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3,76

sur 435 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cinquième roman mettant en scène Rebecka Martinsson dans son petit coin perdu de Suède.


Quel plaisir d'avoir découvert cette série dernièrement grâce à la proposition de lire ce livre en avant-première. Cela m'a permis de corriger un oubli et de faire la connaissance d'un auteur dont ma soeur est totalement friande.
J'ai pris un peu plus de temps pour le lire afin de le faire durer. Asa Larsson n'en publiant qu'un tous les deux ans, j'avais envie de prolonger comme je pouvais l'aventure...😳


Un an et demi après Tant que durera ta colère, des chasseurs découvrent dans le ventre d'un ours la main d'un homme. Rapidement, le reste du corps est découvert et les autorités concluent à un accident de chasse : l'affaire est donc classée. Quelques mois plus tard, la petite fille de l'homme est assassinée de plusieurs coups de fourche et son petit fils, Marcus porté disparu. Les autorités retrouvent rapidement l'enfant grâce à Vera, la chienne de Rebecka et Krister Eriksson, le maître-chien. Marcus semble complètement traumatisé et incapable de relater les événements.
Rebecka n'a malheureusement pas le temps d'instruire l'affaire : en effet, un collègue désireux de profiter de la retombée médiatique s'est approprié l'enquête et semble bien décidé à résoudre l'affaire afin d'être promu. Et peu importe le coupable, les faits, les liens avec une histoire de famille complexe remontant à plus d'un siècle. Il faut à tout pris que l'affaire soit résolue !!
Rebecka, Krister et Pohjanen n'ont pas la même vision des choses et décident de mener l'enquête de leur côté aux risques de mettre leurs carrières en péril et leurs vies...


Si vous aimez les romans policiers sanglants avec de l'action en pagaille.... désolé pour vous, mais vous risquez de déchanter. Asa Larsson est plus adepte du bon roman policier où les personnages en plus de l'enquête en cours ont également des problèmes personnels et relationnels. De plus, l'auteur est partie dans une sorte de roman policier historico-psychologique où le lecteur se retrouve plongé un siècle en arrière via les personnages de Elina, l'institutrice et Hjalmar Lundbohm, le président de la compagnie minière de Kiruna. Nous découvrons au fil du récit une ville régie par un seul homme comme dans les Far West amércain qui possède le pouvoir de vie ou de mort sur le restant de la population par la simple suppression de son moyen de subsistance. Une Suède loin de nos clichés ou de nos images d'Épinal avec un pays pauvre devenu riche grâce à ses sols. L'extraction nécessite énormément de main-d'oeuvre, des villes sont donc créées près des filons et déplacées au besoin. Un aspect historique certes romancé et adapté au récit, mais sans hésitation passionnant.

Côté intrigue policière, le lecteur est certes transporté dans un passé lointain.... mais le tout manque singulièrement de suspens et de vigueur. Une fois le corps de la grand-mère découvert ainsi que Marcus, l'intrigue semble stagner un moment pour ne réellement reprendre une dynamique vers la fin. le lecteur est ballotté entre le passé des ancêtres, les problèmes relationnels de Rebecka Martinsson, les "accrochages" entre collègues. le final cependant rachète le tout avec encore une fois une Rebecka donnant de sa personne. Je n'en dirai pas plus...

Globalement, un plaisir de retrouver Rebecka Martinsson et son petit monde gravitant autour comme Sivving, Pohjanen, Mans, Krister, Anna-Maria et j'en passe. Un roman moins policier, moins sanglant, moins puissant en termes d'intrigue certes... par contre, compensé largement par un aspect historique et émotionnel assez sympathique.

Le seul bémol concerne le temps d'attente qu'il faudra avant de découvrir le prochain.... vue la fin prometteuse.


