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EAN : 9782220029375
160 pages
Desclée de Brouwer (01/08/1986)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Le Zen. Chemin de l'illumination.

Zen ? Un de ces mots qui fascinent l'Occidental. Au risque d'être parfois un leurre en un monde en quête de gourous... où circule le meilleur et le pire.
Le Zen, comme toutes les philosophies, les spiritualités, les mystiques, ne se livre pas facilement et résiste aux tentatives syncrétistes. Il faut aller aux maîtres.
Ce livre, écrit par un Occidental habitant le Japon et reconnu comme un des spécialist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
UN LIVRE ULTIME POUR SAISIR LE ZEN ET RESSENTIR SATÔRI !!!

« C'est précisément le vide qui est fécond. »

Je suis très heureux d'enfin vous présenter l'un de mes livres de chevet !

C'est l'histoire d'un jésuite autrichien parti « missionner » le Japon. Pour s'inculturer – à l'époque, on savait encore que c'est ainsi que l'on se fond dans la culture et le paysage de ceux qui nous accueillent – il en vient à pratiquer zazen, l'assise silencieuse, dans un dojo de 3h à 21h chaque jour lors de sesshin (aux temples Hosshinji et Sôjiji). Car selon lui, ni le Satori ni le Kenshô ne sont dicibles, et donc, il faut en passer par « faire Zazen face au mur poussiéreux », Kin-Hin, les Kôans et Dokusan. Et il fait tout cela tellement bien qu'il obtient d'abord le titre de « rôshi » (vénérable maître du Zen) puis la nationalité japonaise, ce qui lui donne en fin de compte un patronyme franchement bizarre.
Tout cela dit, les quelques livres qu'il a écrit de ses expériences japonaises sont pour moi des trésors, et celui-ci particulièrement. En effet, « le Zen. Chemin de l'illumination » est tout simplement l'un des meilleurs ouvrages de référence sur le Zen, et le Satori ou illumination. le Zen menant au Satori. le Zen qui n'est pas que zazen d'ailleurs. J'ai souvent lu et relu ces 160 pages, et je les ai même annoté, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Je prie donc Kannon que ses livres soient un jour réédités !!!

Voilà donc le livre d'un chrétien qui écrit, fort bien au demeurant, sur le Zen et l'illumination, tels qu'il l'a pratiqué et compris au Japon. Pour y revenir, je le conseille absolument dans les livres de découverte du Zen, et j'en fais un Ouvrage de référence de mon TOP 20. C'est parce que ce jésuite a vécu dans sa chair, son âme et son esprit ce zazen, ce zen et cette illumination (qu'il dit n'avoir atteint que partiellement : il a vu l'illumination via un samâdhi, sans l'atteindre) et qu'il le décrit si clairement (qui se comprend clairement s'énonce clairement) que ce livre est franchement fabuleux et enthousiasmant. Il est un pilier de la littérature francophone du bouddhisme zen, rien de moins. de plus, H.M.Lassalle fait appel à ses connaissances mystiques chrétiennes et à la psychologie afin de rendre compte au mieux à ses lecteurs ce qu'il en est de ces expériences. Il s'appuie sur les traditions mais pose un regard contemporain (celui des années 60) sur ses expériences et réflexions. Voici une première citation :

« C'est précisément le vide qui est fécond.
Mais l'effet principal de ces exercices est moral et ascétique. Car ils comportent toujours un effort pour se libérer des passions, des sentiments désordonnés. le moi doit mourir. le thème toujours repris à nouveau, c'est le Muga, c'est-à-dire le « non-moi ». Tous les sentiments de crainte, d'orgueil, de jalousie, etc doivent mourir avec le moi. Les exercices chrétiens, eux aussi, ont pour but d'extirper les mauvais penchants. Mais pour y parvenir, on s'y prend d'une autre manière. On considère les vérités de foi, puis on prend les résolutions correspondantes. Alors commence la lutte contre les obstacles qui se mettent en travers de leur exécution. Au contraire, dans la pratique du Zen, on ne considère pas, on vide en quelque sorte son esprit. On réduit pour ainsi dire en miettes les obstacles, tout ce qui est en désordre en l'homme. »

En matière d'éveil selon la voie du Zen, et de Zazen aussi, c'est ce livre-ci que je recommande avant tout autre. Et je ne me séparerai jamais de ce vrai Manuel du Zen. Chaque mot dans cet opus magistral est savamment posé, tout est très bien articulé, et il est délicat d'extraire des phrases sans avoir l'envie de tout recopier, car… tout est très bien pensé et écrit. « Et ce n'est pas par des efforts intellectuels que l'on parvient à l'illumination : c'est par l'intuition. »

Voici l'alléchante Table des matières :
Avant-propos – I/ Illumination – II/ Fruit de l'illumination – III/ Illumination et civilisation japonaise – IV/ Illumination et foi en Dieu – V/ Au service de l'ascèse et de la mystique chrétienne – VI/ Indications pratiques pour l'exercice du Zen – Conclusion…………. On voit dans cette Table des matières que si la première moitié du livre est consacrée au Zen et l'illumination, H-M. Lassalle destine son ouvrage à ses compatriotes et compères de la Compagnie de Jésus : il tente un glissement et un mélange intime des deux mystiques et ascèses.

