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EAN : 9782869599697
184 pages
Arléa (12/01/2012)
4.15/5   13 notes
Résumé :
Syndrome de glissement : détérioration rapide de l’état général d’une personne âgée. En choisissant Les Mouettes, une maison de retraite de la banlieue parisienne, Madame Julienne, 85 ans, espérait finir sa vie sereinement. Or, ce n’est pas le cas. Elle découvre aux Mouettes le tragique ordinaire des maisons de retraite et, malgré sa révolte et sa vitalité, elle se sent peu à peu niée, gommée, piégée. Impuissante face à sa vieillesse et celle des autres pensionnaire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le syndrome de glissement, qu'il soit dans ce livre ou à 10 kilomètres de chez moi, c'est le cerveau qui dit stop. Qui dit non. Qu'il faut en finir avec ces journées grises sans visite, sans sourire, à s'épancher dans des langes parce que le temps n'est pas à la patience ni à la dignité, parce que le présent s'est fait grignoter toutes ses chances au profit d'un passé qui lui non plus ne tiendra pas très longtemps.

Les vieux, n'ayons pas peur de ce terme qu'on censure aujourd'hui, si leur mémoire flanche, si leur dépendance devient totale, si leur dignité est bafouée et muselée, nos vieux s'éteignent, refusent le combat d'une journée de plus sans saveur. On oblige les vieux à vivre malgré qu'ils ne soient plus dignes d'être vus, touchés, embrassés, qu'ils ne soient plus que rebuts, allez bon, tenez-vous figés dans votre lit, taisez-vous. Vous ne savez plus respirer, on vous fourre des tuyaux à oxygène par vos orifices et on vous attache aux barreaux du lit comme un animal enragé pour vous éviter d'arracher vos fils. Il ne reste que les yeux quand ils s'ouvrent quelques secondes pour comprendre la détresse. Ces yeux rouges de fièvre, de fatigue, d'une vie trop longue. Oui pour certains, la vie ne tient plus que sur une chaise roulante reliée à des batteries et les fantômes rôdent et murmurent dans le noir, taisez-vous, vivez mais taisez-vous.

La société n'a rien prévu pour nos vieux sans famille, ni pour ceux qui flanchent de la mémoire, ces fous de pacotille qui un jour de leurs mains jeunes et fortes ont bâti seuls leur propre maison. Maisons de retraite, EPHAD et consorts, c'est le dernier couloir avant la mort. Vous y arrivez souriants, debout, la bouche grand ouverte, vous terminez édentés, la bouche cousue, un trou au milieu des fesses à force de pourrir dans vos crasses.

Et bien sûr il faut rester vivants. Indignes mais vivants.

Jusqu'au jour de trop où le cerveau joue au plus malin. Pour une fois, lui qui a tout perdu, tout laissé derrière, il se réveille enfin pour que le corps glisse et glisse jusqu'au point de non retour. Ils sont tant à ne pas savoir qui leurs yeux verront pour leur dernier souffle.

« Je ne crois ni à Dieu ni à diable, ai-je dit pour terminer, mais je crois à l'enfer sur terre. La vieillesse est une « saison de grande misère » »