Un grand merci aux éditions Albin Michel et à Masse Critique pour cet envoi. Grâce à vous, j'ai enfin trouvé le temps de découvrir cette auteure qui possède une plume fraîche et imaginative. 🤗
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Asa Larsson est fille spirituelle de Jack London. Ne serait-ce le sexe, féminin pour masculin ; l'analogie de la localisation, la Laponie suédoise contre le Grand Nord Canadien, une passion immodérée pour cette nature boréale ; sa flore et faune, cette dernière symbolisée par un amour commun pour les compagnons canins, Asa Larsson nous fait penser à l'auteur américain et à quelques-uns de ses romans d'aventures. Qu'il s'agisse de ceux traitants des immensités glacées (Croc-blanc, la fille des neiges, le silence blanc…), ou ceux affichant les luttes sociales (la vallée de la lune, Martin Eden…)
Dans ce dernier roman « en sacrifice à Moloch » tout cela y est mêlé, l'environnement neigeux, l'opposition sociétale des milieux d'évolution. A travers deux époques bien distinctes (presqu'un siècle d'intervalle), celle de la première guerre mondiale où la Suède, neutre dans le conflit, participe aux efforts de guerre économiquement de part et d'autre et la période très actuelle. Rebecca Martinsson, procureure dans cette lointaine contrée glacée, va être mise à l'écart d'une enquête où les restes d'un homme sont découverts dans les entrailles d'un ours, puis d'un assassinat sauvage à coups de fourche d'une femme. Mais la curiosité est plus forte, d'autant qu'elle se prend de pitié pour un enfant de 8 ans qui a pu être témoin du second drame et pour une chienne abandonnée. En fouinant, elle va s'apercevoir que les deux affaires sont liées et qu'elles trouvent leurs racines près d'un siècle plus tôt dans d'autres calamités vécues par une seule et même famille.
En marge de sa hiérarchie, bravant les interdits et un collègue dont la pédanterie rejoint la bêtise, avec son cercle d'amis avec son intelligence, son attention, son alacrité coutumières elle va trouver les liens et le mobile. Pour un final où comme dans son précédant opus « Tant que dure la colère » elle paie de sa personne et manque y laisser la vie.
Asa Larsson qui a aussi l'art de faire parler la nature et les animaux, sait envouter ses lecteurs par l'intermédiaire de son héroïne, parfait calque de sa créatrice également avocate. Les personnages négatifs sont admirablement campés. Ils possèdent toutes les imperfections pour ne pas dire vices, lâchetés ou sauvageries qu'engendre la rudesse du climat, la solitude de l'isolement hivernal et ruminent des vengeances qui passent de génération en génération comme des héritages génétiques.
Par opposition Asa Larsson charme par la pureté et la puissance de ses acteurs principaux comme Anna-Maria Mella, la policière mère de famille qui a du mal à assumer les deux fonctions, Krister Ericsson grand brûlé défiguré policier maître-chien amoureux de Rebecca, Sivving le vieux et paternel voisin, Pohjanen le médecin-légiste… Une antinomie réussie entre les bons et les mauvais. Toute la réussite d'un roman.
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Moloch ne devait pas être le plus fréquentable des dieux puisque son culte engrangeait les sacrifices d'enfants par le feu. Hum, pas sûr de l'inviter à la fête des voisins, pour le coup. Quoi que, pour allumer un barbuc...

Y en qui traversent la vie sans rencontrer le moindre écueil alors que d'autres seront abonnés aux tourments les plus sombres. Triste lorsqu'il s'agit d'un constat individuel, soupçonneux lorsque le sort semble s'acharner sur toute une lignée.

Premier accroc familial, la découverte d'os humains lors d'une chasse à l'ours mémorable. Puis les déconvenues mortelles s'enchaînent, mettant logiquement la puce à l'oreille de la procureure Rebecka Martinson...

En Sacrifice à Moloch part fort, très fort, puis rencontre une p'tite zone de turbulence nécessitant une patience que je ne possède certainement pas. le temps de poser le décor, les personnages, l'intrigue, v'là t'y pas que la page 87 se profile enfin à l'horizon. J'étais à deux doigts de pousser un énième soupir de non contentement lorsque je fis la connaissance de deux nouveaux personnages fichtrement intrigants. Et surtout essentiels pour la bonne captation de ce grand tout nordique.

Il est désormais de coutume d'enraciner les origines du mal dans le passé.
D'où cette foultitude de romans jonglant sur deux temporalités afin d'élucider tout épais mystère digne de ce nom.

En sacrifice à Moloch n'y échappe pas.
En ce qui me concerne, ces nouveaux protagonistes m'ont fait l'effet d'un vrai booster. Un accélérateur d'intérêt qui a perduré jusqu'au final conclusif, de par le fait.

