Notre sang fleurira sur les veines du sol
Notre langue a le poids de nos poings nus
Notre jeunesse affirme un songe nécessaire
Car nos yeux sont les yeux souffrants de l'arbre
Nos bouches sont des feuilles en plein vent
Et nos bras des branches portant la pluie
Et toute la mémoire su soleil
Mon pays a franchi ses frontières de mort
Mon pays sort debout sur le seuil du printemps
Là-bas à l'Est un fleuve se mêle à la mer
La mer a pris mon pays par la main
Pour la douceur et les tourments du monde...
D'UNE RIVE À L'AUTRE
J'habite la vallée et j'habite les cimes
Je vais de l'horizon au coeur de l'homme
Le remplis le vent d'ailes et de vagues
D'une rive à l'autre je me construis
J'imagine en ma chair ma propre délivrance
LE CHEVALIER DE NEIGE
Première image premier chant sous la rosée
Comme une lueur dans nos pas
Un matin de souvenirs naturels.
Mon pays a franchi ses frontières d'exil
Mon pays vient parler sur la place du monde.
Nous levons les yeux à la hauteur du feu
Nos chantiers ont la chaleur du pain brut
Nos villes ont la face ardente des forêts
Nous appelons le bonheur d'aujourd'hui
Et l'espérance des bêtes
Nous appelons la mesure de l'homme
Pour le premier visage des saisons
Neige comme un reflet sur nos épaules
Neige plus forte qu'une enfance.
Ma langue est d'Amérique
Je suis né de ce paysage
J'ai pris souffle dans le limon du fleuve
Je suis la terre et je suis la parole
Le soleil se lève à la plante de mes pieds
Le soleil s'endort sous ma tête
Mes bras sont deux océans le long de mon corps
Le monde entier vient frapper à mes flancs
Ma bouche est une double cicatrice
Un double horizon découpe mes yeux
Vulnérable on m'a jeté parmi les hasards
Je ferai une échelle de mon corps
Et étendrai mes bras en largeur de la terre
Je me tiendrai debout entre deux vents contraires
Mon enfance est un sapin plein de neige
Mon enfance est un prisme dans l'espace.