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EAN : 9782283026519
204 pages
Buchet-Chastel (04/09/2014)
3.07/5   7 notes
Résumé :
Journal de la chute revisite jusqu’à l’obsession trois catastrophes – trois chutes – qui traversent la quête d’identité du narrateur, un jeune quadra brésilien mal dans sa peau.

Celle du grand-père suicidaire, d’abord, survivant d’Auschwitz exilé au Brésil qui taira jusque dans le secret de son journal l’atrocité des camps. Celle de João ensuite, un jeune goy victime jusqu’au drame des brimades constantes de ses camarades d’une école juive de Porto Al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un homme évoque son père, son grand-père. Il passe en revue leur trois générations avec chacune leurs failles, leurs chutes. D'abord, le grand-père, survivant d'Auschwitz et qui pourtant n'en a jamais parlé jusqu'à son suicide. Son père, malade d'Alzheimer. Et lui-même, un peu perdu dans son identité depuis qu'il s'est ligué avec ses camarades pour lâcher le souffre-douleur de la classe alors qu'ils le faisaient sauter en l'air lors de sa bar-mitzva, et sa lente descente dans l'alcoolisme. Il ressasse ces trois histoires encore et encore, pour comprendre leurs liens, expliquer au final sa propre histoire. Avec toujours ce même motif, la chute, toujours plus bas.

Autant vous prévenir, ce roman a une forme très singulière. Pas d'intrigue, pas de ligne narrative, plutôt un motif décliné sous trois identités, trois histoires liées les unes aux autres, qui ne sont pas vraiment racontées dans l'ordre chronologique mais plutôt celui de la plongée dans l'intériorité du narrateur, comme s'il était hanté, poursuivi par ces chutes à répétition, comme une spirale où l'on retombe inévitablement sur une autre chute. Il y a quelque chose d'obsessionnel, bien sûr, à voir partout ce motif de descente, lente ou brutale, encore et encore, dont il espère toujours retrouver l'origine dans ce qui est réellement arrivé à son grand-père à Auschwitz et qu'il ignore.
Son statut de Juif, de fils de survivant, semble toujours le poursuivre et le questionner, lui revenir dans la figure dans une grande problématique sur le souvenir. On sent, bien souvent, son interrogation sur sa place dans cette filiation: comment se situer face à ceux qui ont vécu l'holocauste? Peut-on réellement vivre normalement avec un tel héritage? Entre le silence du grand-père qui pourtant a laissé tant de journaux avant sa disparition, la mémoire de son père qui disparaît peu à peu, c'est aussi sur un souvenir qui s'étiole que ce livre nous invite à nous interroger.
Cependant, j'ai eu du mal à avancer. Parce que finalement, tout avance assez peu, et cette structure spiralaire qui ne cesse de revenir et ressasser les mêmes événements m'a semblé vraiment lente et a fini par me lasser. C'est très difficile à suivre et je n'ai pas toujours compris où l'auteur voulait en venir. le style lui aussi a de quoi déstabiliser: on trouve parfois de très, très longues phrases décousues dont je ne voyais plus le bout. Tant sur la forme que sur la langue, j'ai eu donc assez souvent du mal à suivre ce journal.
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Cette lecture est pour moi une véritable surprise, un livre qui m'a marqué aussi bien dans sa forme que dans son contenu.

Le journal de la chute aurait tout aussi bien pu s'appeler journal des chutes, car il est en réalité question de plusieurs chutes dans ce livre. La chute physique de ce camarade, celle qui va être l'élément déclencheur de la remise en question du narrateur. Mais aussi ces chutes morales et psychologiques : celle qui conduira son grand-père au suicide, celle de son père face à la maladie d'Alzheimer, et enfin celle du narrateur lui-même.

Ce journal, c'est celui d'un homme juif, la quarantaine, pensant avoir quelque peu raté sa vie. Il entame une sorte d'introspection, se replongeant dans sa propre enfance, mais également dans l'histoire familiale, notamment celle de son grand-père ayant survécu à Auschwitz, mais dont il ne sait finalement presque rien, et qui n'aura jamais parlé de cet épisode de sa vie à quiconque. Même dans son journal, il l'aura tu. Contrairement au père qui lui, n'aura de cesse de rappeler au fiston cette époque tragique vécue par son aïeul. Jusqu'à saturation du fils.
Commence alors pour le narrateur une véritable mise en questions sur lui-même, sur sa famille, mais surtout sur son identité en tant que Juif et petit-fils d'un juif rescapé d'Auschwitz.