J'ai aimé ce rude climat nordique.
Je me suis pris d'affection pour Rebecka et ses tourments aussi professionnels que personnels.
Je me suis passionné pour cette page jaunie, exhumée d'un vieux grimoire familial, écrite avec les larmes et le sang de leurs contemporains.
Je me suis forcément attaché à tous les animaux présents parsemant cette contrée inhospitalière. Petit bémol concernant l'ours qui fait rien que tuer de gentils toutous...
Enfin, j'ai fortement apprécié la tournure terminale de cette tragédie. Un épilogue parfaitement amené, logique et terriblement pragmatique.

Åsa Larsson, si tu possèdes d'autres sacrifices en rab sous ta plume indomptable, je suis preneur !

Rhhhhhhaoooooo.
Oui, je maîtrise moyen le glougloutement de l'ours...
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Des trois tomes consacrés aux enquêtes de la procureure Rebecka Martinsson que j'ai lus, c'est celui que j'ai préféré, mais pas vraiment un coup de coeur. C'est aussi le dernier de la série.

Moloch est une divinité à qui on offre des sacrifices, en particulier d'enfants. En effet Marcus, sept ans, est au centre de morts suspectes dans sa famille. Lui aussi sera en danger...On pense d'abord à une vengeance qui touche chaque génération.

Justement deux histoires sont racontées en parallèle : au présent , l'enquête autour de l'assassinat d'une femme et au début du 20ème siècle, celui de sa grand-mère, jeune institutrice dans une ville où l'on exploite du minerai. Coïncidence ou meurtres liés?

J'ai retrouvé avec plaisir Rebecka et l'inspectrice Anna-Maria, que l'on cerne davantage. le personnage détestable de van Post, à l'ambition démesurée et aux rapports haineux, qui veut écarter Rebecka de l'enquête, m'a semblé, lui, un peu caricatural. le style est toujours aussi agréable, imagé, et les descriptions sauvages de la Laponie suédoise nous emportent dans un univers fort dépaysant. J'ai trouvé également la restitution d'une ville minière en 1914 intéressante.

Les recherches policières se révèlent assez tortueuses, peut-être pas toujours très convaincantes, cela manque un peu de punch, mais j'ai bien apprécié ce moment passé en Suède, en compagnie du personnage empathique de Rebecka, qui voit à la fin s'éclairer son chemin de vie...
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Une intrigue qui débute fort et dont le déroulement perd ensuite en rythme, mais peu importe. Si je suis restée scotché à l'enquête, c'est surtout grâce aux personnages avec des caractères bien développés, qui appellent immédiatement l'empathie (Rebecka la procureure et protagoniste récurrente de la série, Krister le flic défiguré)... ou l'aversion (Von Post, procureur nombriliste).

L'auteure, elle-même originaire du grand nord suédois, sait excellemment dépeindre ce monde enneigé aux sombres forêts, et aux habitants « rustiques » qui adaptent leur lambineux mode de vie aux très longs hivers.
La progression de l'enquête de Rebecka, alterne avec le récit, dans les années 1910-1920, de la vie difficile d'une jeune institutrice, engagée dans la ville minière de Kiruna (Laponie suédoise), alors en plein essor. (Les événements qui se produisent dans ce récit ont -évidemment- un rapport avec le meurtre perpétré dans le présent).
Åsa Larsson retrace ainsi, avec vivacité, également l'Histoire de cette région sauvage (et très belle... je suis allée zieuter des images sur le Net).
Un style d'écriture direct, sans fioritures et de nombreux dialogues, m'a permis d'entrer rapidement dans ce polar, ainsi que dans la vie de Rebecka entourée de ses chiens... et d'en être sortie absolument conquise !

(Malgré quelques références aux enquêtes antérieures et la vie personnelle de Rebecka, il est tout à fait possible de se contenter de l'unique lecture de ce 5e tome de la série)
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Moloch est un démon souterrain auquel des victimes humaines sont offertes en sacrifice, et plus particulièrement de jeunes enfants.
Ces nouveaux nés étaient jetés vivants dans un brasier de flammes, en échange de quoi Moloch assurait votre prospérité, votre richesse, votre réussite.
Dans une courte introduction, Asa Larsson évoque le culte de cette divinité, également connue sous le nom de Baal, et qui a donc donné son titre à cette cinquième enquête de Rebecka Martinsson. On devine donc que cette histoire aura un lien avec des sacrifices, avec la mort d'enfants pour assurer une ascension sociale.

