AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782369350088
96 pages
Le Passager Clandestin (23/04/2014)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Dans un essai clair et concis, Serge Latouche explore la pensée de Cornelius Castoriadis à l'aune de la critique de la croissance aveugle et de l'expansion illimitée de la production et de la consommation. Castoriadis a consacré l'essentiel de son oeuvre dense et riche aux conditions de réappropriation par la collectivité de ses institutions, de sa force créatrice et de son autonomie. Plus que jamais, sa lecture est indispensable à l'élaboration d'une critique fonda... >Voir plus
Que lire après Cornélius Castoriadis et l'autonomie radicaleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Bonjour à tous,

Serge Latouche est professeur émérite d'économie et l'un des théoriciens français de la décroissance. Il fait partie des auteurs qui, depuis plus de vingt ans, accompagnent ma pensée et ma réflexion.
Cornelius Castoriadis, décédé en 1997, était un philosophe, écrivain, économiste, militant politique et révolutionnaire : une pensée foisonnante, dense aux sources de laquelle les objecteurs de croissance ont puisé pour élaborer le concept de décroissance.
Tout au long d'un petit livre clair et concis, truffé de citations de Castoriadis, Serge Latouche dresse des ponts entre les deux pensées, éclaire le projet décroissant à la lumière castoriadienne, précise les notions d'autonomie, de démocratie directe ou encore "d'imaginaire social". Car, nous dit Castoriadis, notre société est une 'institution imaginaire" construite par d'autres. le capitalisme à "coloniser notre imaginaire", nous rendant incapable de penser un autre monde, de donner un sens autre que consumériste à l'existence humaine. Castoriadis et Latouche nous invitent à déconstruire l'idéologie dominante pour inventer une démocratie radicale fondée sur l'écologie.
"L'écologie est subversive, nous dit Cornélius Castoriadis, car elle met en question l'imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central, selon lequel notre destin est d'augmenter sans cesse la production et la consommation. Elle montre l'impact catastrophique de la logique capitaliste sur l'environnement naturel et sur la vie des êtres humains." (Une société à la dérive, Seuil, 2005).
Dans un monde au bord du basculement, il est temps de "changer le monde avant que le changement du monde nous y condamne dans la douleur."
Commenter  J’apprécie          62
J'avais le souvenir lointain d'une conférence sur Cornelius Castoriadis, à l'époque où "je faisais Sciences-Po", sur la critique de la bureaucratie. Puis, plusieurs fois, ma main a esquissé le geste d'attraper Une société à la dérive sur un rayon de bibliothèque... mais j'étais loin de supposer que ce philosophe politique pût être mis en relation avec la décroissance. Serge Latouche, dans sa collection "Les précurseurs de la décroissance", se charge de convoquer des penseurs vis-à-vis desquels cette relation peut paraître insolite voire parfois incongrue. Il s'agit là de "petits livres" destinés, à mon sens, à un public de spécialistes, pour qui a minima la pensée d'Illich et celle d'Ellul n'ont plus de secret (hein, l'ami Laudateur ?), à l'aune desquelles d'autres auteurs peuvent se prêter à comparaison.
Dans cet ouvrage, ce sont les notions de "signification imaginaire sociale" et "d'autonomie", mais aussi plus généralement le lien entre la Raison occidentale (Descartes, Leibnitz) et l'expansion de la bourgeoisie et du capitalisme (du "développement"), propres à Castoriadis qui servent la cause de la décroissance. Ces notions-là devraient être connues, car leur présentation en est faite dans les termes les plus succincts, en quelques pages voire à peine des citations de quelques phrases. La lecture en résulte donc particulièrement ardue. (Serait-ce aussi pour ridiculiser ceux qui caricaturent la notion de décroissance comme l'idée fruste d'en "revenir à la bougie" ?)
Les deux premiers chapitres : "C. C. ou l'autonomie radicale" et "L'utopie concrète de la démocratie directe" présentent les aspects où Castoriadis semble être le plus éloigné de la théorie de la décroissance actuellement connue ; l'aveu est fait d'ailleurs que celle-ci, et en général les préoccupation écologistes de l'auteur constituent une partie minime des ses écrits.
Les deux chapitres suivants, qui déjà dans leur intitulé, reprennent la terminologie latouchienne : "Décolonisation de l'imaginaire et réalisation de la société d'abondance frugale" et " Conclusion : décroissance ou barbarie", démontrent par contre, toujours par "petites touches" de citations significatives et profusion de références en bas de page, combien le philosophe s'inscrit dans les problématiques de la critique de l'économie et particulièrement dans la critique du développement : les postulats de la théorie économique, ainsi que ceux du pouvoir politique représentent en effet autant de "significations imaginaires sociales" que "l'autonomie" (au sens étymologique : se donner ses propres lois) se doit de questionner sous peine de priver la démocratie de tout son sens.
Enfin les 30 dernières pages sont composées de cinq textes de Castoriadis, donc relativement longs, reproduit sans interruption ni commentaire. Ce sont les plus claires, paradoxalement. On peut se demander si les lire en premier n'aurait pas grandement facilité la lisibilité du livre - en tout cas c'est le conseil que je peux donner.
