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EAN : 9782749121284
656 pages
Le Cherche midi (23/08/2012)
3.76/5   491 notes
Résumé :
Avec Le Diable dans la ville blanche, Erik Larson a révélé un talent exceptionnel pour romancer l’Histoire. Après s’être intéressé à l’Exposition universelle de Chicago et au premier serial killer américain dans son précédent livre, il nous offre cette fois un superbe thriller politique et d’espionnage, basé sur des évènements réels et peu connus qui se sont déroulés en Allemagne pendant l’accession au pouvoir d’Adolphe Hitler.

1933. Berlin. William E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (127) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 491 notes
Ce livre impressionne par la masse de recherches bibliographique et archivistique qu'a compulsé l'auteur afin de proposer un récit d'une rigueur sans faille sur une période absolument passionnante de l'Histoire : les premières années du régime totalitaire nazie, la mainmise de Hitler sur l'appareil d'Etat allemand une fois qu'il est nommé chancelier le 30 janvier 1933 et la mise au pas progressive de la population.

Erik Larson a choisi de façon très judicieuse sur une double narration, à travers le regard de deux Américains sur l' Allemagne nazie, des personnages ayant réellement existé comme toutes les figures historiques qu'il convoque, petites ou grandes.

William E.Dodd, professeur d'histoire dans une université américain, fervent admirateur de Wilson, se retrouve par défaut nommé par Roosevelt ambassadeur des Etats-Unis à Berlin en 1933. Complètement novice en us et coutumes diplomatiques, il fait montre d'une clairvoyance folle pour l'époque, ne cessant d'alerter sur la nature criminelle de l'Etat hitlérien, jamais entendu dans une Amérique pacifiste et isolationniste qui préfère fermer les yeux sur les exactions antisémites qui se multiplient. Il pressent les drames à venir de la 2GM alors que personne ne veut voir.

L'autre personnage est sa fille, Martha, au parcours fascinant : politiquement vierge lorsqu'elle débarque à Berlin bien décidée à s'amuser, apparaissant d'abord comme complètement frivole , accumulant les amants nazis comme Rudolph Dies ( premier chef de la gestapo ) son enthousiasme pour le IIIème Reich déclinera au contact d'un grand amour, le diplomate et espion soviétique Boris Winogradov. Elle est même été présentée à Hitler en quête d'une compagne, passage savoureusement décrit ! Durant la guerre froide, elle sera agent des services secrets de l'URSS et finira sa vie en 1990 à Prague.

Tout est vrai dans les événements narrés, pas une once de roman, jamais l'auteur ne s'octroie le droit de prêter à ces personnages une psychologie supposée. Quand ils expriment leurs pensées, c'est au travers d'extraits de lettres ou de mémoires mis entre guillemets.

Même si ce livre se lit plus comme une sorte de thriller dont on connaitrait la fin, plutôt que comme un livre d'histoire universitaire à proprement parler, il reste très dense et exigeant, chaque page bruisse de mille détails, de références, d'annotations qui demandent tout de même une réelle concentration. Je lis beaucoup d'ouvrages historiques de type universitaires pour mon travail, je les lis en connaissance de cause, mais là, je m'attendais à quelque chose de plus « romancé », les dialogues m'ont manqué, il n'y en a aucun, jugés par l'auteur sans doute pas assez objectifs.

Mis à part cette réserve très personnelle, cet ouvrage n'est jamais roboratif et apporte un éclairage passionnant sur cette période 1933-34 extrêmement riche ( incendie du Reichstag, Nuits de Longs couteaux entre autres ). On comprend mieux comment les démocraties, Etats-Unis en tête ont pu être aveugles à ce point sur la nature du régime hitlérien. Surtout, cet ouvrage rend intelligible la passivité des Allemands, indifférents devant les exactions commises, notamment antisémites, leur empressement à accepter chaque nouveau décret liberticide ou répressif, ne protestant jamais et ne s'indignant de rien.
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Passionnée par la Seconde Guerre mondiale, j'ai accepté avec enthousiasme la proposition de Babelio de m'envoyer cet ouvrage d'Erik Larson. Je m'attendais à recevoir un roman, d'ailleurs la couverture parle de thriller politique. En fait, il s'agit d'un récit basé essentiellement sur les notes personnelles et diplomatiques de William Dodd, ambassadeur des Etats-Unis à Berlin de juillet 1933 à décembre 1937 et sur les journaux intimes de sa fille Martha. Plus d'une cinquantaine d'autres documents historiques ainsi que des romans ont été lus et compulsés par l'auteur afin de rendre une vérité historique totale.

