Parmi ceux qui prirent Carrache pour leur modèle, et dont on ne peut pas déterminer l'école avec certitude, on doit encore, je crois, placer Giuseppino de Macerata , auquel une tradition qui n'a rien d'authentique, donne pour maître Augustin Carrache. Il reste de ses ouvrages dans les deux églises collégiales de Fabriano , une Annonciation à l'huile ; dans celle de Saint-Nicolas, et dans celle de San Venanzio, deux grandes chapelles peintes à fresques; dans l'une des deux, où il figura le Miracle des apôtres , il se surpassa lui-même pour la beauté des têtes et pour la composition. Dans tout le reste il paraît avoir travaillé avec trop de hâte et avec une certaine hésitation.
Raphaël, a son arrivée, dit le Vasari , eut une salle a peindre; ce fut celle que ion appelait alors au temps de la salle de la signature, et que les peintures du Sanzio firent nommer depuis, la salle des sciences. Il figura sur la voûte, la théologie, la philosophie, la poésie, et la jurisprudence : chacune d'elles a, sur la surface contiguë, un grand sujet d'histoire, analogue à son caractère. Il y a aussi dans les soubassements, des sujets qui appartiennent aux mêmes sciences; et ces peintures, moins considérables ainsi que les cariatides ou autres figures destinées à soutenir les corniches qu'il a distribuées ça et là, sont en camaïeu ou clair obscur; idée qui appartient toute entière à Raphaël , et qui fut exécutée, dit-on, par Polydore Caravage, il commença par la théologie, et imita Pétrarque , qui, dans une espèce de vision , avait imaginé une réunion d'hommes d'une même condition, quoiqu'ils eussent vécu à des époques diverses.
Dans la vie de Michel-Ange, il reparle encore du désordre pour lequel il lui fallut partir de Home, et il termine en disant qu'étant revenu dans cette ville, il alla jusqu'à la moitié de son ouvrage, et que le pape voulut qu'on en découvrît aussitôt cette portion terminée. « Raphaël qui était un imitateur parfait, l'ayant « vue, changea tout à coup de manière, et fit tout d'un «trait les prophètes et les sibylles de l'église de la Paix.» Nous voici arrivés à une question agitée avec chaleur, en Italie, et au-delà des monts. Le Bellori attaqua le Vasari , dans un opuscule très-mordant, qui a pour titre : « Si Raphaël agrandit et améliora sa manière , «après avoir vu les ouvrages de Michel-Ange?» Le Crespi lui répondit par trois lettres insérées dans le tome II des Pittoriche , et beaucoup d'autres écrivains , en se déclarant pour l'un ou pour l'autre parti, ont produit de nouvelles réflexions.
Ce fut sur les peintures de Caravaggio , et de Valentino, que le maître de Lebrun, et le le restaurateur de l'école française, forma son style. Il reste de lui, à Rome, quelques productions remarquables, et dans les édifices publics , et dans quelques maisons particulières , surtout dans la galerie Barberina; je les ai entendu préférer à beaucoup d'autres qu'il fit en France, avec une grande promptitude.
J'ai entendu plus d'une fois des amateurs de beaux-arts mettre en doute, si ce n'était point faire un abus de mots, que de donner le nom d'école romaine, à l'école établie à Rome pour l'exercice de la peinture; et si l'on pouvait la caractériser par ce nom avec autant de justesse que celles de Florence, de Bologne et de Venise l'ont été chacun par la leur.