Or, quand on évoque Auschwitz, il nous vient quasi automatiquement en tête – au-delà de la barbarie en elle-même – la question du devoir de mémoire. Et à travers les pensées de son narrateur, l'auteur nous propose une nouvelle réflexion sur le sujet. Entre autre, le thème de l'Holocauste n'a-t-il pas été trop matraqué jusqu'à écoeurer ? Mais il se pose aussi la question de ce qu'il restera dans la mémoire collective dans quelques générations, ce qu'il appelle « l'inviabilité de l'expérience humaine ». Ne vous imaginez pas qu'il minimise cet épisode de l'histoire, il n'en est rien. Son histoire personnelle et son expérience sont là pour nous le prouver.



Le style de l'auteur n'est pas compliqué en soi, mais la lecture n'est pas si aisée, notamment du fait que Michel Laub utilise souvent de longues phrases, parfois allant jusqu'à dépasser les 10 lignes. Moi qui d'habitude ne suis pas friande des phrases à rallonge, pour une fois cela ne m'a pas gênée plus que cela. Je dirais même que cela renforce l'intensité du texte : une réflexion qui en amène une autre et ainsi de suite, et qui finalement forme un tout.



Journal de la chute est un roman qui ose poser des questions qui encore aujourd'hui restent en quelque sorte tabou. Des questions qui à mon sens sont très bien résumées dans cet extrait

« Est-il possible que la haine d'un survivant d'Auschwitz entraîne un certain type d'indifférence à l'égard d'Auschwitz, comme si en détestant le survivant, ce qui peut signifier par moments lui vouloir du mal, on en venait à se ficher du mal qui lui a été fait, voire à le prendre à son compte, même si ce mal est celui qui lui a été infligé à Auschwitz ? ».

Michel Laub nous offre ici un roman qui nous laisse beaucoup de questions sans réponses, des réflexions qui vont au-delà de notre temps de lecture, qui obligent à repenser à ce qu'on a lu, bien après avoir refermer le livre.
Lien : http://desliresdestoiles.wor..
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Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chatel pour l'envoi du roman de Michel Laub Journal de la chute dans le cadre de l'opération Masse critique.

Voici ici une lecture, qui a été rapide et qui m'a assez décontenancée. Suite à cette lecture je ne sais pas dire si ce livre m'a plus ou pas. Cependant, ce que je peux dire c'est que dans sa forme ce roman sort de l'écriture conventionnelle.
le roman est partagé en plusieurs sections, avec une écriture fragmentée des bribes de souvenirs de de quelques lignes dont une idée est reprises dans le paragraphe qui suit. en ce sens on a l'impression d'avoir une liste, un inventaire de choses qui paraissent assez éloignées les unes des autres que l'on peut lire avec un certain détachement. mais cette structure d'enchassement témoigne du processus d'écriture du souvenir et en ce sens nous lisons un texte pensé et conçu de façon littéraire. suite à ces fragments il y a des notes beaucoup plus longues et construites d'un seul bloc puis en alternance des écrits en italique faisant penser à une écriture plus instantanée relevant de l'intime et du privé, qui donne beaucoup de véracité et d'authenticité au texte. La syntaxe est aussi très variée puisque on peut lire des phrases ultra simples et d'autres qui peuvent courir sur plusieurs lignes avec l'impression qu'elles sont sans fin. Concernant la temporalité, l'écriture n'est du tout linéaire et chronologique puisqu'on est dans un passé assez lointain puis dans un passé plus proche, on va dans l'avenir et on traverse aussi la grande Histoire, tout ce la peut arriver dans une même page! il faut quand même être bien accroché! beaucoup de qualités et de richesses littéraires mais peut être un peu trop ce qui a enlevé pour ma part du plaisir à cette lecture.
Les thématiques abordées sont riches et en complète adéquation avec cette écriture du souvenir. Puisqu'on retrouve le thème de l'introspection, du souvenir, la question de l'identité, de la filiation, de ce que l'on transmet et ce qui nous est transmis, l'utilisation de l'écriture, la question de la mémoire ce qu'on choisit de dire ou ne pas dire et ses conséquences, le ressenti et les impressions. Et plane au-dessus de tout cela la question de Auschwitz qui permet d'aborder toutes ces questions.
Il est vrai que dans ce texte on est loin des récits témoignages sur la Shoah, mais cela apporte un point de vue intéressant à savoir le poids que ce fait historique a fait peser sur des générations et comment vit-on avec cela. En rapport à cela, j'avais lu un cri sans voix de Henri Raczymov qui m'avait énormément marqué et dont je me souviens encore avec force.
En fait ce manque d'empathie piour les personnages et ce détachement qui m'a suivi tout au long de ma lecture m'a empêché de lire avec attention ce roman et je n'en retiens que la structure littéraire... mais c'est déjà ça!
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