Tout est tellement bon dans ce livre ! Je vous recopie un paragraphe entier, « mortel », de nouveau :
« On peut dépeindre l'état d'illumination comme un enlèvement vers un plan supérieur. L'objet est disparu, avec lequel auparavant on se sentait un. Maintenant règnent le vide parfait et le silence. le fleuve de la conscience au sens habituel a été emporté. Lorsque Dôgen fit pour la première fois cette expérience, il dit exactement : « Mon corps et mon âme m'ont quitté », à quoi son Maître fit cette réponse profonde : « Tu as quitté ton corps et ton âme. » Ceci est, encore plus que le second degré [d'illumination], une extase psychologique. Mais si les explications qui vont suivre sont exactes, on pourrait plus justement encore appeler ce troisième degré une enstase, comme l'ont fait plusieurs auteurs. Il reste une différence très nette à l'égard du premier et même deuxième degré. On y entre subitement, le corps couvert de sueur. Tous les contraires semblent supprimés. Il n'y a plus de différences entre le oui et le non. Cela paraît insensé à tous ceux qui n'ont pas traversé cette expérience. Et il faut qu'il en soit ainsi. Mais celui qui l'a vécue sait ce que cela veut dire. »

Un vrai chef-d'oeuvre, capital, qu'il vous faut lire absolument ! Tout y est clair, ordonné, en paix – c'est un vrai plaisir que de le lire, une grande joie, un délice pour l'esprit ! Je vous en souhaite une puissante et nourrissante lecture !

« Au-dessus de la campagne planait mon esprit délié, mon esprit nouveau-né ». Novalis.

Shinjin Datsuraku !

ZUIHÔ
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On peut dépeindre l’état d’illumination comme un enlèvement vers un plan supérieur. L’objet est disparu, avec lequel auparavant on se sentait un. Maintenant règnent le vide parfait et le silence. Le fleuve de la conscience au sens habituel a été emporté. Lorsque Dôgen fit pour la première fois cette expérience, il dit exactement : « Mon corps et mon âme m’ont quitté », à quoi son Maître fit cette réponse profonde : « Tu as quitté ton corps et ton âme. » Ceci est, encore plus que le second degré [d’illumination], une extase psychologique. Mais si les explications qui vont suivre sont exactes, on pourrait plus justement encore appeler ce troisième degré une enstase, comme l’ont fait plusieurs auteurs. Il reste une différence très nette à l’égard du premier et même deuxième degré. On y entre subitement, le corps couvert de sueur. Tous les contraires semblent supprimés. Il n’y a plus de différences entre le oui et le non. Cela paraît insensé à tous ceux qui n’ont pas traversé cette expérience. Et il faut qu’il en soit ainsi. Mais celui qui l’a vécue sait ce que cela veut dire.
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« C’est précisément le vide qui est fécond.
Mais l’effet principal de ces exercices est moral et ascétique. Car ils comportent toujours un effort pour se libérer des passions, des sentiments désordonnés. Le moi doit mourir. Le thème toujours repris à nouveau, c’est le Muga, c’est-à-dire le « non-moi ». Tous les sentiments de crainte, d’orgueil, de jalousie, etc doivent mourir avec le moi. Les exercices chrétiens, eux aussi, ont pour but d’extirper les mauvais penchants. Mais pour y parvenir, on s’y prend d’une autre manière. On considère les vérités de foi, puis on prend les résolutions correspondantes. Alors commence la lutte contre les obstacles qui se mettent en travers de leur exécution. Au contraire, dans la pratique du Zen, on ne considère pas, on vide en quelque sorte son esprit. On réduit pour ainsi dire en miettes les obstacles, tout ce qui est en désordre en l’homme. »
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Et ce n’est pas par des efforts intellectuels que l’on parvient à l’illumination : c’est par l’intuition.
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« Au-dessus de la campagne planait mon esprit délié, mon esprit nouveau-né ». Novalis.
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