AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pascalmasi


Le sous-titre (Essai sur l'aveuglement catastrophiste) annonce le thème du livre. L'écologie, bien souvent devenue écologie politique, a adopté largement des thèses annonçant la fin du monde. En tous les cas, du monde que nous connaissons. Soit parce que cette fin est plus que probable - ce sont les catastrophistes - soit parce que cette fin est inévitable - ce sont les collapsologues.
Dans ce livre, les auteurs étudient en détail l'histoire de ce courant de pensée et montrent qu'il a des racines intellectuelles et politiques déjà longues et des ressorts philosophiques et épistémologiques parfaitement identifiables.
Les auteurs montrent - de façon convaincante, je dois dire - que les tenants de ces courants écologistes commettent de nombreuses erreurs d'analyse qui rendent leurs conclusions assez fausses voire carrément contre-productives.
Le fond de l'objection tient en ce qu'une approche trop globalisante - le recours systématique à la notion de Système Terre, le trop célèbre recours au terme de "Gaïa" - sont des niveaux de réflexion bien trop vastes pour être justes et adaptés au passage à l'action et à la nécessaire transition écologique. Pour deux raisons : à ce niveau, aucun modèle scientifique ne permet de rendre compte de l'intégralité des phénomènes tellement nombreux et complexes qui se produisent en permanence sur la Terre (les analyses ont donc de nombreuses chances d'être fausses - voir les travaux d'Edgar Morin) et, d'autre part, le niveau mondial n'est pas le niveau auquel les décisions peuvent être prises et les actions menées. (L'accord de Paris, partant salué comme une avancée mondiale majeure, a depuis été ignoré ou dénoncé par de nombreux pays aussitôt signé - les Etats-Unis notamment).
L'idée des deux auteurs est que les initiatives locales, régionales voire nationales doivent se multiplier partout dans le monde. Et que cette approche de "bas vers le haut" rendra la Terre tellement mosaïque, tellement hétérogène du point de vue de la transition vers une utilisation plus parcimonieuse de notre planète, qu'une catastrophe majeure - quelle qu'elle soit - ne pourra pas s'appliquer partout de la même manière et donc ne pourra pas emporter la planète à la catastrophe.
"Le pire n'est pas certain" constitue de ce point de vue un appel à l'action bien plutôt qu'une résignation à l'inaction comme c'est souvent le cas des discours catastrophistes dont le champ lexical n'est pas très loin des discours finalistes de religions : fin du monde et apocalypse, châtiment, homme pécheur, ambitions démiurgiques qui courroucent les dieux et notamment de la déesse Gaïa...

Une véritable bouffée d'air frais et d'espoir par les temps troublés que nous traversons.

Sur le plan littéraire, une langue impeccable et peu d'anglicismes, ce qui est devenu rare ! Un bémol peut-être, les auteurs mobilisent trop de citations et trop souvent toujours les mêmes plutôt que laisser libre cours à leur propre pensée. C'est un peu dommage mais rien de bien gênant.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}