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EAN : 9782374911076
350 pages
Quidam (22/08/2019)
3.98/5   27 notes
Résumé :
Jane a 21 ans. Hyperconnectée, elle vit au présent entre jobs d'hôtesse et menus larcins, boîtes et soirées branchées, ses amants d'une nuit et ses deux colocataires. Un soir, le hasard la jette malgré elle sur la piste de son père, qu'elle n'a jamais connu. Est-il cette pop star dont on a perdu la trace ? Ce guitariste punk passé à côté de sa vie ? Ou ce solitaire retiré de la compagnie des hommes ?Jane se prend au jeu des vérités parfois contradictoires tandis que... >Voir plus
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Mais oui bon sang pourquoi les hommes fuient ?! Avant de lire ce livre, j'avais environ 4 pistes de réflexion :

- parce qu'ils s'emmerdent
- parce qu'ils ont faim
- parce qu'ils ont peur
- parce qu'ils sont programmés pour ça

Heureusement pour vous, Erwan Larher s'est penché sur la question un peu plus longtemps. Car déjà, que fuient-ils ces hommes ? Leur femme, leurs enfants, leur crédit maison et l'ensemble de leurs échecs ? Eux-mêmes, ou leur père qu'ils sont en train de devenir ? Est-ce vraiment une fuite ou l'envie d'explorer le monde ?

Jane, la jeune femme de 21 ans et narratrice du roman, est persuadée que son père, parti lorsqu'elle avait 4 ans, était une véritable popstar, un guitariste à groupies. Parce qu'on pourrait presque pardonner à un homme de partir s'il est ROCK'N ROLL ! Mais c'est quoi, au juste, être rock and roll ? Inconstant et volage ? Totalement libre ? Être libre, c'est être égoïste ou c'est être audacieux ? Et une femme qui fuit, c'est rock'N roll?? Pas vraiment n'est-ce pas... Vous l'aurez compris, ce sujet soulève chez moi un questionnement infini.

Jane rencontre un écrivain au début du récit, de trente ans son aîné. Il l'invite à dîner et tout commence par un ennui profond. Et qui dit ennui, dit rétrospection et enquête. Qui était véritablement son père ? Était-ce ce fameux Jo, Jonas ou Johann, dont le récit sème par indices les chapitres de sa carrière et de sa chute ?

Je ne vais rien vous spolier, juste vous dire que j'ai beaucoup aimé. La construction, le rythme, la narration, et toute la batterie de questions qu'il continue de susciter. Au-delà de la philosophie de vie, les personnages sont parfaitement incarnés et modernes. Les chapitres sont parfois durs, souvent lucide-amer, et l'humour revient toujours, mention spéciale pour la repartie de Jane et la description de l'écrivain à mourir de rire dans sa caricature. Beaucoup de choses sont à mourir de rire d'ailleurs, comme souvent avec cet auteur. Ne fuyez pas ce livre !!
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Chère lectrice, cher lecteur, si tu veux t'endormir avec les poules, n'ouvre pas ce roman à la tombée de la nuit car Jane, la jeune héroïne solaire du dernier roman d'Erwan Larher, paru en août 2019 chez Quidam éditeur ne te laissera en aucun cas la quitter avant la dernière page.

À vingt-et-un ans, hyper connectée aux réseaux et bourrée d'énergie, s'exprimant sans filtre, Jane est une guerrière contemporaine, seule et libre depuis la disparition accidentelle de sa mère, vivant de petits boulots et larcins, une héroïne blindée et tendre sous ses pics, formidablement attachante.

Pourtant ce qui la ronge est la culpabilité de son père disparu dans la nature avant son quatrième anniversaire. de ce père disparu elle ne sait rien, si ce n'est ce mot – musicien – lâché un jour par sa mère, par inadvertance. Une envie tenace et des indices apparus, eux aussi, par inadvertance l'entraînent sur les traces de ce père musicien, en posant et reposant cette question lancinante des raisons de sa disparition.

"En résumé, j'ai vingt et un ans et je n'ai plus de mère et j'ai à peine connu mon père, si tant est que ce fut lui le mec qui me faisait jouer de temps en temps sur ses genoux et me lisait des histoires une clope au bec – je me souviens davantage de son odeur de tabac que de son visage."

En suivant la trace des deux membres disparus d'un groupe de rock des années 1980, en intégrant joyeusement les personnages de son précédent roman « Marguerite n'aime pas ses fesses », « Pourquoi les hommes fuient » est parsemé d'indices et de correspondances sur les traces du père, composant sur fond de décomposition sociale un récit joueur qui a le sel piquant de l'enquête.

