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3,5

sur 640 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Captivant, drôle, féroce, brillant, incisif, habile, multiple, surprenant, mais aussi réfléchi, lucide et diablement bien construit. Bref, ce roman est un bijou de narration et de réflexion à entrées multiples et héroïne déroutante.

J'avoue, il m'a été difficile de lâcher le livre une fois le récit commencé. La tension y est palpable en permanence et la succession de plusieurs « histoires dans l'histoire » maintient l'intérêt jusqu'au bout.
A l'heure de la cinquantaine, Claire Millecam ( inversion de Camille ! ) doute. Elle doute de son amant, de son pouvoir de séduction, alors elle décide de s'inventer un profil Facebook fantasmé. Plus jeune et donc plus belle…elle séduit virtuellement mais pour de bon l'ami en voulant surveiller l'amant.
L'imbroglio commence avec son cortège de faux-semblants et mensonges, et le piège ne tarde pas à se resserrer dangereusement autour de Claire, une femme déboussolée, en apparence.
Voilà pour le début de l'intrigue !

Réflexion sur le temps qui passe, vertige du sentiment amoureux, désir d'une femme qui ne veut pas renoncer à vivre tout simplement. Oui, « Celle que vous croyez » c'est bien tout cela, mais pas seulement. La plongée dans les mondes virtuels qu'ils soient connectés ou romancés est passionnante et savamment imbriquée :
« Nous inventons tous notre vie. La différence, c'est que moi, cette vie que j'invente, je la vis. »

Invention de l'auteur, réalité autobiographique si tendance ? Où se trouve la vérité ? Ce sera bien sûr celle que vous croirez, même si on ne peut éviter de se poser la question au cours du récit, car « Se faire un roman, c'est se bâtir un asile. »
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Cela commence par des confidences sur le divan. Celles d'une femme mûre, qui n'accepte pas volontiers de renoncer aux privilèges de la jeunesse, et en particulier à la séduction. Notre époque offre l'avantage de se construire des profils rêvés et aussi virtuels que sublimés. Mais la démarche de la narratrice est encore plus tordue que ça puisque le but initial avoué lorsqu'elle se crée un faux profil Facebook pour entrer en contact avec Jo, est de surveiller les agissements de son ex, Chris, avec qui il est ami. Jo, Chris, Jocrisse, ce n'est pas un hasard, si?
Sauf que Jo mord vraiment à l'hameçon et tombe raide dingue de la jeune brune sexy avec laquelle il croit échanger. de quoi péter les plombs que l'on soit grugeur ou grugé…

Rupture de narration avec la deuxième partie, qui donne la parole au psy qui recueillait les confidences de notre cyber-cougar, et qui avait dû faire l'impasse au cours de ses études sur le sujet du contre-transfert…

La construction est fort habile, car le discours discrètement délirant de la narratrice distille peu à peu les éléments d'une histoire machiavélique qui dépasse rapidement les acteurs, et les conduit à improviser des parades qui elles mêmes….. « Celui qui dit un mensonge ne prévoit point le travail qu'il entreprend ; car il faudra qu'il en invente mille autres pour soutenir le premier » dit Alexander Pope. A ce petit jeu là, rien d'étonnant que l'on soit dépassé par les événements.

La déstabilisation est un petit jeu qui semble convenir à l'auteur qui met en scène dans un troisième volet, une autre femme, qui exerce le métier d'écrivain, et anime des ateliers d'écriture dans l'établissement spécialisé qui accueille la narratrice……

Les personnages de ce drame psychologique sont ambigus à souhait, et c'est autour leurs fragilités qui s'élabore une intrigue psychologique assez envoutante.


Si l'on en croit Anatole France le mensonge  est un subterfuge qui apporte de la fantaisie aux hommes :  

« J 'aime la vérité. Je crois que l'humanité en a besoin ; mais elle a bien plus grand besoin encore du mensonge qui la flatte, la console, lui donne des espérances infinies. Sans le mensonge, elle périrait de désespoir et d'ennui ».

