Il y avait longtemps que je voulais lire cette nouvelle de
Sophia Laurent. le harcèlement scolaire. On en entend souvent parler mais de manière générale. Il faut faire attention. Il faut surveiller. Mais on nous dit que rarement ce que vivent les victimes de harcèlement en milieu scolaire.
Dans cette très courte nouvelle (ce qui sera d'ailleurs mon unique reproche, le nombre de pages), Lucas, trentenaire, relate à sa soeur de dix ans son aînée, son année de cinquième dans ce qui fut son nouveau collège. Dans cet établissement les élèves se sont dès le début ligués contre lui parce qu'il semble différent (un peu rondouillard), ne correspond pas aux stéréotypes de l'adolescent de treize ans de ce collège de campagne. Pendant un an, Lucas va subir agressions verbales mais aussi physiques. Et personne ne voit rien : parents, professeurs, surveillants. Personne ne voit que cet adolescent aux allures fantomatiques souffre chaque jour de cours. Les parents ne comprennent pas leur adolescent un tantinet colérique et parfois mélancolique.
Sophia Laurent retranscrit très bien la situation malsaine à laquelle est confrontée Lucas. D'ailleurs j'ai beaucoup apprécié qu'elle choisisse un personnage masculin pour en parler car trop souvent on fait l'étalage du harcèlement scolaire en présentant des adolescentes. Or, cela touche aussi bien les garçons que les filles. Tout au long de la lecture, on sent l'ambiance pesante, dérangeante, oppressante qui est caractéristique de la vie de Lucas.
Cependant, comme je l'ai dis plus haut, mon reproche sera la longueur. Même si
Sophia Laurent a une très belle plume même pour écrire les pires choses, il n'en demeure qu'il y a encore énormément à dire sur cette thématique : le ressenti de Lucas aurait pu être davantage détaillé, l'ignorance et l'absence de réaction des adultes (parents, enseignants, …) n'est pas assez mentionnée.
Je tenais à la lecture de cette nouvelle, le thème traité m'est cher. Comme beaucoup, restés dans le silence, j'ai subi le harcèlement scolaire pendant ma quatrième et encore plus fortement pendant la troisième. Cela n'a pas été jusqu'aux agressions physiques mais les agressions verbales ont fait leur oeuvre… On subit, on finit par se reconstruire un jour ou l'autre, mais on n'oublie pas. Jamais. Cela ne m'a pas empêché de rester à l'école finalement, mais j'essaie de prêter plus d'attentions à ce genre de comportement, pour empêcher au maximum les dérives des enfants et peut-être plus tard des adolescents.
Je n'imagine même pas ce que cela devient de nos jours avec les réseaux sociaux. Il est tellement facile de démolir quelqu'un avec des commentaires désobligeants, sans mesurer la portée de son acte, car de l'autre côté de l'écran, il y a un être humain.
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