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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Juste excellent ! Cette chère Caroline est tout simplement impayable !

Voici, avec ce premier tome de "Caroline Chérie" de Jacques Laurent, alias Cecil Saint-Laurent, les débuts dans la vie trépidants d'une héroïne pareille à aucune autre. Au placard les angéliques oies blanches se rebellant contre l'autorité parentale pour échapper à un mariage arrangé, et prétendant ne vouloir vivre que d'amour et d'eau fraîche, en perpétuelle quête d'idéal.

STOP !
(bruit du disque qui se raye)

PLACE, mesdames et messieurs, a une héroïne qui n'écoute que son instinct et son naturel égoïste, une jeune femme honnête avec elle-même bien qu'elle connaisse des périodes de doute et de remords, et prête à tout tenter, pourvu que ces heures soient douces et qu'elle puisse... dormir ! Oui, autant vous l'avouez, Caroline dort beaucoup, enfin, à dire vrai, elle a le même besoin de sommeil que vous et moi (encore qu'on puisse admettre qu'elle en ait davantage besoin étant donné l'aspect aventureux de son existence), mais cette faculté à s'endormir environ tous les jours peut déconcerter les lecteurs plus habitués à des héroïnes qui bien que sortant des pires situations restent fraîches comme des roses, sentent merveilleusement bon et sont prêtes à s'abandonner au chaste baiser de leur prince charmant accouru à leur secours.

Non, ici, rien de toute cette poésie ; l'auteur a pris au contraire un malin plaisir à dépeindre avec beaucoup d'humour, un brin de misogynie (première parution en 1947) et un regard sans concession sur la nature humaine, un caractère à la fois héroïque (je n'aurais pas voulu être à la place de Caro) et terriblement terre à terre et pragmatique. Caroline n'a qu'une ambition dans la vie : être libre ! Cette liberté que les jacobins revendiquent à coups de guillotine, Caroline en a fait son idéal avant qu'éclatent les troubles révolutionnaires même s'il ne se drape pas dans la noblesse d'une révolte politique. Non, Caroline veut être libre simplement parce qu'elle a compris très tôt qu'une femme en 1789 est un être prisonnier, ballotté du foyer de ses parents à celui de son mari, d'un couvent aux bras d'un amant et qui n'a aucun libre-arbitre (à moins d'être princesse et/ou immensément riche). Alors oui, elle est super méga égoïste, Caroline, et elle n'a aucun sens de l'honneur ; elle semble le plus souvent dépourvue de compassion pour son prochain et pourtant elle aime la vie, elle aime l'amour, elle aime la liberté, elle est d'ailleurs très douée pour tout ça. Alors, oui, je peux comprendre que Caroline puisse paraître méprisable à beaucoup mais, personnellement, moi, je la trouve impayable.

La Révolution Française puis la Terreur qui servent d'écrin à ce petit bijou romanesque sont traitées par l'auteur avec une réelle connaissance du contexte historique et sociologique. A ceux qui souhaiteraient plus d'érudition, je leur ferai gentiment remarquer qu'ils se sont trompés de porte et qu'ils feraient mieux de pousser celle de "La Révolution" de l'excellent Robert Margerit. Là, ils auront tous les détails de la fuite du roi à Varennes.

Revenons à Caroline, cette jolie chipie. Dans ses aventures, rien de rocambolesque, tous les événements qu'elle vit sont les reflets fidèles de ceux vécus par les ci-devant aristocrates lorsque la monarchie absolue a vacillé pour finalement s'effondrer. Parole d'historienne, cette lente prise de conscience qui pénètre mois après mois, épreuve après épreuve, des esprits habitués depuis des siècles à dominer ou à se soumettre est parfaitement retranscrite par la plume précise et efficace de l'auteur.

Cette héroïne très humaine (visiblement trop humaine au goût de certains), un peu nymphomane (il faut bien l'avouer), décrite par son auteur comme sempiternellement "vibrante de désir, assoiffée de volupté" et par son amant comme "inutilement sotte et méchante, sans aucun tact ni délicatesse" n'arrive pourtant pas à sombrer dans une noirceur totale pour devenir une sorte de Milady de Winter. Non, elle reste ce qu'elle est, une éternelle amoureuse, vouée à s'illusionner, à papillonner, à faire de mauvais choix, d'autres plus judicieux et, au final, à faire tout son possible pour sauver sa peau, tirer son épingle du jeu et continuer sa route. En aurions-nous fait moins à une telle époque ?