Journaliste, Erik Larson a réalisé un vrai travail d'historien ici, comparant, recoupant, confrontant les documents et vérifiant les sources qu'il cite d'ailleurs avec minutie tout au long du récit. Il lui aura fallu trois ans pour nous présenter ce témoignage exceptionnel qui se lit comme un roman. Il nous emporte au coeur de Berlin et nous montre la ville et les événements qui s'y déroulent avec l'oeil d'un Américain démocrate et débonnaire, enclin à croire en la bonté de l'homme et désireux de ne pas offenser son hôte, l'Allemagne. Imprégné aussi d'un antisémitisme primaire courant aux Etats-Unis à l'époque.
Professeur d'histoire de formation, il ne croit pas aux rumeurs, a besoin de confirmation et de faits tangibles pour accorder du crédit à ce qu'on lui rapporte. (Il est aussi nourri de clichés). Dès son arrivée, « il considère son rôle d'ambassadeur davantage comme celui d'un observateur et d'un rapporteur. Il croyait que par la raison et l'exemple, il serait capable d'exercer une influence modératrice sur Hitler et son gouvernement et en même temps, d'aider à pousser les Etats-Unis à sortir de leur isolationnisme vers un plus grand engagement sur la scène internationale. » En toutes circonstances, il se voudra objectif mais manquera souvent de diplomatie. Refusant l'ingérence, Dodd cherchera longtemps à préserver des relations cordiales avec la nation allemande pour laquelle il a beaucoup d'affection.
A ses côtés, le consul George Messersmith est beaucoup plus radical et affolé. Il envoie de longs et fréquents rapports au Département d'Etat pour se plaindre des mauvais traitements dont sont victimes les Américains afin de le faire réagir officiellement. Mais la seule chose qui inquiète vraiment les hauts fonctonnaires, c'est le remboursement de la dette !

Cependant, Dodd n'est pas aveugle et au fil du temps, se rend compte que la montée au pouvoir d'Hitler présage de jours sombres. Les termes qu'ils emploient dans ses écrits sont assez explicites. Un de ses discours lors d'un diner rassemblant des patrons d'entreprise libéraux restera d'ailleurs dans les annales. Mais toujours, il voudra croire en une rédemption possible, en une paix à préserver à tout prix.

De son côté, sa fille Martha, insouciante et délurée, ne pense qu'à s'amuser, à sortir et à goûter aux beautés de la ville. Intelligente, ouverte, vive, elle se fait de nombreux amis, de toutes nationalités et aura également de nombreux amants. le récit de ses soirées, sorties culturelles et discussions nous font vivre un Berlin cosmopolite, au milieu du gratin de la nouvelle société berlinoise dynamique ou des correspondants de presse et diplomates de tout horizon et de toute idéologie. Elle aimait sortir dans les cafés du vieux Berlin, pas encore « normalisés » et historiquement riches. Les deux visions de la ville et de la vie quotidienne (celle de Dodd et celle de Martha) sont d'une complémentarité idéale pour bien cerner la complexité de la situation politique, économique et sociale de l'époque.

La nuit des Longs Couteaux du 29 au 30 juin 1934 montrera enfin le vrai visage de la Bête. Dodd comprendra alors que les jeux sont faits et qu'il est trop tard.

Vous l'aurez compris, cet ouvrage m'a passionnée. Il est essentiel pour aider à la compréhension de la « passivité » des Allemands et des nations alliées lors de la lente et minutieuse ascension d'Hitler au pouvoir. Pourquoi les Etats-Unis ont-ils laissé faire ? C'est la question que tous se posent encore aujourd'hui.
A travers le climat politique de l'époque, les enjeux économiques, nationaux et internationaux, l'ordre et la méthode mis en place par Hitler (et ses troupes) pour asseoir son pouvoir à tous les niveaux et les promesses d'un avenir meilleur qu'il semble mettre en place, on comprend mieux l'aveuglement de certains, la non réactivités des autres et la peur paralysante qui empêcha d'agir les hommes de bien.

Un récit exceptionnel et de grande valeur à lire absolument.
Merci Babelio !!
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S'il y a de nombreux textes montrant l'Allemagne nazie des Années 30 au travers d'évocation et d'émotions, il y en a nettement moins qui apportent analyse et explications. C'est ce que fait admirablement 'Dans le jardin de la bête', le document écrit par Erik Larsson à partir de courriers, archives et journaux intimes, notamment ceux de l'ambassadeur américain Dodd et de son entourage.

