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sur 255 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Difficile de parler d'un livre qui vous a autant ému. Erwan LARHER était au Bataclan ce terrible soir du 13 novembre 2015 ou la folie terroriste à frapper différents lieux de Paris. Erwan a été blessé dans sa chair, a dû lutter en serrant les dents, pas les fesses (la balle était passée par là). Il raconte, plutôt il rend compte des différentes émotions qui l'on parcouru pendant ces mois de souffrance. Mais Larher lui, n'a pas envie de faire pleurer dans les chaumières. Lui ce qui l'intéresse c'est les mots, ceux qui font qu'il a quitté son métier pour devenir écrivain. Et son talent narratif transpire tout du long de ce texte jamais larmoyant, toujours tourné vers une légèreté et une sensibilité qui colle parfaitement à Larher. Son livre est magnifique, vient vous cueillir alors que Larher fait tout pour l'éviter, certaines pages sont d'une justesse et d'une puissance incroyable. D'accord avec vous Erwan, on aurait aimé que ce livre n'existe pas, mais puisqu'il est là malheureusement, autant vous le dire, j'ai rien lu de mieux cette année.
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Ce livre qu'Erwan Lahrer ne voulait pas écrire est le récit de sa nuit d'enfer le 13 novembre 2015 au Bataclan.
Il réussit avec beaucoup de pudeur à mettre en mots l'intolérable, la peur et la souffrance.

Son texte est entrecoupé par les réactions de ses proches ce qui donne plus de poids au récit.

Erwan Lahrer ne s'érige pas en victime, il ne juge pas mais relate des faits et salue le travail des secouristes, des médecins, du personnel soignant.
« Il faut plus de personnel soignant, les payer plus, se soucier de leur bien-être professionnel. Taxez la spéculation, capez les hauts salaires, démerdez-vous –démerdons-nous- mais n'abandonnez pas la santé publique. »

J'ai eu l'occasion de rencontrer trop brièvement l'auteur lors du dernier salon du livre de Vannes.
Je garde en mémoire, son regard bienveillant et malicieux, son sourire tellement craquant, sa gentillesse, son humour.

En refermant ce livre qu'il ne voulait pas écrire, je pense qu'il lui ressemble, il est d'une élégance incroyable.
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"Tu étais au mauvais endroit au mauvais moment, tu es un miraculé pas une victime "

J'ai eu la chance de croiser Erwan Larher lors de la soirée du 9 décembre 2016 qui clôturait la session 2016 des 68 premières fois, les organisatrices avaient convié des auteurs de premiers romans mais également quelques auteurs amis dont Erwan, la soirée s'est terminée en petit comité dans un restaurant. A l'époque je ne connaissais ni l'écrivain, ni l'homme, ni le drame qu'il avait vécu.

Le 13 novembre 2015 Erwan assiste seul à un concert de rock au Bataclan, "À partir de là commence une histoire que je ne voulais pas raconter." Dans un premier temps Erwan refuse de témoigner comme rescapé du Bataclan, il résiste à la pression de son entourage qui le pousse à partager son expérience, à écrire sur cet événement puisqu'il était le seul écrivain présent ce soir-là dans la salle.

Dans une première partie écrite à la première personne, Erwan nous relate ses interrogations, son cheminement pour aboutir à ce qu'il nomme un projet B : il va écrire autour de l'évènement comme un romancier, son livre ne sera ni un récit ni un témoignage, il ambitionne d'en faire un objet littéraire en prenant la posture d'écrivain et non de victime. Il reprendra le "Je" de l'écrivain à la toute fin du texte.

