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EAN : 9782266061391
765 pages
Pocket (29/04/1994)
4.3/5   367 notes
Résumé :
Les Indes. Août 1947 : les derniers jours du plus grand rêve : l'Empire britannique des Indes. Les personnages de Kipling, les lanciers de Bengale, les chasseurs de tigres, les féroces guerriers pathans de la frontière indo-afghane. Les clubs « pour Blancs seulement. »

Les Indes. Quatre cents millions d'hommes fous de Dieu arrachant leur liberté un jour maudit par les astres. Gandhi, un prophète à demi-nu qui rassemble un continent et chasse l'Anglete... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Lu , il y a fort longtemps avant plusieurs séjours en Inde
Un livre qui m'a profondément marqué et instruit
Je m'en souviens encore comme si c' était hier
Indispensable pour qui s' intéresse à l' Inde et son histoire
L'histoire de l'Independance de l'Inde et de la partition de 1947
Vous serez étonné par tout ce que vous allez découvrir
C' est surtout un roman qui permet une approche facile , documentée de ce pays qui reste , pour beaucoup, une énigme
Argument supplémentaire :très agréable à lire , se lit comme un polar historique
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En 1976, « Cette nuit la liberté » est le quatrième volume né de la collaboration de Dominique Lapierre (le français) et Larry Collins (l'américain) ; après « Paris brûle-t-il ? », « Ou tu porteras mon deuil », et « O jérusalem ». Quatrième best seller.

Dominique Lapierre et Larry Collins nous entraînent cette fois dans l'Inde profonde, celle de l'époque de la colonisation Anglaise finissante où se côtoient des Anglais de l'Empire des Indes chasseurs de tigres et des maharajas… mais aussi quatre cents millions d'indiens aspirant à la liberté.
Au beau milieu de tout ça, le mahatma Gandhy et Lord Mountbatten… Nehru… et le fantôme de la reine Victoria…

On connaît tous la fin : Gandhy sera assassiné et Lord Mountbatten ne parviendra pas à éviter la partition du pays et la création d'un nouvel état : le Pakistan… Mais le souhaitait-il vraiment ?

"Cette nuit la liberté" : le formidable récit de la décolonisation des Indes, bien plus fort qu'un roman… puisque c'est la « vérité » historique qui est retracée ici, même si pour les besoins du genre, elle est parfois un peu romancée.

Malgré tout, un formidable dépaysement et un ouvrage indispensable à tous ceux qui se passionnent pour le sous-continent.
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Une fois de plus je termine un ouvrage de Dominique Lapierre complétement conquise.

Cette nuit la liberté raconte l'épopée qu'a été la conquête de l'indépendance pour cette Inde colonisée par les Anglais.

L'année 1600 marqua le commencement de l'Empire des Indes, avec l'arrivée du premier anglais. En 1773, les Indes passent sous le contrôle direct de la Couronne britannique. Suivent alors deux siècles de colonisation...jusqu'à cette année de 1947.
La première colonie britannique est alors une véritable poudrière, la marche vers l'indépendance apparait comme inéluctable et doit se faire rapidement afin de limiter l'explosion. Lord Mountbatten sera chargé du côté anglais, en sa qualité de vice-roi des Indes, de mener à bien cette mission, et de conduire les négociations avec ses homologues indiens: Gandhi, guide spirituel, vif défenseur d'une Inde unie, Nehru, représentant du Congrès et de l'Inde des Hindous, Jinnah représentant de la Ligue musulmane.
Sous la pression, l'indépendance de l'Inde sera négociée en quelques mois, avec pour résultat la Partition, cauchemar de Gandhi, qui voit la séparation du vaste empire en une Union indienne d'une part, et le Pakistan d'autre part. Obligation est alors faite aux Musulmans de l'Inde de rejoindre le Pakistan, et aux Hindous des régions pakistanaises de rejoindre l'Inde, ce qui causera un des exodes les plus importants de l'Histoire pour un seul pays, ainsi qu'une tragédie incomparable: les deux partis se livreront à des massacres sans précédents.
Jusqu'à sa mort le 30 janvier 1948, qui marque aussi le point culminant de cet affrontement, Gandhi tentera tout pour ramener son peuple à la raison.

