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EAN : 9782070120512
560 pages
Gallimard (12/03/2009)
3.86/5   366 notes
Résumé :
" Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage.
Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 366 notes
Il m'a fallu longtemps avant de me décider à entrer dans ce livre de mémoires - terme que réfute partiellement à raison l'auteur - de 757 pages. D'abord parce que Claude Lanzmann était pour moi le père de - SHOAH - et qu'être celui qui avait conçu, réalisé, porté un tel monument ne pouvait que me "décevoir" en se racontant...
Parce que du point de vue de l'écriture j'associais le nom de Lanzmann à son frère Jacques, le "marcheur" qui avait contribué à quelques-unes des très bonnes émissions dont pouvait s'enorgueillir la télévision française des années 60/70/80, le formidable parolier ( grand prix de la SACEM comme auteur d'environ 90 textes utilisés sur plus de 400 écrits ) des chansons essentiellement de Jacques Dutronc, parmi lesquelles - Et moi, et moi, et moi -, - Les playboys -, - J'aime les files -, - Les cactus - ( ô combien culte ! ), et puis ma préférée avec - L'opportuniste -, le standard des standards - Paris s'éveille -, chansons dont la gageure pour Lanzmann était de "faire pire" que ce que faisaient Mireille Mathieu et Dalida ( dixit l'auteur ), rédacteur en chef, directeur de la rédaction et PDG du magazine - LUI -, romancier de plus de 50 ouvrages à succès.
Claude avait donc à mes yeux un statut iconique quand son frère avait celui d'un illustre mortel de talent.
Ce n'est qu'après avoir lu - le bureau d'éclaircissement des destins -, le formidable roman de Gaëlle Nohant, que j'ai ressenti la nécessité de réécouter des interviews de Claude Lanzmann, et ce faisant, éprouver l'irrésistible besoin de prendre sur l'étagère de ma bibliothèque où il patientait - le lièvre de Patagonie -

Difficile de sortir de la banalité de mes billets, de mes "habituelles" recensions de lectures à partir d'une telle oeuvre ; oeuvre dictée à son amie, la philosophe Juliette Simon ou à sa secrétaire, Sarah Streliski sur plusieurs années.
Il est à noter que c'est après qu'on lui eut offert un ordinateur et qu'il eût appris à s'en servir que CL décida de parler, je dis bien parler de sa vie. "Lorsque je dictais à Juliette assise auprès de moi, tous deux devant un large écran, je trouvais miraculeuse l'objectivation immédiate de ma pensée, parfaite au mot près, sans ratures ni brouillon. Finis les problèmes que m'a toujours posés ma propre écriture, changeante à mes yeux selon l'humeur, la nervosité ou la fatigue, quoi que m'en aient dit ceux qui la jugeaient belle. Il m'arrivait souvent d'être écoeuré par ma graphie, que je trouvais, pour reprendre un mot de Sartre à propos de la sienne "gluante de tous mes sucs".
Difficile parce que s'il s'agit d'une autobiographie, c'est avant tout un livre d'aventures - Claude Lanzmann aimait passionnément la vie - "Je ne suis ni blasé ni fatigué du monde, cent vies, je le sais, ne me lasseraient pas." Et dans ces 757 pages, un homme raconte non pas sa vie mais ses vies, et Dieu sait qu'elles furent au moins au nombre de cent !

Cet hymne à la vie s'ouvre sur un cauchemar récurrent de l'auteur, cauchemar qui a trait à la guillotine...
"La guillotine - plus généralement la peine capitale et les différents modes d'administration de la mort - aura été la grande affaire de ma vie." Et lorsqu'on pense à - SHOAH -, mais pas que... on comprend ces cauchemars "prémonitoires".
Ce "fou de la vie" qu'était CL, il l'exprime d'entrée à travers le titre et son animal totem, le lièvre, le lièvre qui parvenait à s'enfuir des camps de concentration, le lièvre qui réussit à échapper aux roues meurtriètres du bolide de Lanzmann sur une route de Patagonie, ce lièvre qui, enfin, ne sera jamais rattrapé par la tortue. Et ce lièvre il le célèbre grâce à un texte pré-avant-propos - La liebre dorada, "Le lièvre doré" – de Silvina Ocampo dans lequel ..." Un jour il s'arrêta comme à l'accoutumée, à l'heure où le soleil donnant à pic empêche les arbres de faire de l'ombre, et il entendit aboyer non pas un chien, mais beaucoup de chiens, dans une course folle à travers la campagne. D'un bond le lièvre traversa le chemin et se mit à courir. Les chiens le prirent en chasse dans la plus grande confusion. "Où allons-nous?" criait le lièvre d'une voix tremblante, vive comme l'éclair. " À la fin de ta vie", criaient les chiens d'une voix de chien."
C'est on ne peut plus éloquent !

