école romaine , où il apprit son art : il a même laissé à Rome quelques peintures ; ce fut Giovanni Chisolfi , élève de Salvator Rosa. Je dois ajouter ici que, de retour à Milan, outre les vues d'architecture , pour les quelles on le place au premier rang , il entreprit de faire aussi de grands sujets d'histoire et des tableaux d'autel, et produisit des fresques d'un fort bon goût dans la Chartreuse de Pavie, puis dans le sanctuaire de Varese.
Un paysagiste d'une grande réputation, qui suivit, la manière d'Agricola, son maître, parut dans le même temps. Ce fut Fabio Ceruti, des tableaux duquel, ni la ville, ni l'État de Milan, ne sont dépourvus. On conserve encore la mémoire d'un Perugini , que le chevalier Ratti a nommé dans la vie d'Alexandre Magnasco de Gênes, et que l'on appelait aussi Lisandrino. Ce dernier, sorti de l'école de l'Abbiati, s'arrêta fort longtemps à Milan, à copier les tableaux du Perugini, de Spera et des autres; et il y ajoutait de petites figures , au mérite desquelles nous rendrons justice, en esquissant l'histoire de son école nationale.
Les successeurs de Raphaël tombaient dans l'excès du beau idéal , tandis que ceux de Michel-Ange exagéraient les détails anatomiques. L'importune vivacité et les raccourcis multipliés reparaissaient dans les sujets d'histoire les plus sérieux des Vénitiens et des Lombards. Il y eut quelques peintres, comme nous l'avons partout remarqué, qui s'élevèrent au-dessus des préjugés et de l'espèce d'aveuglement qui régnait dans toute l'Italie, et qui étudièrent les ouvrages des grands maîtres de chaque pays, pour recueillir de chacun d'eux ce qu'il offrait de meilleur à imiter.
Depuis ces premiers temps, je ne crois point que l'art de la peinture ait été jamais oublié ou se soit jamais assoupi à Milan et dans le pays de sa dépendance. Heureux si nous avions des mémoires assez détaillés pour y trouver les matériaux d'une histoire complète !
Si, dans l'histoire de chaque école de peinture, nous avons en soin de rappeler d'abord la mémoire des temps barbares, pour arriver ensuite aux temps les plus éclairés, nous avons ici bien plus de raison encore, de demeurer fidèles à cette méthode.