Le désarroi et l’instabilité sont devenus les traits caractéristiques de notre époque. Cet ouvrage les prend à bras-le-corps pour repenser le monde social et politique.
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Une analyse du recul de la démocratie libérale et de ses valeurs par quinze intellectuels, qui n’esquisse guère de voies de sortie.
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Les États modernes ne peuvent prétendre protéger et développer leurs économies nationales. En conséquence, nombreux sont les États et les mouvances populistes qui entendent ressusciter leur souveraineté nationale en se tournant vers leurs cultures majoritaires respectives, vers un ethno-nationalisme, en étouffant toute dissidence intellectuelle et culturelle intérieure. Une telle tendance ne saurait surprendre. Pour le dire autrement, la perte de souveraineté économique engendre partout une posture consistant à brandir l'idée de souveraineté culturelle. La culture devient ainsi le siège même de la souveraineté nationale, une telle évolution adoptant des formes très diverses.
Une fatigue de la démocratie, Arjun Appadurai
Pour comprendre la situation actuelle, les politistes usent et abusent
du terme de « populisme ». On accuse le « peuple » de se complaire dans sa
vision étroite, dans ses peurs, dans sa méfiance native pour les élites, dans
son mauvais gout en matière de culture, et surtout dans sa passion pour
l’identité, le folklore, l’archaïsme, les frontières et l’identité — sans oublier
une coupable indifférence aux faits. Il manquerait de générosité,
d’ouverture d’esprit, de rationalité ; il n’aurait pas le goût du risque (ah ! ce goût du risque prêché par ceux qui sont à l’abri partout où leurs miles leur
permettent de voler).
C’est oublier que ce « peuple » a été froidement trahi par ceux qui ont
abandonné l’idée de réaliser pour de vrai la modernisation de la planète
avec tout le monde, parce qu’ils ont su, avant tout le monde, mieux que
tout le monde, que celle-ci était impossible — faute justement de planète
assez vaste pour leurs rêves de croissance sans limite.
in "L'Europe refuge" par Bruno Latour