Dominique Lapierre et son collègue américain nous offrent un livre dense représentant des années d'informations et de voyages en Asie de l'Est.
Dominique Lapierre est philanthrope, l'Inde lui doit beaucoup.
Churchill avait désigné Mountbatten pour le commandement suprême des armées de mer en Asie en 1943. Mountbatten avait alors 43 ans.
Sous un gouvernement suivant avec changement de premier ministre, la courte déclaration que Clément Attlee s'apprêtait à lire avait, en grande partie, été rédigée par le jeune amiral Mountbatten qu'il envoyait aux Indes et dont il allait aujourd'hui révéler le nom. Avec son audace habituelle, Louis Mountbatten avait réussi à subtiliser le long discours d'Attlee à son propre discours définissant en terme net la mission du vice-roi. « le gouvernement de Sa Majesté souhaite prendre toutes les dispositions pour procéder au transfert de la souveraineté des Indes entre les mains d'une autorité indienne responsable à une date ne dépassant pas juin 1948. » Vint le tour de
Churchill à prononcer un dernier plaidoyer en faveur de l'empire. « En assignant une échéance si rapprochée à l'abandon des Indes, Attlee se soumettait à l'une des plus démentielles exigence de Gandhi, criant à l'Angleterre de partir et de laisser l'Inde à la grâce de Dieu. C'est avec un chagrin profond que j'assiste au démantèlement de l'Empire britannique. »
Pour exercer sa mission prononcée par le premier ministre Clément Attlee, Lord Mountbatten s'envola avec son épouse pour les Indes.
Au cas où les Musulmans continueraient à revendiquer un Etat séparé, Mountbatten devrait chercher une solution de compromis, la fédération des deux Etats sous une autorité centrale. Mais de toute façon il n'était pas question d'imposer cette solution sous la force. A défaut d'accord d'une Inde unifiée, Mountbatten devrait proposer une autre solution.
Au lendemain de l'investiture du vice-roi des émeutes éclatèrent dans le Panjab entre Sikhs et Musulmans. Peu de temps après des incidents entre Indous et Musulmans firent quatre-vingt-dix-neuf mort dans les rues de Calcutta.
Le 2 avril 1947 dans son premier rapport à Clément Attlee, le vice-roi indiqua : « la vie ici est aussi sombre que possible. Je n'entrevois que peu de chance d'obtenir une solution négociée sur laquelle bâtir l'avenir des Indes.
Seuls quatre interlocuteurs participaient aux entretiens successifs qui devaient mener à définir le futur des Indes. Les négociateurs réclamant l'indépendance avaient passé le plus clair de leur vie à comploter contre l'Angleterre sans pour autant s'entendre entre eux. Pour le vice-roi, les conférences officielles n'avaient conduit qu'à des échecs. Il y renonça donc et choisi de rencontrer individuellement ses adverses dans la solitude de son cabinet. Si rendit en premier
Jawaharlal Nehru, 58 ans, personnage d'une stature imposante, ancien avocat au barreau de Londres. Ils ont immédiatement sympathisé, Nehru redécouvrait auprès de Mountbatten et de son épouse l'Angleterre accueillante et libérale de sa jeunesse d'étudiant.
Ensuite pris place dans le bureau du vice-roi, celui que
Churchill surnommait « le fakir à demi nu » Entre le vice-roi et Gandhi tout dans la passé des deux hommes laissait à supposer qu'ils ne pourraient pas s'entendre. Alors que Gandhi parlait de L'Inde, Mountbatten l'interrompit : Monsieur Gandhi avant de parler de l'Inde parlez-moi de vous, je voudrais savoir qui vous êtes. C'était une stratégie du vice-roi, il tenait à établir d'abord un contact intime avec ses interlocuteurs plutôt que de se laisser assaillir par leurs exigences et doléances. Sa question enchanta le Mahatma, il adorait parler de lui.
Ensuite Mohamed Ali Jinnah était reçu en aparté. Dès la première minute Mountbatten jugeait l'homme arrogant, glacial et d'un méprisant état d'esprit. Sitôt entré dans le cabinet, il informa le vice-roi qu'il était venu lui exposé sa position et ce qu'il était seulement prêt à accepter. Mountbatten entrepris de faire la conquête du musulman mais l'homme paraissait muré derrière une carapace de glace. L'idée de déballer sa vie, son caractère lui était intolérable. C'était un homme fermé, intransigeant avec lequel toutes tentatives de négociations se révélaient impossible.
Certaines choses sont intéressantes à dire à propos de Mohamed Ali Jinnah : C'était l'homme qui voulait séparer hindous et musulman en créant une nouvelle nation, le Pakistan, ou par transhumance irait s'installer tous musulmans. Comme Gandhi, Jinnah a été avocat à Londres, mais contrairement à Gandhi, il a rejoint son pays en gentlemen britannique. Il portait monocle et costumes superbement taillés. C'était un bon vivant, bien que svelte. Il buvait Champagne, Cognac, aimait les huitres et les grands crus de Bordeaux. Avocat brillant, il se lança en politique, pendant dix ans, avec l'idée de maintenir uni au congrès Hindous et Musulmans. Ensuite, il rompit avec la Congrès et rejoignit les rangs de la ligue musulmane, le parti nationaliste de la cause musulmane. Il n'y avait rien de musulman chez Jinnah hormis son prénom. Allah et le Coran n'avait aucune place dans sa vision du monde. Il buvait de l'alcool, mangeait du porc, ne fréquentait pas la mosquée le vendredi. Sa vie était un modèle d'ordre et de discipline. Les livres de droit et les journaux constituaient ses seules lectures. Il se faisait envoyé des journaux du monde entier. Auprès du vice-roi, Jinnah déclarait, le temps des transactions est passé, il faut faire vite en découpant le pays pour séparer Hindous et Musulmans. Plus tard nous apprendrons que Jinnah était très malade, ce qu'il se gardait de dire et si, et si, et si … un partage n'était pas conclus du vivant de Jinnah les Indes aurait pu connaître un avenir très différent.
Le partage s'articula autour des faits suivants : Une séparation territoriale d'indous et de musulmans. Deux Pakistan, un oriental et un occidental séparé de 1800 Km, un nombre invraisemblable d'heures de trajet entre les deux Pakistan avec un immense risque de ne pas sortir vivant du voyage. Des Sikhs qui ne trouvent pas leur compte dans le partage. Un Panjab très fertile, le grenier des Indes où après découpage de territoire tous espèrent avoir un maximum de canaux d'irrigation. Des rois et dynasties, qui veulent rester en entités indépendantes, qu'ils étaient. Un Pakistan oriental ayant une population majoritairement hindoue dans sa partie ouest ; une partie est majoritairement musulmane et dépourvue de richesse. Un Cachemire composé d'hindous et de de musulmans n'arrivant pas à choisir un camp c'est-à-dire s'allier à l'Inde ou au Pakistan et en guerre régulière avec l'Inde ou le Pakistan cherchant à s'allier la région.
Voilà la mosaïque et les répercussions du partage de 1947 dans les décennies qui ont suivi.
C'est un livre au départ duquel on apprend beaucoup et ce n'est pas à négliger puisque l'Inde et le Pakistan réunis représentent 21% de la population mondiale.
Inde et Pakistan sont des pays riches en diversités. Ces deux pays possèdent l'arme nucléaire, souhaitons leurs des dirigeants raisonnables !
L'Inde est un pays qui fascine beaucoup de gens.