Commenter  J’apprécie          10
Je n'avais rien lu de Cornelius Castoriadis et avoir un aperçu de sa pensée dans un court essai m'intéressait. le terme aussi d'“autonomie radicale” dans le titre m'a intriguée et donné envie d'en savoir plus. Comment faut-il comprendre le terme d'autonomie avec ces auteurs ? L'autonomie n'est-elle pas toujours radicale ?
Ce livre, comme chaque titre de la collection, est divisé en deux parties : une première partie qui donne un aperçu de la vie et de la pensée de l'auteur, en lien avec le concept de décroissance, et une seconde partie constituée d'extraits choisis.
Dans ce titre-ci, le lien entre la pensée de Cornelius Castoriadis et la décroissance est construit par Serge Latouche, Castoriadis étant décédé avant que ce terme ne soit utilisé comme projet de société. Il ne s'agit donc pas tellement d'un résumé de la pensée de Castoriadis, sinon d'une synthèse entre celle-ci et le concept de décroissance : les liens, les points communs, et surtout les aspects inspirants chez Castoriadis qui ont permis de construire la décroissance, et ce qui peut être inspirant pour continuer à nourrir le mouvement décroissant aujourd'hui.
J'aime beaucoup cette collection des “précurseurs de la décroissance”. Petit à petit, je tisse une toile imaginaire entre différents auteurs, avec les concepts qui les relient, leur spécificité à chacun, et beaucoup de nuance. Cet essai en particulier m'y a bien aidée car Serge Latouche explicite les liens et les points de discordances avec différents auteurs contemporains de Castoriadis que j'apprécie : Murray Bookchin, Jacques Ellul, Ivan Illich. Tout cela me permet de goûter à quel point le terrain de la décroissance est vaste. Loin du retour à la bougie et à la charrue, la complexité des possibles est extrêmement enthousiasmante à mes yeux.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai beaucoup aimé m'initier à la pensée de Cornelius Castoriadis par l'intermédiaire de la présentation effectuée par Serge Latouche. La clarté de la présentation m'a permis de bien approfondir le sujet, bien qu'il faille tout de même s'accrocher car les explications sont exigeantes et remplies de références et de concepts qui me sont inconnus. J'ai réussi à faire abstraction de ce problème et cela m'a permis de bien comprendre les commentaires. Tout m'a alors semblé beaucoup plus clair.
Les extraits choisis illustrent bien la pensée du philosophe, telle que présentée dans l'introduction. Ils sont quant à eux beaucoup accessibles et compréhensibles. Cela permet d'éclaircir certains points, vus précédemment.
C'est avec grand plaisir que j'ai découvert cet ouvrage que je recommande chaudement à ceux qui s'intéressent à l'autonomie d'un point de vue philosophique (ainsi que politique et économique, nécessairement liés). Cela permet d'élargir notre conscience de notre environnement et d'y réfléchir avec un nouvel intérêt.
Commenter  J’apprécie          10
Cornelius Castoriadis (1922-1997) fut un militant politique et révolutionnaire, à la fois psychanalyste, philosophe et économiste. Serge Latouche synthétise dans cet ouvrage sa pensée puis présente quelques-uns de ses textes et entretiens. Castoriadis défend l'idée d'une société autonome, qui serait l'oeuvre d'individus qui agissent autant que possible après avoir réfléchi et délibéré ensemble, et dans le respect des ressources naturelles, de la biodiversité et de la Vie.
Les changements profonds dans l'attitude de l'être humain à l'égard de la production, de la consommation et de son environnement que souhaite Cornelius commencent tout juste à prendre forme avec le développement de l'agriculture biologique, le recul du plastique, le recyclage et la récupération, mais avec encore beaucoup de freins par ailleurs. Des réflexions sur lesquelles s'appuyer pour alimenter des discussions politiques.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La philosophie n'est pas philosophie si elle n'exprime pas une pensée autonome. Que signifie "autonome" ? Cela veut dire autos-nomos : "ce qui se donne à soi-même sa loi". En philosophie, cela veut dire qu'on pose des questions et qu'on n'accepte aucune autorité. Pas même l'autorité de sa propre pensée antérieure.
Commenter  J’apprécie          30
Dans la perspective castoriadienne, l'autonomie est pour la société la capacité "d'entretenir avec elle-même un rapport réflexif lui permettant de ne pas aliéner à une instance extra-sociale (le divin, les lois de la nature ou celles de l'économie politique) sa créativité. Et c'est là, au fond, le sens véritable de l'idéal démocratique." La religion constitue, en conséquence, un "esclavage mental". Ainsi fondée sur l'autonomie, la démocratie, on le comprend, ne peut être que directe et ne peut fonctionner qui si les membres de la communauté ont été éduqués pour être citoyens.
Commenter  J’apprécie          10
Lorsqu'il aborde l'ontologie, Castoriadis le répète sur tous les tons : "Être signifie à-être". L'être n'est donc jamais enfermé dans l'étant.
L'être est altération permanente et création continue.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Serge Latouche (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Latouche
Interview vidéo du club de réflexion Galiléo Concept Alsace.
autres livres classés : décroissanceVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (20) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}