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Critique de gabb


Dans le cercle très fermé des matheux, il y a d'un côté les barbus à lunettes bouffeurs d'équations, et de l'autre il y a Mickaël Launey.

Les premiers, prodigieux surhommes plus ou moins perchés, planent largement au-dessus du reste des mortels et conversent bien souvent en une langue inconnue.
Le second ne porte ni barbe ni lunettes, il parle d'une manière tout à fait intelligible d'un sujet qui par ailleurs me passionne, et à défaut de pouvoir lui remettre la médaille Fields, je suis ravi de lui décerner aujourd'hui la médaille du meilleur vulgarisateur scientifique !

Après l'excellent "Grand roman des maths", le jeune mathématicien-youtubeur français nous revient avec ce fascinant "Théorème du parapluie" (qu'il aurait mieux fallu nommer - de l'aveu même de l'auteur - "formule de changement de base" ou "automorphisme intérieur", mais il parait ça aurait fait un titre moins joli...)
Launey y aborde avec BEAUCOUP DE SIMPLICITÉ des notions qui semblent pourtant ardues au premier abord. Citons entre autres l'étonnante loi de Benford (relative à la distribution contre-intuitive de tous les chiffres qui nous entourent), le miracle des 5 postulats d'Euclide (pure merveilleuse de justesse pendant vingt-trois siècles !) ou de la théorie newtonienne de la gravitation (sacré bonhomme encore que celui-là !), la magie des fractales qui nous entraine dans les méandres de l'infini (vertigineux !), ou la révolution engendrée par les découvertes d'Einstein et les bizarreries de la relativité, des trous noirs et de l'espace-temps...

La première moitié de l'ouvrage, plus axée "maths", m'a franchement emballé ! Aaah, qu'il est bon d'aborder la pensée multiplicative sous un angle nouveau, de réaliser que les mathématiques sont finalement l'expression la plus pure de la Vérité ("les mathématiques ne se trompent pas, mais les humains qui s'en servent peuvent parfois les utiliser de manière inappropriée"), de mettre le doigt sur les petites curiosités de l'algèbre, de flirter avec l'infini ou d'entendre à nouveau parler du délicieux "Mirifi logatihmorum canonis descriptio" (description des magnifiques tables de logarithmes) de John Napier, qui lui aussi avait oublié d'être bête !
Je reconnais en revanche avoir eu un peu plus de mal avec les concepts de physique et d'astronomie de la seconde partie, qui remettent en question les fondements de la géométrique euclidienne (pauvre Euclide, s'il savait...) et nous rappellent qu'il faut souvent se méfier des apparences. Pas évident pour moi de faire le "pas de côté" nécessaire à la parfaite assimilation de ces théories parfois perturbantes et tellement éloignées de ce que nos sens et notre instinct voudraient nous faire croire !

Peu importe, l'objectif de ce livre n'est certainement pas de nous transformer tous en astro-physiciens (vous ne trouverez d'ailleurs dans ces pages aucune formule barbare, juste des petits dessins rigolos !), mais plutôt d'aiguiser notre curiosité, de nous inviter TRÈS SIMPLEMENT - j'insiste ! - à voir le monde différemment et à nous émerveiller devant la puissance des découvertes scientifiques qui ont jalonné l'histoire des hommes ... et plus encore devant la somme faramineuse de tous les mystères qu'il reste à percer !

Contrat à nouveau largement rempli par Mickaël Launey : par son approche très didactique et son ton plein d'humour (sisi, on peut être mathématicien ET drôle !), il pourrait bien convertir à la beauté des maths les plus réfractaires d'entre nous !
Grâce à lui j'ai même compris ce qu'était un disque de Poincaré, quand wikipedia et tous les barbus binoclards ne nous parlent que d'un "modèle de la géométrie hyperbolique à n dimensions où les points sont situés dans la boule unité ouverte de dimension n et les droites sont soit des arcs de cercles contenus dans le disque et orthogonaux à sa frontière, soit des diamètres de la boule."
Épatant, n'est-il pas ?

Pensées spéciales, en guise de conclusion, pour le prof de maths le plus marquant de ma scolarité, qui lui aussi a su transmettre sa passion pour la plus noble des disciplines et dont j'ai appris le décès prématuré l'an dernier.
Cette petite critique est pour lui.
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