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4,09

sur 1954 notes
Merci Pour cette Masse critique privilégiée, Babelio et Gallimard, je ne savais pas à quoi m'attendre, si ce n'est que j'aime bien l'auteure, son style.

Fille.
F.
F comme Féminin
F comme Femme,
F comme Femelle,
F comme Fente, on n'est pas si loin de Fiente. C'est peut-être ce que certains pensaient dans les années 60, quand Laurence est née.

Le F qui fait mâle,
Le F qui oscille entre Faiblesse et Force.
Le F qui Foudroie de sa Flèche, parce que naître Fille, c'est n'être moins que rien, moins que lui, encore parfois aujourd'hui, dans certains pays, et même ici.

C'est une Fille, et pour ça, on la pense Facile.
On peut lui Farfouiller l'intimité, Forniquer, Forcer, tout Foutre dedans, et s'en Foutre.

C'est une Fille, quelle est sa Faute ? Être né Garçon, c'était juste une lettre après, dans l'alphabet. C'est bête, mais c'est ainsi.

Laurence va composer avec cette absence d'attributs, toute sa vie, se construire, se chercher, se trouver, transmettre à son tour. Nous allons vivre sa vie.

L'intrigue ne m'a pas semblé assez solide, mais j'ai beaucoup aimé le style, et le sujet, bien sûr, de l'identité et de la transmission, consciente ou non.

F comme Fin.

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Tout est dit dans ce récit, dévoré d'une traite. Etre une fille ou une femme : toute une aventure.

Même ce que peut en dire notre langue est remarquable, dans sa pauvreté lexicale pour définir une bonne moitié de l'humanité, et dans le machisme des règles grammaticales. Camille Laurens ne laisse passer aucun manquement, tant les mots sont le reflet de la place accordée aux femmes dans la société. C'est l'occasion de pointer du doigt des anomalies que l'on ne relèverait pas, tant l'habitude et les automatismes nous en cachent le sens profond.

Dans ce récit qui débute à la fin des années cinquante, on découvre l'univers de Laurence, ni pitoyable ni exceptionnel, père médecin, mère au foyer. Mais dès le départ, à sa naissance, c'est clair que la déception est là « une fille, c'est bien aussi. », même si l'ainée a hérité d'un prénom épicène. Laurence naît sous le signe la double déconvenue.

De l'enfance à la maturité et à la condition de mère à son tour, l'auteur décline tous les chapitres qui marquent l'évolution d'un destin ordinaire mais aussi du regard de la société sur le statut de la femme. Et les contradictions et ambiguïtés que masque un progrès paradoxal.

Etre fille, femme, mère, autant d'étapes cruciales que certains événements ont marquées au fer rouge : agressions sexuelles, perte d'un enfant, déconvenues amoureuses.

La génération née au 21è siècle saura-t-elle faire la part des choses et affirmer bien haut sa liberté et son indépendance. C'est ce que laisse entendre la dernière partie.


Très belle écriture, et magnifique récit, premier coup de coeur de 2021 !

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ouvrage reçu lors d'une Masse Critique Privilège, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions Gallimard pour l'envoi de cet ouvrage car, sans ceux, je ne l'aurais probablement jamais découvert et cela aurait été bien dommage ! Cependant, petite réserve au départ car jusqu'à la toute dernière page, je n'ai pas réellement su si j'allais aimer cette lecture ou pas et puis, finalement de fil en aiguille, j'ai bien vu que ma lecture progressait -pas à pas certes mais que plus j'avançais dance cette dernière (découverte à la fois de l'ouvrage mais aussi de l'auteure) et de plus en plus, je me laissais griser par ce que j'étais en train de lire.

Camille Laurens, prénom et nom à la fois féminin et masculin...et bien voilà un sujet de roman tout trouvé ! cella de l'appartenance à tel ou tel monde (homme ou femme ? Fille ou garçon ?). Laurence, notre héroïne, est une fille, vous l'aurez compris, mais pour ses parents, c'est "encore" une fille". Elle suit la naissance, à quelques années près, de sa soeur Claude (encore un prénom ambivalent). Notre héroïne narratrice n'aura de cesse de se battre pour exister pleinement en tant que personne à part entière, et non pas seulement comme la fille de, la soeur de et plus tard encore l'épouse de. L'on suit ici son enfance, son adolescence puis son passage à son tout au statut de mère, celle d'une fille après qu'elle a perdu dès l'accouchement, son premier né, un garçon, et dont elle ne fera jamais réellement le deuil (d'ailleurs, peut-il en être autrement pour une mère ?).
Sa propre fille, Alice, elle s'est toujours senti dans la peau d'un garçon et ce, depuis sa plus tendre enfance mais pour quelle raison ? Laurence l'ignore...est-ce inconscient de la part de cette dernière, comme si elle voulait combler le vide de l'enfant mâle disparu prématurément ?

