Trois ingrédients sont nécessaires pour que la société de consommation puisse poursuivre sa ronde diabolique : la publicité, qui crée le désir de consommer, le crédit, qui en donne les moyens, et l'obsolescence accélérée et programmée des produits, qui en renouvelle la nécessité.
Le projet de la décroissance est donc une utopie, c'est-à-dire une source d'espoir et de rêve. Toutefois, loin de se réfugier dans l'irréel, il tente d'explorer les possibilités objectives de sa mise en oeuvre. D'où le qualificatif d'"utopie concrète" [...] La décroissance est donc un projet politique, au sens fort du terme, celui de la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales autonomes et économes, sans pour autant être un programme au sens électoral du terme : elle ne s'inscrit pas dans l'espace de la politique politicienne, mais vise à rendre toute sa dignité au politique.
Tous les régimes modernes ont été productivistes : républiques, dictatures, systèmes totalitaires, que leurs gouvernements fussent de droite ou de gauche [...] Tous ont posé la croissance économique comme une pierre angulaire de leur système inquestionnable. Le changement indispensable de cap n'est pas de ceux qu'une simple élection pourrait résoudre en mettant en place un nouveau gouvernement ou en votant en faveur d'une autre majorité. Ce qui est nécessaire est beaucoup plus radical : une révolution culturelle, ni plus ni moins, qui devrait déboucher sur une refondation du politique.
[A propos du concept de développement durable] Il s'agit à la fois d'un pléonasme au niveau de la définition et d'un oxymore au niveau du contenu. Pléonasme, puisque le développement est déjà une self-sustaining growth ("croissance durable par elle-même") pour Rostow. Oxymore, puisque le développement n'est ni durable ni soutenable.
Celui qui croit qu'une croissance infinie est possible dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste [Kenneth Boulding]
La sollicitude du Blanc qui s'inquiète de la décroissance au Sud dans le louable dessein de lui venir en aide est suspecte. " Ce qu'on continue d'appeler aide, souligne justement Majid Rahnema, n'est qu'une dépense destinée à renforcer les structures génératrices de la misère. Par contre, les victimes spoliées de leurs vrais biens ne sont jamais aidées dès lors qu'elles cherchent à se démarquer du système productif mondialisé pour trouver des alternatives conformes à leurs propres aspirations."
Tous les gouvernements sont, qu'ils le veuillent ou non, les "fonctionnaires" du capital.
La culture occidentale ne se maintient que du désir du reste du monde d'y accéder [Jean Baudrillard]
L'imagination du marché, remarque Bernard Maris, est incommensurable. Tel un coucou, il s'installe dans tout ce qui est gratuit. Il exclut les uns et les autres, estampille la gratuité, lui impose des logos, des marques, des péages, et puis la revend.
Capitalisme plus ou moins libéral et socialisme productivisme sont deux variantes d'un même projet de société de croissance, fondée sur le développement des forces productives censé favoriser la marche de l'humanité vers le progrès.