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EAN : 9791097417055
126 pages
Viviane Hamy (11/01/2018)
3.9/5   49 notes
Résumé :
" Ses romans sont un long cri de fureur proféré avec une tranquille, presque douce obstination, celle d'une Antigone revenue d'entre les morts ; jamais elle ne cédera. " Elle " Cette sensation de fin du monde, quand tu as dix ans et que tu comprends, du haut de ton mètre vingt, qu'il va falloir abandonner la sécheresse de ton ocre si tu ne veux pas crever. Je serais restée des millénaires, agenouillée contre ma terre, si je n'avais pas eu une telle soif. Maman a ca... >Voir plus
Que lire après Ne préfère pas le sang à l'eauVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Je suis complètement époustouflée par l'écriture de Céline Lapertot. 31 ans et une telle maturité, une telle maîtrise !
Dans un pays imaginaire, une énorme citerne d'eau attire des habitants de pays voisins en proie à la sécheresse.
Mais voilà, un jour, la citerne explose.
de nombreux morts dont la petite Karole qui vénérait la citerne. Et surtout, la défiance voire la haine des habitants pour tous ces migrants, les « nez-verts », maintenant que l'eau pourrait venir à manquer ici aussi.
D'autant qu'un dictateur a été nommé à la tête du pays.
Plusieurs voix racontent cette histoire, dont celle de T.qui exprime sa révolte contre le pouvoir par des mots et des tags, celle de Karole, morte d'avoir atteint son Eldorado, celle de Jagu……
De nombreux personnages pour comprendre les réactions en temps de crise.
C'est comme une fable, proche, si proche des réalités de notre monde.
L'immigration, la politique, la société, les travers de chacun, les combats de certains…. Tout est dit, tout est écrit.
Comme un cri de colère, de révolte, les mots de l'auteur nous accrochent, nous prennent à partie et nous entraînent.
C'est fort et c'est puissant.
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****

Quand la grande citerne explose à Cartimandua, c'est l'essentiel de la vie qui disparaît. Cette eau qui manque, qui rend fou, cette eau qui assèche autant les corps que les coeurs. Quel avenir se prépare ? Quelle humanité s'éteint ?

C'est ma deuxième rencontre avec Céline Lapertot et je suis définitivement conquise. Son univers, sa poésie, ses mots si justes, cette écriture qui résonne… Tout en elle est d'une puissance folle.

Si l'histoire de ce roman est difficile à situer, quel pays, quelle époque, elle retentît douloureusement à nos oreilles.
Quand la soif pousse des gens à braver les déserts, la chaleur, le déracinement, et que le regard des autres tuent plus que cette douleur au fond de la gorge, nos coeurs se serrent. Quand la haine voile les regards, que les coupables sont les derniers arrivés, les plus fragiles, ceux qui veulent juste survivre, alors nos mains se tordent…

Roman fort et puissant sur l'amour, l'amitié, la trahison et la culpabilité, c'est avant tout un cri, un poing levé, et des mots écrits à la craie contre la violence aveugle, le rejet de l'autre et l'égoïsme…

A toi Karole, victime innocente, puisses-tu nous regarder avec bienveillance, où que tu sois… Pardonne-nous surtout…
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L'eau qui disparait, la sécheresse, 300 paires de jambes, à la recherche d'un trésor, capables de parcourir des milliers de kilomètres pour boire, simplement boire. Karole, une petite fille est en marche avec ses parents et une partie de son peuple "les nez-verts" pour un pays voisin Cartimandua qui a la chance de posséder une immense Citerne qui met ses habitants à l'abri de la soif en alimentant en eau courante une grande partie de la ville.

Une énorme citerne, faite d'acier et de béton, un paquebot indestructible. Mais un jour, la citerne explose, des soldats partout dans la ville, la fin d'une civilisation, il faut la manière forte dans un pays pour que les règles soient à nouveau respectées, et un dictateur est porté au pouvoir. Il faut toujours un coupable, et l'étranger est toujours le premier désigné. La raréfaction de l'eau creuse un fossé entre les peuples, et les gens ne veulent pas partager.

