[ Librairie Caractères / Issy-les-Moulineaux ]- fin Juillet -14 Août 2021
Un coup de Coeur avec ce premier roman qui paraît ces jours-ci. Je remercie mes camarades –Libraires [ Librairie Caractères / Issy-les-Moulineaux ] de m'avoir prêté ce texte, en avant-première. Un récit aux multiples personnages , la plupart des gitans se retrouvant dans la Cité mariale, Lourdes, pour la traditionnelle procession annuelle , en ce mois d'août!
Un style foisonnant, baroque, mêlant langage châtié et gouaille irrésistible… qui nous fait déambuler dans une galerie de personnages, déjantés et haut en couleurs, dans l'univers gitan…Les personnages prennent toute la place, l'intrigue est des plus minces : un étranger arrive parmi la communauté gitane…Personnage évoqué , chaque fois, très brièvement, qui apporte sa part de mystère ,de suspense, et d'inquiétude latente !... un drame surgira finalement…Curieusement tout l'espace me semble occupé par la description la psychologie, les aventures et mésaventures, des uns et des autres, sans oublier les légendes racontés par la grande Dora !
Quelques coups de griffe, combien justifiés, envers Lourdes et ses « marchands du temple »…et autres observations de société !
« C'étaient des drôles, Pepino et Diego. La folie, elle avoisine toujours la raison dans l'âme d'un gitan, à force de balancer entre les légendes et la vie tangible, à force de parler des esprits des anciens et de vivre au contact de la nature, à force de rien prendre au tragique et d'enchanter n'importe quelle situation sans y voir seulement de quoi gagner son pain. Cette douce folie, ces organes déliquescents de la bande, on s'en accommodait dirons-nous. (p. 67)”
Même si en écoutant l'interview de l'auteur concernant son roman,où elle précise qu' elle n'a pas fait un documentaire sur le monde gitan, il n'en reste pas moins que l'on sent à cette lecture une véritable immersion , sinon « symbiose » avec la philosophie de vie des « gens du voyage » …
« En ce temps-là, nous autres gitans on se répartissait en des groupes qui étaient comme les organes d'un corps dont la tête serait le sud de la France, le Portugal le buste et l'Espagne les jambes. On fonctionnait de manière indépendante à l'année, chacun dans son port d'attache, pour ensuite se retrouver à telle ou telle date significative. Montpellier, perpignan, Biarritz, Irun, Porto, grenade, Malaga, Almunecar: chaque clan avait ses affections régionales et cela malgré le fait qu'on en restait pas moins des semi-nomades; mobiles comme des globules, libres de se déplacer et de descendre ou de remonter la veine de telle ou telle route pour aller prêter main-forte à un autre clan ou, simplement, pour s'oxygéner ou changer de vie. (p. 49)”
Un roman très riche, très vivant immortalisant à un temps donné, un groupe de personnes dans un moment de fête, traditionnelle et fortement symbolique…dans un lieu, une saison particulière…avec ses traditions, ses usages, ses légendes, ses superstitions…Roman apprécié, certes, qui m'a toutefois laissée perplexe, déroutée… Un premier roman à découvrir…mais dont, je me rends compte, je suis fort maladroite à rendre un juste
ressenti !!...
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C'étaient des drôles, Pepino et Diego. La folie, elle avoisine toujours la raison dans l'âme d'un gitan, à force de balancer entre les légendes et la vie tangible, à force de parler des esprits des anciens et de vivre au contact de la nature, à force de rien prendre au tragique et d'enchanter n'importe quelle situation sans y voir seulement de quoi gagner son pain. Cette douce folie, ces organes déliquescents de la bande, on s'en accommodait dirons-nous. (p. 67)
(...) et elle est allée chercher un petit couteau enveloppé dans un mouchoir de soie noire. "C'est pour toi", m'a dit madame Sido en me le tendant, "mon père voudrait que tu le gardes. Il dit que ça t'aidera à le reconnaître s'Il est dans les parages." "oh, ça peut jamais faire de mal", que j'ai plaisanté en fouillant mes poches pour lui donner une pièce en échange et en les laissant tous les deux sur le pas de la porte, tandis qu'ils nous faisaient de ces grands signes d'au revoir qu'on ne retrouve plus que dans les campagnes et chez les vieilles personnes. (p. 41)
Le malheur de l’homme moderne, c’était qu’il s’était dit qu’il devait faire des choix et non prendre des décisions, voilà ce que je me répétais, et là où la décision pousse sur une terre déjà irriguée, celle du choix, on en arrache les racines préexistantes, les forces nourricières qui alimentent une tige plus épaisse et plus droite. Cette tige dont le destin est le tuteur.
Elle vénérait son frère, Antonine, elle l'admirait comme le héros de sa vie, celui qui s'était occupé d'elle, qui l'avait protégée, élevée et elle voyait son ascension comme un pied de nez aux villageois qui disaient "tel père, tel fils". Rapidement, elle a eu besoin de temps pour entretenir la belle maison qu'il avait surélevée d'un étage, recimentée et peinte en blanc, et elle a arrêté ses à-côtés. Fière comme Artaban, quand on la croisait, c'était comme une ancienne esclave qui aurait gagné sa liberté. Elle était pas belle à proprement parler, Antonine, mais elle avait quelque chose qui tenait à cette volonté, à cette force et à cet orgueil qui bouillonnaient et qui lui donnaient quelque chose d'une héroïne espagnole. (p.104)
Le principal, c’est d’inculquer à un gitan dès son enfance l’idée de loyauté, de respect de la femme, des aînés et de la parole donnée. L’idée, c’est de lui faire sentir, par le continuel mouvement le berçant dès son plus jeune âge, qu’au final il est complètement libre et que sa seule attache, elle est morale.
Celine Laurens vous présente son ouvrage "Sous un ciel de Faïence" aux éditions Albin Michel. Rentrée littéraire janvier 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2673011/celine-laurens-sous-un-ciel-de-faience-recit-des-habitants-du-monde-d-en-bas
Note de musique : © mollat
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