Jane, un guitariste punk qui a raté sa vie et une pop star issus d'un même groupe formé dans les années 1980, un ermite retiré du monde, un écrivain consacré, vieux beau qui « biche quand on le reconnaît » et « culbute ses groupies en cachette de sa femme » : Erwan Larher, qui revient à la fiction après « le livre que je ne voulais pas écrire », nous offre avec ce roman une très belle fugue, où l'entrelacement et le développement successif de chacune des voix, autour de la personnalité explosive de Jane, mouche du coche, apporte subtilement des fragments pluriels de réponse à cette question mystérieuse : « Pourquoi les hommes fuient ? »

"Pendant que l'écrivain est aux toilettes, Jane checke ses profils. Il l'a saoulée avec ses remarques moisies, genre c'est malpoli de garder son portable sur la table, encore plus de répondre à ses messages. Invite une vieille la prochaine fois, Balzac ! Trois afters possibles, dont un mortel dans un squat d'artistes. Il y aura des substances et des potes zicos. Elle tape le nom de l'Ecrivain. Aucun résultat. Bizarre. Elle l'a vu signer masse de bouquins au Salon du livre, aujourd'hui. Elle n'a pas dû orthographier son nom correctement. Elle regarde autour d'elle. Ils sont tous morts, dans ce restau. Assis bien droits, ils chuchotent, du moins ceux qui échangent, les autres clappent sans rien se dire, même des couples – plutôt crever ! Elle a envie de se lever et de hurler, pour voir, ou de montrer ses seins."

Face à la prédation économique et sexuelle, à la précarité, à la prostitution adolescente et aux petits boulots sans issue, Jane oppose moins sa rage, comme l'héroïne de « Désintégration » d'Emmanuelle Richard, que son désir forcené de liberté, malgré la culpabilité qui lui colle à la peau comme la poisse. L'héroïne du roman d'Erwan Larher et sa langue fleurie émaillée d'argot, jamais artificielle, l'agencement joueur de l'enquête et la partition des voix transforment ce roman en un moment de lecture jubilatoire, tout en dépeignant la société qui se détraque arrière-plan, un désordre du monde auquel Jane semble totalement aveugle.

Nous aurons la joie d'accueillir Erwan Larher le mercredi 20 novembre en soirée à la librairie Charybde (à Ground Control) pour évoquer ce roman haut en couleurs.

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde :
https://charybde2.wordpress.com/2019/11/16/note-de-lecture-pourquoi-les-hommes-fuient-erwan-larher/
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« Et toi, tu fais quoi ? (Je dîne avec toi, mec, et je m'ennuie.) »
Hou ça partait mal, entre ce roman et moi. Débuté avec un solide a priori (jamais terminé un roman d'Etwan Larher, il me perdait en cours), les premiers temps avec miss Jane (prononcer « Jhaine…) » ne m'incitaient guère à l'apprécier, elle et surtout sa langue, quelque peu hérissante, à mes yeux à tout le moins. Et puis elle m'a eue, la zouz. « Pendant que l'écrivain est aux toilettes, Jane checke ses profils. Il l'a saoulée avec ses remarques moisies, genre c'est malpoli de garder son portable sur la table, encore plus de répondre à ses messages. Invite une vieille la prochaine fois, Balzac ! » Elle est drôle, Jane. Libre, aussi. Tendre, évidemment, sous sa carapace d'épines acérées. Sa narration est entrecoupée par celles de ses deux pères putatifs, dont elle est à la recherche. Leur niveau de langage est tout autre, et cet écart est vraiment intéressant. « L'hiver t'est merveille, à présent. Lactescente pureté tavelée de crissements… » vs « Comme si tu lisais des romans, je lui ai répondu. Il m'a envoyé un selfie avec sa bibliothèque en arrière-plan, comment il m'a châtiée le bâtard ! » J'ai même dû chercher quelques mots que je ne connaissais pas, comme : vénéfice, smaragdin,ou encore pégueux, wow. Il n'y a que ce « fors (« cette jolie banlieusarde dont tu ignorais tout fors la nudité ») qui tombe à plat, parce que dit par Jane, bien loin de ses habitudes et d'où sortirait-elle ceci, elle qui revendique comme un fait d'arme de ne jamais, jamais rien lire du tout, et certainement pas des romans ? En dehors de ces deux aspects déjà totalement réjouissants (la langue et l'humour), le roman mène une enquête dans un environnement qui n'est pas tout à fait le nôtre. Une piste, notamment, est juste évoquée, comme ça, sans obtenir le développement qu'elle mérite et c'est aussi frustrant qu'amusant. Jane est témoin d'une bastonnade policière dont la victime surprend… Je me suis dit non mais c'est quoi, ça ? Avec un regain d'intérêt amusé. Mais ce n'était rien, en fait, qu'une fantaisie pas exploitée par la suite, ou de si loin qu'on le regrette. Tout ceci donne un roman dans lequel on s'enfonce avec de plus en plus de plaisir, et dont on apprécie le message sous l'intrigue. Il y est finalement question de solidarité, d'entraide et de valeurs magnifiques telles que la gentillesse et la bienveillance. Différent, et bien sympathique.
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"Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde".