Thiégo, lutte contre ce tyran, il a publié des lettres ouvertes dans des journaux clandestins, la liberté se construit un stylo à la main. Sur les murs il trace Liberté j'écris ton nom . Dénoncé par son ami d'enfance Marco, Thiégo se retrouve dans un pénitencier.

Une fable polyphonique qui aborde les thèmes essentiels du monde d'aujourd'hui, le partage des richesses, les migrants, les réfugiés climatiques, les démocraties vacillantes, la tentation de l'extrémisme, la xénophobie. Un court roman d'une richesse incroyable, plaidoyer pour la différence, la liberté et la fraternité.

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Nouveau coup de poing pour Céline Lapetot ! Elle m'avait déjà mise KO avec « Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre », un roman qui m'avait impressionnée que ce soit pour son scénario, pour sa narration ou pour la violence et la véracité de la plume de l'auteure. J'avais été marquée par cette lecture au point que, lorsque j'ai vu « Ne préfère pas le sang à l'eau » dans la Masse Critique Babelio, je coche directement cet ouvrage. Je désirais ressentir des choses fortes, au point d'assécher ma gorge ou de me serrer les tripes. J'avais envie d'être de nouveau ballottée par le style de Céline Lapetot. Bingo ! Cette nouvelle publication ne laisse pas le lecteur indifférent…

L'ouvrage commence avec un sujet difficile qui m'a rappelé « Entre deux mondes » d'Olivier Norek, l'une de mes lectures du mois. En effet, la moitié du roman va se placer du côté d'un groupe de migrants assoiffés qui débarque en ville. Malheureusement, un drame survient… La narration passe alors à travers Karole, une fillette, suivie de sa mère et d'autres personnes qui étaient présentes lors de l'incident. Les mots ont agi comme de gifles : tout est, encore une fois, dans un style incisif, brutal, juste et puissant. Céline Lapertot ne fleurit pas les faits. Elle ose dire les choses. Même si les mots font mal, sont percutants ou font réfléchir, elle expose les faits avec une justesse incroyable… Parallèlement au récit de Karole et les autres, on découvre « T. », un prisonnier. Je ne vous donnerai pas son prénom, car il faut lire les premières pages pour qu'Il vous offre le droit de le connaître… « T. » est en cellule parce qu'il a écrit. À la manière d'un journal d'un condamné, il va expliquer comment il en est arrivé là, va narrer son enfance, va exposer son combat ainsi que sa perception de son pays et du monde en général. Il va également raconter son quotidien en prison, en particulier ses échanges avec Titouan ou Marco, d'autres détenus. Au début, on se demande quel est le lien entre ces deux récits puis, peu à peu, on comprend… Ce qu'il se passe en prison est rude et violent, en particulier dans les derniers chapitres qui tiennent vraiment en haleine… Mais ce qu'il est arrivé à Karole est encore plus marquant. Comme le dit si bien l'auteure « Ça te stupéfie, un adulte mort. Mais un enfant, ça te désespère. Jusqu'à la fin de ta vie. ».

Roman puissant, « Ne préfère pas le sang à l'eau » m'a laissé des marques et m'a déboussolée au point que je doive rédiger mon avis à chaud, en espérant retranscrire un peu l'émotion que j'ai ressentie au fil de ma lecture. Nul doute que, comme « Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre », j'en garderai des cicatrices. Céline Lapertot m'a de nouveau prouvé qu'elle savait remuer son lecteur, le faire réfléchir et proposer une oeuvre bien écrite. Petit roman, mais grosses thématiques ! Merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour cette découverte.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Ne préfère pas le sang à l'eau. La vie c'est gratuit. Ne fais pas couler le sang pour ce qui appartient à l'humanité. (p65)

Quand à 10 ans vous devez tout quitter parce que vous êtes un nez-vert, parce que vous avez soif, que trouver de l'eau est le but de chaque journée. Voilà son seul but : Karole a soif, du haut de son 1,20 mètre elle est déjà vieille dans sa tête et sur sa peau, par la force des choses, elle ne comprend pas tout ce qui l'entoure mais elle ressent la sécheresse dans son corps, à chaque minute. Atteindre la citerne est son objectif mais.....