"Caroline Chérie"... ce titre, quelle charmante ironie ! Il est tellement jouissif de détester Caroline qu'on finit par l'adorer !
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Merci Babelio et les éditions de l'Archipel de m'avoir fait découvrir Caroline Chérie.
Lorsque j'ai découvert le résumé, une jeune fille lors de la révolution française qui va connaitre une initiation amoureuse, j'avoue que je m'attendais un peu à une histoire du type de celle d'Angélique ou des romans de Juliette Benzoni. Un peu moins quand j'ai reçu le livre et que j'y ai vu la mention « une grande fresque historique et libertine ».
Caroline est une jeune fille de la noblesse provinciale, pauvre mais vivant bien sur ses terres, proche des petits paysans malgré les réticences de sa mère et de sa gouvernante. Seulement ses parents décident de tenter leur chance à la cours en cette belle année 1789 (mais quelle idée ?!!) et là les désillusions commencent entre le manque d'argent, les problèmes politiques qui ne sont guère favorables à l'établissement d'une nouvelle famille de courtisans et l'orgueil de caste démesuré de sa mère. Mais Caroline vit tout cela de très loin du haut de ses 14 ans, elle n'a en tête que les robes, les fêtes et la recherche du plaisir. C'est lors d'une fête qu'elle rencontrera Gaston de Salanche, jeune libertin de 20 ans qui tentera de la séduire. Si au départ le contexte historique peut justifier la cour du jeune homme malgré la différence d'âge, très vite le jeune homme apparait sous un jour moins plaisant avouant lui-même que c'est un jeu pour lui et ses amis. Toutefois la conquête de Caroline ne se révèle pas si ardue car la jeune fille, au mépris des conventions, de son éducation et du bon sens, s'offre à lui très simplement. le jeune homme renonce toutefois alors qu'il touche au but, touché par la naïveté et l'ardeur conjuguée de la jeune fille. Nous sommes le 14 juillet 1789 et les évènements vont séparer les jeunes gens. Caroline dès lors n'aura de cesse de retrouver Gaston même si les évènements l'obligeront à se marier à un grand bourgeois Georges Berthier, membre de la convention, se mettant ainsi à l'abri de la guillotine, temporairement du moins puisqu'il est lié au parti girondin, jetant ainsi sa famille sur les routes dès que la terreur s'installera.

Caroline n'est pas une héroïne que l'amour pour Gaston portera au-delà des épreuves. Non, il s'agit d'une jeune femme que j'ai eu du mal à trouver sympathique, elle est égoïste, frivole, imbue d'elle-même, jalouse, assez sotte… Mais en même temps ingénue, vivante et bien plus réelle qu'un personnage « parfait » . L'attachement vient du fait qu'elle parait plus réelle, moins formatée pour plaire. Pour elle les évènements de son époque ne sont que des désagréments dans sa vie qui l'empêchent de trouver le bonheur. Les hommes et les femmes qu'elle croise ne sont que des figurants dans sa vie, ses attachements, parfois violents, sont aussi vite oubliés dès que le destin les éloignent de sa vue. Elle ne vit sa vie que pour son plaisir, n'hésitant pas à sacrifier des vies pour sauver la sienne, pour sa vengeance personnelle même parfois.
Sa beauté en fait un objet de convoitise pour les hommes qu'elle croise, et parfois même pour les femmes. Elle jouera de son corps pour obtenir ce dont elle a besoin, par calcul au départ, par plaisir et besoin de plaire ensuite. D'un naturel très sensuel, son mariage la décevra beaucoup sur ce point. Son mari l'ayant plus ou moins abandonnée aux dangers de la capitale, la laissant parfois dans des situations dangereuses, elle s'en servira d'excuse pour s'offrir à son amant. L'amour que se portent les autres autour d'elle lui apparaissant comme une insulte, elle n'aura de cesse d'attirer les hommes à elle, l'auteur lui prêtant des intentions particulièrement immorales mais rendant les hommes très faibles face à son corps. le roman prend dès lors un tour très libertin et Caroline apprécie autant de séduire que d'être séduite ou de subir des situations dégradantes. Elle justifie toujours ses « écarts » par la nécessité à laquelle les temps troublés l'on réduite, ne se sentant nullement coupable des conséquences de ses actes. La société, les hommes et leur désir de domination, de violence sont pour elle ses ennemis puisqu'elle ne recherche que l'amour, le bonheur et le plaisir. D'une conception assez nature, presque rousseauiste, elle déplore de ne pouvoir vivre en une époque qui lui aurait permis de mener la vie qui lui est due, si possible entre Gaston et George qu'elle aime parfois également.
Gaston et Georges, comme tous les hommes que croisera Caroline, n'ont rien du prince charmant, l'un est libertin, l'autre obnubilé par sa vie politique délaisse sa femme, la met en danger. Encore une fois, les personnages sont complexes dans leurs sentiments, loin d'être parfaits mais moins précisés que Caroline puisqu'on ne les découvre quasiment qu'à travers sa vision. Leurs actes ne sont pas toujours expliqués par leurs intentions mais par celles que leur prête Caroline dans son égocentrisme, incapable d'admettre les difficultés réelles dans lesquelles ils se débattent, elle ne voit que les conséquences pour elle et les soupçonnent de les avoir souhaitées sinon provoquées.
Le contexte historique est assez éloigné de l'histoire qui s'étale de 1789 à 1794 sans mentionner la mort du roi, pas de grands noms dans les personnages, mis à part Robespierre ou Charlotte Corday mentionnés dans les auberges, pas de grand évènement auxquels elle prendrait part. La révolution est vécue de loin, mais d'une façon plus humaine : les conditions de détention dans les prisons, la corruption qui règne dans le système, les délations sous n'importe quel prétexte… Caroline placera mal sa confiance parfois, ou récompensera bien mal ceux qui l'auront aidée mais en ces temps où sauver sa tête est une priorité pour chacun, qu'en est-il de la compassion, de la solidarité ? Peut-on jeter la pierre à Caroline pour avoir préférer sauver sa vie dès qu'elle en trouvait l'opportunité ou au contraire l'admirer de réussir à mener sa barque en rejetant les remords.
Les personnages secondaires sont très éclectiques: cachant les proscrit ou au contraire les dénonçant, essayant de faire chanter les fuyards, opportuniste, s'enrichissant sur le dos du système... écrit après guerre, il est difficile de ne pas y voir les travers des français occupés, collaborateurs, profiteurs de guerre ou résistants...

