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EAN : 9782746708020
135 pages
Autrement (12/01/2006)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

1991 : cinq républiques - le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan - accèdent à l'indépendance lors de l'effondrement de l'Union soviétique. Le moment est historique et rompt avec des décennies de tutelle tsariste puis soviétique. Les cinq pays ne sont pourtant pas préparés à l'ampleur de ces bouleversements : les amarres rompues avec Moscou et la manne fina... >Voir plus
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Un couple de jeunes chercheurs passés par l'Institut Français d'Études sur l'Asie centrale (IFEAC) de Tachkent expose avec une remarquable clarté la situation dans les cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale. Loin des clichés mythiques qui ont longtemps entouré la région, depuis l'or des Scythes jusqu'à Gengis Khan en passant par la légende du prince Jean, ils dressent un tableau inquiétant des dérives autoritaires de ces régimes.

A des degrés divers s'est mis en place dans chacun de ces cinq États un pouvoir paternaliste qui musèle la société civile, bâillonne la presse, contrôle les religions. le système politique reste partout calqué sur le modèle soviétique : hypertrophie du pouvoir présidentiel, personnalisation du pouvoir, domination du parti unique derrière un pluripartisme de façade, népotisme et corruption. D'ailleurs, à l'exception d'Askar Akaev, ancien président de l'Académie des sciences, au Kirghizstan, les présidents de ces nouveaux États indépendants sont les anciens premiers secrétaires du Parti communiste local

L'Ouzbékistan - qui compte à lui seul la moitié des 50 millions d'habitants qui peuplent l'Asie centrale - fait figure "d'homme malade de la région" (p. 12). L'insurrection d'Andijan début 2005 y révèle la fragilité du pouvoir d'Islam Karimov dont les auteurs prédisent le départ. Les droits de l'homme ne sont guère mieux respectés au Kazakhstan où Noursoultan Nazarbaev peut toutefois se targuer d'un redressement économique dont n'ont pas bénéficié ses voisins. Mais le comble du ridicule est atteint au Turkménistan où le "grand Turkmenbachi" - tel est le titre que s'était donné Saparmourad Niazov - a transformé son pays en royaume d'Ubu. La situation est plus ouverte au Tadjikistan et surtout au Kirghizstan où le Parlement a longtemps freiné la dérive présidentielle du régime et où une opposition militante a toujours pu s'exprimer. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est dans cette petite république que l'Asie centrale a connu le seul renversement d'un de ses chefs d'État. Pour autant, la "révolution des tulipes" semble marquer plus un frémissement qu'une rupture : si Akaev a été renversé, son successeur, Bakiev, est un homme de l'ancien régime auquel "la population se résigne faute de mieux" (p. 23).

A la différence des autres républiques soviétiques, l'Asie centrale ne réclamait pas son indépendance. En mars 1991, elle votait encore à plus de 90 % pour le maintien de l'Union soviétique. L'absence de mouvements populaires en faveur de l'indépendance explique les difficultés des nouveaux États à trouver une identité nationale. Aussi, ce sont les autorités qui imposent un "prêt-à-penser-la-nation" (p. 58) censé garantir la cohésion du pays. Une symbolique identitaire est mise en place, dans laquelle la colonisation russe n'a pas sa place : l'alphabet cyrillique est abandonné, les rues sont rebaptisées, les statues déboulonnées, le drapeau national se décore des symboles "traditionnels" d'un passé présoviétique (l'aigle kazakh, la yourte kirghize), des musées nationaux sont inaugurés à la gloire des pères fondateurs de la nation (Tamerlan en Ouzbékistan, Ismaïl Samani au Tadjikistan). Au Turkménistan, la construction de l'identité nationale se résume au culte de la personnalité du président dont le portait décore tous les bâtiments publics et dont le recueil des pensées, le Roukhnama, est étudié dans les écoles. Dans tous les cas cette "exaltation passéiste de la nation" (p. 75), qui se résume à la légitimation des régimes actuels, ne conduit pas à la création d'une communauté de citoyens.

Aussi, la population, dont la situation économique s'est dégradée depuis l'indépendance et qui perçoit paradoxalement l'époque brejnévienne comme un âge d'or révolu, a-t-elle parfois trouvé dans le militantisme religieux le seul exutoire possible à son mécontentement, une fois l'opposition laïque liquidée. Pourtant, les auteurs montrent que la soi-disant menace islamiste a été largement exagérée : exagérée par les autorités locales qui l'instrumentalisent afin de justifier leur autoritarisme , exagérée par les puissances internationales, États-Unis en tête, qui s'intéressent à la région en raison de sa proximité avec l'Afghanistan et l'Iran.

C'est d'ailleurs sur cette valorisation géostratégique de l'Asie centrale que ce court ouvrage livre la réflexion la plus stimulante. Après les indépendances, on s'était enflammé sur la renaissance de ce Heartland au "carrefour des empires". Les auteurs remettent les choses à leur juste place : l'Asie centrale, zone foncièrement vide de population, reste "un espace profondément russifié" (p. 12) dont ni les richesses, relatives, du sous-sol ni la menace, surévaluée, du terrorisme islamiste, ne justifie qu'on en fasse l'un des points de mire de la politique internationale.
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