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EAN : 9782907681001
57 pages
Tristram (01/01/1989)
3.55/5   19 notes
Résumé :
Si on les connaît également sous le titre de Préface à un livre futur, on chercherait en vain dans ces Poésies quelque vers que ce soit. Écrites quelques mois avant la mort de leur auteur, elles commettent un renversement total de l'esprit de révolte qui animait Les Chants de Maldoror. Du reste, Isidore Ducasse décide pour leur publication de jeter le masque de Lautréamont et d'y apparaître sous son nom véritable. Ses Poésies font du conformisme une voie véritableme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage, le second et dernier du poète Isidore Ducasse, né en Uruguay et originaire des Pyrénées, s'ouvre sur un long pamphlet (Poésies I) contre les écrivains de son temps.

La rime est contingente, le vers absent… la première stupeur du lecteur est de trouver ce texte en lieu et place de la poésie attendue.
Je ne me risquerai pas à définir ce qu'est la poésie, la prose pouvant lui seoir tout à fait, mais il n'en reste pas moins que c'est davantage un pamphlétaire, certes exalté - avant tout provocateur - dont les mots produisent un son plus proche du capharnaüm que de la rigoureuse musicalité d'un Racine (qu'il tient pourtant en haute estime).

Mais le chaos est magnétique sous la plume de ce météore de la poésie, mort à Paris, avec le Second Empire, à vingt-quatre ans. Sa colère est esthétique, sa rébellion maitrisée et son ironie toute orchestrée. Lautréamont, cloîtré dans sa chambre de bonne, le mouchoir vissé aux lèvres, éructe fiévreusement ses flèches d'oies empoisonnées à l'encrier de ses crachats poitrinaires.

Les idées fusent, les poètes et romanciers de son temps sont des « femelettes », en témoignent les épithètes peu flatteurs accompagnant l'énumération des coupables De Chateaubriand à Lamartine, en passant par George Sand, Rousseau, Balzac et même Victor Hugo, mais dès que le lecteur croit lire en creux ce que doit être positivement la poésie pour Ducasse, ce dernier s'empresse de le perdre à nouveau dans l'abscondité de son propos. Rien d'étonnant à ce que sa contre-oeuvre embryonnaire fut appelée à renaitre sous les auspices des surréalistes.

Le second texte (Poésie II) est une suite d'aphorismes, tantôt péremptoires, égotiques, énigmatiques et provocateurs, souvent contradictoires et prophétiques. Quelle eut été son oeuvre à lui, sa proposition littéraire après la fulgurance contestataire, sous les ferments de sa démolition, de quel génie en germe la phtisie nous a-t-elle privé ? Et quelle fut la vie de ce jeune homme, drapé dans l'oubli – faudra-il l'inventer ?

Lautréamont, prophète, écrivait lui-même : "je veux au moins que le lecteur en deuil puisse se dire: « Il faut lui rendre justice (...) Que n'aurait-il pas fait, s'il eût pu vivre davantage!"

Plusieurs siècles avant nos débats actuels sur les programmes scolaires, le Comte déplore déjà la baisse du niveau d'enseignement au Lycée Louis Barthou de Pau, et sous sa plume, enseigner Alfred de Musset à un élève de troisième ne semble pas plus opportun que de remplacer Rouget de l'Isle par Maitre Gims. On ne sait pas bien si ces emphases cherchent l'outrance ou si c'est un cri du coeur. Peut être est-ce du creux de ce doute que naît la poésie…
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques du vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le splëen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cours d'assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpétuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d’aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses aux camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiômes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées, comme celles de Cromwell, de Mlle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphêmes, les asphyxies, les érouffements, les rages, – devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe si souverainement.
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Elohim est fait à l’image de l’homme.

Plusieurs choses certaines sont contredites. Plusieurs choses fausses sont incontredites. La contradiction est la marque de la fausseté. L’incontradiction est la marque de la certitude.

Une philosophie pour les sciences existe. Il n’en existe pas pour la poésie. Je ne connais pas de moraliste qui soit poète de premier ordre. C’est étrange, dira quelqu’un.

C’est une chose horrible de sentir s’écouler ce qu’on possède. L’on ne s’y attache même qu’avec l’envie de chercher s’il n’a point quelque chose de permanent.