Dodd est un universitaire un peu frustré et poussiéreux en 1933, lorsque Roosevelt l'envoie à Berlin représenter les États-Unis, dans le but de préserver la paix et d'obtenir le paiement des dettes allemandes. Au départ, le décalage est donc complet entre l'ampleur de la mission et l'envergure de l'homme, intelligent mais sans panache, obsédé par la maîtrise des dépenses de son ambassade et la monographie du Vieux Sud qu'il écrit. D'autant plus qu'il emmène avec lui toute sa famille, comme pour des vacances, et donc sa fille Martha, frivole et avant tout préoccupée par ses fêtes, ses amants et ses soupirants... Tous les deux, père et fille, sont vaguement antisémites et d'abord très favorablement impressionnés par ce qu'ils appellent 'l'Allemagne Nouvelle'.

Jusqu'à ce qu'ils soient forcés de voir la réalité des choses, la folie belliqueuse et meurtrière des dirigeants nazis, la paralysie des démocraties et de la diplomatie, l'endoctrinement des masses, et qu'ils deviennent à leur façon des héros ordinaires. Lui en alertant inlassablement ses supérieurs aux États-Unis et en enchaînant les petites démonstrations de courage et de résistance. Elle en se rapprochant des soviétiques et en aidant ses amis en danger.

Plus encore que leur histoire, le livre raconte ce qu'était l'Allemagne à cette époque sombre, et nous permet de mieux comprendre. Il rappelle la Nuit des Longs Couteaux, les manoeuvres de Hitler pour installer la dictature, ses relations avec sa 'chauffeurska' ou ses lieutenants psychopathes occupés à s'entretuer quand ils ne tuaient pas les Juifs ou les opposants, les organisations militaires et paramilitaires : Gestapo, SS, SA, Armée..., la mise au pas de la population à coups de slogans, de saluts, de défilés et de dénonciations. C'est d'autant plus effrayant que c'est vrai.

