Du sommeil de l'ange
Les spasmes secouent ton ventre,
lacérant tes entrailles torturées
Contre la mort, je ne peux rien
Laisse-moi au moins soulager
tes souffrances et t'enlacer
Dors, repose en paix
Toi que j'ai tant aimé
Et qui m'a comblée de cette rare vertu
nommée fidélité
Je n'ai connu si belle amitié
De l'aiguille à la peau, le poison s'insinue
Trop vite
Regarde-moi dans les yeux: je t'aime!
On m'a forcée à te quitter: depuis quelques minutes, tu étais décédé; l'ai-je seulement réalisé? Je n'ai pas fredonné la mélodie que, pour toi, j'avais composée; le sol fuyait sous mes pas. Nous avons toujours avancé côte à côte jusqu'à ce jour.
De retour à la maison, je me suis rappelé ton image: tu t'es endormi doucement, dans la sérénité.
"Le sommeil de l'ange", c'était donc cela que la vieille dame désirait insinuer.
Je ferme mon journal et le range dans la bibliothèque, près de la casquette que grand-père portait après la chimiothérapie.
J'ai tourné la dernière page de la vie de Max. Je la relirai souvent, telle une belle histoire qui donne du courage et du souffle. J'en parcourrai les pages une à une les jours d'incertitude, ceux où j'aurai envie de tout lâcher, les jours de tourmente également, lorsque j'aurai besoin de me faire parler d'amour.
Skippie saute sur le lit et commence à s'énerver.
--Donne-moi encore quelques minutes...
Je reprends mon crayon et l'aiguise. Avec la clé, j'ouvre mon nouveau journal, puis je me mets à écrire.
Une entrevue réalisée en 2021 par l'animatrice Suzie Prénovost dans laquelle je parle (à la dix-septième minute) de mes romans et de ma démarche littéraire.