Claude Lanzmann naît en 1925 dans le 12ème arrondissement de Paris dans une famille aux origines juives, mais "grandit sans l'ombre de l'ombre de quelque éducation juive que ce soit, ni religieuse, ni culturelle." Son père Armand Lanzmann épousera Pauline, dite Paulette, Grobermann. de leur union naîtront Claude, Jacques et Évelyne ( dite Évelyne Rey, comédienne célèbre... que je voyais à la télé dans les années 60 en ignorant tout de sa parenté avec ses deux frères dont les trompettes avaient pourtant déjà claironné la renommée...)
Ses parents divorcent en 1934.
Les enfants vont vivre avec leur père à Brioude en Haute-Loire, avant de retourner à Paris où ils retrouveront Paulette qui vit avec Monny de Boully, un poète franco-serbe.
Claude Lanzmann va nous conter l'histoire très riche, très aventureuse, romanesque et quasi cinématographique de ses grands-parents paternels et maternels, son enfance chaotique, ses études de philosophie, sa participation militante et combattante à la Résistance, son entrée dans le journalisme, sa collaboration à des journaux comme France Dimanche, France-Soir, Elle, le Monde et surtout Les Temps Modernes.
Son amitié avec Jean Cau, son exil berlinois en 1947 au cours duquel il occupe un poste de lecteur à l'université libre de Berlin, sa rencontre avec Sartre et ses sept années de vie commune avec " le Castor", plus connue sous le nom de Simone de Beauvoir, ses voyages en Israël, pays auquel il va "viscéralement s'attacher", et bien entendu les douze années consacrées aux neuf heures et demie de projection que contera - SHOAH -, neuf heures et demie sur plus de trois cents heures d'interviews et de pellicule... ( c'est passionnant !)
Comme je l'ai dit précédemment, il est impossible de faire un billet sur les cent vies de Claude Lanzmann. Toutes les pages consacrées à sa soeur fourmillent de tant d'infos, tant d'anecdotes, tant de noms, de dates, d'évènements personnels - sa liaison avec Sartre entre autres -, mondains, historiques - je pense à la guerre d'Algérie -, son suicide après un brillant documentaire réalisé en Tunisie... que ça rend l'intention dissuasive... Et que dire de ses sept années de cohabitation amoureuse avec Simone de Beauvoir...sinon qu'il faut lire le livre pour m'éviter le piège d'un résumé qui tomberait dans un développement aussi long et rébarbatif qu'idiot.

J'ai dit hymne à la vie à travers les cent vies de Claude Lanzmann. Il me faut rajouter ou du moins insister sur le fait qu'on a autant affaire à une autobiographie qu'à un livre d'aventures.
Que l'écriture dictée est d'une très grande qualité syntaxique, lexicale, que la pensée est riche, profonde et dense.
Que l'érudition colle au récit mais sans matuvuisme.
Pour être honnête, je ne peux pas ne pas faire mention de deux éléments dérangeants dont Claude Lanzmann s'est délesté en les ignorant : je veux parler des scandales sexuels au coeur desquels se sont retrouvés Simone de Beauvoir ainsi que l'auteur.
Je n'en dirai pas plus. Pour ce qui est du "Castor", ils sont aujourd'hui connus et documentés. Pour Claude Lanzmann, ils sont un peu plus "opaques".

Cela étant, - le lièvre de Patagonie – est un livre remarquable que je ne peux que recommander. Un homme qui a compté dans cette seconde moitié que fut le XXème siècle le raconte. On y croise L Histoire, la littérature, la politique, l'élite, la famille, le quotidien... c'est totalement subjugant.

"J'aime les lièvres, je les respecte, ce sont des animaux nobles... S'il y a une vérité de la métempsychose et si on me donnait le choix, c'est, sans hésitation aucune, en lièvre que je voudrais revivre."

PS : j'avais pris une foultitude de notes, répertorié des citations, sélectionné des passages... chemin faisant, j'ai renoncé à faire de ce résumé un exposé.
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Voilà un livre qui traînait dans ma PAL depuis 11 ans et c'est grâce à une lecture commune avec Myriam et Stéphanie pour le sympathique groupe FB "À l'assaut des pavés" que je me suis enfin décidée à le lire.