On pourrait se décider à lire le nouveau roman d'Erwan Larher rien que pour le plaisir de tomber sur cette phrase au détour d'une page. Bon, il faut dire qu'elle est posée bien en évidence, difficile de la rater à moins d'avancer en sautant les pages par paquets. Faut-il y voir un message ? Une invitation à la clairvoyance pour certains ? Si seulement... Mais on peut aussi lire ce roman pour plein d'autres raisons. le plaisir de retrouver Marguerite (qui n'aime toujours pas ses fesses, au fait) si ce n'est Billie, sa mère, celui de faire connaissance avec Jane, petite nana franche et directe au vocabulaire pas piqué des hannetons. Ou encore pour cette façon qu'il a de mettre le doigt sur des trucs qui vous turlupinent de plus en plus sans que vous n'arriviez forcément à l'exprimer, vous. Parce que, prendre la poudre d'escampette, vous barrer, laisser en plan ce monde de barges ou au contraire lui éviter d'avoir à supporter votre insignifiance, ça, vous en avez certainement déjà eu envie.

Fuir. Disparaitre de la circulation. Jane aimerait bien savoir pourquoi son père s'est carapaté alors qu'elle n'avait même pas 4 ans, ne lui laissant même pas le souvenir de son visage. Depuis, elle n'a eu qu'un silence énervé de sa mère sur le sujet, tout juste lui a-t-elle lâché un jour de colère qu'elle était bien "une fille de musicien". Alors Jane vit au jour le jour, de petits boulots en combines, au gré des rencontres, style cash. C'est justement une de ces rencontres de hasard qui la met sur la piste d'informations sur la potentielle identité de son père. Il est question d'un groupe de rock punk, Charlotte Corday, d'un concert à Dijon et de deux guitaristes, Joris et Johann, deux Jo, comme deux faces d'un même CD. L'un des deux pourrait-il être le père de Jane ? Ne comptez pas sur Erwan Larher pour convoquer Hercule Poirot. le jeu de piste est aussi bordélique que la vie, d'ailleurs "comment croire les bouquins d'histoire qui nous disent comment vivaient les pharaons, les rois et les papes quand deux personnes ayant côtoyé le même mec il y a trente ans ne sont pas foutus de se mettre d'accord sur les événements importants de sa vie ?"

Sur la route de Jane il y a du réel et du fantasme, des récits et des découvertes. Il semble que la société soit quelque peu agitée, le vacarme se faufile parfois dans une brèche, comme cette scène hallucinante et pleine de surprises de tabassage policier dans une impasse. Drôle de contraste avec le calme de certains coins désertiques du centre de la France où il semble que l'on puisse trouver refuge, seul, loin de la folie du monde, fuir... Que vous dire de plus ? C'est tonique, rythmé, bourré d'énergie. Un poil désabusé mais du genre qui n'a pas envie de lâcher l'affaire aussi facilement. Souvent drôle, parfois caustique ou carrément désespéré. Et ça résonne sacrément.

Un conseil : ne fuyez pas avant de l'avoir lu (ou bien partez avec).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La première page raconte une disparition.

Un dégoût, une misanthropie, une fuite. Ça raconte un mec qui disparaît. Elle est énigmatique cette entrée en matière, envoûtante comme un mystère qui planera pendant tout le roman (il parait chez Quidam). Pourquoi les hommes fuient ? interroge le titre.

