Le désir veut conquérir et l’amour veut retenir. Le désir, c’est avoir quelque chose à gagner, et l’amour quelque chose à perdre.
La seule façon de se sortir d'une histoire personnelle, c'est de l'écrire.
Marguerite Duras
Pour les gens comme moi, Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l'attente, on ne peut pas faire son deuil d'une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s'accroche aux présences factices qui hantent la Toile, au lieu de se déliter on se relie.
Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s'est passé, vous n'en êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu'on rate. On ne reprise pas les draps déchirés.
La vie m'échappe, elle me détruit, écrire n'est qu'une manière d'y survivre – la seule manière. Je ne vis pas pour écrire, j'écris pour survivre à la vie. Je me sauve. Se faire un roman, c'est se bâtir un asile.
Les hommes mûrissent les femmes vieillissent.
L'amour, c'est rester alors qu'on pourrait s'en aller.
Ça me rappelle ce passage terrible dans Belle du Seigneur... Albert Cohen a créé ce personnage emblématique du mâle, Solal, qui compare la rivalité des hommes auprès des femmes à un combat de babouins : les babouins se battent pour une femelle, et c'est le plus fort qui gagne, et le plus fort c'est le plus grand, et celui qui a les dents les plus belles. Qu'il lui manque dix centimètres ou un dent de devant, et c'en est fini du désir, fini de la grande histoire d'amour ! Cohen nous fait passer pour des idiotes, nous les femmes, mais est-ce que les hommes ne sont pas pires, infiniment plus dépendants encore de notre beauté, de notre apparence ?
Il n'y a jamais eu de grande différence pour moi entre le désir et le désir d'écrire - c'est le même élan vital, le même besoin d'éprouver la matérialité de la vie.
Je préfère l'angoisse à l'oubli, quand on est malheureux, il vaut mieux le savoir, vous n'êtes pas d'accord ?