Dans LE LIÈVRE DE PATAGONIE, Claude Lanzmann nous livre ses mémoires mais ça se lit comme un roman. Il faut dire qu'il est né en 1925 dans une famille juive non pratiquante, a eu une vie passionnante et a été le témoin direct des plus grands événements du 20ème siècle :

☆ Pendant la seconde guerre mondiale, il participe à la lutte clandestine et à des embuscades dans le maquis auvergnat alors qu'il était en hypokhâgne dans un lycée de Clermont-Ferrand.

☆ Après la libération, il part à Paris retrouver sa mère et continuer ses études. Parmi ses amis, on compte entre autres Michel Tournier et Jean Cau, mais surtout, il va y rencontrer Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (dont il partagera la vie pendant plusieurs années).

☆ Il a écrit dans Les Temps Modernes (et en a été, plus tard, le directeur), France Dimanche, Elle, France Soir, le Monde.

☆ Il fait partie des rares européens à s'être rendu en Corée du Nord, en plus à deux reprises.

☆ Il a été un "insoumis" de la première heure en signant le manifeste des 121 afin de contester la guerre d'Algérie et ce qui s'y passait.

☆ Mais Claude Lanzmann est aussi réalisateur de documentaires, et surtout du bouleversant SHOAH, un OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié) de plus de 9 heures où il a réussi à faire témoigner d'anciens nazis et des rescapés des camps de la mort.

Mais...

Ce n'est pas parce que Claude Lanzmann a eu une vie exaltante qu'il faut en oublier tout esprit critique !

Tout d'abord parce que la mémoire étant ce qu'elle est, il y a certainement des inexactitudes (ce que Claude Lanzmann reconnaît d'ailleurs à plusieurs reprises en avouant que lui et Simone de Beauvoir ne se souviennaient pas de certaines choses de la même façon). Ensuite, qui n'a jamais pris des accommodements avec sa conscience en essayant de se donner un meilleur rôle que ce qu'il en était vraiment ?
Et il ne faut pas oublier que plusieurs controverses ont émaillées la vie de Claude Lanzmann, notamment des accusations d'agressions sexuelles... d'ailleurs à la lecture de certaines phrases, je trouve qu'il a une vision très sexiste des femmes et quelques réflexions m'ont fortement déplues.

Cependant, je pense qu'il faut séparer l'oeuvre de l'homme et remettre les éléments dans leur contexte. Claude Lanzmann est un homme du 20ème siècle et on ne peut pas le juger avec notre vision du monde actuel.

LE LIÈVRE DE PATAGONIE est un livre essentiel dans l'histoire française du 20ème siècle et il mérite sa place dans toute bonne bibliothèque.


LE LIÈVRE DE PATAGONIE
de Claude Lanzmann

Éditions Gallimard (GF) / Folio (poche)
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J'ai beaucoup aimé cette rencontre avec Claude Lanzmann. Ponctué de réflexions aussi pertinentes que passionnantes son livre est servi par une écriture irréprochable -quelquefois un peu lassante tellement elle se veut sobre- qui vous entraîne dans le sillage de toute une vie. Si j'ai eu du mal à passer les soixante premières pages, j'ai été prise ensuite par le rythme du récit, qui nous promène à toute allure entre relations, liaisons, amitiés, amours, guerres, voyages, interviews, témoignages et création. Excusez du peu !
Lanzmann nous offre une vision passionnante sur le XXème siècle, dans un regard qui essaie de comprendre sans juger. Extrêmement vivant, son récit nous emporte comme dans un film, et nous fait devenir à notre tour à la fois spectateur et témoin. Nous côtoyons de grands personnages qui nous deviennent si proches que nous avons l'impression de les avoir connus, et en même temps nous les découvrons sous des aspects qui ne correspondent pas forcément à leur réputation.
Et en même temps Lanzmann relie ce passé à notre XXIème siècle, utilisant sa longévité dans un mouvement d'aller et retour qui donne un peu le vertige aux "jeunes" que nous sommes...
A quand une deuxième vie ? Plus qu'en lièvre, j'aimerai me réincarner en chat...


