Infinity

Ce tome comprend "Infinity" 1 à 6, "Avengers" 14 à 23, "New Avengers 7 à 12" et "Against the tide" 1 & 2. Il est indispensable d'avoir lu les tomes précédents des 2 séries "Avengers" et "New Avengers" pour espérer comprendre tous les enjeux. La lecture de Thanos rising (de Jason Aaron & Simone Bianchi) est également recommandée au préalable.

Le tome commence par une double page remplie à ras bord de photos d'identité des différents personnages (avec leur nom en dessous) : les Illuminati (au nombre de 7), les Avengers (au nombre de 20), le Cull Obsidian, les Builders, les X-Men (au nombre de 8), la Garde Impériale Shi'Ar, le Concile Galactique, les Inhumains, 2 Gardiens de la Galaxie, 2 Spaceknights de Galador, et encore une vingtaine de personnages divers. Il y a une courte page de rappel sur la dernière Incursion (voir la série "New Avengers").

Black Panther et Namor se font face pour essayer de trouver un compromis satisfaisant avant que leurs nations ne se lancent dans un conflit armé. Puis T'Challa fait le point avec Reed Richards sur la construction de leur nouvelle arme de destruction massive. L'une des bombes génétiques d'Ex Nihilo (voir la série "Avengers") explose en Inde et donne naissance à une race très étrange qui lance un signal à travers le monde. Les Avengers interviennent à Perth en Australie pour contrer un autre groupe généré par une bombe d'Ex Nihilo. L'AIM perd le contrôle de celle sur leur île. Loin dans l'univers, un Builder capte le signal issu d'Inde. À bord de la base spatiale du SWORD, Abigail Brand constate l'irruption d'une flotte extraterrestre à proximité de la Terre. Star Brand prend des leçons auprès de Nightmask. Galador (la planète de Rom) est envahie. Au bout d'une bonne centaine de pages, l'Ordre Noir (Cull Obsidian) se manifeste, Thanos n'est pas loin.

En 2013, dans le cadre de l'opération "Marvel NOW!", Jonathan Hickman (scénariste) prend le contrôle des 2 principales séries Avengers (Avengers + New Avengers). La minisérie "Infinity" est également écrite par Hickman et s'insère dans ces 2 séries Avengers. le présent tome est donc une continuation directe de ces 2 séries, intégrant une histoire supplémentaire, celle liée à Thanos. Il faut garder à l'esprit que "Infinity" ne correspond qu'à 6 épisodes sur les 22 écrits par Hickman (avec l'aide Nick Spencer pour les épisodes 14 à 17 d'Avengers), soit un petit tiers du récit. Avec cette précision en tête, le lecteur comprend que la lecture de tous les épisodes précédents de la série "Avengers" (1 à 13) et de la série "New Avengers" (1 à 6) est indispensable.

En réalité, ce recueil développe plusieurs intrigues : (1) celle des Builders issue de la série Avengers, (2) celle des Incursions issue de la série New Avengers, (3) celle de Thanos, et (4) celle du conflit entre Atlantis et le Wakanda issue de New Avengers. À côté de ça la poignée de pages consacrées à Star Brand fait figure d'intrigue très secondaire. Ce recueil remet tous les épisodes dans l'ordre de parution pour une histoire très dense et très copieuse (environ 600 pages). Très concrètement, Hickman poursuit les intrigues des 2 séries Avengers, ajoute celle de Thanos et sème les graines d'intrigues à venir pour la suite des 2 séries Avengers. La série "Avengers" étant bimensuelle, tous ces épisodes sont parus dans une période de 6 mois. le lecteur peut facilement imaginer qu'Hickman a dû concevoir des diagrammes complexes pour s'assurer de quel personnage se trouve à quel endroit dans quelle situation, pour chacune des séries, avec un contrôle de cohérence assuré par les responsables éditoriaux, afin d'éviter toute erreur de cohérence (il en subsiste quand même une ou deux dont une grosse, Star Brand détruisant des vaisseaux spatiaux, avant d'être libéré).

L'attention du lecteur est donc fortement sollicitée pour suivre toutes les intrigues menées en parallèle. En particulier il doit avoir en mémoire les événements des épisodes précédents. Il doit également être capable de reconnaître 80% des personnages au premier coup d'oeil. le récit est très rapide, de très grande envergure, avec une distribution pléthorique. À condition de remplir ces conditions et de disposer d'une bonne mémoire (parce qu'un récit de 600 pages, c'est énormément d'informations), le lecteur plonge dans un récit mêlant science-fiction de type space-opéra et superhéros, parfaitement maîtrisé, avec un souffle épique exceptionnel, des concepts qui décoiffent, des enjeux originaux et superhéros mis à rude épreuve.

Bien sûr, l'intrigue (ou plutôt les intrigues) prime sur tous les autres aspects de la narration, mais Hickman réussit quand même à assurer plus que le minimum pour les personnages. Ils ne se résument pas tous à simplement un joli costume et un nom exotique. Il existe des scènes de transition dans lesquels la personnalité de certains peut s'exprimer, parfois même avec une touche d'humour (le sarcasme sur les couches culottes de Manifold). Ainsi Thor a droit à une réplique remplie d'ironie dans laquelle il relate qu'Odin dit souvent qu'il faut éduquer les enfants (plutôt savoureux lorsque l'on se souvient qu'Odin a créé la personnalité de Donald Blake pour éduquer Thor, son fils). Il est assez amusant également de voir Ex Nihilo transformer son Oméga en un A pour Avengers.