L’homme est un sujet vide d’erreurs. Tout lui montre la vérité. Rien ne l’abuse. Les deux principes de la vérité, raison, sens, outre qu’ils ne manquent pas de sincérité, s’éclaircissent l’un l’autre. Les sens éclaircissent la raison par des apparences vraies. Ce même service qu’ils lui font, ils la reçoivent d’elle. Chacun prend sa revanche. Les phénomènes de l’âme pacifient les sens, leur font des impressions que je ne garantis pas fâcheuses. Ils ne mentent pas. Ils ne se trompent pas à l’envie.

La poésie doit être faite par tous. Non par un. Pauvre Hugo ! Pauvre Racine ! Pauvre Coppée ! Pauvre Corneille ! Pauvre Boileau ! Pauvre Scarron ! Tics, tics, et tics.

Les sciences ont deux extrémités qui se touchent. La première est l’ignorance où se trouvent les hommes en naissant. La deuxième est celle qu’atteignent les grandes âmes. Elles ont parcouru ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils savent tout, se rencontrent dans cette même ignorance d’où ils étaient partis. C’est une ignorance savante, qui se connaît. Ceux d’entre eux qui, étant sortis de la première ignorance, n’ont pu arriver à l’autre, ont quelque teinture de cette science suffisante, font les entendus. Ceux-là ne troublent pas le monde, ne jugent pas plus mal de tout que les autres. Le peuple, les habiles composent le train d’une nation. Les autres, qui la respectent, n’en sont pas moins respectés.

Pour savoir les choses, il ne faut pas en savoir le détail. Comme il est fini, nos connaissances sont solides.

L’amour ne se confond pas avec la poésie.

La femme est à mes pieds !

Pour décrire le ciel, il ne faut pas y transporter les matériaux de la terre. Il faut laisser la terre, ses matériaux, là où ils sont, afin d’embellir la vie par son idéal. Tutoyer Elohim, lui adresser la parole, est une bouffonnerie qui n’est pas convenable. Le meilleur moyen d’être reconnaissant envers lui, n’est pas de lui corner aux oreilles qu’il est puissant, qu’il a créé le monde, que nous sommes des vermiceaux en comparaison de sa grandeur. Il le sait mieux que nous. Les hommes peuvent se dispenser de le lui apprendre. Le meilleur moyen d’être reconnaissant envers lui est de consoler l’humanité, de rapporter tout à elle, de la prendre par la main, de la traiter en frère. C’est plus vrai.
Pour étudier l’ordre, il ne faut pas étudier le désordre. Les expériences scientifiques, comme les tragédies, les stances à ma sœur, le galimatias des infortunes n’ont rien à faire ici-bas.

Toutes les lois ne sont pas bonne à dire.

Étudier le mal, pour faire sortir le bien, n’est pas étudier le bien en lui-même. Un phénomène bon étant donné, je chercherai sa cause.

Jusqu’à présent, l’on a décrit le malheur, pour inspirer la terreur, la pitié. Je décrirai le bonheur pour inspirer leurs contraires.

Une logique existe pour la poésie. Ce n’est pas la même que celle de la philosophie. Les philosophes ne sont pas autant que les poètes. Les poètes ont le droit de se considérer au-dessus des philosophes.

Je n’ai pas besoin de m’occuper de ce que je ferai plus tard. Je devais faire ce que je fais. Je n’ai pas besoin de découvrir quelles choses je découvrirai plus tard. Dans la nouvelle science, chaque chose vient à son tour, telle est son excellence.

Il y a de l’étoffe du poète dans les moralistes, les philosophes. Les poètes renferment le penseur. Chaque caste soupçonne l’autre, développe ses qualités au détriment de celles qui la rapprochent de l’autre caste. La jalousie des premiers ne veut pas avouer que les poètes sont plus forts qu’elle. L’orgueil des derniers se déclare incompétent à rendre justice à des cervelles plus tendres. Quelle que soit l’intelligence d’un homme, il faut que le procédé de penser soit le même pour tous.

L’existence des tics étant constatée, que l’on ne s’étonne pas de voir les mêmes mots revenir plus souvent qu’à leur tour : dans Lamartine, les pleurs qui tombent des naseaux de son cheval, la couleur des cheveux de sa mère ; dans Hugo, l’ombre et le détraqué, font partie de la reliure.

La science que j’entreprends est une science distincte de la poésie. Je ne chante pas cette dernière. Je m’efforce de découvrir sa source. À travers le gouvernail qui dirige toute pensée poétique, les professeurs de billard distingueront le développement des thèses sentimentales.

