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EAN : 9782905291455
236 pages
Les Editions de Paris (19/05/1998)
4/5   1 notes
Résumé :
Une perle du XIXe siècle est déjà là.. Cet abécédaire amoureux de l'argot vous fera voyager dans le Paris des romantiques, des révolutions, des quartiers populaires et des voleurs. Paris s'encanaille grâce à sa langue fleurie, et l'argot à son tour lui rend hommage. Quoi de mieux pour découvrir une ville que son vecteur le plus populaire ? On y rencontrera Théophile Gautier, Eugène Sue ou encore Honoré de Balzac, dont les mots célèbrent son usage : "Disons-le, peut-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est un bon moment que j'ai passé avec ce "dictionnaire historique d'argot" ou "huitième édition des excentricités du langage" de M Etienne Lorédan LARCHEY. Je dois me rendre à l'évidence, je développe une vraie dépendance à ces listes de mots, à ces dictionnaires qui me font découvrir des richesses lexicographiques insoupçonnées et exotiques. Cet ouvrage de 1881 n'a pas fait défaut. Une introduction d'une trentaine de pages permet à l'auteur de faire un bref historique de l'argot, de sa naissance et de ses usages. Il annonce tout de suite qu'il va s'intéresser à de nombreux argots, celui des voleurs, escrocs, bandits mais aussi des métiers (typographes), du sport, de la police, de l'armée, du journalisme. Il précise qu'il s'est concentré sur la région parsienne qui pour lui est le carrefour où les différentes "langues" argotiques se rencontrent et présentent le plus d'attrait.

Il définit également les sept procédés de création qu'utilise l'argot pour fabriquer ces mots nouveaux : réutilisation de vieux mots, substitutions diverses, modification, déformation, harmonies imitatives, jeux de mots, souvenirs et importations diverses.

Il insiste déjà sur la tendance à l'abréviation des termes. On tronçonne le début ou la fin pour modifier et raccourcir les mots, les rendant plus faciles à prononcer, plus percutants. Cette façon de faire n'est donc pas une nouveauté contemporaine.

J'ai apprécié de découvrir de nouveaux mots que je n'avais trouvé ni chez Vidocq, ni chez Delvau. Je remonte de cette mine de papier avec de belles pépites dont je vous ferai apprécier un échantillon le plus alléchant possible.

LARCHEY a également eu la bonnne idée dans son introduction d'incorporer des lettres de voleur diffusées dans des journaux. On y gagne en authenticité et on peut mieux saisir le rythme et la façon dont la "bigorne" (synonyme d'argot) se parlait en réalité. Pas une langue complète, mais un vocabulaire qui emmaille le français, le constelle, l'embrume et le corse.

Je vous laisse apprécier la version de "la Mère Michel" en argot. Ca mérite la balade.

Belle découverte également de ces langages codés dans la lignée du louchébem, du javanais ou du feu et que je ne connaissais pas encore comme le "dregueu" qui consiste à se coller au mot et à se prononcer comme lui : "je suis pris" donnant "jedregueu suisdrigui pridriguis"

La langue de "dun" et de "pi"sont aussi citées.

Bref une belle carrière de mots anciens et des images parlantes, terribles, belles.

Je regrette seulement que l'on trouve quelquefois des mots en double, voire en triple, d'autant plus que pour rester à la page, LARCHEY a joint à la fin de son ouvrage originel des additions postérieures. Il y ajoute de nouveaux mots selon lui, que pour beaucoup il a déjà cité dans la première partie. On en vient quelquefois à douter de la véracité et de l'authenticité de ces mots. La concurrence éditoriale de ces "dictionnaires d'argot" dans ces années-là n'aurait-elle pas poussé l'auteur à la surrenchère ?

Pour finir de vous donner envie de parcourir tout ou partie de cet ouvrage, il est tombé dans le domaine public et il est donc consultable gratuitement sur Gallica, dans sa neuvième édition :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k202956q.r=lor%C3%A9dan%20larchey?rk=85837;2
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"avoir un accès de fièvre cérébrale" : recevoir une accusation qui risque d'entraîner la peine capitale et donc la décapitation à l'époque. De là vient la "fièvre cérébrale".


"filer la mousse" : faire ses besoins.

"à la flan" : au hasard, sans préméditation. Souvent utilisé pour caractériser un vol.

"avoir une fissure" : être un peu fou.

"marquer à la fourchette" : marchand de vins qui compte plus de consommations aux clients que ce qu'ils boivent réellement. Quatre pour une, une fourchette.

"frapper au monument" : mourir. Peut-être pour l'image de voir son nom "frappé" sur un monument aux morts ?