Les deux premières victimes sont pourtant loin d'être jeunes. Frans Uusilato, alors âgé de quatre-vingt dix ans, a été dévoré par un ours et Sol-Britt, sa fille, est quant à elle morte assassinée quelques semaines plus tard. Un meurtre horrible puisqu'elle a été transpercée à de nombreuses reprises par une arme blanche.
"On l'a assassinée à coups de couteau, dit Rebecka d'une voix dure. Pas un coup, au moins une centaine."
Mais ça n'est pas tout. Trois ans plus tôt, le fils de Sol-Britt a été renversé par un chauffard, et le délit de fuite n'a jamais été résolu. Quant à la grand-mère de Sol-Britt, Elena, elle a été assassinée également, presque un siècle plus tôt.
Chaque génération ou presque de la famille semble donc victime d'un meurtre ou d'un horrible accident, comme si une malédiction était à l'oeuvre.
"Il y avait tout de même un peu trop de morts violentes dans cette famille."
"Un peu trop de malchance et de malheurs."
Le petit Marcus, sept ans, boucle cet arbre généalogique. Serait-il lui aussi en danger ?
Le lien avec Moloch ? le premier qui vient à l'esprit, c'est la prospérité de la commune de Kiruna. En effet, on sait rapidement que cette famille dont les morts peu conventionnelles touchent chaque génération est celle de Hjalmar Lundbohm, surnommé le roi sans couronne de Laponie.

Ce personnage a d'ailleurs réellement existé. Chimiste et géologiste suédois, il a été le président directeur général de LKAB ( une compagnie minière suédoise ) et c'est lui qui a créé la ville de Kiruna, après la découverte de gisements miniers un peu plus au nord. C'était un homme très riche, très influent, qui a cherché à développer sa ville qui manquait en 1914 de logements, de commerces ou d'éducation.
Comme elle le fait dans ses autres romans, Asa Larsson nous livre quelques retours en arrière datant de cette époque, alors que la première guerre mondiale allait éclater, en nous présentant plus en détails le personnage, les évolutions de cette ville qui lui est si chère, les difficultés des mineurs. Tout cela, le lecteur le découvre notamment au travers du regard de la nouvelle institutrice, venue de Stockholm : Elena Pettersson tombera en effet éperdument amoureuse de cet homme ... et sera donc la première victime de cette série meurtrière dans des circonstances dévoilées progressivement.
Tous les éléments qui ont fait la réputation d'Asa Larsson ( il s'agit, après le sang versé, de son second prix du meilleur roman policier suédois ) sont donc bien présents : Un aspect culturel, des retours dans le passé, et un côté un peu mystique, ou tout au moins mystérieux.
Sans oublier les parties qui correspondent à des jours de la semaine ( ici du 23 au 27 octobre ), les croyances religieuses ou quelques nouvelles données fiscales.

Et bien sûr, on retrouve les personnages récurrents de la série. Même si quelques allusions sont faîtes aux volumes précédents, notamment pour expliquer l'évolution de Rebecka Martinsson, je dois bien avouer qu'elles sont relativement rares et ne perturbent pas le déroulé de l'histoire. Mais je ne regrette pas d'avoir lu Horreur boréale juste avant, qui m'a permis de mieux appréhender certains évènements et surtout de situer très rapidement la majorité des personnages.
L'avocate fiscaliste est désormais devenue assistante du procureur, est en couple avec son ancien patron Mans, et a déménagé à Kurravaara, où elle a grandi ( et où étaient exploitées les mines, encore plus au nord de Kiruna ). Seront également de la partie Sivving, le légiste Pohjanen, les policiers Sven-Erik et Anna-Maria ainsi que l'ignoble magistrat von Post la peste qui joue à merveille son rôle d'ingrat et d'égocentrique, en perpétuel conflit avec Rebecka.
"C'était du von Post tout craché. Ce type était un lâche et un bouffon."

Pour compléter cette galerie de protagonistes présents depuis le premier volume, quelques nouvelles têtes me sont apparues mais finalement assez peu, et je ne me suis pas retrouvé cette fois noyé par le nombre ou le nom des multiples intervenants. Je vais surtout citer Krister, un policier défiguré par les flammes et amoureux transi de Rebecka.
"C'est pour ça que je n'ai plus d'oreilles, plus de nez, que je suis chauve et qu'on m'a greffé de la peau artificielle sur le visage."
C'est lui qui va s'occuper du petit Marcus, sa mère biologique ne souhaitant même plus entendre parler de lui.
Maja, la cousine de Sol-Britt, révèlera à Rebecka quelques secrets sur sa mère.
Et il ne faut pas oublier les chiens. Vera, le Morveux, Tintin ou Roy seront très sollicités tout au long des pages.

