Et si un verre de vin vous faisait remonter le temps ?
C'est ce qui va arriver à quatre des habitants d'un immeuble. Bien qu'ils ne se fréquentent pas, des évènements inattendus les amènent à partager une agréable soirée autour d'une bouteille de Château Saint-Antoine 1954. le lendemain, chacun retourne à sa vie et ses occupations quotidiennes, sauf que ça va légèrement déraper : ils ne sont plus en 2017 mais en 1954 !!
Malgré ce saut dans le temps et la présence d'Ovnis (même de très loin !), ce n'est pas un livre de SF à proprement parlé. le peu d'éléments apportés pour expliquer ce phénomène et ses conséquences ne sont pas très plausibles et carrément stéréotypés. Mais ce n'est absolument pas dérangeant car on se rend vite compte que le coeur de l'histoire est ailleurs.
Il s'agit surtout une escapade dans le temps, dans un Paris des années cinquante, sa vie de quartier, de proximité, son ventre (les Halles), ses petits commerces, ses bistrots où se prenaient les nouvelles des uns et des autres et du monde. Nos quatre protagonistes vont même y croiser émerveillés des célébrités telles que Jacques Prévert, Robert Doisneau, Marcel Aymé, Jean Gabin, Edith Piaf, Audrey Hepburn, etc… Ils vont aussi, avec plus d'émotions et de curiosité encore, aller à la rencontre de leur propre histoire familiale, la mémoire de leurs aïeux ou de leurs rêves.
Un livre distrayant mais qui est un peu trop cousu de fil blanc, un peu trop pétri de bons sentiments aussi. Mais j'ai apprécié son petit cachet suranné, cette atmosphère nostalgique d'une époque où l'on prenait le temps de se parler, de vivre, de s'entraider, même si cette image a tendance à être enjolivée, comme un souvenir lointain dont on aurait conservé que le meilleur peut être.
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A Paris, quatre personnes qui ne se connaissent pas , (ou à peine ), vont ouvrir une bouteille de vin, millésime 1954, et vont se trouver propulsés à cette époque sans savoir comment revenir à la leur...
On a Hubert, propriétaire d'un appartement depuis plusieurs générations, dans le même immeuble ; immeuble où Julien (jeune barman) vient d'acheter,où Magalie tient une boutique de restauration de porcelaine et où Bob,( touriste américain), est locataire, pour quelques jours , d'un appart Airbnb.
C'est l'occasion pour l'auteur de nous offrir une ballade dans le Paris des années 50. Bistrots, le "ventre de Paris "avec les Halles et son patois, ses personnages. On y croise, Gabin, Piaf , Audrey Hepburn,
Nostalgie, nostalgie, camarade ...
Il se dégage de ces pages une certaine atmosphère, un petit côté charmant, de l'ordre du : " C'était mieux avant"... (Les gens étaient plus polis, les hommes plus galants, les rues plus sûres.)
C'est un roman qui fait penser aux films : Les Visiteurs (pour le voyage dans le temps), à La Soupe aux choux, (pour les OVNIS) . le ton est sympathique et pourtant...
Pourtant, je ne suis pas enthousiaste, (mais c'est personnel, je ne suis pas fascinée par Gabin, Piaf etc...) Il y a quatre personnages , et beaucoup d'autres croisés, trois "voyages ", et je n'ai pas eu le temps de "rentrer" dans l'histoire, m'imprégner, aimer les personnages. J'aurai aimé que ce roman soit plus long...
Mais Antoine Laurain maîtrise son sujet, il est très bien documenté sur l'époque, son écriture est soignée , rien à reprocher , et pourtant...
Pourtant, je suis passée à côté de cette histoire. C'est une question d'affinités ...
Je suis sure que cette histoire serait parfaite adaptée au cinéma. Elle dégage une vraie atmosphère, un peu comme celle d'Amélie Poulain... le genre de vision de Paris et de la France dont sont extrêmement friands les étrangers. (Cette réflexion n'étant absolument pas péjorative)
Millésime 54, c'est de l'ordre du "Merveilleux", du conte pour ( grands ) enfants. C'est un livre qui se "voit" , plus qu'il ne se "lit"...
Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge Multi défis.
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- Devinez qui vient de téléphoner ? répéta-t-il, et la femme sursauta.
- Mon ami ! Prévenez ! s’exclama-t-elle en posant sa main sur sa poitrine.
- Le cousin Léonard… annonça fièrement André Larnaudie en passant deux doigts derrière son gilet.
- Votre cousin du Chili ? fit-elle stupéfaite.
- Lui-même, ma chère, le mythique Léonard, le millionnaire ! poursuivit-il d’un air gourmand. Il est de passage à Paris et demande les clefs de son appartement.