Elle prit la petite bouteille qu'on lui tendit et après avoir bu, elle alla jusqu'à passer son index sur la pointe de ses lèvres, pour recueillir la dernière goutte, la plus luxueuse d'entre toutes, celle qui te caresse la peau sans aucune volonté que de t'accorder la volupté de la vie. (p12)

Thiego lui a pris conscience, grâce en partie à sa mère, qu'il fallait qu'il rentre en résistance, à sa manière, contre le régime de Ragazzini, despote impitoyable et manipulateur mais il va connaître la prison, la torture, la trahison et la perte de ceux qu'il aime. Il le fait à sa manière, en écrivant sur les murs de sa ville sa colère mais aussi sa reconnaissance pour certains.

J'écris que le quotidien encombre nos coeurs et qu'on ne s'est jamais soucié du malheur de nos contemporains avant d'avoir été confronté au malheur des peuples voisins si envieux de nos petites tragédies individuelles. (p68)

A Cartimandua, pays imaginaire mais pas si éloigné de nous, à une époque inconnue mais qui pourrait se dérouler de nos jours (et se déroule déjà), l'auteure partage avec nous sa révolte calme mais réfléchie, sa honte de faire partie des nantis, de gaspiller le bien le plus précieux de la terre : l'eau.....

Je découvre cette auteure, avec ce roman et dès les premières pages je suis bouleversée : bouleversée par l'histoire, par les faits, par les personnages, mais aussi par les mots, par l'écriture. A 31 ans un tel talent, une telle lucidité, une telle maîtrise du récit et de sa construction.

La narration est faite à plusieurs voix en alternant les récits des différents personnages et l'on ne peut s'empêcher de penser aux similitudes avec notre monde actuel. Pas de mots inutiles, pas de grands effets, un simple constat.

Les nez-verts peuvent être assimilés à bien des populations stigmatisées, l'exil et ses causes nous les avons sous les yeux, les rebelles sont de toutes les époques avec les questionnements qui se posent à eux : tenir, se battre, sous quelle forme, trahir ou résister.

Ce livre est une sorte de cri, calme mais déterminé, une colère qui s'exprime, froide et lucide,  une lecture qui ne peut laisser indifférent, qui nous pousse dans nos retranchements, nos peurs, nos craintes et quand on referme le livre on est sonné.

Pour ma part je me suis délectée des mots, des réflexions et constats tellement vrais, directs et percutants parfois, de la narration à plusieurs voix, donnant encore plus de crédibilité car il donne une vision totale de la situation, car rien ne sert de tourner autour du pot et qu'il faut bousculer les consciences pour changer...... Nous gaspillons un bien qui pour d'autres est vital, nous vivons au-dessus de nos moyens sans regarder toute une population qui souffre. Une partie du monde déborde quand l'autre sombre.

L'auteure fait preuve d'une maturité de pensée, d'écriture et a réussi à construire un récit qui vous prend la tête et le coeur, qui laisse en vous une trace indélébile.