Il demande à quatorze de ses proches de lui fournir un texte sur la façon dont ils ont vécu cette nuit-là. On retrouve ces écrits sous la forme de chapitres insérés régulièrement et intitulés "vu du dehors", ils ne sont pas signés mais la liste des quatorze proches figure en début de livre. On apprend ainsi que cette nuit-là, sa compagne Jeanne crée un groupe sur Facebook pour tenir leurs amis informés, elle y a inclus tous ceux qui s'inquiétaient pour Erwan sur leur mur Facebook. Sur les réseaux sociaux Erwan est devenu "l'ami du Bataclan". Tous sont restés sans nouvelles de lui de 22h à 4h du matin...Il n'avait pas pris son portable...

Erwan passe au "Tu" pour raconter l'indicible, il commence par se mettre dans la peau des terroristes, il tente de comprendre leur colère, leur désespoir. Il évoque l'attaque, les hurlements (HURLEMENTS dans son texte), la balle qu'il reçoit dans la fesse alors qu'il est protégé par un pilier puis le silence durant lequel il se répète à l'infini "Je suis Sigolène, je suis un caillou" (Son amie Sigolène Vinson a publié un roman "Le caillou" et était présente dans les locaux de Charlie le 7 janvier) en faisant le mort avec quelqu'un accroché désespérément à son mollet. Puis les gémissements autour de lui après l'assaut et enfin le calvaire de l'attente des secours.
Il parle de la panique qu'il ressent chez certains jeunes sauveteurs, des larmes dans les yeux de certains soignants, des quelques jours passés en réanimation, de l'amour et de l'amitié qui l'aident à ne pas sombrer dans la mélancolie "Le corps ne se retape pas sans amour; il faut lui donner une raison de lutter.", de l'hôpital où il réapprend à se tenir debout et à marcher "Tu as fait connaissance avec ta mort, allongé sur le sol du Bataclan; tu rencontres maintenant ta vieillesse à venir" puis, après deux semaines d'hospitalisation, de sa convalescence chez ses parents dans le sud.
Ses journées sont alors rythmées par des séances de kiné, d'ostéopathie, d'hypnothérapie pour traiter sa perte de sommeil et par la correction du manuscrit de son prochain roman qui doit paraître quelques mois plus tard, il a un besoin impérieux de corriger ce texte pour ne pas craquer, il vient d'en choisir le titre et ce sera "Marguerite n'aime pas ses fesses", ce qui ne manque pas de sel lorsqu'on pense à la localisation de ses blessures... La douleur physique est omniprésente mais l'infirmité qui l'angoisse le plus est sa perte de libido et de ses capacités érectiles "Tu aspires à être reconnu tout à la fois comme un individu aimable, un écrivain respectable et un amant notable"

Il refuse clairement d'être considéré comme un héros, pour lui ce sont les pompiers et les soignants qui sont des héros, il leur rend un vibrant hommage. Il parle des sentiments qu'il a éprouvés, de la culpabilité qu'il a ressenti de ne pas s'être comporté en héros car, comme tous, il a fait le mort. Il évoque la culpabilité de ne pas s'être raccroché aux siens par la pensée, il dit qu'il a simplement subi, qu'il a simplement attendu.

Ce récit donne bien entendu des frissons mais Erwan Larher a atteint son objectif, ce livre qu'il ne voulait pas écrire est un bel objet littéraire. Il y fait preuve d'une incroyable pudeur, d'un humour et d'une autodérision à toute épreuve, il faut dire que la localisation de sa blessure lui a donné matière à de belles tirades... La question de sa légitimité à écrire sur le Bataclan traverse son texte de part en part "La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari"
J'ai apprécié la grande sincérité de ce récit très intime où il se met à nu sans aucun apitoiement sur lui-même sans aucun voyeurisme. J'ai aimé son idée d'avoir inclus dans son récit les témoignages de ses proches, les regrets de certains d'entre eux sont particulièrement émouvants. Il est intéressant de voir comment son entourage le perçoit.
Réfractaire à toute forme de violence, n'ayant jamais rien vécu de traumatisant avant le Bataclan, Erwan tente de trouver un sens à cet évènement. Une mise à l'épreuve? Une ouverture sur autre chose? Dans quelques passages son propos devient plus politique, cet évènement enrichit son perpétuel questionnement sur le monde.
En tout cas ce texte qu'Erwan ne voulait pas écrire et qu'il a vraiment bien fait d'écrire le rend encore plus sympathique.
La quatrième de couverture et la jaquette de ce récit avec une paire de santiags (seules chaussures qu'Erwan portent) sont particulièrement réussies. Bravo aussi à l'éditeur !



