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Critique de Fleitour


L'étrange document que je manipule dans mes mains, meublé de Rose, ressemble à un livre. Il en a toutes les apparences, même si un trou hexagonal laisse entrevoir une jeune fille sur une bicyclette hors d'age, et des vraies pages écrites dont la dernière paginée, est la 366 ème.


Je n'ai pas su m'y prendre au début, je l'ouvris néanmoins sur un" Marguerite Duras" en bleu-gris m'invitant à hurler, ou pour paraphraser Duras, écrire, car "écrire c'est hurler sans réveiller son papa".
Pourtant est-ce un roman, une BD, un carnet de voyage, ou un journal intime ? le mot journal est écrit en bleu clair ( les couleurs semblent exprimer des sentiments ! Alors je les note).


Où j'ai failli tout rater, c'est le jour où j'ai cru y voir un cahier de dessins. "Mais Papou, là, regarde le titre", me dit Louise, " Où j'ai failli rater ma vie". Tu as raison c'est le récit au jour le jour de Fanny, Fanny Cloutier.
Mais l'initiative est celle de Stéphanie Lapointe, l'auteure, cachée sous des fleurs roses !


Aujourd'hui Stéphanie Lapointe habite Montréal dans une maison blanche et rose, c'est là qu'elle s'est lancée dans l'écriture après avoir posé ses pieds au Pérou, au Rwanda, au Soudan... Elle écrit certes, mais peut-on qualifier ce type d'écriture
d' oeuvre littéraire.


Oui c'est bien une première, un genre littéraire nouveau, qui emprunte à la BD les couleurs et les dessins, comme l'art d'exprimer en quelques flashs les sentiments contradictoires qui peuvent traverser l'itinéraire d'une jeune fille dont la maman un jour, elle avait deux ans, a quitté l'horizon laissant un père démuni, et même disloqué.


C'est une très belle histoire, qui monte progressivement, en prenant son temps, en provoquant des petits drames qui peu à peu vont donner une vraie couleur à la vie de Fanny.
Les personnages s'affirment à commencer par le père qui se lance enfin dans l'inconnu. Puis il y a la découverte de sa famille, de son cousin Henry, de Sainte Lorette. Et il y aura cette petite fille dont la voix chouinte à cause d'un appareillage dentaire.


La découverte de l'amie de sa maman est pour Fanny l'événement le plus hallucinant qu'elle devra affronter, pour apprendre tellement de choses sur son passé.
Auand on change de lieu de vie, on change aussi d'école et c'est la ronde des classes et des professeurs qui va animer avec drôlerie et parfois avec mélancolie la deuxième partie de ce journal.


Cette bizarrerie de la vie éclate avec le rouge à lèvres de Madame Lisière et sur le livre en ivoire s'étalera les deux lèvres de Fanny dans un rouge grenat. Il traîne ainsi comme un parfum de quelque chose qu'elle a vue, est-ce possible, si loin de chez elle, un truc bizarre dans l'air, car la sauce à spaghetti de la mère de Léonie était en tout point pareille à celle de son papa, il lui faut entourer par un éclat et un dessin exubérant ce point insensé.


Entre mémoire du passé et joutes verbales, de nouveaux rayons de soleil s'ouvrent, et tracent de nouveaux chemins pour son père à Kyoto, qui semble si heureux avec ses méduses, à inventer tous les remèdes du monde
Et à Sainte Lorette quand Fanny cria "rien de nouveau, rien de nouveau je te préviens journal". Si ça bouge en ce mois de décembre en grandes lettres, écrivant néanmoins page 278 je suis embrouillée de partout, c'est qu'elle s'éveille à l'amitié, elle s'éveille aux autres, avec plein de petits coeurs qui se disputent un peu de place sur les pages.


La limite, peut-être, de cet exercice m'a été suggérée par ma petite fille de 15 ans, qui ne retrouvait pas le plaisir de lecture, des oeuvres romanesques du XIXe ou du XXe siècle. Pour le dire un peu crûment la présentation des textes lui semblait trop fleur bleue, trop gamine.
Sa soeur plus jeune par contre a eu l'opportunité d'adorer.


Pour ma part je trouve que cet instrument, ou ce récit, qui se décline comme un journal peut facilement manquer de profondeur. Ce n'est pas le cas du récit de Stéphanie Lapointe, en revenant régulièrement sur des interrogations plus essentielles.
J'ai néanmoins trouvé que la place laissée aux dialogues était finalement excessive et qu'un autre équilibre pourrait être trouvé, pour donner plus de place aux souvenirs et à la réflexion.


Je suis à la fin de ce récit sous le charme de l'histoire de Fanny, est-ce que ce sont les couleurs qui se glissent dans des dessins émouvants, est-ce l'écriture elle-même et sa spontanéité ou sa fraicheur qui m'a séduit ?
Il y a en tout cas une unicité de ton et une singularité stylistique qui en fait une oeuvre littéraire en tous points intéressante.


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