Et bien, quand Camille Laurens se saisit du procédé, on peut lui donner raison, car on ne s'ennuie pas une seconde sur ce court roman, bien écrit et captivant.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Alors là c'est même plus une mise en abyme c'est… un kaléidoscope («Labyrinthe et kaléidoscope sont les deux images que je cultive», réflexion récurrente de Camille Laurens que l'on pourra noter au hasard de ses interventions).

Celle que vous croyez est un kaléidoscope en effet, une intrigue à entrées multiples, variation sur un même t'aime, savoureux dédale émotionnel, vertigineuse manipulation des personnages, des situations et (subséquemment) du lecteur. Une fiction originale, subtile et riche, un jeu de miroirs et d'identités qui assemble avec virtuosité les thèmes gigognes du désir, de la création littéraire, de l'ambiguïté du virtuel et de la "fictionnalisation" de soi (liste non exhaustive puisque riche la fiction j'ai dit, souviens-toi).

Un roman protéiforme donc, auquel il faut s'abandonner, se laissant manoeuvrer, manipuler, porter, libre d'interpréter ou de faire sienne une ou chacune des variations proposées, sans tomber dans l'erreur primaire de réduire cette oeuvre à un stéréotype féministe et pleurnichard.

Soit dit en passant, ami(e) babelionaute, et puisque c'est aussi le propos, n'oublie pas de rester vigilant quant aux mystifications virtuelles manifestement légion sur les réseaux sociaux. Ici même l'on évoque le cas d'une adolescente alto-séquanaise analphabète se faisant passer pour une respectable nonagénaire bibliophile originaire d'Amérique du Sud, c'est pour te dire…


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Claire, Marc, Camille, Jo, Chris, Katia. Qui sont-ils ?
Bel imbroglio grâce au talent de l'auteur qui nous parle à travers eux de folie, d'écriture, de littérature, de relations hommes-femmes, d'amour 'virtuel', de désir, de sexe, de manipulation, de mensonge.
Et surtout de vieillissement féminin. de l'image d'une femme à la veille de la cinquantaine, de SES images, même : celles qu'elle a d'elle-même, celles qu'elle donne, celles qu'elle veut donner, celles qu'elle croit pouvoir donner via des leurres comme le net...

Plusieurs parties dans ce roman, quatre témoignages essentiellement.
J'ai été charmée par le premier récit, par la voix de Claire, pas si claire, justement. On se doute que c'est un mirage, elle ne dit pas tout, elle ré-écrit l'histoire, elle (se) ment. Qu'importe ces faiblesses et ce dont on peut la suspecter ; cette femme touche par sa vivacité, son intelligence, son humour - ses jeux de mots, ses blagounettes, sa manière d'interpeller son psy sur ses lacunes en littérature.

J'étais tellement bluffée que j'ai jailli de ma couette après 80 pages pour remercier Lolokili dont le billet m'avait intriguée et appâtée. Contente de cet enthousiasme, la brunette colombienne m'a prévenue : « Reste attentive parce que ça se complique un peu au fur et à mesure qu'on avance... »
-> Lol & ok, Lolok, bien reçu, je relâche pas, d'ailleurs j'attends demain pour continuer. Je vais soigneusement récapituler les données à mi-parcours avant d'écouter une autre version de l'histoire de Claire, celle d'un homme, du psy, puis encore une autre, et une dernière...

« Ça se complique un peu », qu'elle avait dit, Lolo ! Oh... t'es mimi, Lolo, mais plus tu lis les mots de Camille Laurens, plus c'est méli-mélo, un vrai casse-tête.
Tous ces noeuds et rebondissements sont peut-être excessifs, j'aurais aimé que l'auteur s'arrête un peu plus tôt, dans ce jeu de miroirs avec mises en abyme - effet 'Vache qui rit' en puzzle 3D, mouvant comme un kaléidoscope croisé avec un Rubik's cube.
Je me suis néanmoins régalée grâce au suspense et aux réflexions brillantes de l'auteur qui méritent souvent qu'on s'y arrête, alors qu'on a envie d'avancer très vite pour comprendre qui a fait quoi...