Le théorème est railleur de sa nature. Il n’est pas indécent. Le théorème ne demande pas à servir d’application. L’application qu’on en fait rabaisse le théorème, se rend indécente. Appelez la lutte contre la matière, contre les ravages de l’esprit, application.

Lutter contre le mal, est lui faire trop d’honneur. Si je permets aux hommes de le mépriser, qu’ils ne manquent pas de dire que c’est tout ce que je puis faire pour eux.
L’homme est certain de ne pas se tromper.

Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous. Nous voulons vivre dans l’idée des autres d’une vie imaginaire. Nous nous efforçons de paraître tels que nous sommes. Nous travaillons à conserver cet être imaginaire, qui n’est autre chose que le véritable. Si nous avons la générosité, la fidélité, nous nous empressons de ne pas le faire savoir, afin d’attacher ces vertus à cet être. Nous ne les détachons pas de nous pour les y joindre. Nous sommes vaillants pour acquérir la réputation de ne pas être poltrons. Marque de la capacité de notre être de ne pas être satisfait de l’un sans l’autre, de ne renoncer ni à l’un ni à l’autre. L’homme qui ne vivrait pas pour conserver sa vertu serait infâme.

Malgré la vue de nos grandeurs, qui nous tient à la gorge, nous avons un instinct qui nous corrige, que nous ne pouvons réprimer, qui nous élève !

La nature a des perfections pour montrer qu’elle est l’image d’Élohim, des défauts pour montrer qu’elle n’en est pas moins que l’image.

Il est bon qu’on obéisse aux lois. Le peuple comprend ce qui les rend justes. On ne les quitte pas. Quand on fait dépendre leur justice d’autre chose, il est aisé de la rendre douteuse. Les peuples ne sont pas sujets à se révolter.

Ceux qui sont dans le dérèglement disent à ceux qui sont dans l’ordre que ce sont eux qui s’éloignent de la nature. Ils croient le suivre. Il faut avoir un point fixe pour juger. Où ne trouverons-nous pas ce point dans la morale ?

Rien n’est moins étrange que les contrariétés que l’on découvre dans l’homme. Il est fait pour connaître la vérité. Il la cherche. Quand il tâche de la saisir, il s’éblouit, se confond de telle sorte, qu’il ne donne pas sujet à lui en disputer la possession. Les uns veulent ravir à l’homme la connaissance de la vérité, les autres veulent la lui assurer. Chacun emploie des motifs si dissemblables, qu’ils détruisent l’embarras de l’homme. Il n’a pas d’autre lumière que celle qui se trouve dans sa nature.

Nous naissons justes. Chacun tend à soi. C’est envers l’ordre. Il faut tendre au général. La pente vers soi est la fin de tout désordre, en guerre, en économie.

Les hommes, ayant pu guérir de la mort, de la misère, de l’ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. C’est tout ce qu’ils ont pu inventer pour se consoler de si peu de maux. Consolation richissime. Elle ne va pas à guérir le mal. Elle le cache pour un peu de temps. En le cachant, elle fait qu’on pense à le guérir. Par un légitime renversement de la nature de l’homme, il ne se trouve pas que l’ennui, qui est son mal le plus sensible, soit son plus grand bien. Il peut contribuer plus que toutes choses à lui faire chercher sa guérison. Voilà tout. Le divertissement, qu’il regarde comme son plus grand bien, est son plus infime mal. Il le rapproche plus que toutes choses de chercher le remède à ses maux. L’un et l’autre sont une contre-preuve de la misère, de la corruption de l’homme, hormis de sa grandeur. L’homme s’ennuie, cherche cette multitude d’occupations. Il a l’idée du bonheur qu’il a gagné ; lequel trouvant en soi, il le cherche, dans les choses extérieures. Il se contente. Le malheur n’est ni dans nous, ni dans les créatures. Il est en Elohim.

La nature nous rendant heureux en tous états, nos désirs nous figurent un état malheureux. Ils joignent à l’état où nous sommes les peines de l’état où nous ne sommes pas. Quand nous arriverions à ces peines, nous ne serions pas malheureux pour cela, nous aurions d’autres désirs conformes à un nouvel état.

La force de la raison paraît mieux en ceux qui la connaissent qu’en ceux qui ne la connaissent pas.

Nous sommes si peu présomptueux que nous voudrions être connus de la terre, même des gens qui viendront quand nous n’y serons plus. Nous sommes si peu vains, que l’estime de cinq personnes, mettons six, nous amuse, nous honore.