Plutôt qu'une critique du livre d'Elisabeth Laureau-Daull, cet avis est une cacophonie à genoux, poings serrés et larmes à bout de tout, d'une lecture forte exposée à une réalité personnelle qui me déchire le coeur en lambeaux.
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Derrière ce titre un peu technique et pas très vendeur, se cache un très joli livre qui ne peut laisser indifférent. le thème est proche de "Et puis, Paulette..." dont je vous ai parlé l'autre jour, c'est à dire le troisième âge et même la vieillesse ( à croire que je suis addict aux récits traitant de maison de retraite, de maltraitance des anciens ). Cependant, ici, le traitement et le regard de l'auteur sont complètement différents. Pas de guimauve ni de conte pour vieux, de l'humanité, beaucoup, mais aussi un réalisme qui dérange et fait réfléchir.
Julienne, quatre-vingt-cinq ans entre dans la maison de retraite "Les mouettes". Fringante, encore pleine d'énergie, elle tient sur son vieil ordinateur son journal de pension. Elle décrit son quotidien, les personnes qui l'entourent, aussi bien les pensionnaires que le personnel d'encadrement, le tout avec un délicieux petit humour décalé. Elle ne mâche pas ses mots et choquée par ce qu'elle observe, commence même à inoculer un léger esprit de révolte à ses nouveaux amis. Seulement, le personnel soignant veille et va tout faire pour mâter la rebelle. Et quand l'âge s'en mêle aussi, le combat est loin d'être égal.
La construction de ce roman, pas du tout alambiquée, alterne le présent et le passé. A mesure que le portrait de Julienne devient de plus en plus précis, son présent va déclinant. A cause de la maison de retraite, elle va connaître le syndrome de glissement, c'est à dire les absences, l'oubli, la perte de contrôle, la somnolence entrecoupée de repas. "Je ne parle plus, j'oublie ma toilette et je suis pleine de larmes".
Raconté comme cela pourrait faire croire que c'est un livre terriblement glauque et sinistre. Dire le contraire serait faux, mais l'écriture de l'auteur emporte ce livre au-delà. L'humour est toujours présent, décalé parfois, grinçant aussi. C'est l'humour de ceux qui savent que des combats se mènent aussi par la dérision. Julienne, même quasi grabataire, ira jusqu'au bout de sa révolte. C'est ce sentiment qui court tout le long de ce roman et qui lui donne cette force mais aussi cette émotion.
Cela aurait pu s'appeler "On achève bien les vieux" ou "Nuit et brouillard".
la suite sur le blog

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« le passé est la promenade des vieux. Une promenade immobile. Un rêve éveillé. »
« Je ne suis vieille que dans le regard des autres, pas dans le mien. »
S'il ne faut absolument pas prendre pour monnaie courante les faits rapportés dans ce roman, ce dernier a le mérite de lever un tabou, et de dénoncer des comportements qui ne devraient plus être.
Julienne est une dame âgée, tout ce qu'il y a de plus intellectuellement intacte, mais dont le caractère est bien trop fort et le désir de vivre bien trop puissant pour convenir à l'encadrement de la maison de retraite. Elle paiera très cher pour avoir usé de son droit élémentaire à la parole, à la liberté au sein de l'établissement dont elle est pensionnaire.
Comment par des brimades, incivilités répétées, mesquineries, et finalement la négation de l'humanité de chaque personne, on arrive à briser le petit souffle de vie qui reste à Julienne pour la faire rentrer dans un moule qui n'a jamais été le sien.
Julienne est dynamique et a l'esprit tourné vers l'avenir ; et c'est dans cette optique qu'elle va créer son petit groupe de parole, écrire son journal. Tout cela dérange, et Juliette aura tôt fait se faire cataloguer de gâteuse, et de se faire enfermer dans une unité spécialisée, où elle finira par se laisser aller par manque d'égard pour ce qu'elle est. Car Juliette, c'est quelqu'un. Tour cela, nous l'apprendrons par petites touches entremêlées avec le présent de plus en terne qui sera le sien aux Mouettes.
La révolte de Julienne devient la nôtre. Son humour est grinçant, caustique. L'écriture d'Elisabeth Laudreau-Daull donne une once de légèreté pour un sujet lourd et grave qui a su éveiller en moi un certain nombre de chose, et surtout beaucoup m'interroger.



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Un livre lu en 2012 dans le cadre d'un partenariat entre les éditions Arléa et News Book. Merci à eux.

Un livre coup de poing.

Julienne, une vieille dame de 85 ans, nous emmène dans un voyage dont on ne revient pas indemne. L'histoire débute par son déménagement dans une maison de retraite. Sans famille, elle a décidé qu'il était temps de prévoir son avenir ou tout du moins sa fin de vie.

Son entrée dans cette maison de retraite va effectivement être une nouvelle vie et une découverte... mais pas forcement celle qu'elle attendait.

Avec Julienne on découvre deux univers. Celui de cette maison de retraite : un monde parallèle où les personnes âgées perdent leurs droits, le respect voire même leur liberté. Et en parallèle, elle nous fait découvrir sa vie, sa famille où les hommes n'ont pas de place et certaines femmes beaucoup trop.