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Serais-je en sympathie particulière avec Claude Lanzmann ? non, bien évidemment non, je ne l'ai jamais rencontré et ne le croiserai jamais. Mais en empathie, alors ? alors là, je dis oui ! En empathie totale avec cet homme, je dirai même cet "honnête homme", au sens que l'on donnait jadis à cette expression !
Cet homme qui a traversé la presque totalité du vingtième siècle et en a vécu, dès l'adolescence les principales convulsions, en participant dès l'âge de dix-sept ans à la lutte clandestine contre l'occupant allemand.
Il s'agit ici d'une autobiographie ! et dans une autobiographie, on parle de soi, évidemment, de soi et des siens au sein d'un monde en mouvement ! C'est le projet qu'a dû se donner l'auteur, ce me semble, ce qui est parfaitement logique !
Et cela n'a rien à voir avec une hagiographie, n'en déplaise aux grincheux (ou jaloux) qui ne veulent y voir que le monde selon Claude Lanzmann, "à la gloire de Claude Lanzman, célébrant le génie universel de Claude Lanzman" (là, je cite directement un babeliote dont j'ai trouvé la "critique" particulièrement malvenue et vénimeuse). Et il y en a d'autres ! ce qui m'a laissée vraiment perplexe.
Chacun d'entre nous a sa propre perception du monde et ce monde, notre monde, chacun le comprend à l'aune des expériences qu'il est amené à vivre.
Il s'avère que Claude Lanzmann a eu la chance infinie de vivre dix vies, cent vies, mille vies, en fait non, seulement le nombre de vies que l'on se donne "en vrai" ou dans sa tête ! seulement le nombre de projets que l'on se sent capable d'assumer et que le destin nous aide à mettre en oeuvre ! En véritable témoin de son temps, il a eu la chance de par son travail et ses relations de se trouver bien souvent au plus près des événements qui ont secoué la seconde moitié du vingtième siècle.

Cet homme qui parle avec ardeur, avec bonheur et dans un style éblouissant de ceux qu'il a connus et aimés, qui nous fait partager ses émotions, son vécu, ses expériences en mettant dans son propos enthousiasme ou retenue, colère et joie, enfin toutes les émotions qui envahissent l'être humain au cours de sa vie, cet homme enfin, c'est notre contemporain. Il nous fait partager une vraie bonne (ou mauvaise) tranche de vie, grâce au temps qu'il a passé sur terre et aux opportunités qui se sont présentées à lui. Il nous ramène au présent tous les grands événements écoulés depuis plus de soixante ans et il nous les rend tout neufs, comme si nous les vivions là, maintenant ! Grâce lui soit rendue de ce talent !

En outre, il consacre plus de cent pages de son autobiographie à nous faire partager l'expérience de la réalisation de "Shoah" son grand oeuvre, à laquelle il a consacré douze ans de sa vie. Grâce à son obstination, à sa pugnacité, il a pu offrir à l'humanité ce film nécessaire, en sachant faire parler les ultimes témoins de cette abomination. En sachant d'abord les retrouver, puis les apprivoiser et les convaincre d'extirper de leur mémoire les monstruosités qu'ils avaient vécues ! ou alors en les trompant, lorsqu'il s'agissait d'anciens nazis, pour qu'ils acceptent de se remémorer leur participation active à "la solution finale".
Il en découle plus de neuf heures d'un film bouleversant, qu'il "faut" avoir vu.

A lire et relire comme un témoignage nécessaire et incontournable du vingtième siècle !
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"Un lièvre en son gîte songeait"....
Aujourd'hui, chers petits amis, notre leçon de choses parlera de cet animal si répandu mais souvent discret: le lièvre.
Le lièvre, du genre Lepus, famille des léporidés, s'est rendu tristement célèbre dans la fable "Le Lièvre et la Tortue", qui le présente comme très sûr de lui, limite prétentieux, croyant ridiculiser une pauvre petite tortue qui le défie à la course.
Depuis cette mésaventure, le lièvre fait profil bas, il se cache tellement elle lui a mis la honte, et Adidas lui a retiré son sponsoring.
Le lièvre ne creuse pas de terrier, il se contente d'un gîte, où il se tapit, solitaire, aux aguets, prêt à fuir à la moindre menace.

Le mâle reproducteur porte un nom étrange: le bouquin. En effet, quand on dit que le lièvre bouquine, cela ne signifie point qu'il relit toute la Comédie Humaine, ou Guerre et Paix, ou Les Rois Maudits, mais qu'il cavale après la gent femelle. Bref, pour le dire sans détours, il s'accouple.
J'en profite pour vous dire que la femelle du lièvre se nomme......qui a dit "la levrette"? Philibert, sortez du cours.
La femelle se nomme la hase. Elle milite chez les Femen, a lu tout Simone de Beauvoir et Marcela Iacub. La hase profite des assiduités du bouquin pour s'accoupler avec plusieurs mâles, qui sont, on s'en doute, de chauds lapins.
Ces moeurs scandaleuses et immorales donnent lieu à des scènes pittoresques de courses poursuite dans la campagne, aboutissant à de nombreuses portées de lapereaux, qui feront d'excellents civets.
Mais revenons à notre Lièvre, héros d'une autre fable:

"Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :
Cet animal est triste, et la crainte le ronge.
"Les gens de naturel peureux
Sont, disait-il, bien malheureux.
Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;
Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.
Voilà comme je vis : cette crainte maudite
M'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts".