Dominique Lapierre possède un grand talent pour pour sublimer L Histoire. Il réussit à rendre chaque personnage, chaque acteur important, en donnant grâce aux détails et au anecdotes qui ne manquent de nous lier à eux.
En outre le récit est extrêmement bien documenté, ce qui nous permet d'acquérir de réelles connaissances sur cet épisode de l'Histoire, tout en nous divertissant: on découvre avec amusement la démesure de la vie des maharajas, on lit avec émotion ce qu'a été la grande Armée des Indes et l'histoire de son démantèlement, on partage les joies occasionnées par la Déclaration de l'Indépendance, on est pris par les témoignages poignant des situations absurdes qu'a créé cette Partition....en résumé, on s'ennuie jamais.
Le seul bémol que j'aurais à mettre, est peut être que j'ai senti parfois un trop de parti pris pour les Anglais, décrits comme de "bons" colonisateurs, ayant tout de même apporté la paix et la civilisation à cette région du monde, et ayant tout fait pour que cette décolonisation se fasse dans les meilleures conditions...

Vous aurez donc compris que je conseille vivement cette lecture, pour apprendre davantage sur ce pays magique qu'est l'Inde, tout en s'embarquant pour une aventure extraordinaire.
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Dominique Lapierre et son collègue américain nous offrent un livre dense représentant des années d'informations et de voyages en Asie de l'Est. Dominique Lapierre est philanthrope, l'Inde lui doit beaucoup.

Churchill avait désigné Mountbatten pour le commandement suprême des armées de mer en Asie en 1943. Mountbatten avait alors 43 ans.

Sous un gouvernement suivant avec changement de premier ministre, la courte déclaration que Clément Attlee s'apprêtait à lire avait, en grande partie, été rédigée par le jeune amiral Mountbatten qu'il envoyait aux Indes et dont il allait aujourd'hui révéler le nom. Avec son audace habituelle, Louis Mountbatten avait réussi à subtiliser le long discours d'Attlee à son propre discours définissant en terme net la mission du vice-roi. « le gouvernement de Sa Majesté souhaite prendre toutes les dispositions pour procéder au transfert de la souveraineté des Indes entre les mains d'une autorité indienne responsable à une date ne dépassant pas juin 1948. » Vint le tour de Churchill à prononcer un dernier plaidoyer en faveur de l'empire. « En assignant une échéance si rapprochée à l'abandon des Indes, Attlee se soumettait à l'une des plus démentielles exigence de Gandhi, criant à l'Angleterre de partir et de laisser l'Inde à la grâce de Dieu. C'est avec un chagrin profond que j'assiste au démantèlement de l'Empire britannique. »

Pour exercer sa mission prononcée par le premier ministre Clément Attlee, Lord Mountbatten s'envola avec son épouse pour les Indes.

Au cas où les Musulmans continueraient à revendiquer un Etat séparé, Mountbatten devrait chercher une solution de compromis, la fédération des deux Etats sous une autorité centrale. Mais de toute façon il n'était pas question d'imposer cette solution sous la force. A défaut d'accord d'une Inde unifiée, Mountbatten devrait proposer une autre solution.

Au lendemain de l'investiture du vice-roi des émeutes éclatèrent dans le Panjab entre Sikhs et Musulmans. Peu de temps après des incidents entre Indous et Musulmans firent quatre-vingt-dix-neuf mort dans les rues de Calcutta.

Le 2 avril 1947 dans son premier rapport à Clément Attlee, le vice-roi indiqua : « la vie ici est aussi sombre que possible. Je n'entrevois que peu de chance d'obtenir une solution négociée sur laquelle bâtir l'avenir des Indes.