Peu de chose nous console. Beaucoup de chose nous afflige.

La modestie est si naturelle dans le cœur de l’homme, qu’un ouvrier a soin de ne pas se vanter, veut avoir ses admirateurs. Les philosophes en veulent. Les poètes surtout ! Ceux qui écrivent en faveur de la gloire veulent avoir la gloire d’avoir bien écrit. Ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l’avoir lu. Moi, qui écris ceci, je me vante d’avoir cette envie. Ceux qui le liront se vanteront de même.

Les inventions des hommes vont en augmentant. La bonté, la malice du monde en général ne reste pas la même.

L’esprit du plus grand homme n’est pas si dépendant, qu’il soit sujet à être troublé par le moindre bruit du Tintamarre, qui se
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Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques de vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cours d’assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpétuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d’aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses aux camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées, comme celles de Cromwell, de Mlle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages, — devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe si souverainement.
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La modestie est si naturelle dans le coeur de l’homme, qu’un ouvrier a soin de ne pas se vanter, veut avoir ses admirateurs. Les philosophes en veulent. Les poètes surtout !   Ceux qui écrivent en faveur de la gloire veulent avoir la gloire d’avoir bien écrit. Ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l’avoir lu. Moi, qui écris ceci, je me vante d’avoir cette envie. Ceux qui le liront se vanteront de même Les inventions des hommes vont en augmentant. La bonté, la malice du monde en général ne reste pas la même.
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J’avais passé beaucoup de temps dans l’étude des sciences abstraites. Le peu de gens avec qui on communique n’était pas fait pour m’en dégoûter. Quand j’ai commencé l’étude de l’homme, j’ai vu que ces sciences lui sont propres, que je sortais moins de ma condition en y pénétrant que les autres en les ignorant. Je leur ai pardonné de ne s’y point appliquer ! Je ne crus pas trouver beaucoup de compagnons dans l’étude de l’homme. C’est celle qui lui est propre. J’ai été trompé. Il y en a plus qui l’étudient que la géométrie.

Nous perdons la vie avec joie, pourvu qu’on n’en parle point.

Les passions diminuent avec l’âge. L’amour, qu’il ne faut pas classer parmi les passions, diminue de même. Ce qu’il perd d’un côté, il le regagne de l’autre. Il n’est plus sévère pour l’objet de ses vœux, se rendant justice à lui-même : l’expansion est acceptée. Les sens n’ont plus leur aiguillon pour exciter les sexes de la chair. L’amour de l’humanité commence. Dans ces jours où l’homme sent qu’il devient un autel que parent ses vertus, fait le compte de chaque douleur qui se releva, l’âme, dans un repli du cœur où tout semble prendre naissance, sent quelque chose qui ne palpite plus. J’ai nommé le souvenir.

L’écrivain, sans séparer l’une de l’autre, peut indiquer la loi qui régit chacune de ses poésies.

Quelques philosophes sont plus intelligents que quelques poètes. Spinoza, Malebranche, Aristote, Platon, ne sont pas Hégésippe Moreau, Malfilatre, Gilbert, André Chénier.

Faust, Manfred, Konrad, sont des types. Ce ne sont pas encore des types raisonnants. Ce sont déjà des types agitateurs.

Les descriptions sont une prairie, trois rhinocéros, la moitié d’un catafalque. Elles peuvent être le souvenir, la prophétie. Elles ne sont pas le paragraphe que je suis sur le point de terminer.
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La poétesse Eva Marzi a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. N'hésitez-pas à rejoindre la page Facebook: https://www.facebook.com/Trousp/?ref=... Pour voir d'autres Questionnaires de Trousp: https://www.youtube.com/channel/UCN8p...
Chapitres:
0:00 Intro: Lecture de poèmes (Nuit scribe) 1:18 Dans quel contexte avez-vous écrit votre premier poème? 2:13 Que pensez-vous de cette citation? «La poésie doit être faite par tous. Non par un.» Lautréamont 2:52 Que pensez-vous de cette citation? «Il n'y a plus de solitude là où est la poésie.» Charles Ferdinand Ramuz 4:09 Quel est votre poète ou votre poème favori? 5:00 À quoi sert la poésie? 6:30 Comment construit-on un poème? 9:14 Pourquoi écrivez-vous de la poésie? 11:19 Remerciements
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