Les goûts vestimentaires de mon amie l’ont rendue célèbre à l’école. Aujourd’hui, fidèle à sa réputation, elle porte une jolie robe fuchsia, fleurie, vaporeuse, et un collant vert à rayures. Des bottes brunes à talons hauts, une série de bracelets au bras gauche et un bandeau bleu posé sur ses cheveux roux et ras complètent sa tenue... Inimitable et adorable Loulou !
— Oh ! Marie, quelle audace ! me nargue Loulou en montrant du doigt un foulard à mon cou.
Loulou me taquine souvent à propos de mes choix de vêtements : jupe ou jean noir, chemisier ou chandail noir...Or, ce matin, j’ai décidé d’y ajouter une touche de couleur en posant sur mes épaules, par-dessus ma robe-camisole noire, un foulard bourgogne avec de petites fleurs jaunes. Je regrette déjà l’idée, d’ailleurs.
Quand on trouve une situation bizarre, les nerfs ont tendance à en rajouter. On voit tout en noir, on peut même imaginer des choses.
Ma gorge se serre. Il me semble sentir quelque chose dans la pièce, une présence inhabituelle. Je me retourne lentement, cherchant à voir malgré l’obscurité. Je tends la main vers ma table de nuit et je frôle, je frôle. Non, je ne rêve pas, c’est bien de la peau, une main, je crois. Je retire ma main rapidement et je demande :
- C’est toi, Loulou? Tu as décidé de venir me rejoindre?
Mon cœur bat à tout rompre. J’ai du mal à avaler. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Personne ne répond. Je n’ai qu’une envie : hurler, hurler à n’en plus finir. Je répète en me forçant à garder un ton calme :
- Loulou?
C’est un véritable cauchemar. J’entends Loulou crier du salon :
- Me parles-tu, Marie?
Il fait maintenant noir depuis plus d’une demi-heure. C’est l’heure critique. Je laisse mes stores ouverts, j’essaie de me détendre. Difficile en sachant que quelqu’un est peut-être là, tout près, attendant le moment propice pour entrer dans ma chambre. Je tente de me concentrer sur ma respiration. J’ai l’impression d’être un morceau de fromage dans une trappe à souris. Si le plan réussit, je suis sauvée et cette histoire est finie. Mais je cours aussi le risque de me faire dévorer par la souris avant que le piège se referme…
C’est une tactique employée par certains auteurs de lettres de menaces : ils appellent sans cesse, soit pour créer une tension chez leur victime, soit pour s’établir un horaire et savoir à peu près quand la maison est vide. Ils peuvent alors s’y rendre et commettre des actes de vandalisme destinés à donner plus de poids à leurs menaces.
C’est l’heure où les chats rôdent. L’heure où les mauvais farceurs sortent.
Je dois résoudre ce mystère, sinon je deviendrai complètement folle. Je suis toujours sur le qui-vive, j’ai peur quand le téléphone sonne, je vérifie constamment si de nouvelles choses ont disparu. Je dois absolument trouver qui cherche à me faire peur.