Seuls quatre interlocuteurs participaient aux entretiens successifs qui devaient mener à définir le futur des Indes. Les négociateurs réclamant l'indépendance avaient passé le plus clair de leur vie à comploter contre l'Angleterre sans pour autant s'entendre entre eux. Pour le vice-roi, les conférences officielles n'avaient conduit qu'à des échecs. Il y renonça donc et choisi de rencontrer individuellement ses adverses dans la solitude de son cabinet. Si rendit en premier Jawaharlal Nehru, 58 ans, personnage d'une stature imposante, ancien avocat au barreau de Londres. Ils ont immédiatement sympathisé, Nehru redécouvrait auprès de Mountbatten et de son épouse l'Angleterre accueillante et libérale de sa jeunesse d'étudiant.

Ensuite pris place dans le bureau du vice-roi, celui que Churchill surnommait « le fakir à demi nu » Entre le vice-roi et Gandhi tout dans la passé des deux hommes laissait à supposer qu'ils ne pourraient pas s'entendre. Alors que Gandhi parlait de L'Inde, Mountbatten l'interrompit : Monsieur Gandhi avant de parler de l'Inde parlez-moi de vous, je voudrais savoir qui vous êtes. C'était une stratégie du vice-roi, il tenait à établir d'abord un contact intime avec ses interlocuteurs plutôt que de se laisser assaillir par leurs exigences et doléances. Sa question enchanta le Mahatma, il adorait parler de lui.

Ensuite Mohamed Ali Jinnah était reçu en aparté. Dès la première minute Mountbatten jugeait l'homme arrogant, glacial et d'un méprisant état d'esprit. Sitôt entré dans le cabinet, il informa le vice-roi qu'il était venu lui exposé sa position et ce qu'il était seulement prêt à accepter. Mountbatten entrepris de faire la conquête du musulman mais l'homme paraissait muré derrière une carapace de glace. L'idée de déballer sa vie, son caractère lui était intolérable. C'était un homme fermé, intransigeant avec lequel toutes tentatives de négociations se révélaient impossible.

Certaines choses sont intéressantes à dire à propos de Mohamed Ali Jinnah : C'était l'homme qui voulait séparer hindous et musulman en créant une nouvelle nation, le Pakistan, ou par transhumance irait s'installer tous musulmans. Comme Gandhi, Jinnah a été avocat à Londres, mais contrairement à Gandhi, il a rejoint son pays en gentlemen britannique. Il portait monocle et costumes superbement taillés. C'était un bon vivant, bien que svelte. Il buvait Champagne, Cognac, aimait les huitres et les grands crus de Bordeaux. Avocat brillant, il se lança en politique, pendant dix ans, avec l'idée de maintenir uni au congrès Hindous et Musulmans. Ensuite, il rompit avec la Congrès et rejoignit les rangs de la ligue musulmane, le parti nationaliste de la cause musulmane. Il n'y avait rien de musulman chez Jinnah hormis son prénom. Allah et le Coran n'avait aucune place dans sa vision du monde. Il buvait de l'alcool, mangeait du porc, ne fréquentait pas la mosquée le vendredi. Sa vie était un modèle d'ordre et de discipline. Les livres de droit et les journaux constituaient ses seules lectures. Il se faisait envoyé des journaux du monde entier. Auprès du vice-roi, Jinnah déclarait, le temps des transactions est passé, il faut faire vite en découpant le pays pour séparer Hindous et Musulmans. Plus tard nous apprendrons que Jinnah était très malade, ce qu'il se gardait de dire et si, et si, et si … un partage n'était pas conclus du vivant de Jinnah les Indes aurait pu connaître un avenir très différent.

Le partage s'articula autour des faits suivants : Une séparation territoriale d'indous et de musulmans. Deux Pakistan, un oriental et un occidental séparé de 1800 Km, un nombre invraisemblable d'heures de trajet entre les deux Pakistan avec un immense risque de ne pas sortir vivant du voyage. Des Sikhs qui ne trouvent pas leur compte dans le partage. Un Panjab très fertile, le grenier des Indes où après découpage de territoire tous espèrent avoir un maximum de canaux d'irrigation. Des rois et dynasties, qui veulent rester en entités indépendantes, qu'ils étaient. Un Pakistan oriental ayant une population majoritairement hindoue dans sa partie ouest ; une partie est majoritairement musulmane et dépourvue de richesse. Un Cachemire composé d'hindous et de de musulmans n'arrivant pas à choisir un camp c'est-à-dire s'allier à l'Inde ou au Pakistan et en guerre régulière avec l'Inde ou le Pakistan cherchant à s'allier la région.