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Erwan Larher, je l'ai croisé pour la première fois le 28 mai 2016, lors de la Comédie du Livre à Montpellier. Une amie lectrice m'avait demandé de lui faire la bise de sa part. Belle mission. Sans doute aurait-il préféré rencontrer une femme jeune et jolie, mais fort courtois, il m'accueillit avec un franc sourire, une immense chaleur dans le regard et une drôlerie communicative. Bises il y eut, donc, et même photos gentiment prises par son adorable voisine de stand Simonetta Greggio. Et je repartis, lestée d'un roman dans lequel il était déjà question de fesses, celles de Marguerite, joliment dédicacé. C'est seulement le lendemain que j'ai appris la nouvelle, dans une sorte de chuchotement "Tu sais, Erwan était au bataclan, il a été blessé." Dieu merci, je ne l'avais pas su avant, j'avais pu le regarder sans crainte, ne pas me poser de questions, ne pas hésiter sur la bonne attitude à adopter.

Là, je viens de terminer son dernier récit, "son Bataclan". Oui Erwan y était, oui il a été blessé, oui il a vécu des moments difficiles, pendant, après. Oui ses proches ont tremblé. Alors ce livre, il ne voulait pas l'écrire, mais il l'a fait et il a fichtrement bien fait. Et sa famille, ses amis ont participé. Tous ont écrit, même ceux qui ne voulaient pas le faire et ils ont fichtrement bien fait. Mais moi, comment pourrais-je mettre des mots derrière tout ça ? Comment pourrais-je, moi la pauvre lectrice lambda, moi qui ne sais pas écrire, comment pourrais-je donner mon point de vue, expliquer, ratiociner ? Comment pourrais-je parler de ces douleurs, ces peurs, de cette mise à nu d'un homme meurtri ? C'est tellement intime, tellement profond, tellement privé, tellement courageux. Je ne peux pas, je reste muette.

Je souhaite seulement dire que "Le livre que je ne voulais pas écrire" d'Erwan Larher m'a émue, touchée, secouée, bouleversée. Et, pour une fois, je voudrais crier : "lisez-le !" Ceux qui ne connaissent pas l'auteur rencontreront un homme d'une grande humanité et ceux qui le connaissent, ne serait-ce qu'un tout petit peu, le retrouveront tel qu'en lui-même.

Merci Erwan, chapeau Monsieur Larher.
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Il a fallu du temps et beaucoup d'insistance de la part de ses proches et de ses plus fidèles amis pour qu'Erwan Larher, romancier ayant publié déjà cinq ouvrages, se décide à écrire sur ce qu'il a vécu au Bataclan, ce 13 novembre 2015. le titre choisi est sans équivoque : le livre que je ne voulais pas écrire.