L'auteure aborde ici des sujets extrêmement sensibles (eh oui, même de nos jours), mais sur un ton léger et très agréable à lire ! Mêlant humour, roman et sujet de société, voilà un beau panache qui résume à merveille cet ouvrage que je ne peux que fortement vous recommander même si j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans en raison de certains passages trop sensibles à mon goût mais je vous laisse les découvrir par vous-même car cela est probablement dû à ma sensiblerie (diront certains mais je le reconnais moi-même, donc il n'y a pas de soucis) de femme trop à fleur de peau dès que l'on traite de tels sujets.
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Laurence Barraqué naît dans les années soixante dans une famille où un garçon est attendu.
Camille Laurens nous livre son parcours de "fille" et elle nous en donne tous les sens du terme avec émotion et humour, dans un style étonnant, très agréable à lire.
Dans sa petite enfance, elle emploie la première personne pour présenter sa famille.
Son père, médecin, a peu de respect pour sa mère.
Sa mère, ménagère, coquette et infidèle, est entourée affectivement et financièrement par sa mère et sa grand-mère.
Les deux filles, Claude et Laurence évoluent dans un milieu rassurant jusqu'au jour où, à la campagne, Laurence vit un évènement traumatisant.
Elle pourra le raconter mais les femmes de la famille veulent absolument taire le fait.
A partir de ce moment, le monde devient plus réel et Laurence utilise la narration à la troisième personne en parlant d'elle.
Se déroule alors son adolescence où elle se rapproche de Claude, sa soeur et aussi des garçons.
J'ai beaucoup aimé le moment où le père des deux filles leur fait une leçon d'éducation sexuelle avec le seul but qu'elles se préservent pour le mariage. Il m'est devenu soudain beaucoup plus sympathique de par son implication envers ses filles.
La réflexion de l'auteure au sujet des filles qui se préservent et des garçons qui se forgent une expérience, sur le rôle de la femme aussi qui a sans cesse besoin de la protection de son mari ressortent très fort dans le livre.
On chemine dans le livre jusqu'au point fort où Laurence , devenue femme, dialogue avec sa fille : un point très important du livre.
Un très beau roman qui a prolongé ma réflexion sur ma condition de "femme" .
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Nous assistons « en direct » à la naissance de Laurence, alors que la religieuse qui fait office de sage-femme fait remarquer qu'il ne s'agit que d'une fille. Or le père de famille, le Dr Barraqué voulait absolument un garçon, que l'aînée soit une fille, passe encore, mais que le scenario se répète, c'est une infamie et en plus la femme d'un de se amis vient d'accoucher d'un garçon, il en est réduit à raser les murs, en sortant de l'hôpital ! Notons au passage que nous sommes en 1959 !

Ensuite vient le choix du prénom, mais avait-on vraiment prévu un prénom féminin ? Ce sera donc Laurence (l'aînée a hérité d'un prénom non genré : Claude!)

Ton père va le matin à la mairie déclarer la naissance, la « née-sans ».

Le couple repart donc avec une fille sous le bras, comme un paquet encombrant. le père va briller durant toute l'enfance puis l'adolescence par son absence, son épouse qui a l'importance d'un meuble dans la famille, ne s'en occupera guère plus. Il n'est là que pour régenter, donner des ordres, des règles, formater ses filles en gros, comme il semble avoir formaté sa femme…

Cette lecture n'a pas été une partie de plaisir pour moi, car ce père a déclenché une puissante aversion, et page 158, quand j'ai vu comment il se comportait pendant la grossesse de Laurence, le roman a failli m'échapper des mains : j'aurais eu une Kalachnikov, à portée de main, je l'aurais trucidé… Mais j'ai tenu à terminer ce livre pour voir jusqu'où cela pouvait aller… mentir pour imposer comme gynécologue-obstétricien à sa propre fille, un véritable boucher, et le plaindre parce qu'il a mal géré, alors que c ‘est sa fille la victime … Cela se voyait au début du XXe siècle cf. « Corps et âme » de Maxence van der Mersch, à l'époque des « Mandarins » …

