Imaginez un flic de banlieue charpenté comme un deuxième de ligne, aimant la castagne à l'occasion, un flic adepte de la philosophie de
Nietzsche, qui lit les romans de l'immense
Jim Harrison, voue un culte au film Blade Runner, se nourrit de la poésie de Gérard de
Nerval tout en s'y adonnant lui-même. Imaginez ce flic et vous aurez Hughes Barbicaut, le personnage des polars réalistes/mystiques de
Rémy Lasource.
Dans
Barbicaut joue son âme, notre héros nous entraîne dans une histoire sombre où un adepte de vaudou et de magie noire sème les cadavres et les mutilés. On est pris au piège d'une narration nerveuse, hyperréaliste, donc brutale et sans merci. Barbicaut, dans une sorte de course initiatique, s'efforce de stopper la malfaisance d'un homme qui s'est voué au mal, tout en luttant pour se préserver lui-même, ses collègues, sa femme et un enfant qui s'annonce. Pétri d'humanité et de compassion, notre policier trouve la paix et sa respiration dans la fréquentation de la nature et des grands poètes. Avec Barbicaut, on comprend que tout n'est pas noir dans un monde qui fait tout pour l'être.
Avec ce roman, on sort des classiques du polar noir pour un mélange très réussi d'enquêtes de terrain par un auteur qui s'y connait et de passages qui touchent au quasi-fantastique. On en prend plein la figure et on aime ça. C'est d'ailleurs ce que disait
Charles Bukowski. Un roman doit frapper directement à l'estomac.
Barbicaut joue son âme s'inscrit avec bonheur dans cette veine du polar intelligent et bien ficelé qui ne parle pas que de crimes, mais donne des clefs de compréhension du monde dans lequel nous vivons. À dévorer sans modération.