C'est bien qu'il l'ait fait et je trouve qu'il apporte beaucoup après le texte publié par Antoine Leiris, Vous n'aurez pas ma haine, journaliste dont l'épouse avait été assassinée ce soir-là.
Les hésitations d'Erwan Larher sont palpables dès les premières pages. Il parle d'abord de son amour pour le rock puis donne la parole à un ami, ou un proche pour « Vu du dehors », interventions qui jalonnent le récit, avant de parler du groupe qui jouait ce soir-là : Eagles of Death Metal (EODM).
C'est une amie, Poopy, qui lui avait fait découvrir le groupe lors de Rock en Seine 2009. Lorsqu'il apprend qu'EODM repasse par Paris, il achète sa place sans hésiter. Il invite même trois amis à se joindre à lui mais ils ne sont pas libres ce soir-là.
Il laisse volontairement passer la première partie pour venir s'installer, dans la salle, à droite de la console entourée de barrières métalliques : « À partir de là, commence une histoire que je ne voulais pas raconter. »
Erwan Larher le reconnaît : «Pas une victime comme les autres dans un monde qui s'y entend pourtant à les engendrer… » S'il se décide enfin, ce n'est ni un récit, ni un témoignage car « Réalisme et véracité ne sont que cousins éloignés ». Il a enfin laissé parler ses sentiments, son ressenti, ajoutant : « Vous n'en saurez jamais rien des HURLEMENTS, quelle que soit la plume. »
Il réussit même à se mettre dans la tête d'un des terroristes qui va « tuer au nom d'un dieu qui jusqu'ici n'a pas fait grand-chose » pour lui. Avec beaucoup de sensibilité, de réalisme, il parle de leur vie sans jamais excuser leurs crimes.
Cette balle qui traverse son corps, épargne sa vie mais va causer des mois de souffrance : « Blessé, pas paralysé. Tu éprouves du soulagement. du soulagement, c'est absurde. » Recroquevillé contre une barrière, il pense à Sigolène, dans les locaux de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 et qui a écrit « le Caillou ». Il se répète sans cesse : « Je suis Sigolène, je suis un caillou. »
Lorsqu'un des assassins crie : « Vous direz à François Hollande que c'est pour venger nos frères tombés en Syrie. », il ajoute : « Je n'ai jamais rien entendu de plus tragique. » le silence se fait enfin. Il est dans un état second : « Pas grave, on est sauvés. En fait, c'est le début de ton calvaire. »
On le sort sans ménagement après une longue attente : « Tu lâches prise, couché à même le sol, ciel d'encre au-dessus, grelottant, vidé de tes forces, exsangue, gelé, incapable de parler. Résigné. »
Erwan Larher n'oublie pas l'humanité de ce jeune pompier qui vient le réconforter, les autres victimes, ceux qui souffrent plus encore et salue le dévouement du personnel hospitalier.

Jusqu'au bout, ce livre est prenant, émouvant, instructif aussi, très utile par les temps que nous vivons : « La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari. »

Un grand MERCI à Dominique qui, à Manosque, nous a parlé, pour la première fois, de ce livre si important.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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"La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari."

Est-ce la raison pour laquelle Erwan Larher s'est finalement décidé à prendre la plume ? Peut-être. Parmi d'autres. Depuis ce fatal 13 novembre 2015, il raconte lui-même que les sollicitations n'ont pas manqué pour le faire témoigner, lui, le "rescapé du Bataclan". Mais que dire quand on se demande toujours ce qui est arrivé ? Quand son sort lui semble si enviable en comparaison à ceux qui y ont laissé la vie, ceux qui ont perdu un proche ou une partie d'eux-mêmes ? Heureusement, Erwan Lahrer est aussi romancier. Et il s'est dit que peut-être, le romancier qui vit avec lui pouvait tenter de livrer, quoi ? Un témoignage ? Une réflexion ?... Mieux que ça en fait. Une histoire. La sienne mais surtout la nôtre. Nous qui nous souviendrons toujours, comme lors de chaque événement important ou traumatisant ce que nous faisions cette nuit-là.

Erwan Larher appelle ça un objet littéraire. Pourquoi pas ? Pour moi cela restera l'un des textes les plus émouvants, les plus justes et les plus réconfortants qui seront passés entre mes mains. Emouvant parce que l'écrivain se met à nu, crie son désarroi, ne cache rien de ses souffrances. Juste ensuite, parce qu'il replace sans aucune outrance chaque protagoniste à sa place, dans la grande confrérie des hommes qui ne savent pas toujours ni vivre ensemble, ni accepter les différences mais sont aussi capables de grandeur. Réconfortant enfin, parce qu'il tisse une fabuleuse toile humaine en associant à ses mots ceux d'une douzaine de proches, amis, famille, et que cette farandole agit comme un cocon d'amour et de tendresse dans lequel on rêverait de se lover.