Bref, 'Dans le jardin de la bête' me semble intéressant et indispensable, pour comprendre et ne pas oublier. Toutefois, 'Dans le jardin de la bête', je suis contente de ne pas y être...
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« Dans le jardin de la bête » est l'histoire vraie de William E. Dodd, universitaire américain et ami de Roosevelt, nommé ambassadeur des Etats-Unis en 1933 à Berlin. Hitler vient d'être nommé chancelier d'Allemagne. Les chemises brunes des SA de Röhm sèment la terreur sous prétexte d'établir un ordre aryen. Himmler, Göring, Goebbels et d'autres sympathisants au parti national-socialiste intriguent pendant que toute la diplomatie européenne et américaine mange des petits-fours et boit du champagne.
« Pour Dodd, diplomate par accident et non par tempérament, tous ces évènements (la nuit des longs couteaux, la nuit de cristal) étaient effroyables. C'était un chercheur et un démocrate de l'école de Jefferson, un homme rural qui aimait l'histoire et la vieille Allemagne où il avait étudié dans sa jeunesse ».
Le roman historique et très largement et précisément documenté d'Erik Larson est un témoignage riche sur cette période où le monde était sur le point de basculer dans l'horreur et où les gouvernements français, anglais et américains effrayés par le risque d'une nouvelle guerre mondiale, refusaient de reconnaitre l'évidence du chaos qui allait suivre. L'antisémitisme s'était répandu comme la peste dans toutes ces démocraties et il n'apparaissait pas comme évident qu'il serait le détonateur du pire conflit.
Un excellent récit, passionnant.
Traduction d'Edith Ochs.
Editions du Cherche Midi, le livre de poche, 546 pages.
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Grâce à un récit émaillé de renvois vers des notes accumulées en fin de volume (représentant au total une petite centaine de pages), extrêmement fouillé et documenté, mais restant agréable à lire, on suit avec intérêt les déboires de William E. Dodd, ambassadeur américain, et de sa fille Martha, envoyés en 1933 par Roosevelt au coeur du régime nazi. On découvre comment la famille Dodd va réagir et évoluer face à l'installation de la dictature en Allemagne et à l'inéluctable ascension d'Adolf Hitler.
Cette année là, Franklin D. Roosevelt a un problème. Bien plus préoccupé de politique intérieure et de New Deal, supposé rétablir l'économie du pays en crise, il doit désigner le nouvel ambassadeur d'Allemagne, car le poste est vacant. En dernier recours, faute de candidats volontaires ou disponibles, le poste est proposé à William E. Dodd, un obscur universitaire de 64 ans d'origine paysanne enseignant l'histoire à Chicago, dont le rêve secret est de trouver un emploi de fin de carrière plus pépère, pour pouvoir achever tranquillement la rédaction de son livre sur le « Vieux Sud ». Cool ! Pourquoi pas Berlin ? s'interroge Dodd, ces Allemands sont des types biens, extrêmement cultivés. Il se remémore avec un brin de nostalgie ses années estudiantines passées à Leipzig. Pourquoi pas Berlin ? se demande également sa fille, c'est l'occasion inespérée de larguer mon mari et mes amants qui me collent aux basques et de faire la connaissance de tous ces beaux mecs en uniforme qui participent au redressement de leur pays. Comme on va le découvrir bientôt, la fille de l'ambassadeur est un peu nunuche et un peu nympho, elle parviendra à se taper : des américains, des nazis, un chef de la gestapo, un français, un russe… et j'en passe ! Tout ça sur l'air entraînant du Horst-Wessel-Lied !
Passons sur la suite du récit, abondamment décrite ici ou ailleurs dans d'autres critiques, que nous pourrons bientôt découvrir sous la forme d'un film-de-et-avec-Tom-Hanks (dans le rôle de William E. Dodd) mettant en scène Nathalie Portman (dans le rôle de Martha).
On ne pourra que s'extasier devant le travail colossal accompli par Erik Larson qui a fouillé des montagnes d'archives à la recherche de la moindre lettre, du moindre témoignage, traquant les bribes de phrases, les descriptions vestimentaires, le contenu de placards, afin de connaître la quantité de vaisselle et de rince-doigts disponible lors des pince-fesses de l'ambassade (on n'échappera pas à cet inventaire qui est peut-être de trop mais illustre bien le souci du détail de l'auteur, confinant parfois à la maniaquerie).
On naviguera à vue en tentant de suivre les sinuosités des parcours intellectuel, politique et amoureux de Martha Dodd, qui dans chacun de ces trois domaines ne recule devant rien et mélange habilement tous les critères pour décider, en bonne girouette, le sens du vent.
On s'étonnera de l'aveuglement des chancelleries occidentales face à l'avènement du führer, qui a d'abord été pris pour un clown, et dont l'Allemagne allait, pensait-on, se débarrasser vite fait, après avoir pris la mesure du danger et avant qu'il ne puisse mettre en application ses thèses démentes à l'origine des millions de morts de la seconde guerre mondiale.
On réfléchira, enfin, à l'isolationnisme de Roosevelt et du département d'Etat, peu attentifs à l'antisémitisme et à la nazification, aux bruits de bottes, à la « mise au pas » (Gleichschaltung) de l'Allemagne, hypocritement rassurés par la « volonté de maintenir la paix et l'ordre » exprimée par Hitler malgré les signes évidents de réarmement, et uniquement préoccupés, en gros, par le remboursement aux créanciers américains de la dette allemande (ne nous fâchons pas avec ce caractériel, sinon on ne reverra jamais notre pognon, semblent penser les « vrais » diplomates de l'époque, opposés à l'idéalisme naïf et dérangeant de ce parvenu de Dodd).
La manipulation, la purge et les atrocités commises par Hitler et ses sbires pendant la Nuit des Longs Couteaux, à l'ambiance minutieusement restituée par le style aiguisé de l'auteur, seront parfaitement acceptées par la population allemande désormais mise au pas, et condamnées pour la forme par les puissances étrangères pétrifiées dans l'inaction. Dans le Jardin de la bête, en ce 20 juin 1934, les longs couteaux sont sortis, et le sang n'a pas fini d'être versé…