Une fois passé les premières chapitres, je suis rentré facilement dans l'histoire et j'ai vraiment eu envie de découvrir la résolution de l'insoluble énigme.
Le rythme est lent mais l'ensemble est très agréable à lire, de nouveaux éléments venant régulièrement relancer la trame policière. Pourtant, il ne s'agit pas uniquement d'un polar mais aussi de la découverte de la vie en Laponie suédoise de ce siècle et du siècle passé. A nouveau, on ressent l'immensité et les 0.85 habitants au kilomètre carré, la beauté glaciale des paysages, les croyances .
Je ne suis pas entièrement convaincu par l'aspect manichéen : Pas de personnage avec une part d'ombre, ici tout le monde peut être classé "gentil" ou "méchant" ce qui fait perdre en crédibilité et en nuances. Je trouve que les personnages ne sont pas non plus tous utiles au déroulé des évènements, et je trouve dommage que la majorité soit stéréotypés.
Un autre point m'a un peu dérangé :  le sentimentalisme est un peu trop présent pour ce type de roman.
"Chaque fois qu'ils s'effleurent par mégarde, elle se met à trembler."
"C'est l'amour. Une maladie qui coule dans vos veines."
"Il avait envie de la prendre dans ses bras. de poser ses lèvres sur sa peau."
Qu'il s'agisse de la belle Elena qui succombe au charme du seigneur des lieux, trop souvent absent, de Ricker amoureux transi et défiguré, ou encore de Mans qui envisage de demander Rebecka en mariage, l'aspect fleur bleue donne une touche de légèreté pas indispensable.

J'avais trouvé l'atmosphère d'Horreur boréale tellement glaciale que j'ai été surpris du renouveau insufflé ici, l'humour étant même parfois présent, à doses homéopatique.
"On devrait voter des décrets pour éliminer les gnomes, les nains et autres trolls."
Indéniablement, durant les dix années qui ont séparé ces deux publications, Asa Larsson a su conserver l'essence de sa série tout en améliorant le suspense, la psychologie et le rythme puisqu'en dépit de quelques facilités, je ne me suis cette fois jamais ennuyé.

Un grand merci aux éditions Albin Michel et à Babelio qui m'auront permis d'avoir ce premier avant-goût de la rentrée littéraire.
Plus que 580 nouveautés attendues. Il va falloir faire quelques impasses.
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Un polar nordique, qui fait voyager vers le pays sami, aux confins de la Suède du début du XXe siècle.

Dans la Suède d'aujourd'hui, on a trouvé les restes d'un homme dans les entrailles d'un ours. Puis une femme est assassinée. le destin semble s'acharner sur une famille, un mauvais sort qui remonte à cette ancêtre décédée de mort violente une centaine d'années plus tôt. Les chapitres alternent entre les amours de cette jolie institutrice de campagne et les péripéties de l'enquête d'aujourd'hui menée par Rebecka Martinsson.

En plus d'une intrigue policière bien tournée, le lecteur pourra découvrir Kiruna, une petite ville minière dont le minerai de fer est encore exploité de nos jours et dont l'auteur est originaire. Les conditions de vie des travailleurs du Grand Nord ne sont pas faciles à l'époque. On y parlait aussi le finnois, surtout lorsqu'on s'adressait au petit personnel et les classes sociales y sont bien marquées.

On pourra aussi comprendre l'évolution de l'économie de la Suède qui a profité de la Première Guerre mondiale en vendant du minerai aux Alliés comme à l'Allemagne du Kaiser.

Une intrigue glaçante, mais un polar rafraîchissant pour la saison estivale…
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Meurtre en Laponie. À la fourche!
On ne plaisante pas dans les contrées glacées suédoises!

Alors que l'enquête de terrain ne fourvoie dans des directions improbables, Rebecka, jeune procureure*, va débobiner une pelote d'indices concernant des morts suspects appartenant à la même famille. Et ceci sur plusieurs générations. Jusqu'à l'ultime tentative sur le dernier enfant vivant: victime sacrificielle au culte de Moloch.

