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EAN : 9782896114894
99 pages
Plaines Canada (26/03/2015)
5/5   2 notes
Résumé :
Je me lève. Nous déjeunons. Ceci est l'Univers, vu de proche. Si proche, en fait, que le silence du moteur n'en est que plus impressionnant. Et si je regarde très loin. Si loin que c'en est quasiment ridicule. La vérité se cache. Malgré. Dans l'intelligence. La grande subtilité des plus petites particules.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce recueil de poèmes, édité en 2015, suit "finutilité" de Daniel Lavoie.

Il s'agit de "Particulités".

Je suis impressionnée par l'aptitude du poète à créer une nouvelle métaphysique et une nouvelle foi à partir de notre appréhension de l'univers depuis l'élaboration des théories de la relativité.

Le Dieu des chrétiens n'est plus. On peut même affirmer qu'il a été remplacé par celui des athées : l'athéisme n'étant rien de moins qu'une croyance aussi, une façon de nous installer dans le monde la plus confortable et la moins désespérée possible.

"Tous les athées ont leur théorie du néant", nous dit le poète. "Sinon, ils le devraient" : car l'athéisme peut et doit être une spiritualité.

Comment survivre à la révélation de ce que nous sommes ? "La vie est faite de choses communes : de l'eau, du fer, du carbone et de l'air". "La matière, il est clair, avait un plan. J'étais tombé par hasard dedans".

Bientôt, un jour, sous peu, nous serons pulvérisés dans un univers dont on dit qu'il est en perpétuelle expansion.

Que sommes-nous ? Où allons-nous ?

"Et si Dieu n'était pas un IL ou un NOUS, mais un CELA ?"

Oui, Dieu est probablement un "cela", et ce n'est pas une raison pour perdre espoir, cet espoir qui est "l'endorphine de l'âme". Qui "enlève un peu de douleur lorsque les temps sont trop durs."

Car, comme le dit Saint-Thomas d'Aquin, l'amour fixe la marche du monde et des étoiles.

L'amour charnel, qui sans doute y participe ( "Je vaux bien mon poids en or, ou en caresses, ou en orgasmes. Je vaux bien quelques orgasmes", implore le poète, de sous-enchère en sous-enchère). Mais cet amour-là, Éros, ne suffit pas ; Agapé est l'indispensable amour, celui-là qui nous unissait à la divinité, et qui n'est pas mort avec elle, ou avec sa nature autre : la cohérence sublime de la moindre particule avec le Grand Tout, même si nous ne savons pas ce qu'est le Grand Tout.

Notre individualité est un épiphénomène : chacun veille à la part d'univers que l'ordre du monde a mis sous sa garde. Bientôt elle sera dissoute et le prêt qui nous a été fait de la matière (autant dire de l'esprit) sera remis au pot commun.

Soyons humbles : "La compréhension est illusion. Toute pensée est locale. S'occupe de l'immédiat. Là. Ta situation précaire et ton corps mou".

Le style poétique de Daniel Lavoie est bref, haletant, syncopé. C'est la voix de l'urgence et de la révélation.

De l'urgence de la révélation.

Une spiritualité intense nait de ces lignes, au milieu de la conscience de tant de noirceur, et de gris, beaucoup de gris, avec un peu d'orange.

Ce n'est plus le néant que nous avons à craindre puisque nous sommes éternels, c'est même plutôt l'éternité que nous avons à redouter, puisqu'elle nous déshabillera de ce "nous" qui nous est si cher. Nous sommes éternels dans l'esprit-matière, et jamais nous n'y échapperons.

"Je suis le prisonnier d'un évènement particulaire", dit Lavoie.

Pourtant l'Instant est là, la sagesse est d'y être présent, entièrement : " Y'a du pain sur la table. Un bon fromage au frais (...). Pour rêver, somnolent, aux doux matins de mai".

Une révélation pour moi qui ne savait comment m'accommoder de la découverte que nous sommes composés de quatre particules élémentaires : l'azote, l'oxygène, l'hydrogène et le carbone.

Vous qui errez en plein jour, une lampe à la main, cherchant quelque chose ; la même que vous continuez à traquer, la nuit, à la lueur d'une minuscule luciole, ou de rien du tout : lisez ce petit recueil.

PS : ces poèmes, bien qu'écrits par un francophone et publiés en français, ne sont accessibles en France que sous le format Kindle. L'éditeur, Plaines du Canada (Manitoba), n'expédie pas en France.
Si l'on est, comme moi, sensible à l'érotisme de la possession physique de la chose littéraire, il faut passer par un libraire parisien spécialisé en littérature canadienne, avec un délai un peu long (huit semaines).

Shit !
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As bizarre as it might seem to review a book of French language poetry in English, I will do exactly that, although it is very difficult to find an English equivalent even for the book's main tonality, la tristesse. Not quite sadness, but rather a dark tint, a beautiful melancholy. Forget everything you know about Daniel Lavoie the entertainer, with his trademark sunny smile. The narrator of Particulités is disillusioned and detached as he dissects the Universe's mechanics, awe-inspiring and mysterious, the work of a great higher consciousness. When the narrator then descends back to Earth he observes it almost as a stranger, who despite all the vain and cruel ways of humanity, through the mundane details of everyday life senses a higher light seeking transcendence through people, nature and art (“Je sais qu'un dieu séculier cherche, à travers moi, les mots pour me dire qu'il est là” - bulletin).