Voilà la mosaïque et les répercussions du partage de 1947 dans les décennies qui ont suivi.

C'est un livre au départ duquel on apprend beaucoup et ce n'est pas à négliger puisque l'Inde et le Pakistan réunis représentent 21% de la population mondiale.

Inde et Pakistan sont des pays riches en diversités. Ces deux pays possèdent l'arme nucléaire, souhaitons leurs des dirigeants raisonnables !

L'Inde est un pays qui fascine beaucoup de gens.
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Je me souviens d'avoir lu ce livre il y a une trentaine d'années. J'étais alors fasciné par le Mahatma Gandhi et la non-violence, sa détermination face à l'empire britannique. Il me semble que les auteurs ont respecté les faits historiques, et l'on suit agréablement le processus de l'indépendance de l'İnde, du Pakistan et Bangla-Desh.
Un livre très intéressant sur cette periode historique que l'on connait peu en France. Lecture que l'on peut compléter par le film Gandhi, d'Attenborough.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
La loi du Talion - "œil pour œil, dent pour dent" - ne pouvait conduire qu'à un monde d'aveugles, estimait-il, et l'on ne change pas les convictions d'un homme en lui tranchant la tête, pas plus qu'on n'insuffle l'amour dans un cœur en le transperçant d'une balle. La violence engendre la violence. Gandhi voulait transformer les hommes par l'exemple du bien, et les réconcilier par la volonté de Dieu au lieu de les diviser par leurs antagonismes.
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Pour satisfaire aux exigences de Mohammed Ali Jinnah, deux entités les plus parfaites des Indes, le Panjab et le Bengale, devraient être coupées en deux. Ces provinces étaient en outre elles-mêmes distantes de quinze cents kilomètres ; ce qui condamnait le futur Pakistan à l'absurdité géographique d'un Etat en deux parties. Il faudrait vingt jours - plus que la durée du voyage jusqu'à Marseille - pour aller par mer du Pakistan de l'Ouest au Pakistan de l'Est. Seuls les appareils quadrimoteurs seraient capables de relier sans escale les deux moitiés du pays ; mais le nouvel Etat pourrait-il s'offrir le luxe d'acheter de tels avions ? Si encore les deux régions avaient pu pallier leur séparation géographique par une unité raciale et culturelle, c'eût été un moindre mal. Or il n'en était rien : les musulmans du Panjab et ceux du Bengale étaient aussi différents que peuvent l'être les Suédois et les Espagnols. Seule leur religion était la même.
De petite taille, vifs, sombres de peau, les Bengalis étaient de souche asiatique. Dans les veines des Panjabis coulait au contraire le sang de trente siècles de conquêtes aryennes qui leur donnait le teint clair et les traits des peuples du Turkménistan, des vastes steppes russes, de la Perse, des déserts d'Arabie et même des îles de la Grèce antique. Ni l'histoire, ni la langue, ni la culture n'offraient à ces deux communautés, si fondamentalement dissemblables, quelque lien qui leur permit de communiquer entre elles. Leur mariage à l'intérieur du Pakistan serait une union monstrueuse conclue à l'encontre de tous les impératifs de la logique.
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Au-delà d'une apparence de prospérité, la triste réalité s'affirmait : la ville (Calcutta) était le taudis le plus inhumain du monde. Depuis des générations, elle attirait dans ses basti - ses bidonvilles - les populations faméliques des marécages du Bengale et des plaines desséchées du Bihar. Les belles pelouses du parc Maïdan, les élégantes demeures de style géorgien et les riches bâtiments des grandes sociétés commerciales de l'avenue Chowringhee étaient une façade aussi artificielle qu'un décor de cinéma. Immédiatement derrière s'étendait sur des kilomètres un gigantesque dépotoir où la concentration en êtres humains était la plus dense du globe. Deux millions de malheureux y