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Citations et extraits (100) Voir plus Ajouter une citation
L'indicateur le plus visible de la mise au pas fut l'apparition brutale du salut hitlérien, ou "Hitlergruss".Il était suffisamment inédit aux yeux du monde extérieur pour que le consul général lui consacre une dépêche entière en date du 8 août 1933.
Le salut, écrit-il, n'avait aucun antécédent moderne, à l'exception du salut des soldats en présence d'un officier supérieur, plus conventionnel.
Ce qui distinguait particulièrement cette pratique, c'était que tout le monde était censé saluer, même dans les rencontres les plus banales. Les boutiquiers saluaient leurs clients. Il était exigé des enfants qu'ils saluent leurs maîtres plusieurs fois par jour. A la fin des représentations théâtrales, un rituel récent exigeait du public qu'il se lève et salue en chantant d'abord l'hymne national, puis l'hymne des SA (...).
Le public allemand pratiquait le salut avec tant d'empressement que sa répétition incessante le rendait presque comique, surtout dans les couloirs des bâtiments publics où tout le monde, du plus humble messager au plus haut fonctionnaire, se saluait en criant "Heil Hitler", transformant la moindre escapade aux toilettes en une expédition épuisante.
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Pour elle, cependant, la perspective de l'aventure qui les attendait balaya bientôt tout sentiment d'inquiétude. Elle savait peu de chose de la politique internationale et, de son propre aveu, ne se rendait pas compte de la gravité de ce qui se jouait en Allemagne. Elle voyait en Hitler "un clown qui ressemblait à Charlie Chaplin". Comme beaucoup d'autres à l'époque, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, elle ne pouvait imaginer qu'il resterait longtemps en place ni le prendre au sérieux. S'agissant de la situation des Juifs, elle était partagée. Inscrite à l'Université de Chicago, elle avait connu "la propagande subtile et sous-jacente parmi les étudiants en première année" qui prônait l'hostilité à l'égard des Juifs. Martha constata "que même beaucoup de professeurs supportaient mal l'intelligence brillante de certains de leurs collègues ou étudiants juifs". Elle précise pour elle-même : "J'étais légèrement antisémite en ce sens : j'acceptais l'idée que les Juifs n'étaient pas aussi séduisants physiquement que les gentils et étaient socialement moins intéressants." Elle adhérait également au cliché selon lequel si les Juifs étaient généralement brillants, ils étalaient leurs richesses et se mettaient trop en avant. En cela, elle reflétait l'opinion d'une proportion surprenante d'Américains, comme ce fut noté dans les années 1930 par des professionnels de l'art naissant des sondages.
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Leur vie était gagnée par les miasmes qui imprégnaient largement la ville au-delà des murs de leur jardin.
Une histoire avait commencé à circuler : un homme téléphone à un autre et, au cours de la conversation, demande : "Comment va l'oncle Adolf?" Peu après, la Gestapo débarque chez lui et exige qu'il prouve qu'il a réellement un oncle Adolf et que la question n'était pas une allusion codée à Hitler.
Les Allemands devenaient de plus en plus réticents à séjourner dans des refuges de montagne collectifs, de peur de parler dans leur sommeil.
Ils repoussaient les opérations chirurgicales à cause des effets secondaires de l'anesthésie qui dénouent la langue.(...)
Après avoir vécu dans l'Allemagne nazie, Thomas Wolfe écrivit : "il y avait là un peuple tout entier...infesté par la contagion d'une peur omniprésente. C'était une sorte de paralysie insidieuse qui déformait et dégradait toutes les relations humaines."
(...)
On s'attardait au coin de la rue pour vérifier si les visages qu'on avait aperçus au carrefour précédent venaient de tourner ici aussi.
Dans les situations les plus décontractées, on parlait avec prudence et on prêtait attention à qui vous entourait comme on ne l'avait jamais fait auparavant. Les Berlinois se mirent à pratiquer ce qu'on appelait "le coup d'oeil allemand" - der deutsche Blick - un regard rapide alentour quand on rencontre un ami ou une relation dans la rue.
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Une étude des registres nazis a démontré que, sur un échantillon de 213 dénonciations, 37% relevaient non pas d'une conviction politique sincère mais de conflits privés, dont le déclencheur était souvent d'une insignifiance stupéfiante. Ainsi, en octobre 1933, le commis d'une épicerie dénonça à la police une cliente excentrique qui s'était entêtée à réclamer ses trois pfennigs de monnaie. Le commis l'accusa de n'avoir pas payé ses impôts. Les Allemands se dénonçaient les uns les autres avec un tel entrain que les cadres supérieurs du Parti pressèrent la population de faire preuve d'un plus grand discernement concernant les affaires à signaler à la police. Hitler le reconnut lui-même, dans une note au ministre de la Justice : "Nous vivons à présent dans un océan de dénonciations et de mesquinerie."
(p. 99-100)
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Tout le monde n'est pas capable d'infliger un châtiment corporel , de sorte que , naturellement , nous n'étions que trop contents de pouvoir recruter des hommes disposés à ne montrer aucune sensiblerie dans les tâches à accomplir . Malheureusement , nous ne savions rien du côté freudien de cette affaire et ce n'est qu'après un certain nombre de flagellations et d'actes de cruauté inutiles que j'ai compris que mon organisation avait attiré tous les sadiques d'Allemagne et d' Autriche à mon insu , depuis un certain temps .
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