Les Impressions Nouvelles ont publié en septembre dernier une nouvelle édition de Construire un récit d'Yves Lavandier ( qui a réalisé un long métrage en 2001, Oui mais avec Jugnot et Emilie Desquenne), un ouvrage célébré par d'innombrables scénaristes et cinéastes, indispensable complément du premier volet, intitulé La dramaturgie.
Une importante refonte a été opérée par rapport à la version de 2016. 25 % ont été ajoutés. Il est toujours question de règles qui sont plus que jamais les alliées de tout auteur désireux de transmettre leur pensée et leur univers tout en captivant le récepteur de leur art.
Pour cela, Lavandier propose une méthode étape par étape, précise et complète qui consiste à partir du sens pour arriver au récit complet, en passant par le pitch, les fondations, les jalons, le scène-à-scène et le traitement.
Le principe général étant qu'« on ne construit pas une maison en commençant par le papier peint ». En couverture de cette nouvelle édition, on trouve une photo du film emblématique « Un jour sans fin », une des oeuvres les plus analysées dans le livre, en particulier sur les sujets de la trajectoire interne et de la structure en trois actes.
Une autre bible des scénaristes ? Presque deux fois moins volumineux que La dramaturgie, Construire un récit n'en est pas pour autant le résumé.Plus concret et méthodologique, il veille aussi à ne pas citer les mêmes exemples (puisés dans le théâtre, le cinéma, la télévision et la bande dessinée) que son aîné. Les deux livres sont donc aussi instructifs pour qui veut raconter une histoire. Ils sont assurément complémentaires.
Une suite ? Il faudra attendre 2020 pour clôturer en beauté cette trilogie essentielle à tout dramaturge et scénariste professionnel ou débutant avec la parution de Évaluer un scénario.
LA référence en matière de dramaturgie. Un outil indispensable. le fruit d'un travail de fourmis, précis et soigné de la part d'un théoricien du scénario qui partage son expérience avec générosité. Ouvrage de référence à conserver à portée de main et à offrir à ceux en qui vous croyez.
Merci pour cette méthode claire et complète, pour construire un recit.
Parmi les trois exemples de fondations, j'ai une attention particuliere pour les fondations du 11ieme homme, où le protagoniste est une gamine à differents âges, et les autres personnages importants sont quelques elements de sa famille (pere, frere) ou de son entourage (entraineur, joueur, agent) également à differents âges.
Pourquoi ? par ce que je souhaiterais disposer de cette meme methode, amendée/affinée pour la construction d'une biographie, par exemple pour un protagoniste issu d'une famille de migrants, et qui a atteint son objectif de devenir un grand scientifique, et ainsi avoir satisfait l'enjeu de reconnaissance de sa famille.
Cette version existera-t-elle prochainemant ?
Appendice indispensable, cet opus propose un guide de mise en application des concepts développés dans la Dramaturgie. Sans être encore parfait, l'ouvrage manque de précision quant à la méthode à employer pour dompter sa créativité, il demeure à ma connaissance le meilleur du genre. Sans se cacher derrière son petit doigt ou de grandes théories, il développe les différentes phases d'écriture d'un scénario (ou de tout autre projet de fiction) avec de nombreux exemples et de très praticables pistes de travail.
Dans The healing brain, Robert Orstein et David Sobel rapportent une expérience : la vision d'un documentaire sur Mère Térésa accélérant l'activité du système immunitaire des spectateurs. Inversement, on sait que le fait d'entendre parler d'insécurité ou de terrorisme tous les jours à la télévision peut finir par rendre les gens craintifs et, par exemple, influencer leur vote.
Partie 2. Le sens : sur le pouvoir du drama et des images.
Red Smith, journaliste sportif américain, a eu un jour ce mot, assez célèbre dans le monde anglo-saxon : "écrire, c'est facile. Il suffit de s'asseoir à sa machine à écrire et de s'ouvrir les veine". La formule est jolie mais incomplète. Il ne suffit pas de s'ouvrir les veines, il faut aussi canaliser le flot.
"On notera qu'Un jour sans fin illustre ces cas où le climax trajectoriel précède le climax dramatique Malheureusement, entre les deux climaxes, il se passe dix bonnes minutes sans conflit. Or, on est toujours dans l'action. Phil n'a toujours pas atteint son objectif (sortir de cette répétition maudite). Un jour sans fin - pour lequel j'ai, par ailleurs, une profonde estime - illustre parfaitement le danger du découpage en trois actes de Syd Field [26]. Quand vous mettez le climax dramatique au milieu d'un troisième acte "fieldien" - celui qui doit faire 30 minutes et comprend deux parties très différentes -, vous prenez le risque de faire retomber le suspense au début dudit troisième acte."
"C'est parce que j'ai souvent vu des scénaristes refuser de rentrer dans le pot et s'embarquer dans l'écriture sans savoir ce qu'ils voulaient vraiment raconter que j'insiste autant sur la question du sens, caché et profond. Et l'on ne voit pas ce phénomène que dans les ateliers d'écriture. Chaque semaine, sortent des pièces ou des films qui manquent de cohérence. A contrario, j'ai pu constater qu'un travail en profondeur et en conscience sur l'intention et les motivations pouvait améliorer l'écriture."
Que signifie "Le Cid" en arabe ?