Très vite, Laurence fait ce qu'on attend d'elle, mais elle se réfugie dans les fantasmes, ses rêves sont là pour pallier les manques, les souffrances, car de surcroît, elle n'a rien à attendre de sa soeur, qui la traite aussi mal que le patriarche…

Quoi qu'il en soit, comment se construire, s'épanouir, trouver un sens à sa vie, être une femme, (mais qu'est-ce qu'une femme dans une telle famille?) quand on a grandi dans un tel milieu et aussi, quel couple peut-on former et quelles valeurs transmettre à ses propres enfants ensuite… être une mère, quand on n'a jamais reçu de marques d'affection de la sienne ? Laurence est-elle une femme, une pseudo-femme, un pseudo-homme ? de plus on ne peut pas dire que le nom de famille choisi par l'auteure « Barraqué » puisse être susceptible d'aider…

L'auteure nous livre une scène d'anthologie : quand le père, médecin je le rappelle, tente de leur expliquer la sexualité, l'importance de rester vierge et qui se termine ainsi :

« Bon, en définitive, poursuit le père, ce n'est pas compliqué, résumons-nous : il suffit d'être sages et d'obéir à votre père. Les filles ont leurs règles et elles suivent les règles, c'est tout. »

Camille Laurens nous livre ici une description au vitriol du machisme, et un plaidoyer pour le féminisme style MLF des années soixante-dix… Je suis née presque dix ans avant (le roman se situe en 1959, et je n'ai pas du tout vécu cela : dans la famille naître fille n'était pas un handicap, l'école primaire, puis secondaire était sous le signe de les filles dans une école les garçons de l'autre, certes, mais cela ne nous dérangeait pas. Ce que demandaient les parents, c'était bien travailler à l'école, faire des études, avoir un métier. Bien-sûr, nos mères étaient des femmes au foyer et ne s'épanouissaient pas au mieux mais on ne percevait pas une revanche à prendre à tout prix pour leurs filles…

Je suppose que l'auteure a choisi volontairement, pour illustrer son propos, ce père tout-puissant, méprisant, qui veut tout régenter et elle a réussi à le rendre exécrable, mais à force de le rendre antipathique, on en oublierait presque que la mère ne s'interpose jamais : les filles doivent subir, même si elle sont victimes d'attouchement, elles doivent se taire, c'est forcément de leur faute, et puis c'est connu le grand-oncle a les mains baladeuses …

J'ai remarqué en lisant ce roman, que l'auteure portait un prénom épicène pour reprendre la formule d'Amélie Nothomb et que son nom de famille était aussi une version dérivée de Laurence, et vue la manière dont le père est décrit, son comportement oppresseur oppressant oppressif, j'en déduis qu'il s'agit d'une autofiction … Or l'autofiction n'est pas un « genre », au sens littéraire bien-sûr, que j'affectionne.

L'auteure présente une description de l'hystérie au XIXe siècle à la Salpêtrière qui est très réductrice aussi… et n'oublions pas que l'hystérie existe aussi chez l'homme, mais cette « maladie » a été littéralement explosée : histrionisme c'est plus adapté aux hommes Ah ! Ah !

J'ai ressenti un profond malaise durant cette lecture, et je ne suis pas convaincue… d'ailleurs j'ai eu un mal fou à rédiger cette chronique (et sans lire les autres chroniques pour rester au plus près de mon ressenti), que j'ai dû refaire trois fois et qui ne me convient toujours pas en fait …

Je trouve par contre que Camille Laurens maîtrise très bien la langue et joue avec les mots, les associations d'idées, (l'opposition garce-garçon par exemple) Lacan aurait peut-être apprécié. Je n'ai lu que « celle que vous croyez » de Camille Laurens et il m'a laissé un meilleur souvenir. Par contre, je sens que celui-ci va me hanter quelques temps…

Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de l'auteure…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Laurence est née dans les années 50. Ses parents, enfin surtout son père, auraient préféré un garçon. Normal Laurence a déjà une soeur. Mais est-ce si normal ? Comme le dira plus tard Christian, le mari de Laurence, devant leur nouveau-né fille : Une fille c'est bien aussi, pour se reprendre aussitôt et ajouter : une fille c'est aussi bien...

