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Critique de mjaubrycoin


Voici que débarque dans le paysage foisonnant du polar historique, un nouveau venu qui inaugure avec ce premier opus une série dont la poursuite est d'ores et déjà annoncée.
L'intrigue se situe en 1848 alors que la république sociale a été brisée par les conservateurs qui ont repris le pouvoir et que le Prince Louis-Napoléon Bonaparte brigue la Présidence de la République.
Léandre Lafforgue monte de son Gers natal pour s'installer à Paris chez son grand oncle afin de tenter d'en apprendre davantage sur son père disparu.
A peine arrivé, un concours de circonstances le met en présence du Prince qui au premier coup d'oeil, le reconnait comme le fils de celui avec lequel il a mené par le passé tant de luttes politiques et il l'embauche aussitôt pour le protéger et également enquêter sur les morts suspectes qui frappent le corps parlementaire.
Serait-on dans un roman populaire issu de la plume d'un talentueux feuilletoniste inspiré par Ponson du Terrail ou Eugène Sue qui aimaient tant ces coïncidences extraordinaires ? Hélàs non !
Léandre, le héros, dont les multiples qualités tant physiques qu'intellectuelles sont complaisamment (et longuement) décrites a certes tout pour lui, mais finit par agacer un peu le lecteur car, pour parodier une formule célèbre, trop de perfection tue la perfection.
A moins qu'une bonne dose d'humour ne relève avantageusement la sauce et ici, ce n'est pas le cas même si le changement de la couleur des yeux de notre héros qui deviennent jaunes quand il est en colère, évoque incontestablement le célèbre film de Francis Veber "le Jaguar"qui avait au moins le mérite de ne pas se prendre tout à fait au sérieux !
Pour parfaire son image dans le domaine de la galanterie, notre héros multiplie les conquêtes dans le milieu bourgeois qui est le sien mais sans jamais se fixer avec l'accord de ces demoiselles qui manifestement ne recherchaient que la bagatelle dans la liaison avec ce jeune premier. Là franchement, j'ai tiqué car même si je ne suis pas historienne, je ne pense pas que la libéralisation des moeurs ait atteint la province profonde (relisons Balzac avec profit) à l'époque visée et la virginité imposée aux jeunes filles dans la course au mariage ne leur permettait pas de jouir des mêmes privilèges que les demoiselles contemporaines.
J'ai par ailleurs été parfois gênée par le vocabulaire "savant" émaillant le texte. J'ai appris ainsi que la canitie était un blanchiment progressif des cheveux et des poils et qu'un abstème est une personne qui ne consomme
jamais d'alcool. Bien sûr il est toujours utile d'enrichir son vocabulaire (surtout si on s'adonne à la passion des mots croisés) mais je ne suis pas certaine qu'un roman policier destiné à un vaste public constitue la tribune privilégiée pour étaler une science du beau langage.
Autre élément qui m'a gênée, quelques anachronismes (comme la coupe de cheveux de la Belle Manon ) et l'emploi de la distinction sémantique grands/petits par les enfants des rues tant ce vocable parait contemporain et peu adapté à une époque cruelle où l'enfance était bafouée et les jeunes dès six ans amenés à travailler en usine pour survivre.
Par ailleurs, les personnages secondaires sont trop caricaturaux pour être crédibles, par exemple la tante Hermance et le policier Issy-Volny.
Dommage que tous ces éléments n'incitent guère à fidéliser le lecteur parce que l'intrigue était bonne et le dénouement bien amené et finalement, malgré mon agacement grandissant j'ai quand même poursuivi ma lecture jusqu'à la fin.
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