Citations sur Blast, Tome 2 : L'Apocalypse selon saint Jacky (79)
- T’es un drôle d’écrivain, toi ! Un original !
- Silence !
- Ça court généralement pas la campagne, les écrivains en panoplie de clochard !
- AH OUAIS ?! Et les saints ?! C’est sensé éclater la gueule des honnêtes gens à la barre de fer ?!
- A chacun son originalité, selon la définition !
Mancini l’écrivain SDF et Saint Jacky le bon samaritain et trafiquant de drogue
Parfois je mens. Je dis que je ne me souviens de rien. Mais il n'est rien qui ne s'efface, bien sûr.
Je bouillonne en dedans. Je suis en feu.
Je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu.
Je suis la limaille, le cambouis, les miasmes, les ordures.
Je suis la souillure, la suie qui s'incruste sous les ongles, les paupières, qui se niche au fond des poumons.
Le désespoir, c'est comme la prison, la mine ou l'usine... Ça ne vous lâche jamais.
Mais je suis en feu.
Alors je mens.
Je dis que je ne me souviens de rien.
Mais mon histoire est écrite de cicatrices. Il me suffit d'inspecter ma peau, et tout me revient.
Anxiolitiques, antidépresseurs, barbituriques, hypnotiques... et bien d'autres dont j'ignorais la fonction mais qui étaient si appétissants. Dans presque toutes les maisons que j'ai habitées sans y être invité, j'ai pu vérifier l'omniprésence de ces médicaments du mal-être... C'est étrange qu'ils soient l'apanage des sociétés dont la priorité n'est plus la survie. A croire que l'angoisse naît du confort.
Oh, Polza ! Ecoute ça !
Mmh ?
"Maintenant, je ne peux plus me reposer. Les couleurs me poursuivent comme un souci. Elles me poursuivent dans mon sommeil. Non, c'est une grande souffrance et qu'est-ce que je veux ? Je poursuis un rêve, je veux l'impossible. Les autres peintres peignent un pont, une maison, un bateau et ils ont fini... Je veux peindre l'air dans lequel se trouvent le pont, la maison, le bateau. La beauté de l'air où ils sont n'est rien autre qu'impossible."
Claude Monet
Vous êtes sans doute de ceux qui ne se soûlent qu'à la communion du petit neveu ou au remariage de tata Jacqueline...vous pensez qu'en émoussant votre sens ou votre illusion contrôle, l'ivresse vous diminue...c'est une erreur...
L'ivresse n'est pas un asservissement, c'est une libération...c'est le seul moyen de se connaître sans se faire peur.
Je mens toujours. Je dis que je ne me souviens de rien, que je suis né du matin. Mais il me suffit de fermer les yeux... Dans le noir, tout me revient. Chaque taloche, chaque balafre, chaque regard. Je me souviens de chacun de vos mots. Je me souviens comment vous me les avez plantés dans le corps. Le temps n'y fait rien. Je me souviens de tout.
Enfant, couvert de plaies infiniment rouvertes. Enfant étouffé sous le poids de ce que j'étais, vous m'avez piétiné mille fois. Enfant immobile, silencieux, courbé.
Quand vous me parliez, je scrutais votre bouche... effaré que vous recouriez à cet instrument de torture avec tant de désinvolture.
Pour passer inaparçu, j'ai pris la couleur des murs. Pour que vous m'épargniez, je me suis effacé. Je me suis tu plutôt que de vous déchirer à mon tour.
En vain, vous ne m'avez jamais pardonné. A chaque seconde, j'ai été coupable d'une mystérieuse offense à vos yeux écoeurés. Si je regarde derrière s'étend une vie de plaies et de sécheresses de laquelle je n'ai appris que la résignation.
Cependant, de cette vie dégueulasse surnage une intrigante évidence : si aujourd'hui encore, je suis capable de désir et d'extase, c'est que...
... je dois être invincible.
Le trafic, c'est plus dangereux que de vendre des chouchous à la plage !
Le silence nivelle tout , m'allège de l'inutile.
Dans mon insondable méconnaissance de la nature, je ne pouvais imaginer l'agonie qu'inflige le froid.
Ça tord en dedans, ça pique, ça déchire, ça brûle, ça lacère.
Chaque bout de viande devient une plaie. Ça tient l'esprit en laisse, engourdi.
Les sens déclinent sournoisement jusqu'à vous disperser, vous exclure du monde.
Le froid, ça change l'homme dépouillé en fantôme.
C'est une erreur. L'ivresse n'est pas un asservissement, c'est une libération. C'est le seul moyen de se connaître sans se faire peur. Mais comme pour toutes les disciplines, si on veut dépasser le simple amateurisme, ça demande du courage, du travail et de la ténacité. Vivre soûl, ça se mérite.