Rien voilà l'ordre est un titre anagramme du nom de son auteur.
C'est aussi un titre programmatique, associant ordre et désordre, voyance du néant et classicisme revivifié.
Olivier Larronde est un des "maudits" de ma bible actuelle, un des 53 Désemparés de
Patrice Delbourg.
Un vrai maudit.
Beau comme un archange, orphelin d'une soeur à laquelle le liait une passion incestueuse, épileptique soigné à l'
opium et tombé dans l'abîme des opiacés et de l' alcool, foudroyé trop jeune, comme un ange rebelle.
Reconnu et admiré par les plus grands :
Genet, Mandiargues,
Leiris, tentant , de sa beauté, le crayon des plus illustres
Cocteau, Giacometti,
Lucian Freud, lui qui, enfant, eut l'oeil crevé , par un crayon justement.
Et trop vite oublié, malgré les efforts et la touchante fidélité de son inséparable ami, Jean-Pierre Lacloche , enterré à ses côtés tout près de la tombe de Mallarmé qu'
Olivier Larronde admirait tant.
Voilà pour l'aura sombre de cet ange noir.
L'oeuvre n'est pas moins intrigante.
Des formes classiques- quatrains, ballades, sonnets- des rimes, souvent, mais, avec cela , une désarticulation de la phrase, mordue par des parenthèses , hachurée de "blancs" - que malgré mes efforts je n'ai pu rendre sur les extraits mis sur Babelio dont le traitement de texte ne semble pas avoir imaginé que la poésie c'est aussi un jeu avec l'espace!-.
Un jonglage subtil avec les sons et les sens, des mots qui reviennent en boomerang, tout modifiés d'avoir été jetés dans le libre espace de la page.
Des images cruelles et douces, des figures fantasques, des aveux vibrants et des confessions mystérieuses. Une nature qui parle, un dialogue amoureux qui sous tend toute parole, mais qu'il faut tenter de débusquer et qui parfois, comme le bonheur, s'échappe..
La poésie d'
Olivier Larronde a des choses à nous dire, qu'elle nous dit à mi-mot, à mi-voix, mais qui parfois nous traversent de leur évidence comme une lame.