This philosophical detachment can be shocking at times - after all, in this poetic system there is quite logically no hierarchy of what is important and what is unimportant, and so whatever comes in life - good or bad – makes no difference: music, pain, sex, death... whatever. However, the author's passionate empathy for humankind is palpable (james, finutilité), and so is his close relationship with nature, which offers its most precious gifts – peace and priceless silence (“Dans ce monde ou tout va trop vite, les kilomètres à pied sont un réconfort que les riches ne peuvent pas acheter” - rose du désert).

But enough of the “whats”, on to the “hows”.

The vertiginous changes in the scale of subjects (from cosmogony to fleeting sensations) and images (from the surrealistic to the intimate), the homeopathic use of humor, sarcasm and eroticism, the encyclopedic knowledge of plants and birds, the cult of silence, the persistent interest in the idea of finality, the microscopic vision, the elegance of thought and expression and the musicality of the verse to me are the signature traits of Lavoie's poetry. I particularly like the texts in which the author "describes the indescribable", captures those elusive things that cannot be expressed by ordinary human language, only by poetry (the birth of music in l'odeur des doigts, the acute sense of time passing in les outards, the “banal chaos” of the moment in poème 4, etc.).

Lavoie's Particulités is one of those poetic works that have such a strong and original vision they change my own perspective a little. And that, of course, is why I read poetry.
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critiques presse (1)
LeDevoir
20 avril 2015
Daniel Lavoie se fait observateur de la dérive contemporaine et s’accroche au moindre mot, à la moindre image qui pourrait sauver le monde d’un désespoir qui en assombrit la beauté.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La complexité est telle que même la lumière est une fréquence, à la fois onde, à la fois particule.
Elle te mitraille. Tout le temps. De partout.

La compréhension est illusion. Toute pensée est locale. S’occupe de l’immédiat. Là. Ta situation précaire.
Et ton corps mou.

Quand tu crois tenir quelque chose, dis-toi bien que tu ne tiens rien. Une information passagère. Utile
aujourd’hui. Pour là où tu es.

Où es-tu ?
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Le droit de vivre.
Le droit d’assassiner.
Le droit de prendre.
Le droit de dire non.
Le droit de courir.
Le droit de s’asseoir.
Le droit de conquérir.
Le droit de crier grâce.

Aucun droit aucun. Fais ce que tu veux en autant que tu en tires.
Que personne ne le sache. Rien dans le ciel
et rien sur la Terre n’exige autre chose de toi
que de baiser et mourir.

La loi ne protège personne. Elle n’est qu’un rassurant consensus
issu de la peur du troupeau et de la prévoyance du pouvoir.

Passe ton chemin. Espère. Mais choisis un pays calme.
Barricade ta porte.

La mort passera quand même.
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Mon âme, certains jours, veut se sentir éternelle. Je dois lui dire : Mais oui, tu es toujours belle.

Mon âme, quand elle sera vieille, se croira encore jeune. Elle dira en maugréant : Si ce n’était de ce vieux client, je partirais vers la lune.

Alors je lui dirai : Mais où vas-tu ma vieille maîtresse ? Ma sainte demeure, et ma tristesse ? Tu quittes un coeur usé ? Un corps qui fuit ? Une volonté soumise ?

Je lui crierai : Reviens. Reviens mon allégresse. Ma valse manouche. Ma belle église.
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Ne dis pas non. Les preuves sont accablantes.
Regarde bien tes mains.
Ce sont les mains d’un monstre qui se connaît.

De palliatif en palliatif, tu traverses l’insensé.
Qui devient alors inévitablement risible.
Et puis après, l’absurde.
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Le gris est un centre d’achat. C’est le besoin de posséder. Le cuicui des moineaux. La musique d’état.
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Videos de Daniel Lavoie (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Lavoie
Gaya et le petit de?sert
Conte de Gilles Vigneault Chansons de Gilles Vigneault et Jessica Vigneault Illustrations de Ste?phane Jorisch Interpre?tes : Richard Se?guin, Diane Tell, Louis-Jean Cormier, Ingrid St-Pierre, Daniel Lavoie, Edgar Bori, Kathleen Fortin, Damien Robitaille, Juliane Belleau, Vincent Davy et Marcel Sabourin
Livre-Disque 978-2-924217-75-7 Date de publication au Canada : 23 septembre 2016 La Montagne secrète www.lamontagnesecrete.com
LIVRE Un merveilleux conte e?cologique, accompagne? d?illustrations tendres et poe?tiques, nous invite a? suivre Gaya, une petite fille curieuse et pleine d?ide?es. Elle de?couvre un matin pre?s de la maison de son grand-pe?re que le puits d?eau est tombe? a? sec. Pour en connai?tre la cause, elle part interroger les habitants de la fore?t, dont un vieil arbre plusieurs fois centenaire, ainsi qu?un hibou loquace, un e?cureuil plus rapide que l?e?clair et un castor qui travaille sans cesse la nuit. Chacun pointe du doigt son voisin, cre?ant ainsi un vrai casse-te?te ! Heureusement, a? travers ses nombreux pe?riples en que?te de ve?rite?, Gaya conclut qu?il y a dans la vie la possibilite? de croire a? tous les recommencements.
DISQUE La lecture chaude et rassurante de ce conte captivant est suivie de 10 chansons joyeuses et pleines d?esprit interprétées par des artistes québécois de renom.
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