Dans un permanent va et vient qui donne le tournis, le passé et le présent se mélangent. On assiste impuissant à la descente de Julienne. Et en refermant ce livre on se demande. Est ce partout pareil? Est ce que l'on peut faire quelque chose? Et en fait c'est peut être un rappel pour ceux qui ont des personnes âgées dans leur entourage / voisinage.

Le titre fait référence à une pathologie connue chez les personnes âgées.

Ayant été vraiment prise par l'histoire, je n'ai pas grand chose à dire sur le style...

Bref un livre à mettre entre toutes les mains de ceux qui pensent qu'ils seront jeunes - indépendants - à l'abri toute leur vie. Un livre à faire lire à nos politiciens qui parlent de la dépendance...

Bonne chance à Elisabeth Laureau-Daull dont c'est le premier roman.
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C'est l'histoire de Julienne, une femme de 85 ans, qui vient d'entrer aux Mouettes, un EHPAD de la région parisienne. Elle souhaitait y finir sa vie tranquillement, sereinement. Mais voilà, ça ne va pas se passer comme ça. Elle va rencontrer un personnel hostile, infantilisant, des personnes âgées perdues, malheureuses, mais résignées.

Pour s'en sortir, elle décide d'écrire son journal, dans lequel elle consignera la vie quotidienne à la maison de retraite mais aussi sa vie passée entre sa grand-mère Adélaïde et sa mère qui ne l'a jamais aimée.

Les chapitres alterneront entre vie passé et vie présente, se faisant écho, sans concession.

Ce livre aurait dû me toucher, aurait dû m'emporter entre ses lignes. J'ai tellement ressenti ce qui est écrit dans ce roman en rendant visite à celle que j'ai tant aimé…

Mais voilà, je suis restée en dehors de cette histoire. Je n'ai pas été émue. Je n'y ai pas cru. Trop de lieux communs énoncés sur ces lieux de misère, trop de personnages caricaturaux, aussi bien chez le personnel que chez les personnes âgées. Et tous les passages concernant sa vie passée avec sa grand-mère m'ont paru factices.

Est-ce l'écriture qui m'a donné ce sentiment ? Je pense que l'auteur dit trop, ne suggère pas assez. Il n'y a assez pas d'images, pas de subtilité. Souvent, dans la littérature, une image suggérée est plus forte que des faits dénoncés !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
C’est une erreur de croire qu’il y a trois et même quatre âges. Il y en a deux : la jeunesse et la vieillesse. La vie et la non-vie. On passe de l’une à l’autre brutalement et l’on se retrouve naufragé sans avoir vu le bateau couler.
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Je suis venue pour voir, et je vois. Enfin, je vois la partie émergée de cette misère. Même constat partout : l’hygiène est négligée, les draps sont souillés, les cheveux pas peignés, les ongles pas coupés. Un monde abandonné...
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Comment être hors d’atteinte de tout ? On prétend qu’une fois le vide fait autour de soi la vie ne fait plus mal, qu’elle ne fait rien du tout. C’est faux...
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« Ce qui m’inquiète, Madame Julienne, c’est de ne pas savoir dans quels bras je mourrai, qui mes yeux verront en dernier... »
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Je n'ai évidemment pas toujours pensé de la mort ce que j'en écris aujourd'hui. Je me souviens, j'avais treize ans à peine, Mémé m'avait offert un livre d'art qui recensait les plus illustres des vanités. Les tableaux d'un certain Renard de Saint- André en particulier, un peintre dont je n'avais jamais entendu parler. Enfoncez- vous bien cela dans la tête, semblait dire un tous ses crânes aux orbites creuses, à la mâchoire édentée ou démantibulée, voilà ce que vous serez quand vous n'y serez plus. Le brocard et le taffetas sur lesquels ils étaient posés, le livre et la partition de musique contre lesquels ils étaient appuyés renforçaient encore le message et l'allégorie...Je découvrais avec terreur que tout était vanité, je comprenais que tout était fini avant de commencer, et que j'aurais beau projeter et faire, croire, et aimer, voilà ce que je deviendrais, os et poussière, voilà ce qui resterait de ce que j'étais.
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