Le vertige est comparable à celui ressenti avec 'D'après une histoire vraie' de Delphine de Vigan - aussi bien pendant la lecture qu'une fois le livre refermé.
Il subsiste des zones d'ombre, alors comme Lolo, je me dis que je relirais volontiers tout le roman, tout de suite, d'un autre oeil, en sachant que... mais en n'étant pas sûre d'avoir bien compris si... et pour mieux en savourer les subtilités.

• De Camille Laurens, j'ai lu et beaucoup aimé 'Dans ces bras-là', à sa sortie, en 2000.
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Et voilà encore des gens tordus !
Décidément, après « Mon mari » de Maud Ventura, me voilà lancée dans cette histoire de femme autour de la cinquantaine larguée par son amant pervers narcissique et se créant un faux profil Facebook avec une photo de femme beaucoup plus jeune pour le surveiller à travers ses contacts, dont le fameux « Chris ». Et puis les faits s'enchainent, et elle perd le contrôle. Enfin, est-ce elle ou l'auteure, qui s'octroie le plaisir d'intervenir, sans toutefois être très claire (et là, c'est un jeu de mot tout à fait fortuit, puisque la femme s'appelle Claire) ?

Ce roman s'emberlificote dans des liaisons dangereuses et fausses dont l'imbroglio est maintenu fermement par une construction en béton. L'auteure s'amuse, ça c'est certain, et moi aussi, je me suis régalée !
D'autant plus que la narratrice est très féministe, et elle nous sort des envolées sur la condition de la femme, tout à fait exactes, de surcroit, notamment sur son image véhiculée par les hommes. Réflexions aussi sur la "vieillesse" de la femme, jubilatoires.

3 narrateurs : Claire, le psychiatre, Camille.
3 points de vue vraisemblables et compréhensibles.
3 personnages voulant agir en manipulant ou en divulguant la vérité.

1 lectrice enchantée : moi.
Mais suis-je celle que vous croyez ?
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Utilisant le procédé littéraire de la mise en abîme , Camille Laurens réussit le pari d'un livre à la fois vertigineux et ingénieux, ludique et désespéré , pamphlet féministe et roman à suspens .

Claire , ( divorcée , prof d'université de 48 ans ) crée un faux profil facebook pour surveiller son amant ( Jo ) qui lui échappe . Sur la toile , elle est Claire Antunès , 24 ans qui bosse dans la mode . La photo de profil est empruntée à Google , à moins que ce soit celle de sa nièce Katia , laquelle s'est suicidée .
Grace à cette identité , elle devient "amie" virtuelle du meilleur pote de Jo : Chris avec lequel elle entretient une relation amoureuse platonique par écrans interposés . Hélas , la vraie Claire va se prendre au jeu . Comment va t'-elle faire pour rencontrer "en vrai " l'objet de son amour et se faire aimer en retour ?
On se doute que cette histoire n'aura pas de happy-end , car dés la 6° page nous sommes au beau milieu d'un entretien entre Claire et son psychiatre , dans un hôpital , lieu où nous rencontrerons Camille , l'auteur de ce livre qui elle aussi ...

Alternant plusieurs versions de cette même histoire, comme un jeu de poupées russes , ce roman alterne aussi plusieurs styles d'écriture . Il commence par une déposition dans une gendarmerie , ( sorte de logorrhée , de "diarrhée" verbale , sans ponctuation ni majuscules ), puis enchaîne plus classiquement avec des récits sur la toile, des lettres ou des écrits raturés envoyés par l'auteur à son éditeur .
Ce jeu de miroirs entre le réel et le virtuel , cette mise en abîme du travail de l'écrivain fait réfléchir sur la condition des femmes dans le monde et la place accordée aux femmes ,passée la date de péremption (!) que Camille Laurens (ou la société ) fixe à partir de 50 ans ...