"le frère frappart" : le marteau

"ganter" : convenir, être d'accord en tout. Cela me gante.

"gandin" : une tromperie. On dit "monter un gandin" pour dire tromper quelqu'un

"éteindre son gaz" : mourir

"un genou" : un chauve

"une giroflée à cinq feuilles" : une claque

"la glacière pendue" : le reverbère

"le greffier" : le chat, par allusion à ses griffes
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"être en écossais" : se trouver sans pantalon

"l'enfilage" : être arrêté en flagrant délit

"l'enflée" : la vessie

"un en-tout-cas" : un parapluie

"épargner le poitou" : prendre ses précautions

"fendre son équerre" : s'enfuir. Les jambes ouvertes figurant une équerre.

"escofier" : tuer

"piquer l'étrangère" : se perdre dans ses pensées, être distrait par des idées étrangères à ce que l'on fait dans l'instant.

"les factionnaires ou sentinelles" : des excréments déposés aux abords de certains murs, devant des portes ou des escaliers, interdisant l'accès, empêchant de passer, comme d'obscurs soldat immobiles, muets et emmerdants. Autant dire que les grandes villes françaises sont jonchées de factionnaires.

"le fadage" : le partage du butin d'un vol

"fendre l'oreille" : être mis à la retraite, comme les chevaux de cavalerie à qui on fendait l'oreille une fois réformés.

"festonner" : avoir la démarche désordonnée et pleine de courbes (festons) de l'homme bourré.

"voir la feuille à l'envers" : s'étendre sous un arbre, dans un bois. On ne peut pas écarter un sous-entendu grivois

"une feuilletée" : une semelle usée qui se délite en feuilles disjointes.
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"un amendier fleuri" : argot du théâtre. Le régisseur de théâtre à une autre époque avait semble-t-il le droit de dresser des amendes à l'encontre des comédiens, sûrement pour réprimer les retards et les absences. On comprend donc que le régisseur était cet arbre qui n'attend pas le printemps pour distribuer ses fruits amers.

"un anglais" : créancier. L'auteur ferait remonter ce terme d'usage ancien au fait que durant la Guerre de Cent-Ans, les anglais posèrent réclamation suite à la libération du roi français Jean Le Bon, car les 3 millions d'écus or fixés par le traité de Brétigny n'auraient pas été entièrement payés par la France.

"une anguille de buisson" : couleuvre

"asphyxier le pierrot" : descendre rapidement un verre de blanc. Ne pas le laisser respirer. Pierrot étant pris pour l'allusion à son teint blanc.

"les bagatelles de la porte" : boniment d'un saltimbanque faisant l'affiche pour faire rentre le public dans sa baraque. Par lien de cause à effet, c'est aussi l'accessoire qui cache l'essentiel. Bref, l'esbrouffe qui cache une pauvre réalité.
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"Petit Grouchy" : article arrivé en retard à l'imprimerie

"la guirlande" : chaîne reliant la ligne de forçats allant au bagne

"un habillé de soie" : le cochon

"happer le taillis" : fuir

"la harpe" : barreau de fer grillant la fenêtre des prisons

"l'homicide" : l'Hiver.

"l'homme de lettre" : le faussaire

"l'honnête" : le Printemps

"l'hôpital" : la prison. On dit d'ailleurs qu'on est "malade" lorsqu'on est "incarcéré".

"s'en aller sur une jambe" : ne boire qu'une tournée

"le jaune" : l'Eté

"le jettard" : le cachot. C'est la forme initiale de notre contemprain "chtar"

"avoir son jeune homme" : être saoûl

"le lait à broder" : l'encre

"lancer son prospectus" : faire des oeillades suggestives, vantant sa marchandise

"large des épaules" : avare. Ironie de "large" mais que des épaules
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"prendre un bain de pied" : être déporté à Cayenne sur "l'ïle au diable"

"avoir son extrait de barbe" : s'enivrer

"le baume d'acier" : instrument de chirurgie, scalpel

"belle à la chandelle" : laide car belle seulement sous un faible éclairage.

"bitumer" : faire le trottoir

"le blond" ou "le beau blond" : le soleil

"la boîte à dominos" : le cercueil

"bouder aux dominos": avoir des dents en moins

"un bouillon pointu" : un coup de baïonnette

"le boulanger" : le diable. Aussi noir et sombre que lefour.

"remercier son boulanger" :mourir boulanger est blanc de farine. Mais tous deux, font un usage commun bien que fort différent du

"prendre son café" : rire, se moquer, d'amuser aux dépens de quelqu'un.
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