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Critique de Wendat69


Mercenaires...voilà un mot qui inciterait beaucoup à jeter l'opprobre sans chercher à comprendre, à savoir qui furent ces hommes. Certains diront des « soldats perdus ». Peut-être. Encore faut-il savoir ce qui a été « perdu ». Et dans l'aventure -vraie- que nous conte Lartéguy, les mercenaires s'avèrent être les fantômes d'un passé trop facilement ignoré, qui n'avaient, de leur vivant, certainement pas vendu leur honneur, leur Foi, leurs valeurs, leur idéal, et qui avaient aussi en eux leurs tourments, leurs secrets, voire leurs flétrissures. Des hommes en somme.

Lartéguy nous transporte dans l'enfer de la guerre de Corée, ce conflit si ignoré de nous, auquel ont participé plusieurs milliers de soldats français, qui furent intégrés aux forces de l'Onu et qui combattirent aux côtés des américains, dans le Bataillon Français, pour s'opposer à « l'ennemi rouge », un des épisodes les plus « frontaux » de la longue Guerre Froide.

La réalité se révèle souvent en lamelles, la vérité n'apparaît que sous le scalpel de l'étude rigoureuse des faits, par la dissection des événements et l'observation attentive de ceux qui en furent les acteurs. L'histoire du Bataillon Français de Corée illustre bien toute la complexité, la particularité de ce temps, d'une époque où épouser le métier des armes, c'était bien souvent prendre un rendez-vous avec la mort.

L'auteur des Centurions et des Prétoriens nous dévoile les combats intérieurs et ceux, réels, menés par quelques personnages hauts en couleurs, des hommes faits, des hommes vrais. Des officiers, des sous-officiers, des soldats français, qui passèrent sous les fourches caudines de la défaite de 40, traversèrent la guerre en combattant de l'ombre ou du général, puis qui ,souvent, sautèrent à pieds joints dans les rizières d'Indochine -dernier soubresaut pour tenter de ranimer la grandeur perdue de la France, pour « finir » -pour certains au sens propre, dans l'enfer des montagnes blanches de Corée.

Il n'y a pas ici de complaisance simpliste pour le rituel «guerrier », Lartéguy, homme de terrain, ramène la grandeur du combattant à l'aulne du combat, qui révèle ce qu'il y a de pire et de meilleur en l'homme. L'auteur démonte le cynisme de certains officiers supérieurs, envoyant le troupeau humain à l'abattoir, ici à la conquête du sommet des « white hills » pour que leur sacrifice permette à des généraux fous d'orgueil d'accrocher leur étoile...

Non, on aurait bien tort de raccrocher l'uniforme de ces hommes, qui n'étaient pas des « sans drapeau », au porte-manteau du combattant juste bon à tuer et à être tué, jouant son destin pour une simple prime, affrontant la routine du quotidien comme un fumeur d'opium, réveillé brutalement par les décharges d'adrénaline que procure un bombardement terrible et le choc de l'assaut. Non, derrière ce terme de « mercenaires », il y a bien des hommes , qui ont fait des choix d'hommes, et qui en ont payé le prix. Un livre d'une intensité réelle, âpre et dur.
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