vivaient dans un état de sous-alimentation tel leur chance de vie n'atteignait pas trente ans. La plupart d'entre eux ne disposaient même pas de la ration alimentaire que les nazis consentaient à leurs victimes aux portes des chambres à gaz. Cette population comptait plus de quatre cent mille mendiants et chômeurs, ainsi que quarante mille lépreux. Tous ces misérables s'entassaient dans des cabanes croulantes, des huttes de boue séchée, des greniers fétides. De sordides venelles servaient de passage, leurs égouts à ciel ouvert débordant d'excréments et d'immondices, domaine privilégié de hordes de rats et d'une vermine grouillante. De rares fontaines laissaient couler une eau toujours polluée. Une fois par semaine, les impitoyables malik apparaissaient dans les ruelles pour réclamer les loyers de l'enfer.
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L'impressionnant cône blanc du Nanga Parbat s'encadra dans les hublots de l'avion. Il dardait vers le ciel son vertigineux sommet de huit mille mètres dominant orgueilleusement les autres pics. Sur tout l'horizon, les passagers pouvaient admirer les parois enneigées de l'une des plus grandes chaînes montagneuses du monde, l'Hindu-Kush, formidable rempart séparant le sous-continent indien de l'immensité des steppes russes.
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Devant le même drapeau, Sulochana Pahdi, une lycéenne de seize ans, partageait avec des millions de jeunes "l'impression de devenir adulte en même temps que son pays". Elle se rappela un vers de William Wordsworth qu'elle avait appris sur les bancs de son école britannique: "Qu'il est beau d'être vivant cette aube, murmura-t-elle, et comme être jeune est le paradis."
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Vidéo de Dominique Lapierre
L'émission complète : https://www.web-tv-culture.com/emission/alexandra-lapierre-belle-greene-52639.html
Fille du journaliste et romancier Dominique Lapierre à qui l'on doit notamment « Paris brûle-t-il » ou « La cité de la joie », Alexandra Lapierre a grandi au milieu des livres. Après ses études à la Sorbonne, elle file aux Etats-Unis où elle ambitionne de travailler dans le milieu du cinéma. Finalement, l'écriture la rattrape et son premier titre, « La lionne du boulevard », publié en 1984, préfigure ce qui fera son succès, raconter la grande Histoire à travers ses personnages et par une écriture romanesque.
Depuis, l'ambition d'Alexandra Lapierre est la même, elle s'empare d'un personnage oublié de l'Histoire dont le destin, pourtant, a un moment, a fait changer le monde. Par la qualité de son écriture et la pertinence de ses recherches, elle est devenue incontournable.
Certes, elle a parfois évoqué des personnages masculins. Mais on se souvient surtout d'Artemisia qui, au début du XVIIème siècle en Italie avait le don de la peinture. Hélas pour elle, étant femme, on attribua ses toiles à Caravage. Evoquons aussi Dona Isabel Berreto qui, un siècle plus tôt, sillonna les mers du monde étant la première et seule femme de la flotte espagnole. Avec ce livre, « Je te vois reine des quatre parties du monde », elle fut plusieurs fois primée.
Dans une époque plus récente, Alexandra Lapierre a rappelé les destins croisés de Nancy et Maud Cunard, mère et fille vivant de la fortune de la compagnie maritime éponyme et se livrèrent une rivalité à mort racontée dans « Avec toute ma colère »
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Dans l'Amérique puritaine du début du XXème siècle, cette jeune femme dénote. Venue de nulle part, elle parvient à intégrer les milieux artistiques new-yorkais, devenant la bibliothécaire attitrée de la fameuse Morgan library, sanctuaire dans lequel le milliardaire JP Morgan entassent ses acquisitions faites en Europe entre tableaux des maitres de la Renaissance et livres anciens.
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