D'Erwan Larher, je n'avais lu qu'un livre. Je le croisais souvent. Il me faisait rire, il est tout ce que je ne suis pas, extraverti, exubérant, bien planqué derrière son grand sourire. Je l'aime beaucoup et c'est un type bien. C'est l'un de ces moments où tu ouvres le livre en priant pour qu'il soit génial. J'ai la pression, je n'arrive pas à écrire cet article. J'y reviens et ça ne sonne toujours pas. Et je veux que ça soit le cas. C'est véritablement le premier roman de lui que je lis. Sur la couverture, un homme en noir et blanc joue de la Gibson à l'aveugle. ça me met en bonne disposition.




Une fille dine avec un écrivain. Un mec infatué de lui-même, un presque célèbre de salon. Un vaniteux lettré qui voudrait la séduire. Elle ne lui correspond pas. Elle n'a pas ses codes et se fout bien de son numéro de charme. Elle le rembarre vertement, régulièrement. Elle s'appelle Jane. Elle est insolente comme une fille de 21 ans, toujours un pied sur facebook ou instagram. Elle a pris ce boulot d'hôtesse pour se faire du blé, pas pour l'admirer faire le beau devant ses groupies. Elle a l'impatience facile des biberonnés à l'instantané. Elle en a le langage.

Erwan la présente d'abord comme un archétype, comme l'écrivain la voit, projetant sur elle toutes ses idées reçues. Evidemment, il se goure. Et c'est à elle que vont s'attacher nos pas. Elle qui va nous agacer, nous dérouter, nous lier à son destin. Au début, elle me déplaisait, la jeune conne, avec tous ses tics de langage que l'auteur épouse complètement et qui m'irritaient souverainement, comme le vieux con que je peux être. Plusieurs fois même je me demandais si j'allais continuer. Parce qu'elle appuyait sur tous mes boutons. C'est là que je me suis dit que ce bouquin déchainait des sentiments forts. Epidermiques. Impossible que je décroche.

Je réagissais devant elle comme je suis devant un nana belle et grande gueule à qui je ne saurais pas parler. Elle m'aimantait. Il y avait quelque chose qui me faisait revenir.
Il y avait le passé qu'elle tente de reconstituer, ce père dont elle tente de trouver l'identité. Ce groupe punk des années 80, Charlotte Corday et ses deux leaders Joris et Johann. Deux inséparables qui se brouillèrent comme dans ces rivalités homériques entre chanteurs et guitaristes qui émaillent l'histoire du rock. L'un qui ne transige pas avec ses principes, sa rébellion et son intégrité et l'autre qui trahit pour la gloire.

On voit peu à peu cela revivre, dans ce qui ressemble à un road movie dans les souvenirs enfuis. Jane rencontre les anciennes petites amies, les anciens potes, à la recherche de la vérité sur ses origines à elle. Ce que sa mère qui l'a élevée dans son petit pavillon de Sucy en brie lui a toujours caché. Elle traine dans des endroits improbables parfois, jusqu'au fond de la province, ou la couleur de l'écriture change, ce quelque chose de figé et d'authentique qu'on trouve parfois dans la France rurale. Hors du vertige et la névrose des villes.

J'aime la violence et l'âpreté, l'intégrité qu'Erwan convoque dans ses mots, cette langue qui tranche comme une lame de rasoir, qui colle aux personnages. Pourtant, j'ai entendu sa voix, son regard à lui, son ton. Son son. J'ai lu Erwan comme j'écoute les guitaristes que j'aime.

Jane découvre un passé. Elle traque ces gens dont même le dieu Google a du mal à retrouver la trace. Parfois Erwan glisse un intermède longtemps énigmatique, en rupture, des flashs d'un mec revenu à la nature et à la simplicité de ses plantations, loin de ses tapages de jeunesse. Ce disparu mystérieux dont l'aura s'étend sur tout le roman. Parfois quelqu'un lâche un nom et fait évoluer Jane dans son enquête, dans sa quête d'elle-même.

J'ai lu cela comme un polar. Je n'ai pas arrêté de regarder des concerts pendant que je lisais. C'était un roman et une réminiscence. Ce livre c'est une mémoire qui se recompose. Mon adolescence remontait fort, dans sa musique, dans sa rage, dans ses espoirs perdus, dans ses trahisons et dans ses icônes mal vieillies. Erwan a réussi à distiller ça, cette essence du rock qui me semble de plus en plus lointaine. Il en a saisi l'urgence et la nostalgie. Il les a mises en mots. Ce qui m'a le plus touché c'est sans doute cet aspect de monde englouti et de héros disparu, dont plus personne même ne sait raconter vraiment l'histoire, dont les détails se perdent dans la brume des souvenirs et des photos passées. Que reste-t-il, après tout, de nos amours et de nos légendes?