- Mais pourquoi cela ? Pourquoi maintenant ?
- Diable, pourquoi pas ? fit André Larnaudie, il a beau être parti depuis vingt-quatre ans, c’est toujours chez lui.
- Et il ne paye aucune charge de l’immeuble, je vous le rappelle, mon ami, fit sa femme pincée.
André Larnaudie haussa les épaules, sortit sa blague à tabac et bourra sa pipe.
- On ne demande pas ses charges de copropriété à un millionnaire… fit-il en craquant une allumette.
- Ha, tiens ? Et qu’est ce qu’on lui demande alors ? répliqua-t-elle avec arrogance.
- Des tuyaux en bourse ! explosa André Larnaudie. Vous croyez que je vais lui rappeler les quelques milliers de francs qu’il doit au syndic comme le dernier des usuriers ? Le dernier des gagne-petit ? … Je suis un Larnaudie et je vais parler avec lui d’égal à égal, fit-il en se rengorgeant, puis il aspira le feu de son allumette par le fourneau de sa pipe et tira une large bouffée tout en se dirigeant vers la fenêtre. - Je veux savoir comment ce traîne-savates, a pu faire fortune de l’autre côté du globe tandis que nous moisissons ici.
(p124)
Page 183
Il y avait un trésor, dit Hubert d’une voix blanche en contemplant le tunnel.
L’ouvrier africain s’approcha de lui et lui dit doucement : Il n’y a jamais de trésor…
Hubert leva les yeux vers lui.
Le trésor c’est toi, toi dans ta maison, tu comprends ? dit-il en posant la main sur l’épaule d’Hubert. Moi, je viens d’un pays en guerre, pour faire des trous chez toi. Je n’ai plus de maison, peut-être même je n’ai plus de pays. Tu comprends ? Le trésor, c’est la vie. C’est le balcon de ta maison où tu regardes le ciel bleu, c’est ça, le trésor. Il n’y a pas d’autre trésor.
Hubert le regarda longuement, puis hocha la tête en fermant les yeux. Vous devez avoir raison, dit-il faiblement et il posa la main sur son épaule, il n’y a pas d’autre trésor. – Non il n’y a pas, fit l’Africain en secouant la tête. Rentre dans ta maison, reprit-il, pense à moi qui suis en bas et regarde le ciel bleu pour moi.
Hubert acquiesça puis s’éloignant vers le trou et disparut dans la pénombre en levant le bras en guise d’adieu.
Page 162
Le père la soucoupe (arrière grand-Père de Julien) et Julien ouvraient la marche que fermaient les chiens.
J’ai tellement entendu parler de toi lui dit Julien. – A cause de la soucoupe ? Tout le monde s’est payé ma tête. J’aurais mieux fait de fermer mon bec, mais tu verras ce soir si c’est des fables.
Puis julien se fit un devoir de lui expliquer qui était qui dans la famille, qui avait eu des enfants – il omit de lui dire que ses parents avaient abandonné Charmally-les-Vignes et que désormais plus personne ne vivait là. Mais le père la soucoupe ne s’intéressait guère au futur. Les quelques indications sur l’année 2017 le laissèrent sceptique. Principalement le smartphone. On téléphone pour dire qu’on va arriver, avait tenté Julien. – Pour quoi faire ? On le verra bien, quand tu seras là, non ? lui avait répondu son aïeul en haussant les épaules. – On peut prendre une photo, d’un cerf dans la forêt, par exemple, et l’envoyer à quelqu’un. – Et pour quoi faire ? Tout le monde sait comment c’est fait, un cerf, non ? – Pour savoir ce qui se passe dans le monde. – Y a donc plus de bistrot et de journaux au comptoir ? Julien se heurtait chaque fois à une réponse pleine de bon sens qui le laissait désarmé.
C’était comme un rêve. Un rêve d’une précision surelle. Les voitures stationnées dans la rue, les gens, les commerces, tout était à la même place et rien n’était plus à sa place.
(p99)
Mais le père la soucoupe ne s'intéressait guère au futur. Les quelques indications sur l'année 2017 le laissèrent sceptique. Principalement l'usage du smartphone. On téléphone pour dire qu'on va arriver, avait tenté Julien. - Pour quoi faire ? On le verra bien, quand tu seras là, non ? lui avait répondu son aïeul en haussant les épaules. - On peut prendre une photo, d'un cerf dans la forêt, par exemple, et l'envoyer à quelqu'un. - Et pour quoi faire ? Tout le monde sait comment c'est fait, un cerf, non ? - Pour savoir ce qui se passe dans le monde. - Y a donc plus de bistrot et de journaux au comptoir ? Julien se heurtait chaque fois à une réponse pleine de bon sens qui le laissait désarmé.
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