La couverture incite à craindre un polar violent, sorte de "nature-writing" scandinave. Si quelques passages restent éprouvants (ça commence en effet en fanfare avec une chasse à l'ours), l'essentiel de l'action se cantonne à suivre les aléas d'une enquête policière assez classique, portée par des personnages attachants et bien construits.

Le double fil conducteur d'une intrigue entre passé et présent s'entrelace avec aisance, passant sans perte de rythme du début historique du 20e siècle au présent d'une campagne suédoise septentrionale magnifiquement décrite et partie intégrante du drame.

On n'évite pas quelques clichés comme l'antagonisme des forces d'investigation ou les fêlures sentimentales de Rebecka, mais l'ensemble fonctionne parfaitement et la lecture se fait addictive et surprend jusqu'au point d'orgue.

Un bon thriller, à lire par temps de neige au coin du feu.

*personnage récurrent des précédents livres de l'auteur, celui-ci pouvant se lire indépendamment

Sélection Policier pour le Grand Prix des lectrices de ELLE 2018
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J'ai eu la chance, il y a un an, de recevoir Tant que durera ta colère grâce à une Opération Masse Critique. Quel plaisir de plonger enfin dans la suite des aventures de la procureure Rebecka Martinsson, merci à nouveau à Babelio et aux Editions Albin Michel !

Suite à de pénibles affaires criminelles auxquelles elle s'est retrouvée mêlée, Rebecka est retournée vivre dans le petit village de son enfance en abandonnant un poste dans une très grande firme. Son petit ami en est d'ailleurs le grand-patron, et ils continuent à se fréquenter malgré l'éloignement : une relation qui ne les satisfait ni l'un ni l'autre, mais dont aucun ne peut se résoudre à se passer.
J'espérais d'ailleurs en commençant ce tome que Rebecka se serait débarrassée de Mans, et peut-être enfin rapprochée de l'adorable policier maître-chien Krister, gravement défiguré par un incendie dans son enfance. Malheureusement : non ! Mais je vais trop vite...

Donc, ce tome démarre sur une traque version Suède-grand-froid, à la recherche d'un ours qui s'est attaqué au chien d'une ferme. En examinant le contenu stomacal de l'animal, des restes humains sont retrouvés : il s'agit d'un nonagénaire porté disparu plusieurs mois plus tôt, sans doute attaqué par l'ours lors de l'une de ses promenades en forêts.
Peu de temps aprés, la fille de cet homme est retrouvée sauvagement assassinée chez elle. Rebecka et l'inspecteur Ana-Maria Mella s'interrogent sur le sort qui semble frapper cette famille : l'arrière grand-mère a été victime d'un meurtre elle aussi, et ce n'est que le début "d'incidents" et "d'accidents" malheureux...
Rebecka est brutalement débarquée de l'enquête par von Post, son concurrent au sein du bureau du procureur, un type pédant imbuvable qui a provoqué chez moi quelques envies de strangulation... Mais elle ne se laisse pas abattre, ni intimider : quand Rebecka Martinsson a une idée derrière la tête, elle ne renonce jamais, têtue bien au-delà du raisonnable-ce qui a failli lui coûter la vie et la raison plus d'une fois dans le passé...

J'ai vraiment beaucoup aimé ce tome.
D'abord, l'atmosphère de cette rude campagne suédoise enneigée est parfaitement décrite par l'auteur. On est là-bas, les deux pieds dans la poudreuse, à lutter contre le froid ! Les intérieurs douillets, la nourriture-follement exotique pour moi !
Ensuite, les personnages : une galerie intéressante, avec ceux qui sont terriblement attachants (Flisan, Krister pour ne citer qu'eux) et ceux qui nous...contrarient!
L'intrigue est sympa, et l'auteur a construit le roman en faisant des allers-retours entre ce qu'a vécu l'arrière-grand-mère assassinée (raconté au présent) et le présent de Rebecka (raconté...au passé). Ce procédé est vraiment bien trouvé, parce qu'il ne crée aucune lassitude chez le lecteur qui pourrait être ennuyé par les flash-back : au contraire, on vit deux histoires en parallèle, l'une ne complète pas seulement l'autre mais existe de façon indépendante. Bien entendu, elles font sens ensemble, mais j'ai ressenti de l'intérêt pour les deux.
L'auteur aborde aussi avec beaucoup de sensibilité des thèmes forts, comme l'accès à l'éducation des "classes laborieuses", la place de la femme à travers les époques, l'âpreté des conditions de vie, les difficultés liées au climat, et ce qui permet de survivre : le partage, l'entraide. L'amour aussi, avec le joli couple que forment Flisan et Johan Albin, deux jeunes gens courageux et travailleurs. Des vies où tout est rude, en relief, à vif.
Il y a aussi tout un passage sur l'amour de la lecture qui m'a complètement ravi !
J'ai aimé les changements qui s'opèrent chez Rebecka, la façon dont elle prend confiance en elle, dont elle "grandit", découvrir un peu plus Krister et Ana-Maria, ainsi que le médecin légiste si original Pohjaven .

