Le vestiaire de Maria tient sur trois clous plantés derrière la porte de la cloison : une jupe noire étroite, au-dessus des genoux ; une autre plissée à la taille avec des ramages bleus, et qui lui descend jusqu’aux pieds ; et trois blouses délavées. Sur le troisième clou, un gilet en tricot, de couleur sombre, usé, mailles tirées aux manches et à la taille. Sa lingerie gît pêle-mêle dans une boîte en carton, avec un tas de bricoles, parmi lesquelles un rouleau de billets enveloppé dans un mouchoir vert. Comme elle préfère marcher pieds nus, ses sandales à lanières blanches passent la journée dans un coin de la chambre, dans la baraque de deux pièces où elle est née, que ses frères ont quittée, où elle a vu mourir son père et sa mère.
Maria est en train de frotter la dernière pièce apportée par Guido. Une chemise du père Abelardo. Sans doute vaudrait-il mieux aller au Bico Verde. Elle aurait une vie meilleure, comme lui a dit un soldat, elle achèterait de beaux vêtements, gagnerait davantage. Alors elle se rappelle de Josualdo, du temps où il était petit et où ils allaient ensemble dans la forêt chercher des nids d’oiseaux. Après ils prenaient une épingle, faisaient un trou à chaque extrémité des petits œufs et soufflaient le blanc et le jaune dans un bol. Ils les mangeaient avec du sucre et de la farine de manioc. À la fin de l’année, ils décoraient l’arbre de Noël avec les nids et les coquilles d’œufs, de différentes couleurs. Des œufs de saíra, de gaturamo, d’azulão, de corruíra, de pardal… Les plus jolis étaient les œufs d’anu, bleu et blanc, que son frère chipait dans les nids posés entre les tiges de bambou.