Ce roman est une formidable démonstration du travail de l'écrivain, de son immense talent et n'est pas sans rappeler celui de Delphine de Vigan "D'après une histoire vraie " ou les mises en abîme de Joël Dicker dans "La vérité sur l'affaire Harry Quebert " (sans le coté policier).
Aucun personnage ne sera celui que vous croyez.
Etourdissant !
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"L'amour est un roman que quelqu'un écrit sur vous. Et réciproquement". de là à dire que nous sommes tous des romanciers en puissance, il n'y a qu'un pas que Camille Laurens franchit avec une jubilation palpable et une liberté revendiquée. S'amusant à brouiller les pistes, à sans cesse renouveler l'histoire avec les mêmes ingrédients. Tout en assénant quelques vérités bien senties que l'on a toutes envie d'applaudir, tellement c'est bien vu.

C'est donc à un roman multi-facettes que nous avons affaire... Qui traite à la fois du tragique de la femme de 50 ans qui se voit soudain signifier sa date de péremption, de l'inanité des relations humaines envahies par le virtuel mais également du désir et de l'écriture. Ce monde virtuel qui augmente nos capacités à brouiller et à transformer le réel, quelle matière idéale pour un romancier !

Il y a donc une Claire (pas très nette, comme son nom ne l'indique pas), la petite cinquantaine, internée depuis deux ans dans une unité psychiatrique et racontant à son psychiatre, Marc, ce qui l'a menée jusqu'ici. Nous découvrons ainsi l'histoire de cette femme meurtrie par la désinvolture de son amant Jo, et qui décide de l'espionner grâce à un faux profil Facebook par l'intermédiaire duquel elle entre en relation avec Chris, ami proche de Jo. Elle devient donc une jeune Claire de 24 ans (la moitié de son âge réel), travaillant dans la mode (et non professeur d'université), etc. La relation virtuelle prend de plus en plus d'importance, Chris tombe amoureux de la fausse Claire, bref, on se doute que l'on court au drame... Mais. Est-ce bien la réalité ? Marc, le psy s'interroge en lisant le récit De Claire lors des ateliers d'écriture auxquels elle participe dans son processus thérapeutique. Des ateliers animés par une certaine Camille (tiens, tiens), elle-même écrivain et donc toujours en quête d'inspiration... Quand je vous dis que l'auteure s'amuse à brouiller les pistes...

Le reste, il faut le lire. C'est direct, parfois cru, facétieux et très maîtrisé. Outre la magnifique démonstration de l'écrivain sur son art, il y a des pages superbes sur l'écriture, le désir d'écrire qui se mêle au désir tout court. Et le portrait d'une femme qui tente de continuer à exister, à aimer, à désirer malgré les signaux que lui renvoie une société prompte à jeter ce qui n'est plus de première fraîcheur. Aussi ludique qu'intelligent.