Il y a des moments forts dans ce tome, des moments réjouissants et drôles. J'ai refermé le livre avec satisfaction, dévoré en quelques heures de lectures plaisante : je patienterai sagement jusqu'au prochain, pour, je l'espère, passer encore un bon moment !
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Découverte en demi teinte de cette auteur grâce à Babelio et sa masse critique, et aux éditions Albin Michel. je les en remercie beaucoup car sans cette MC, je ne suis pas sûr que j'aurais découvert cette plume avant quelques temps. Je ne le cache pas, c'est principalement dû à mon aversion pour les polars scandinaves à cause des noms propres qui me irrissent le poil ( c'est bête mais j'y peux rien, je fais une allergie 😉)
Même si ce volet se lit sans trop de souci si on a pas lu les épisodes précédents, j'avoue que dans certains passages de l'histoire, il m'a manqué quelques éléments pour pleinement comprendre ce que l'auteur voulait raconter, et comme elle fait plusieurs fois allusion à ce passé sans plus d'explication, je m'en suis senti frustré dans ces moments là. Mais rien de bien méchant, ça n'a pas gêné ma compréhension de l'intrigue.
Le scenario justement, parlons-en... Je l'ai trouvé solide, bien ficelé et tenant debout jusqu'au bout mais un peu simple. J'espérais un peu plus d'originalité pour la fin. Il faut dire que les romans faisant référence au passé pour expliquer le présent sont légions en ce moment ( à moins que ça soit sans le savoir mes lectures qui se dirigent souvent dans ce registre...) et quand on commence à comprendre la mécanique, on arrive vite à avoir de gros soupçons sur l'issue de l'intrigue, donc difficile de surprendre dans ces conditions.
En définitif, si j'exclus les noms propres, j'ai passé un moment agréable avec cette lecture et je ne dis pas que je ne n'en relierai pas d'autres d'Asa Larsson.
Une fois n'est pas coutume, je vais finir cette critique par ce qui m'a déçu, surpris, ou que je n'ai vraiment pas compris. Et toutes ces defauts que j'ai ressenti à ma lecture ne sont pas dirigés vers l'auteur, mais vers la traduction et la mise en page. Pourquoi n'avoir mis des titres sur les débuts de chapitre qu'à 2 d'entre eux ? Quel est l'intérêt mis à part d'avoir le sentiment d'être devant un roman qui n'est pas complètement fini ? ( on est d'accord sur le fait que les chapitres en question n'ont rien de percutant qui pourrait l'expliquer)
La majorité de l'histoire est écrite de manière simple et efficace mais tout d'un coup, on ne sait pas pourquoi, on vous sort des expressions qui sortent d'on ne sait où, ni pourquoi, et ça été tres déroutant dans ma lecture. Exemple, J'ai ete tres heureux d'apprendre et de comprendre l'expression " à telle enseigne que" que je ne connaissais pas, mais que viens faire dans ce roman une expression de langue française datant du XIIIeme siècle sachant que les périodes du passé se déroulent entre 1914 et 1926 ? J'avoue que j'ai pas encore trouvé réponse.
Je n'aime pas finir sur une note négative, c'est pas dans mon tempérament, donc je vais finir par une mention spéciale pour la couverture que j'ai trouvé vraiment magnifique. Les couleurs, les reliefs et le dessin s'y trouvant m'ont tout de suite sautés aux yeux par leurs beautés respectives tout en restant sobre, une vraie réussite pour moi.
En clair, un roman qui ne sort pas des sentiers battus mais efficace pour faire passer un bon moment.
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