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Critique de argali


Lu il y a plus de vingt ans, lors de mon deuxième séjour au Canada, ce récit m'avait marquée –je m'en souviens – mais laissé une impression diffuse. J'ai eu envie de me replonger dans ce roman historique se déroulant sur vingt années (de 1865 à 1885).

Tout commence dans le pittoresque décor sauvage des forêts et des plaines du Manitoba avant de nous emmener à Montréal. La toile de fond est l'épopée des Métis et de leur chef de file, Louis Riel (personnage important de l'Histoire canadienne, dont je vous parlerai très bientôt). Ici, ce n'est pas la vie de Riel dont il est question, même si le héros lui ressemble beaucoup. Mais il sert de repère historique pour ancré l'histoire d'Astik dans la grande histoire des civilisations ayant peuplé le Canada (amérindienne, métisse, québécoise et anglophone).

En fait, si Astik a fait les mêmes études que Louis Riel, est devenu avocat comme lui et a été éconduit par une jeune Québécoise blanche dont il était tombé amoureux, s'il a quitté Montréal comme lui, pour revenir vivre sur ses terres natales, son histoire, son engagement pour la cause métisse, commence quand celle de Riel s'achève.

L'histoire d'Astik est marquée par le rejet conjoint de ses deux communautés d'origine : celle des Amérindiens et celles des Blancs. Sans relâche, il sera à la recherche de son identité intrinsèque, lui qui a le sentiment de faire continuellement le grand écart entre les deux. Parallèlement, Ronald Lavallée nous conte la déchéance d'une race perdant peu à peu tous ses repères pour se voir imposer ceux des Blancs. Et c'est à la fin du récit, en 1885, lors de la rébellion métisse qu'Astik prendra pleinement conscience de son identité de Métis. Ni Amérindien ni Blanc mais Métis.

Astik Mercredi ne se battra pas au premier plan, comme son prédécesseur, mais il s'engagera auprès de sa communauté pour enseigner aux enfants et leur transmettre les valeurs et l'histoire de son peuple. Douloureuse mission mais salutaire, au lendemain du génocide dont son peuple a été victime.

Paru en 1987, dans une atmosphère de revendications politiques, le Manitoba souhaitant alors garder le droit de vivre, d'enseigner, de travailler en français, ce roman a une acuité particulière aujourd'hui. Sa relecture en 2012, presqu'au moment où les élections provinciales ont été remportées par le Parti Québécois, séparatiste, semble à point nommé pour mieux goûter à l'éternel recommencement. Tout comme Astik, le Québec d'aujourd'hui revendique ouvertement sa spécificité ethnique et un engagement authentique du maintien de celle-ci.

Un récit initiatique et historique vraiment intéressant, à lire pour mieux comprendre la complexité de ce beau pays.



Lien : http://argali.eklablog.fr
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