"Nous inventons tous notre vie. La différence, c'est que moi, cette vie que j'invente, je la vis. Et que, comme toute créature, elle échappe à son créateur. Tu vas dire, si tu es mal luné, que je ne la vis que pour pouvoir l'écrire, que la vie n'est qu'un prétexte à l'écriture. Mais c'est tout le contraire. La vie m'échappe, elle me détruit, écrire n'est qu'une manière d'y survivre - la seule manière. Je ne vis pas pour écrire, j'écris pour survivre à la vie. Je me sauve. Se faire un roman, c'est se bâtir un asile".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Elle est de dos. Elle est sur la plage. Une plage d'hiver. Elle ne dit pas : je suis seule. Elle est seule, et c'est exactement pour ça qu'elle ne le dit pas. Elle pense à l'écrire. A écrire ça. Elle a juste cette absence qui prolonge ses ombres. Ce qu'elle vit c'est l'abandon, la déchirure, la douleur. Ce serait un amour impossible ; Un Impossible de l'amour. Elle y pense. Sur la plage. Elle attend. Un retour. Vivre. Survivre à ça. Elle ne veut pas vivre l'impossible. Oui, elle est folle. Elle deviendra folle. Folle de désir, d'amour. Ce qui l'a rendu folle ce sont des fantômes. Ses fantômes d'amour. Elle a vingt ans. Elle aura vingt ans éternellement. Elles est toutes les femmes et pour toujours elle est la femme de vingt ans. Elle est sur la plage. Une plage d'hiver sur laquelle elle écrira son voyage….
Ce serait peut être le début du roman. Ce serait peut être cette image là si Marguerite Duras avait écrit ce roman. le monde bouge si vite. Adieu bal, plage, hall d'hôtel, le destin pose ses mains sur un clavier, adieu jardin, adieu robe de bal. Messagerie, sms, boite vocale…. Mais les fantômes, et les fantasmes rodent. Ils sont toujours prêts à embraser les bois dormants. Des reflets, des projections, des histoires qui s'entrecroisent. L'histoire d'une femme qui écrit, qui écrit l'histoire d'une femme, d'une femme qui en saigne jusqu'à ce que les pages se referment sur elle.
C'est après la projection du film de Saffy Nebbou que j'ai ressenti le désir de lire Camille Laurens. Découvrir son univers, cette plage où elle écrit Et je ne suis pas déçue. Si le film est percutant , le livre est troublant. Ils ne sont pas totalement identiques. Mais l'un et l'autre ont leur salle de bal rempli de fantômes, d'étranges revenants. Il y a comme ça des auteures qui ne nous quittent jamais. Est-ce la force d'une empreinte, d'une emprise, ou juste la reconnaissance de tout ce qui nous traverse... Camille Laurens avec « celle que vous croyez », Sarah Chiche avec « les enténébrés », Valérie Mréjen… Les écritures sont différentes, les histoires sont différentes. Mais il y a la même prise de risque dans l'écriture, le même vertige, le même risque de basculement. Toujours la mémoire, la mémoire du manque, le clair-obscur d'une malédiction commune. Un autre, une autre, des effets miroirs, des résurgences, Des histoires qui n'aboutissent pas mais qui ne s'achèvent jamais. Une perte lucide, un avant que d'être écrit, l' écrit d'un avant, un montage et remontage censément autre et étrangement mémoriel. Une recherche.Un enchaînement, un déchaînement. Écran bleu sur des nuits blanches, des yeux bleus et cheveux noirs. Toujours le même..Ravissement.
« On ne devrait jamais guérir tout à fait de la passion. Marguerite Duras.

Astrid Shriqui Garain



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Dans la catégorie roman qui vous retourne l'esprit et qui prend à malin plaisir à vous dérouter, je voudrais « Celle que vous croyez ». Dans le but de nous égarer, Camille Laurens utilise plusieurs profondeurs de plans dans cette histoire de relations amoureuses compliquées. Elle alterne entre différents modes de narration, différents points de vue qui apportent leurs lots de révélations. Elle adapte le style de son écriture selon qu'il s'agisse d'un entretien avec un psychologue, d'une version romancée des faits ou d'une lettre à un éditeur. On est alors balloté entre fiction, fiction dans la fiction et réalité. On ne sait plus où donner la tête. Au fil des informations que l'on récolte, les personnages prennent des identités diverses, les scènes s'inspirent les unes des autres et la vérité se dessine progressivement.

Vous devez vous dire que tout ce méli-mélo doit être déstabilisant et difficile à appréhender. Ce serait vrai s'il n'était parfaitement maîtrisé. Même si le cerveau est mis à rude épreuve, les récits s'emboîtent à merveille. Je suis resté en perpétuel équilibre, dans le flou jusqu'au dénouement final, sans jamais perdre le fil. C'est très bien construit et d'une grande efficacité.