Une fille née à une époque où les femmes sont par la loi (insupportablement) dépendantes de leur mari (pour ouvrir un compte en banque, travailler etc.) est presque par force en porte-à-faux avec son statut de fille. Un statut qui s'il a évolué n'est pas à l'égal de celui des hommes aujourd'hui encore. C'est ce que raconte Camille Laurens, avec tout le talent qu'on lui connaît, irrésistiblement crue, incisive, émouvante et drôle.

« Parfois je trouve un homme qui comprend qu'être à quatre pattes dans un lit ne signifie pas qu'on l'est dans la vie. Mais c'est rare. »
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En toute décontraction, j'ai commencé la lecture de fille de Camille Laurens… pourtant une amie babéliote, m'avait prévenue !

Tout d'abord, j'ai été subjuguée par l'écriture de cette auteure, sa précision, sa maîtrise, elle joue avec les mots, elle bouscule et elle nous amène au goût amer d'une mère et surtout d'un père qui aurait préféré au moins un garçon.

Quand la vie, donne deux filles à la famille Barraqué, on imagine vu le portrait du père médecin, qu'il n'aurait pas été gêné que la cadette s'enroule le cordon autour du cou…

Laurence va prendre cher, d'être née fille, abusée par son oncle en toute impunité, elle va être en quête d'absolu pour vivre son enfance pour plaire à ses parents, elle est sous la domination de ce père si imposant et face à cette mère, si tolérante qui banalise. Laurence oscille entre l'empreinte protectrice et destructrice de ce père.

Elle va d'abord engendrer la mort avant de pouvoir donner la vie. Je n'en dévoilerai pas plus.

Cette histoire a été pour moi pesante, j'ai fait un saut dans mon passé auquel je ne m'attendais pas.

Alors oui, je dois en convenir je suis sortie de ma zone de confort, et j'ai bu ses paroles dans la deuxième partie du livre, bouleversée aux larmes.

Je me suis interrogée sur la transmission à nos enfants, sur le poids de notre passé qui peut rejaillir sur notre descendance et ses conséquences pour leur vie.

Il n'y a pas de parents parfaits, la difficulté réside dans notre capacité à s'affranchir de l'emprise, du joug qui nous fait courber l'échine, de la culpabilité de vouloir être libre d'être une femme.

L'admiration de nos parents se mêle souvent à la colère de ne pas avoir été l'enfant que nous aurions voulu être à leur yeux. C'est un long chemin d'acceptation et de deuils.

C'est pointure souffrance, mais à un moment il faut parvenir à retirer nos souliers qui nous enserrent pieds et poings liés. La fille en attente d'un père, d'une mère est prête à tout pour transformer ce lien en cordage d'amour.

Etre libre de l'amour de nos parents, c'est se délivrer de toutes nos attentes, de cet héritage de les avoir idéalisés au regard duquel nous devions être une fille parfaite à défaut d'être née garçon.
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'J' ai lu Fille de Camille Laurens il y a plus d'un mois déjà, j'ai vu passer beaucoup de posts à son sujet alors qu'en dire de plus ?

Juste que si ma fille était un peu plus âgée, je mettrai ce livre sur le pouf qui est juste à côté de son lit et je lui dirai :

"Lis le, pour comprendre quelle était la place de la femme dans les années 60 et comment en se battant, elle peut évoluer. Pas de compte bancaire, pas de possiblité de faire un chèque, la nécessité de demander l'autorisation de son mari pour travailler il n'y a pas si longtemps;"

" Lis le, parce que la plume de Camille Laurens est à la fois drôle et juste, parce qu'elle sait si bien souligner l'importance du langage et de l'éducation sur la position des filles dans la société. "

"Lis le, parce que si l'histoire se répète souvent, ce roman raconte l'émancipation des femmes et que je compte sur toi pour continuer à affirmer ta liberté et ne jamais te laisser dicter ta tenue, ton comportement ou ton rôle."

