Paru en 1924, ce grand roman maritime, signé
Maurice Larrouy, n'est pas une histoire de guerre. C'est d'abord un récit prenant, un drame humain et touchant.
C'est ensuite une belle galerie de portraits :
- Brezennec le géant breton chargé des tubes-lance-torpilles, Yorritz le jeune "pacha", Marie-Luce la belle effrontée, le vice-amiral préfet maritime Saint-Mesmin, Courguin le maître d'équipage, l'ambitieux "frégaton" Durbois surnommé "le choléra" et, bien sûr Pimaï
le révolté...
Au lendemain de la première guerre mondiale, une flottille de seize torpilleurs forme, sous les ordres d'un aviso commandé par le capitaine de frégate Durbois, la défense mobile du port de Dunkerque.
Ce matin-là, du "512" au "528", tous les équipages sont prêts à appareiller vers Cherbourg pour y participer à la coupe des tirs d'honneur.
Un largage de jour, un largage de nuit, chaque torpille marque un nombre de points sanctionnant la précision de son tir et sa manière de frapper.
La cible, évoluant dans la grande rade de Cherbourg, est le "Foudroyant", un vieux garde-côte déclassé.
A bord du "523", le matelot tribordais -17-, manquant, vient d'être remplacé.
Le nouveau, Marius Blanqui Gracchus Pimaï, est un "moko" du Vaucluse.
Il totalise déjà 315 jours de prison pour 192 jours de service.
Sur sa poitrine blême, une inscription tatouée, "A bas la patrie", ne laisse aucun doute sur son état d'esprit.
Sur les autres navires, il a refusé de se plier aux exercices fratricides.
En moins de 24 heures, l'irruption du révolté sur le pont du torpilleur "523", commandé par le jeune lieutenant de vaisseau Yorritz dit "le trapu", va détraquer la mécanique huilée du service à bord ....
Maurice Larrouy nous offre un roman moderne et captivant dont on ne sort que difficilement avant d'en avoir refermé la dernière page.
C'est un récit de genre, criant de vérité, écrit dans un vocabulaire authentique dont chaque mot résonne juste à l'oreille du marin.
Mais c'est surtout une belle histoire pour tous, qui vous fera doubler la pointe de Barfleur et vous mènera à l'abri de la grande rade de Cherbourg ...
Le style de l'écriture est efficace mais agréable.
L'action est tendue. Elle ne laisse aucun répit au lecteur.
"
Le révolté" est un roman bien écrit.
Ne semblant que très peu avoir vieilli, il se lit, encore aujourd'hui, avec beaucoup de plaisir ...