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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un peu innocemment, avec un titre comme La chasse au renne de Sibérie, je m'attendais réellement à une scène de chasse dans le nord russe. Bon, je me doutais bien que toute l'histoire ne tournerait pas autour d'une partie de gibier mais, quand même. Et le roman ne se déroule même pas en Sibérie, non. Plutôt, son contraire. Quoique, dans le Caucase, les hivers ne sont pas si chauds.

Reprenons au début. La chasse au renne de Sibérie, c'est l'histoire d'un groupe restreint d'individus qui règnent en maître sur la ville d'Akhtarsk via leur contrôle sur la compagnie AMK, aux ramifications obscures et tentaculaires, allant de l'énergie à la construction d'hélicoptères militaires en passant par des banques. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir – y compris ce qui est illégal – pour garder ce contrôle. Corruption, fraude, magouille, même se débarrasser définitivement de personnes gênantes…. Tant pis pour ceux qui ont une conscience! Quand un des chapitres s'intitule « de l'utilité des accidents de voiture », et on se doute qu'il s'agit d'un accident arrangé, ça donne le ton.

C'est un peu comme lire le parrain, mais sans la famille derrière, l'attachement loyal, les souvenirs de la Sicile avec un décor bucolique, l'excellente cuisine… Bon, là, c'est peut-être moi qui image plus que ce que le roman proposait. Mais vous saisissez.

Bien que cette histoire mette en scène une galerie de personnages récurrents, tout gravite autour de deux hommes. D'abord, le patron Viatcheslav Izvolski. Il est intraitable et irascible, dangereux et déterminé. Ensuite et surtout Denis Tcheriaga. Au tout début, c'est la nouvelle recrue. Je voyais en lui le protagoniste, je voulais/voyais en lui un héros. Oui, il était impliqué dans des magouilles par-dessus la tête mais j'espérais tellement qu'il se repente et qu'il claque la porte. Mais ce n'est pas ainsi que se passent les choses, en Russie. Apparemment. Ceux qui ont une conscience, ils meurent rapidement. Plutôt, Tcheriaga fait preuve d'une grande ingéniosité et gravit les échelons de la compagnie. Ceci dit, la vie est difficile même pour les criminels en cravate. Parfois ils gagnent, quelques fois ils perdent. Mais ils gagnent, le plus souvent. Si ce n'est dans l'immédiat, c'est à long terme.

Ceci dit, à voir la narration se promener entre tous ces personnages, tant ceux de leur camp que d'autre qui ont le malheur de croiser leur route (par exemple, des inspecteurs intègres, parce que, oui, il y en a bien quelques uns), j'avais l'impression qu'il n'y avait pas vraiment de protagoniste. Je ne savais plus trop à quel personnage m'accrocher (à défaut de m'identifier). Il faut dire que, à la base, j'ai de la difficulté à m'intéresser à des personnages criminels.

La chasse au renne de Sibérie, c'est une histoire d'hommes. D'hommes qui ne pensent qu'au fric, qu'au pouvoir. Dans toute cette galerie de personnages, je ne me rappelle que ‘une femme (dont j'ai oublié le nom) et elle est au centre d'une vague intrigue amoureuse. Évidemment, elle n'est pas de la compagnie. C'est d'autant plus étrange que l'autrice de ce roman est une femme : Julia Latynina. Mais bon, peut-être que, réellement, le monde financier et des grandes sociétés russes sont essentiellement (exclusivement?) composé d'hommes.

Pour revenir à Latynina, elle est passée maitre dans l'art de démontrer (dénoncer?) les failles du système économique russe. Elle est journaliste économique alors elle sait de quoi elle parle. Je me demande combien d'heures de recherche, de préparation un pareil bouquin a-t-il pu demander. C'est si précis, si technique. Je glissais rapidement sur des concepts mais je ne doutais pas des informations avancées. Je me demande surtout si l'autrice est encore en vie. Évidemment, les personnages sont fictifs mais, dans sa profession de journaliste, elle a dû bousculer certains individus…. Ce roman est une excellente porte d'entrée à son oeuvre. J'ai lu préalablement la Trilogie du Caucase, qu'elle a écrit par la suite et qui est dans le même genre.