C'est une histoire qui commence par "Tu écoutes du rock" et qui finit par "... mon amour". Erwan Larher raconte cette soirée du 13 novembre par le son, celui d'un concert de rock qui est vite remplacé par le son des rafales, les hurlements et puis, plus tard, celui des sirènes des ambulances. "Les HURLEMENTS. Pas stylisés, pas tarantinesques. le sang poisse vraiment. La mort sent vraiment. Les détonations pas en Dolby Surround déchiquètent projets d'avenir et bien-pensance." le résultat : une balle de Kalachnikov dans la fesse. le comble pour celui dont le roman en cours, déjà sous forme d'épreuves s'intitule Marguerite n'aime pas ses fesses. Si les mots prêtent à rire, la réalité, les souffrances endurées, les suites opératoires et les craintes pour son intégrité physique font rapidement refluer les ricanements dans les gosiers.

Et puis le temps de réfléchir... Pourquoi ? Comment ? Tous ceux qui ont un jour échappé à un grave accident (crash d'avion, catastrophe ferroviaire...) parce qu'un aléa de dernière minute les avait empêché d'embarquer se sont posé cette question : qu'est-ce que ça veut dire ? Chance ? Destin ? Un coup des Parques décide Erwan... Une épreuve en quelque sorte. de quoi donner un peu de grain à moudre à l'écrivain.

Si Erwan Larher ne se cache jamais derrière son petit doigt (ou son stylo), il ne cède jamais non plus au ressentiment ou à la colère. Il interroge, il tente d'imaginer ce qui se passe dans la tête d'un mec qui débarque dans une salle de concert pour faire un carnage. Il laisse l'écrivain faire son travail, dessine ses personnages et choisit de croire que Lachésis a finalement agi quelque part dans son intérêt... Histoire d'offrir un happy end. Et de garder espoir.

C'est fort, très fort. A travers ce récit, c'est de nous dont il s'agit, que nous ayons été de près ou de loin concernés par cette funeste soirée. Mais ce qui transparait au fil des mots, c'est le portrait de l'homme derrière l'écrivain. Un portrait tracé au fil des textes de ses proches qui sont parfois aussi des auteurs. Des mots qui révèlent la belle relation qu'Erwan Larher entretient avec le monde. Alors, si on a envie de lire encore très souvent les romans de l'écrivain, moi, c'est l'homme qui est derrière que j'aurais très envie de connaître. Un sacré mec on dirait. Et qui a bien fait de l'écrire, ce livre.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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L'auteur nous raconte ici ce soir du 13 Novembre 2015 ou il se rend à un concert de rock au Bataclan, mais il ne veut pas écrire un livre sur son vécu. Erwan Lahrer est écrivain et ses amis vont le convaincre de faire un récit de cette partie de sa vie, l'auteur décide donc de faire un objet littéraire avec son vécu de ce soir là.

Erwan Lahrer se rend au concert des Eagles of Death Metal pile au moment ou se termine le groupe de la première partie, il devait se rendre à ce concert avec des amis mais tous ont finalement décommandés. Ce jour là l'auteur oubli également son téléphone, dans ce témoignage nous suivons Erwan Lahrer mais également ce qu'il nomme le "vu du dehors" c'est à dire les proches qui s'inquiètent pour lui et auquel il ne peut pas donner de nouvelle.

Erwan Lahrer nous indique comment il a réussi à survivre durant le carnage du Bataclan en faisant le mort aux milieux des corps et en se disant qu'il est un cailloux afin de bouger le moins possible malgré la souffrance de la balle qu'il a reçu aux fesses.

