Citations sur Millenium, Tome 3 : La reine dans le palais des coura.. (110)
Personne ne peut éviter de tomber amoureux, dit-il. On a peut-être envie de le nier, mais l'amitié est sans doute la forme la plus fréquente de l'amour.
Mourir sur son lieu de travail n'est pas habituel - c'est même assez rare. Il est de bon ton de se retirer pour mourir. Disparaître à la retraite ou dans le système de santé et soudain un jour être l'objet des conversations à la cafétéria de l'entreprise. "Au fait, t'as entendu que le vieux Karlsson est mort vendredi ? Oui, c'est le cœur. Le syndicat a décidé d'envoyer une couronne pour l'enterrement." Mourir sur son lieu de travail et devant les yeux des collègues est autrement plus dérangeant. Erika remarqua le choc qui planait sur la rédaction.
Pendant deux ans, elle était resté aussi loin que possible de Mikael Blomkvist. Pourtant il semblait tout le temps revenir coller à sa vie comme un chewing-gum sous la chaussure, soit sur le Net, soit dans la vie réelle. Sur le Net, ça pouvait aller. Là, il n’était que des électrons et de lettres. Dans la vie réelle devant sa porte, il était toujours ce putain d’homme attirant. Et il connaissait tous ses secrets, de la même manière qu’elle connaissait les siens.
Elle l’observa et constat qu’elle n’avait plus de sentiments pour lui. En tout cas, pas ce genre de sentiments.
Il avait réellement été son ami tout au long de cette année.
Elle lui faisait confiance. Peut-être. Cela l’agaçait que l’une des rares personnes en qui elle avait confiance soit un homme qu’elle évitait tout le temps de croiser.
Elle se décida subitement. C’était idiot de faire comme s’il n’existait pas. Ça ne faisait plus mal de le voir.
Elle ouvrit la porte et l’admit à nouveau dans sa vie.
Elle finit par se lever et se placer derrière lui, puis elle dirigea la cloueuse contre sa colonne vertébrale juste en bas de la nuque. Lisbeth Salander réfléchit intensément. L’homme devant elle avait importé, drogué, maltraité et vendu des femmes au gros et au détail. Il avait tué au mois huit personnes, y compris un policier à Gosseberga et un membre du MC Svavelsjö. Elle ignorait totalement combien d'autres vies son demi-frère avait sur la conscience, mais à cause de lui, elle avait été pourchassée à travers tout le pays comme un chien fou, accusée de trois de ses meurtres à lui.
Son doigt reposait lourdement sur le bouton.
Elle ne voyait aucune raison de le laisser vivre. Il la haïssait avec une intensité qu’elle ne comprenait pas. Qu’allait-il se passer si elle le livrait à la police ? Un procès ? Prison à vie ? Quand allait-il bénéficier d'une permission ? Quand allait-il s'évader ? Elle sentit le poids de la cloueuse. Elle pouvait mettre une fin définitive à tout ça.
Elle a riposté avec la seule arme dont elle disposait. En l’occurrence son mépris pour vous.
Personne ne peut éviter de tomber amoureux, dit-il. On a peut-être envie de le nier, mais l'amitié est sans doute la forme la plus fréquente de l'amour.
Annika avait noté aussi que Lisbeth Salander paraissait par moments plongée dans une profonde dépression et ne manifestait apparemment pas le moindre intérêt pour résoudre sa situation et son avenir. On aurait dit qu'elle ne comprenait tout simplement pas, ou se foutait complètement que la seule possibilité d'Annika de lui procurer une défense satisfaisante était d'avoir accès aux faits. Elle ne pouvait pas travailler dans le noir.
Lisbeth Salander était butée et renfermée. Elle faisait de longues pauses pour penser et formulait ensuite avec exactement le peu qu'elle disait. Souvent elle ne répondait pas du tout, et parfois elle répondait subitement à une question qu'Annika avait posée plusieurs jours auparavant. Pendant les interrogatoires de la police, Lisbeth Salander était restée assise dans son lit sans dire un mot, le regard dirigé droit devant elle.
N'importe quel policier sait très bien qu'il existe deux façons classiques de mener l'interrogatoire d'un suspect. Le policier méchant et le policier gentil. Le policier méchant menace, jure, frappe du poing sur la table et se comporte globalement à la hussarde dans le but d'effrayer l'accusé, de le soumettre et de l'amener aux aveux. Le policier gentil, de préférence un petit vieux grisonnant, offre des cigarettes et du café, il hoche la tête avec sympathie et utilise un ton raisonnable. La plupart des policiers - mais pas tous - savent aussi que la technique d'interrogatoire du policier gentil est la plus efficace pour obtenir des résultats.
La désinformation est la base de tout espionnage.
"C'est comme ça la vie. On naît. On vit. On devient vieux. On meurt. Il avait fait son temps. Tout ce qui restait était la désagrégation."