Peut être qu'elle le lira dans quelques années et qu'elle se souviendra de ce conseil...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est pourtant un livre bien écrit dont le thème est intéressant. Naitre fille, être une fille c'est quoi. Une bonne nouvelle ou non ? En lisant le livre de Camille Laurens on pourrait penser que c'est une catastrophe. Des parents ont une première fille qu'ils appellent "Claude", prénom épicene qui n'échappe à personne. Une seconde fille suit peut de temps après. La première passe encore mais une seconde fille, c'est pire que tout, une véritable malédiction ! Cette seconde fille s'appellera "Laurence". On a même pas pensé à un prénom féminin, le premier qui vient à l'esprit...
Laurence est née en 1959 et nous décrit sa vie de fille puis de femme. Elle n'est franchement pas de la fête cette gamine...Et sa vie future ne sera pas meilleure.
Ce qui m'a plu : l'écriture de l'autrice, que j'aime bien. J'avais lu auparavant "Dans ces bras-là" et " Celle que vous croyez" qui sont aussi des romans qui marquent.
Ce qui ne m'a pas plu : il me mets franchement mal à l'aise. Je suis un peu plus jeune, née au milieu des années 60, et j'ai dû mal à croire que "naître fille" était une catastrophe voire une malédiction. Je ne sais pas si l'autrice à vécue la même chose mais pour moi ce n'est pas un roman. Ce sont plutôt des chroniques de la vie de Laurence. Elles m'ont soient mises mal à l'aise soit ennuyées. J'ai malheureusement abandonné ce livre.
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Pour être parfaitement honnête, je ne suis pas une fan de Camille Laurens:Ces bras-là, lu il y a longtemps me l'avaient assez injustement fait cataloguer dans les auto biographies ou auto fictions narcissico-exhibitionnistes dans le goût du jour, qui généralement m'exaspèrent parce qu'elles me donnent un sentiment de voyeurisme et, si elles se lisent effectivement facilement, n'apportent pas grand chose à la littérature. Mais il ne faut jamais juger un écrivain sur un livre. J'ai trouvé Fille dans une librairie comme je les aime, où les livres sur les étagères et sur les présentoirs sont les fruits d'un choix et d'une passion et dessinent le portrait en creux du ou de la libraire. La boutique, attenante à un café alternatif lui aussi très sympa, allait fermer. Fille me tendait les bras, au milieu de plein de titres rares, peu connus mais que j'avais lus et adorés. Un signe ! J'ai donc redonné sa chance à Camille Laurens et ne l'ai pas regretté.

Fille est un très bon bouquin. L'autofiction y sert plus de trame que de sujet. L'entrée de lecture principale est le féminin dans tous ses états. de la naissance à l'âge adulte, du bébé à la femme, de la fille à la mère, de la vierge à l'amante, de la jeune à la vieille, de la solitaire à l'abandonnée, de la fidèle à la libertine.

Et l'ecrivain, avec rigueur, humour, cruauté et intransigeance, élabore tout un lexique, toute une grammaire de la féminité.

Rien que la polysémie du mot- titre est tout un programme.

La fille à force de servir à tout ne se définit par rien. Sa naissance est une déception, un pis aller. Son parcours, une série d'épreuves qu'elle est contrainte par son entourage d' intérioriser- l'agression sexuelle patente , tout enfant, par un proche coutumier du fait , l'avortement tardif et traumatisant, la perte d'un enfant à cause de l'erreur médicale d'un médecin imposé par ses parents- sans espérer en obtenir réparation, sans même avoir le droit d'en parler.

Certes le constat est à présent très légèrement obsolète... Et être fille, ici, depuis quelque temps est sans doute un peu plus facile ou plus gratifiant.. Mais les filles nées à la fin des années 50 sont les grands mères d'aujourd'hui. Tout cela n'est pas si loin. Et pour parodier Aragon, rien n'est jamais acquis à la fille et quand elle croit ouvrir ses ailes, patatras !.. Voyez les femmes américaines contraintes de repartir pour un combat qu'elles ont cru gagné depuis des décennies !

J'ai lu Fille d'une traite, avec intérêt, avec empathie, avec joie et parfois avec colère.

Non, il ne faut pas juger un écrivain sur un livre, et celui-ci, intelligent, sensible, critique m'a réconciliée avec son auteure dont j'ai depuis découvert d'autres facettes. Mais chaque chose en son temps, Fille est un livre que toutes les filles devraient lire...et pas mal de garçons aussi !

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