Il nous raconte également la fin de la prise d'otage ou il se dit que son calvaire est terminé mais cela va encore durer un bout de temps avant qu'Erwan Lahrer ne soit transférer à l'hôpital de Créteil.

Il nous raconte également l'après les consultations pour surmonter ce traumatisme, ses relations avec le personnel hospitalier.

Un livre bouleversant que j'ai lu quasiment 2 jours après jour pour jour après ce 13 Novembre 2015 et ce livre me restera très longtemps en mémoire.

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Comment dire l'indicible , comment partager ces moments de chaos où le monde s'écroule sous vos pieds , et sous les balles de kalachnikov ?
Quand je suis passé une nuit de l'été 2016 à pied devant le Bataclan , j'avoue que j'ai été submergé par un océan de tristesse , je me suis arrêté et j'ai senti que ce lieu était habité , les âmes des morts planent toujours sur cet endroit .
J'ai la faiblesse , comme Erwan Lahrer , d'aller régulièrement aux concerts de rock , j'ai même assisté à un concert d'Eagles of Death Metal , pire encore j'étais dans une salle de concert la nuit du 13 au 14 novembre 2015 , mais pas à Paris .
Alors l'histoire qu'Erwan Lahrer nous fait partager , je me suis senti complètement impliqué dedans , j'ai éprouvé la peur , la tristesse , la souffrance , j'ai entendu les HURLEMENTS des blessés qui se vidaient de leur sang . Ce sont mes frères et mes soeurs que l'on a assassinés , mutilés et terrorisés .
Erwan Lahrer nous raconte son Bataclan cette fameuse nuit où tout a basculé pour lui et des centaines de personnes , où il a pris une balle dans la fesse tirée à bout portant . "A partir de là , ce n'est plus ton histoire , c'est aussi la nôtre" .
Essayez d'imaginer l'angoisse de ses proches , ses amis , sa famille , ses anciennes amantes , l'attente fébrile toute la nuit après l'attentat . Pour couronner le tout , son téléphone est resté chez son amie , et il n'avait aucun papier sur lui .
Et l'attente d'une délivrance dans une mare de sang , le sien et celui des autres victimes , les HURLEMENTS des blessés , les détonations d'armes de guerre .
On sent la souffrance du voisin (voisine?) qui s'agrippe à sa cheville , l'angoisse de ne pas être secouru à temps , l'hémorragie qui ne peut être contenue .
Et puis finalement la présence rassurante des militaires , puis les secours débordés par le nombre de victimes , l'arrivée à l'hôpital et la prise en charge .
Et , heureusement , tous les amis (quelle solidarité entre écrivain-es !) , la famille , tout l'environnement est là pour entourer le blessé et le soutenir moralement ("j'ai découvert tout cet amour . Il a fait dévier la trajectoire de la balle , n'essayez pas de me prouver le contraire" ) . Sans oublier le personnel hospitalier auquel l'auteur rend hommage pour leur générosité et leur bienveillance (petit bémol avec la psychologue genre "mère supérieure" , qui était censée être à l'écoute du survivant , mais apparemment psychorigide : "vous êtes trop joyeux" ) .
C'est un roman écrit à plusieurs voix , celle de l'auteur , prépondérante , celle des amis proches , de son amie Jeanne , de son père , et même deux des terroristes , Efrit et Iblis . Peut-être pour essayer de les comprendre , ces barbares , qui ne sont pas cultivés comme l'auteur , qui n'ont pas reçu ton éducation ou qui ont manqué d'amour ou d'attention de la part du corps social .
En s'attaquant à toi , ils ont attaqué notre société entière ("en te blessant , ils ont blessé chacun d'entre nous") .
En définitive , ils n'ont pas gagné , car l'auteur "va continuer à regarder le monde avec sa tête de cyber ludion au charme en bandoulière - et c'est tant mieux" .
J'ai découvert cet auteur avec ce roman , et je suis tellement emballé par son écriture que je vais m'attaquer à ses romans précédents , son livre m'a emporté , et touché profondément , j'ai l'impression que nous sommes semblables , donc frères . Sauf que je ne porte pas de santiags !