En plus de nous offrir une histoire troublante, Camille Laurens en profite pour passer des messages subliminaux. La condition de la femme est au centre de son drame. Elle nous parle de ses désirs et de ses ambitions mais aussi du regard que l'on porte sur elles à partir d'un certain âge. Leur place dans la société change et le jugement des autres devient moins indulgent.

Vous avez donc compris que j'ai pris beaucoup de plaisir à me perdre dans ce labyrinthe de personnalités. Ce livre se lit rapidement malgré sa complexité et c'est parfois agréable de se creuser les méninges, en toute simplicité. Belle première rencontre avec cette auteure !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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La quatrième de couverture du roman dit : " ... vertigineux jeu de miroir". En tant normal, en lecteur assez critique et surtout un peu au fait des stratégies commerciales des éditeurs, c'est le genre d'adjectif laudateur qui me fait, au mieux sourire, au pire rejeter le livre, pressentant une prose hystérique camouflant un ouvrage ambitieux mais (au choix) difficile ou raté. J'ai lu "Celle que vous croyez" et je le dis haut et fort : C'est réellement VERTIGINEUX !
Sans doute, vous lirez, entendrez des commentaires sur le livre, vantant l'extraordinaire modernité de l'histoire prenant à bras le corps les relations virtuelles qu'offrent la toile, Facebook en particulier. Oui, on peut résumer ce roman à une histoire de jalousie et du jeu dangereux de se créer de toute pièce un personnage autre derrière son écran. Mais "Celle que vous croyez " est beaucoup plus que cela. C'est l'oeuvre vibrante d'une auteure au sommet de sa création. Plonger dans ce roman est une expérience rare et absolument jubilatoire.
Cela débute par un prologue sans ponctuation. Houlà, me direz-vous, encore un truc bien intello ! Pas du tout ! C'est sûr que cela peut rebuter de prime abord, mais tout de suite, vous êtes saisi par ce texte qui démarre calmement, banalement mais où petit à petit la femme qui parle sombre dans la folie. En un peu plus de deux pages, Camille Laurens frappe le lecteur au plexus solaire et le laisse KO !
Avec un tel début, on se dit qu'il va falloir que la suite soit à la hauteur.... et elle l'est ! La partie suivante est un entretien avec le psy qui suit la femme du prologue. La presque cinquantaine, encore belle, on devine qu'elle a pété les plombs suite à un amour qui aurait mal tourné avec un homme peut être plus jeune. le texte, genre monologue, est un deuxième uppercut. Alors que l'histoire se met en place, (oui il y a une vraie histoire, de plus en plus passionnante, qui vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière ligne.), l'auteure en profite pour faire un état des lieux des femmes et de leur désirs à l'approche de la cinquantaine. C'est un véritable plaidoyer féministe, que dis-je, humaniste sur cette violence sourde faite aux femmes occidentales, surtout vieillissantes, qui même si leur sort peut paraître enviable à des millions d'autres de part le monde, reste d'une intolérable cruauté. Les phrases s'entremêlent, s'entrechoquent. On voudrait en retenir la plupart, on en récolte quelques unes ( "L'indifférence ( aux femmes dès la quarantaine) est un autre genre de burqa... une autre façon pour les hommes de disposer seuls du désir." )... Deuxième uppercut.
Mais on continue, bien sûr ... Et là, changement de ton, changement de genre aussi, nous passons à une partie plus littéraire, une nouvelle inventée par la femme du début, écrite lors d'un atelier littéraire encadré par une romancière prénommée Camille... Finie la violence du début, voici venu le temps de la réflexion, du jeu littéraire, du poids des mots, de cette autre virtualité qu'est aussi l'écriture...
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