Le lecteur bien immergé dans la continuité Marvel (à la fois de la fin d'année 2013, mais aussi plus ancienne) pourra apprécier à sa juste valeur le travail de détails réalisé par Hickman. Cela va d'Iron Man évoquant sa participation aux Gardiens de la Galaxie, à l'évocation de Galador (planète de Rom), en passant par Abigail Brand et Sydrew (de l'organisation SWORD).

Outre 1 ou 2 hiatus chronologique, Hickman éprouve également quelques difficultés à étoffer le combat stellaire contre la flotte d'extraterrestres de tous horizons. Ces derniers constituent une chair à canon sans visage et sans identité, une armada hostile, sans grande personnalité, un ennemi générique. Il reprend également le schéma artificiel de Thanos arrivant dans l'orbite de la Terre avec sa propre flottille d'invasion, pas forcément justifiée au vu de ses objectifs (comme Starlin dans Avengers vs. Thanos, dans les années 1970). le lecteur ayant réussi à tout assimiler tiquera un peu sur l'intervention un peu trop providentielle de Star Brand, ou sur la disparition inexpliquée de Captain Universe (Tamara Devoux), au cours de l'intrigue. Ces défauts restent des points de détails au regard de l'ampleur de l'intrigue et de sa structure sophistiquée. Hickman réussit même à placer les Avengers dans une position justifiant leur dénomination : ils doivent venger l'univers (pour un motif explicité au cours du récit).

Pour ces 22 épisodes, Hickman bénéficie de bons, voire très bons, dessinateurs. Ils réussissent tous à gérer la distribution pléthorique de personnages, sans erreur de costumes, les rendant tous reconnaissables sans difficulté. Mike Deodato (épisodes "New Avengers") utilise une approche un peu moins dramatisée qu'à son habitude, assez réaliste, transcrivant bien toute la tension liée aux événements, ainsi que l'inconfort de la position des Illuminatis. Stefano Caselli (épisodes "Avengers" 14 à 17) réalise des dessins pleins de force, mais un peu moins détaillés, avec un placement des personnages assez pataud. Leinil Francis Yu (épisodes "Avengers" 18 à 23) réalise des visa0ges marqués générant une forte empathie, avec un placement des personnages lui aussi assez basique. C'est à lui qu'il revient de mettre en scène une grosse partie des combats dans l'espace, ce qu'il fait avec des cases d'illustration ne rendant pas compte des mouvements dans les 3 dimensions de l'espace.

Jim Cheung (encré par Mark Morales, aidé par 6 autres encreurs) dessine les épisodes 1 et 6 de la minisérie "Infinity", les épisodes 2 à 5 étant dessiné par Jerome Opeña et Dustin Weaver. Cheung opte pour un rendu moins sombre que celui de Deodato ou Yu, avec un soupçon de jeunisme qui peut faire penser à Art Adams. le récit ne perd pas pour autant en intensité ou en détail, le spectacle conserve sa qualité d'écran large et d'effets spéciaux illimités. Les dessins d'Opeña se situent à mi-chemin entre ces 2 approches graphiques (celle de Deodato et celle de Opeña), toujours avec une bonne densité de détails et un sens sûr du spectaculaire.

À condition d'avoir conscience que la couverture est un peu trompeuse (Thanos ne constitue qu'une menace parmi 4) et d'avoir lu tous les épisodes des Avengers écrits par Hickman, le lecteur s'embarque pour une aventure grand spectacle, au budget illimité, à la distribution pléthorique, et aux intrigues surprenantes, inventives et pleines de suspense, justifiant pleinement l'intervention d'autant de superhéros.

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- Against the tide 1 & 2 (scénario de Jason Latour, dessins et encrage d'Agustin Alessio pour l'épisode 1, de Rock-He Kim pour l'épisode 2) - La planète Hy'lt Minor est peuplée par des skrulls. Elle subit l'assaut des robots des builders qui exterminent tout être vivant. Silver Surfer intervient dans le conflit et fait tout ce qu'il peut pour sauver un enfant.

En 2013, Marvel a décidé de se lancer dans la recherche et le développement de comics réalisés pour une publication dématérialisée. En fonction de leur popularité, les meilleures histoires bénéficient ensuite d'une édition papier. Ces 2 épisodes sont issus de ce programme baptisé "Infinite comics". Ils n'apportent aucune valeur ajoutée à l'histoire globale d'Infinity, et ne sont guère intéressants du point de vue de l'intrigue. Les dessins ont été réalisés à l'infographie, avec des innovations de texture très sophistiquées. Pour le reste, Alessio et Rock-He Kim masquent l'absence d'arrières plans par des feux d'artifice de couleurs facile à réaliser avec l'outil informatique.

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- le tome se termine avec les 22 couvertures originales, placées en fin de volume car Hickman a structuré son récit avec des transitions dont l'effet aurait été gâché par l'irruption des couvertures de chaque épisode. Il y a également 28 couvertures variantes, parmi les plus remarquables : 6 de Skottie Young (toujours aussi drôle avec ses versions bébés), 1 de Ron Lim (représentant Thanos, comme il l'avait fait il y a des années pour la série Silver Surfer, voir Rebirth of Thanos), 1 de Simone Bianchi. Parmi les couvertures originales, celles de Mike Deodato et celles Francis Leinil Yu sont de toute beauté, avec leur fond noir dramatique à souhait, les personnages semblant lutter pour s'extirper de l'obscurité.

Pour la suite, il ne reste plus au lecteur qu'à se diriger vers les tomes suivants des séries "Avengers" et "New Avengers", toujours écrites par Jonathan Hickman.