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Vous faites peut-être partie de ceux qui n'ont pas (encore) lu ce livre et vous vous dites « moi, jamais! ».. Sachez que j'étais comme vous. Pour moi, il était hors de question que je lise un roman/témoignage d'un gars qui s'était fait tirer dessus au Bataclan. J'avais l'impression d'avoir vu trop d'images, d'avoir entendu assez de récits pour me faire ma propre idée. « le livre que je ne voulais pas écrire » était devenu « le livre que je ne voulais pas lire » (ok c'était facile). Et puis, ce livre est apparu sur les étagères de la bibliothèque de ma ville, ça ne me coûtait rien de le prendre. Dans le train, le jour-même, je commençais à le lire, à l'aimer, à le terminer avidement le lendemain. Aussi simple que ça. Entre temps, j'avais déjà essayé de convaincre ceux qui ne l'avaient pas encore lu et me demandais à qui je pouvais bien l'offrir…
Je ne vous ferai pas de résumé de ce livre. Je veux juste que comme moi, vous oubliiez vos préjugés et que vous rencontriez Erwan, Jeanne, Alice, Loulou, Sigolène, et tous les autres. Ses proches qui ont pris la plume pour raconter leur 13 novembre et comment ils avaient vécu ce drame. Car ce qu'Erwan ne voulait pas c'était se mettre en avant. Il ne voulait pas écrire ce livre. Alors il parle en « je », en « tu », en « il », en « nous »... pour que ce récit soit universel.
Erwan Larher est écrivain et ça se sent, il a le sens des formules et de la narration. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à découvrir son écriture et son humour ravageur.
Ce texte est aussi un vibrant hommage aux personnels soignants , ces réparateurs de corps décharnés, d'âmes blessées.

Ce livre résonne comme un bel hymne à la vie...
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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J'hésitais à le lire ce livre qu'Erwan Larher ne voulait pas écrire. Par crainte de flatter une forme de curiosité malsaine ? Ou d'éprouver des émotions illégitimes, par procuration en quelque sorte ?

Alors j'ai attendu. J'ai attendu le moment où mes scrupules ont laissé toute la place au seul désir de retrouver cette écriture qui véritablement me fascine. Cette sculpture qu'Erwan Larher taille dans la matière de tous les réels pour leur donner forme et les rendre nôtres.

Alors je l'ai lu ce livre qu'il ne voulait pas écrire. Et tous les deux nous avons bien fait. Lui de l'écrire, moi de le lire. Parce qu'il est rare et précieux qu'un agencement de mots, de phrases, de narrateurs-trices parvienne à englober tout ce que l'humanité contient d'humain magnifique et barbare, sublime et sordide, chatoyant et ténébreux, généreux et égoïste. Tous ces paradoxes, ces contradictions dont l'être humain est pétri apparaissent en filigrane d'une écriture qui pulse au rythme du coeur.

La méticulosité avec laquelle l'auteur met au jour les moindres recoins de ses sensations et de ses pensées le dépouille de tous les codes sociaux et c'est comme si émergeait peu à peu l'homme à vif, un homme à la manière des écorchés sur les planches d'anatomie. Un homme debout. Et c'est une vision déchirante de fragilité et de force. Une vision complétée, renforcée par les mots de ceux qui sont à l'extérieur, ceux qui aiment et qui ont peur. Être capable d'avoir peur pour l'autre (et non à la place de l'autre), pour celui qui n'est pas nous, c'est montrer le côté lumineux des êtres, précieuse petite victoire contre la haine.

C'est ainsi que j'ai lu le livre qu'Erwan Larher a eu raison d'écrire. Comme un concentré d'humanisme pur. Comme une conjugaison du verbe aimer dressée en barricade face à toutes les barbaries.
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