L'écriture est agréable, jamais lourde, qui fait que les presque 600 pages du romans sont très vite avalées et que je me demande si je ne vais pas aller chercher le tome 2 avant de dénicher les films…
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Caroline chérie s'adresse aux inconditionnels des héroïnes comme Scarlette, Angélique ou même Sissi. Si celles-ci vous insupportent il y a peu de chance que Caroline trouve grâce à vos yeux.
Dans ce récit la Révolution française, grand évènement historique, sert de toile de fond. Mais elle n'est qu'un prétexte aux aventures de Caroline. Celle-ci ne semble prendre conscience des évènements que lorsqu'ils entravent ses projets. Elle perçoit alors ce grand moment de l'Histoire comme un complot visant à la priver de son droit au bonheur.
Car l'élément central de ce roman n'est pas la révolution mais bien le personnage de Caroline. On ne peut la qualifier de stupide mais elle est une enfant. Elle est égoïste, égocentrique, manipulatrice, inconsciente, capricieuse et pourtant attachante. Et oui Caroline partage avec beaucoup un appétit de la vie chevillé au corps et une volonté d'accéder au bonheur bien légitime.
Elle rencontre dans ses aventure deux types d'hommes. Les chevaliers servants perchés sur leur blanc destrier partant en croisade pour sauver la douce jouvencelle. Et espérant aussi un baiser ou plus de sa part. On croise encore ce genre d'individu et ce côté sauveur me fait bien rire car il fait le jeu et de Caroline et de nombre de femmes qui n'ont besoin d'être sauvées que parce que ça les arrange. Mais il y a aussi les autres, les prédateurs qui voit dans toute femme soumise aux aléas de l'Histoire une proie, une victime, un butin. Quelque part leur but est assez identique mais les motivations et les moyens d'y parvenir diffèrent.
Caroline va aussi croiser des femmes, gentilles, honnêtes, ou retors, jalouses.
J'ai parfois été offusquée par son comportement vis à vis de ces femmes, en fait plus que par ses petites manipulations vis à vis des hommes. En tout cas bien souvent j'ai été déconcertée par soit son innocence qui la sauve ou son insouciance qui condamne les autres mais je ne me suis pas ennuyée.

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris je suis assez fana des romances historiques, parce que ce roman est une histoire d'amour en costume d'époque. L'auteur a un style léger et a réussi à m'emporter. Et du coup j'ai été frustrée par la fin de ce tome. Une fin ouverte qui donne envie de se plonger dans le suivant mais qui laisse, si on a pas le suivant , avec de nombreuses interrogations.
Lien : http://livravivre.blogspot.f..
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Merci a toute l'équipe Babelio et aux éditions de l'Archipel pour m'avoir fait découvrir Caroline Chérie dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Lorsque j'ai découvert le résumé, je m'attendais a trouver une nouvelle Angélique durant ma lecture, ou quelque du genre. Mais mon impression a changer quand j'ai lu la mention "une grande fresque historique et libertine" et j'ai foncer les yeux fermer et j'ai été agréablement surprise de cette découverte littéraire.

Faire une résumer sans trop en dire serais un exercice très difficile. Mais l'écriture est très agréable, jamais lourde et redondante.
Les 600 pages du romans font de se premier tome une addiction qui ne peux que nous incité lire la suite et pourquoi pas regarder les films.

Si vous aviez encore des doutes, laisser vous tenter sans hésiter dans cette histoire a la fois légère sur fond d'histoire
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Brillant, amusant et polisson mais reposant sur un fond historique sérieux. Une des dernières grandes réussites du roman type feuilleton populaire. le succès aidant, les tomes se sont accumulés...........
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