Jane voit le monde tourner vinaigre. Les flics devenir dangereux. La terre se rebiffer et les gens devenir robotiques et perdre leur aura. Son enquête est celle de ceux qui cherchent l'authenticité sous les amas de mensonges dont on affuble le passé pour le rendre héroïque. Ici les hommes seront foireux et piteux souvent, à terre aussi, aigris quand ils auront vu passer trop de trains leur passer sous le nez. Chaque rencontre s'incarne. On sent une empathie, un amour des gens (la formule est plate et je ne l'aime pas, mais j'ai pas trouvé mieux). Une justesse dans le regard et dans chaque portrait. On sent le destin sur les traits. J'ai toujours aimé les visages marqués.

La lucidité d'Erwan est tranchante, dévastatrice, impitoyable même. Sous son humour et sous son ironie perce la violence. La révolte. La pornographie parfois. le bruit et la fureur de notre époque sous le vernis qui craque. le temps d'un chapitre, parfois, ça explose. Comme des parenthèses incontrôlables. Des accès. Des déflagrations de guitare électrique. Des fulgurances crues.

Dérouté, bringuebalé, agacé, fasciné, attiré, j'ai lu le souffle court. J'ai eu une relation intense à ce bouquin polymorphe. Il se tient près de mes héros de jeunesse. Il les célébre et se fout de leur gueule. Il dit le temps qui passe. Il dit la jeunesse qui ridiculise les vieux dont je suis de plus en plus. Il dit les anciens rêves que l'on doit remplacer, et les temps jadis qu'on a sacralisés. Il dit le présent de cette fille et son décor. Les destins brisés. le naufrage du présent et le monde qui se barre en couilles. Il dit aussi la beauté de la nature, la vanité de nos gesticulations. Il vous renvoie à vos fuites, à vos trahisons, aux fois où vous avez menti aux autres et à vous-même. Il réveille quelques anciens dragons et des nostalgies crues.

Je ne m'attendais pas à ce foisonnement, à cette générosité.
Je ne m'attendais pas à la larme qui m'a saisi au dénouement tout simple.

Les plus belles histoires sont celles des secrets qu'on découvre.

Je n'ai pas décroché de ce roman.
Bien souvent, il m'en a mis plein la gueule.
Je crois que j'en avais besoin.
J'ai poursuivi le fugitif intensément aux côtés de Jane.
Et son histoire a pris la densité d'un souvenir.
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pareil quand ils nous gavent avec leurs classiques en cours de français. Je m'en tape de Zola, Hugo et Molière, moi. Pourquoi ne pas nous faire lire des trucs d'aujourd'hui, qui se passent aujourd'hui avec des gens d'aujourd'hui? Y'a que de la daube aujourd'hui, c'est ça? Les classiques de demain, ils sont pas écrits aujourd'hui, peut-être? Remarque non, les classiques de demain, y'en aura pas tellement ceux d'aujourd'hui nous ont dégoûtés de la lecture. En cours, on étudiera les séries, ce sera plus funky pour tout le monde. Et l'Ecrivain sera au chômage.
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Comme si tu lisais des romans, je lui ai répondu. Il m’a envoyé un selfie avec sa bibliothèque en arrière-plan, comment il m’a châtiée le bâtard !
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Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde.
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Pour Grégoire, l'existence se construit. Dès l'enfance, on élabore un plan et une stratégie, que l'on suit sans dévier. Quand petite on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais : "Manger des pâtes au gruyère."
- Non mais comme métier, Jane.
Je ne comprenais pas la question. "Plus tard" n'a jamais voulu dire autre chose pour moi que "avant de faire dodo". (p. 150)
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Qui s'arrête pour faire le point ? Un vrai point, vu du dessus, un panoramique sur sa vie étriquée, sa vie de merde, sa vie sans intérêt.
Le faire, un jour.
Le faire et prendre peur.
Un jour le faire, puis tout quitter.
Et découvrir que de pourpres profondes peut s'érafler la nuit. (p. 50)
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Videos de Erwan Larher (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erwan Larher
Erwan Larher vous présente son ouvrage "Pourquoi les hommes fuient ?" aux éditions Quidam Éditeur. Rentrée littéraire Septembre 2019.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2339527/erwan-larher-pourquoi-les-hommes-fuient
Notes de musique : Youtube Audio Library
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