J'ai détesté ce recueil non parce que c'est mal écrit, mais parce que le thème récurrent est la spiritualité et franchement, ce n'est pas ma tasse de thé, surtout pas en poésie!
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Les Automobiles (extraits)
(Seuls animaux que connaissent les enfants)
Meute en chasse talonnée par la vélocité,
Coureuses des voies dures de la témérité,
Bêtes dociles au vertige des chauffards,
Mammouths modernes sur les fourmis et les morts.
Circuleuses des paysages faciles lentement dévidés,
Verres magiques aux bohèmes de la beauté,
Maraudeuses des amours à l'esbroufe,
Boîtes de Pandore ouverte d'un coup de pouce.
(…)
Culs-de-jatte assoupis sur leurs moignons,
Amputés des vols et des élans voyagers,
Refuge des chats, des lapins et des oignons,
Arches de Noé de nos jardins potagers.
Malemer, mer stable et fermée à la foudre comme à l'aile – mer prégnante et aveugle à ce que tu enfantes,
emporte-moi loin du courant de la mémoire – et de la longue flottaison des souvenirs ;
hale-moi dans ta nuit tactile – plus loin dans ton opacité que la double cécité de l'oeil et de l'oreille ;
malemer, toi qui ne montes plus sur la touffe fleurie des prés – comme une pensée fatiguée des images,
toi, qui ne laboures plus les grèves au cliquetis des cailloux – remuement de pensées au hasard des vocables.
Toi que n'enchaîne plus la chaîne des marées – ni le bref honneur des révoltes verticales,
que je sois en toi ce nageur rituel et couché – comme un secret aux plis des étoffes sourdes ;
sans foulée calculée – que je circule par tes chemins sans arrivages,
malemer – rature mon visage et noie cette larme où se refont les clartés,
que j'oublie en toi les frontières ambiguës de mon propre jour – et la lucide distance du soleil.
L’enfant poète
Il y aura toujours la table
L’enfant accoudé à son silence
Les yeux ouverts en étoiles
Et qui brûlent tout par délivrance.
Il y aura toujours la nuit
La douleur tranquille des étoiles
Le bleu qui brûle tant de nuit
Le bleu qui remue tant de sable.
Il y aura toujours l’enfance
Qui choisit le feu par innocence
Le bleu de l’eau par attirance
Le débris des mots par impuissance.
Les Martinets (extraits)
Je suis toutes les mères des enfants d’un jour,
La mort de l’un couvrant la naissance de l’autre,
Comme l’arbre de l’hiver, j’ai au flanc et à l’épaule
Des ombres qui grandissent déroutées de l’amour.
………..
J’ai enfanté ma chair adossée à la mort,
Par l’aigreur du lait pauvre aux aubes courbatues
Et par les eaux cendreuses du ventre assidu,
J’ai enfanté des fantômes en mocassins de mousse.
…………
Mes enfants d’un jour sont sable au sablier,
J’ai oublié leur nom de croix et de sainteté,
Comme la mémoire et le plasma des mers
Je porte en moi des naissances naufragées.
……….
Martinets, tourneurs nocturnes resserrant l’erre de ma douleur
Martinets, quand le sein ne sera plus l’étouffement,
Quand éclatera le cilice de mon coeur,
Ma mort maternelle sera multitude d’oiseaux blancs….
Extraits du DVD "Lorsque j'étais une petite fille"
Parcours de la vie de la poète Rina Lasnier en photos et en poésie, de son enfance à ses débuts littéraires, par l'auteure Marie Lasnier et le musicien Robert Len.