Alors oui, les livres, ces garnisons de mots qui nous préservent du vide, à l'heure où tant de faux prophètes brûlent les pensées qui les dérangent et attaquent au disque à découper les sites les plus anciens de l'humanité. (p43)
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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critiques presse (2)
LeMonde
09 mars 2018
Avec « Ne préfère pas le sang à l’eau », la romancière se place sur le terrain de l’empathie pour évoquer le sort des réfugiés dans les démocraties occidentales.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
14 février 2018
Un livre qui nous implique et nous engage. Avec exigence.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
A quoi pense Tristan à présent qu’il écrit seul, dehors, et qu’il bombarde de lettres anonymes les foyers de la ville tout entière. A quoi pense-t-il maintenant qu’il sait que même les actes les plus minuscules ont d’immenses conséquences, qu’écrire, pour nos dirigeants, c’est comme tuer. Je n’ai jamais posé des bombes, je n’ai jamais tiré de rafales, je n’ai jamais lancé de pavés ni brûlé de voitures. D’autres l’ont fait et j’ai fini par y être mêlé. Dans ce pays qui s’étend sur une longue nuit, j’ai simplement écrit. Je n’ai rien fait si ce n’est écrire. Mais plaquer des mots sur la haine est une action comme un autre, et dans un pays où la loi du plus fort est toujours la meilleure, on arrête et punit de la même manière l’homme qui écrit et l’homme qui sabote. On meurt pour des idées, voilà ce que j’ai dit à Tristan lorsqu’il a souhaité nous rejoindre. Fais attention à ce que tu écris, on en meurt.
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L'eau, ce ruisseau indispensable au paisible écoulement de nos jours. L'eau, ce diamant précieux et vital, qu'on s'arrache des mains comme des chiffonniers. On fait bêtement couler le sang pour ce qui relie la totalité de l'humanité. Ce trésor qui nous abreuve et qui nous lave, cette eau qu'on laisse couler sous la douche quand on se perd dans nos pensées, on chie dedans quand d'autres sont à genoux pour lécher le fond des mares. Ils se prosternent devant leurs trois ou quatre gouttes de pluie, quelques fois dans l'année. Papa l'avait dit, quand nous sommes arrivés : "Ne préfère pas le sang à l'eau. La vie, c'est gratuit. Ne fais pas couler le sang pour ce qui appartient à l'humanité.".
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L'eau, ce ruisseau indispensable au paisible écoulement de nos jours. L'eau, ce diamant précieux et vital, qu'on s'arrache des mains comme des chiffonniers. On fait bêtement couler le sang pour ce qui relie la totalité de l'humanité. Ce trésor qui nous abreuve et nous lave, cette eau qu'on laisse couler sous la douche quand on se perd dans nos pensées, on chie dedans quand d'autres sont à genoux pour lécher le fond des mares. Ils se prosternent devant leurs trois ou quatre gouttes de pluie, quelques fois dans l'année. Papa m'avait dit, quand nous sommes arrivés : "Ne préfère pas le sang à l'eau. La vie, c'est gratuit. Ne fais pas couler le sang pour ce qui appartient à l'humanité."
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L'eau, ce ruisseau indispensable au paisible écoulement de nos jours. L'eau, ce diamant précieux et vital, qu'on s'arrache des mains comme des chiffonniers. On fait bêtement couler le sang pour ce qui relie la totalité de l'humanité. Ce trésor qui nous abreuve et qui nous lave, cette eau qu'on fait couler sous la douche quand on se perd dans nos pensées, on chie dedans quand d'autres sont à genoux pour lécher le fond des mares. Ils se prosternent devant leurs trois ou quatre gouttes de pluie, quelques fois dans l'année. Papa m'avait dit quand nous sommes arrivés : " Ne préfère pas le sang à l'eau. La vie, c'est gratuit. Ne fais pas couler le sang pour ce qui appartient à l'humanité.
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La République, c'est comme les vieilles concubines. On ne la cajole plus, on l'aime bien mais on a tellement l'habitude de la voir sous nos yeux, là, tous les jours, qu'on estime plus nécessaire de la gratifier d'un " je t'aime " , la vieille concubine se trimballe sur ses jambes de grabataire, elle attend simplement le moment de mourir.
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Videos de Céline Lapertot (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Céline Lapertot
26 févr. 2023 Rencontre en ligne Un endroit où aller du 13/02/2023 avec Céline Lapertot pour son roman "Les chemins d’exil et de lumière" paru aux éditions Viviane Hamy.
Elle est interviewée par Nathalie Couderc.
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