Car voilà le drame de Lièvre: c'est un froussard, il n'a jamais de repos, il détale au moindre danger, il vit dans l'angoisse et la crainte. Pour apaiser cette anxiété, il bat des records de course à pattes, aligne les sprints et les marathons, court comme un dératé. Au point que parfois son esprit divague, et qu'il s'imagine être un ours! Un ours, animal invincible et courageux, doté d'une force qui dissuade tous les prédateurs. Mais Couard le Lièvre ne sera jamais un ours, il ne fait peur qu'aux grenouilles de la fable, ou se tire d'affaire par la ruse.

Si vous tenez vraiment à lire une bonne critique sur le bouquin de Lanzmann, n'hésitez pas, 17 autres lecteurs l'ont fait avant moi, et de plus j'ai complètement oublié ce que fait le lièvre de Patagonie dans cette galère. Je vous souhaite la bonne soirée.
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critiques presse (1)
LActualite
05 juillet 2022
Avec son livre Le lièvre de Patagonie, Claude Lanzmann prouve hors de tout doute qu'il fait partie de ces hommes et de ces femmes qui ne veulent pas que la mémoire s'éteigne.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Nous nous vîmes tous les quatre dans la même seconde, quatre regards s’échangèrent en un éclair, mais plus encore le mien sur Évelyne qui voyait Deleuze, sur Deleuze qui voyait Évelyne, sur Serge qui les voyait se voir, etc., miroitante et destinale mise en abyme.
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En vérité, je crois que ma soeur se sentait bien avec les hommes laids, ils la rassuraient, l'amour étant à ses yeux autre chose que le double mirage de belles apparences, d'abord amour de l'âme, car elle vivait contradictoirement sa beauté, évidente sous le regard des autres, problématique pour elle : elle ne s'en éprouvait pas propriétaire, elle ne se tint jamais pour une "belle souche" et c'était la source constante d'une incertitude, d'une interrogation inquiète à laquelle il n'y aurait jamais de réponse avérée.
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Jean Cau face à la mort:

"J'ai rencontré plus tard Montherlant, très droit dans son appartement au très bas plafond, quai Voltaire, peu de temps avant son suicide, hiératique, se tenant dans un véritable garde-à-vue intérieur, masqué de solitude et du savoir orgueilleux de sa mort, et j'ai eu de la peine lorsqu'elle fut annoncée. Mais je m'aperçois que ces dernières phrases auraient pu aussi s'appliquer à Cau lui-même, après qu'il eut appris qu'une inexorable maladie allait l'emporter, il y a près de quinze ans. Il se barricada avec le même orgueil, refusant de se montrer diminué, craignant par-dessus tout la pitié que son état pourrait inspirer. Montherlant et Cau avaient tous les deux affaire à la mort. Nous fûmes lui et moi brouillés pendant une longue période ou plutôt la vie nous brouilla, mais je lus un jour, dans un vol Paris-New-York, le portrait magnifique, exact, intelligent, tendre et hilarant qu'il brossa de Sartre dans son livre Croquis de mémoire et la première chose que je fis en arrivant dans la chambre d'hôtel de Manhattan fut de l'appeler pour lui dire mon admiration, mon amitié inaltérée et que je l'étreignais. Il fut, je crois, aussi ému que moi, nous nous revîmes dès mon retour à Paris, la brouille avait pris fin.p.136
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Elle comme lui – et c’est aussi depuis très longtemps ma conviction – pensaient qu’on ne discute bien qu’avec ceux avec lesquels on est d’accord sur le fond. C’est pourquoi ils détestaient les mondanités et les grandes tablées françaises, privilégiant la relation duelle. Être deux, se parler deux à deux était selon eux – selon moi aussi, ils m’ont appris cela – la seule façon de se comprendre, de s’entendre, d’avancer, de réfléchir. La formule de cette relation était : « Chacun sa réception »
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La lassitude de ces valeureux s'indique d'une seule façon : ils fument comme des sapeurs, enchaînant l'une après l'autre, sans un repos, des cigarettes au goût infâme. Un demi-siècle de mobilisation, un demi-siècle sur pied de guerre sans tirer un coup de feu, cela ne peut être et se poursuivre sans un très puissant dérivatif : le tabac.
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Videos de Claude Lanzmann (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Lanzmann
Cette vidéo a été publiée en 2016 par le Mémorial de la Shoah, elle a été enregistrée en 2009 à l'occasion de la parution de son livre "Le Lièvre de Patagonie".
Le 1er épisode de son film "Shoah" est diffusé ce soir sur France 2.
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