Évidemment, ce n'est pas le genre de lecture qui convient à tous. C'est sombre, très sombre. Il faut accepter que les « méchants » gagnent souvent et c'est démoralisant. C'est après des lectures pareilles que je me considère chanceux de vivre dans un pays comme le Canada (même si je sais que la corruption existe ici aussi). Les informations sont crues et denses et, comme je l'écrivais plus haut, on voit très peu la vie de famille de ces bandits. Tout ne concerne que leurs combines et complots. C'est lourd. Dans tous les cas, ceux qui croyaient que la chute du communisme allait améliorer la situation en Russie peuvent continuer d'espérer…
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Julia Latynina, journaliste économique à l'Echo de Moscou et "connue pour son franc-parler", sait visiblement de quoi elle parle. Actes Sud (Babel Noir) nous prévient en 4ème de couverture : "elle signe régulièrement des articles montrant les liens entre le crime et l'économie". Nous sommes donc ici en présence d'un "polar économique" de 666 pages qui surprend par son ampleur, sa précision et son réalisme, et il ne fait aucun doute que l'expérience et les reportages de la journaliste ont influencé la plume de la romancière.
Les personnages principaux, issus du monde affairiste de la Russie d'aujourd'hui, aux méthodes peu élégantes, voire quasi-maffieuses, n'ont au départ rien pour plaire. Mais au fil de cette histoire qui raconte des combats et des trajectoires personnelles, nous nous attachons aux deux héros Denis Tcheriaga et Viatcheslav Izvolski, qui finissent par se ranger dans le camp des "bons" (ce qui n'avait rien d'évident au départ). Nous suivons également l'évolution de leur relation, un mélange complexe d'admiration, de compétition, d'abus hiérarchique, de fidélité et de complicité.
Izvolski est le grand patron, responsable d'un empire sidérurgique sibérien de premier plan qu'il a bâti à la force du poignet, parfait oligarque qui souhaite tout diriger et maîtriser dans son empire, mais provisoirement mis sur la touche car victime d'un attentat. Tcheriaga le remplace aux manettes, responsable de la sécurité, il connaît ses ennemis mais il a fort à faire pour piloter le navire et prendre les bonnes décisions en l'absence de son patron. Tous les deux sont épris de la même femme, la jolie Irina, une historienne rencontrée par hasard et qui n'appartient pas à leur monde, sur laquelle le puissant et richissime Izlovski a jeté son dévolu.
L'histoire proprement dite est comme une partie d'échecs où chacun pousse ses pions ou ses cavaliers pour protéger son roi, en réfléchissant plusieurs coups à l'avance. On est ici dans la conspiration, la conjuration, la trahison, la manipulation, la désinformation, le tout oscillant entre les astuces comptables, juridiques et financières et les méthodes plus expéditives du crime organisé. Nous sommes parfois noyés dans les démonstrations économiques et parfois dans les bains de sang.
Personne n'est tout à fait blanc ou tout à fait noir dans la Russie d'aujourd'hui, semble nous dire Julia Latynina. En tout cas, il faut se méfier de tout le monde : les politiques et les hommes d'affaires, les banquiers et les industriels, les fonctionnaires, les anciens membres du KGB, les truands et les policiers. Mais, pour s'en sortir, c'est simple : il suffit de connaître les codes, les aspirations et la capacité de tout ce beau monde à retourner sa veste, à accepter la corruption et la compromission, soit pour la déjouer, soit pour la mettre en oeuvre.
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L'auteur décrit un univers noir et corrompu qui nous en apprend beaucoup sur le fonctionnement de l'économie russe.

C'est une étude fouillée et pertinente d'une société russe qui ne sait pas trop où elle va.

Je verrai plutôt ce livre comme un thriller économique où l'auteur propose une analyse financière compliquée où l'on voit que les méthodes employées vont du blanchiment d'argent sale à la constitution d'innombrables sociétés-écrans et off-shore qui permettent l'évasion fiscale.
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Je garde un bon souvenir de ce roman réaliste, violent, sombre, foisonnant, digne de la littérature russe, qui relate les bas-fonds de l'économie russe.
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