En 2015, l'auteur est venu en Ukraine pour un mois. Dans le passé, il a déjà visité le pays, mais pour une courte durée seulement. Il a manqué la révolution et le début de la guerre. Il parle le russe, mais pas l'ukrainien.
À peine arrivé, il commence à faire des leçons aux habitants : quelles lois faut-il adopter ou abolir, quelles ententes faut-il signer, etc. Les Ukrainiens ne sont pas d'accord avec lui? C'est parce qu'ils sont bornés, orgueilleux et biaisés.
Naturellement, l'auteur se voit obligé de les instruire : lui, il connaît ce pays « très bien », il le connaît mieux que les Ukrainiens. Cette croyance est basée sur quelques visites courtes et sporadiques.
Mais passons au contenu. Et là, le diable est, comme toujours, dans des détails :
1) L'auteur dit que les « vainqueurs » étaient trop orgueilleux pour essayer à s'entendre avec les « populations russophones » (en fait, une bonne moitié des révolutionnaires furent des russophones, mais passons).
Or, dès la fuite du président, le pays connut plusieurs initiatives citoyennes de la solidarité interrégionale et inter-linguistique. L'auteur ne parle pas, par exemple, de la journée de la langue russe à Lviv (« un bastion nationaliste ») le 26 février 2014, lorsque des ukrainophones se sont mis à parler russe par solidarité avec des concitoyens du Donbass et de la Crimée; en réponse, des russophones de Donetsk ont fait une journée de la langue ukrainienne. Il ne parle pas non plus de « trains d'amitié » entre l'ouest et l'est du pays, dont le but était justement de ruiner des préjugés mutuels.
2) Il oublie totalement des manifestations pro-ukrainiennes à Donetsk et à Lougansk au printemps 2014. Ces manifestants étaient battus par des bâtons de fer sous les yeux de la police complaisante. Une bonne partie de ceux qui les ont battus sont venu de la Russie dans des autocars spécialement loués. Beaucoup étaient payés.
3) Il présente l'annexion de la Crimée par la Russie comme une décision spontanée. Or, la planification d'une opération d'une telle ampleur aurait dû prendre des mois : le tout était très bien exécuté; trop bien pour une action improvisée.
4) Il dit qu'en mars 2014, Iatseniouk, alors le premier ministre ukrainien par intérim, n'a parlé qu'avec « des élites », mais pas avec les rebelles. Or, il oublie de mentionner que les « rebelles » ne furent qu'une centaine d'hommes armés retranchés dans un immeuble administratif; une partie venait de la Russie (comme le fameux « Babaï »). En fait, le premier ministre s'entretenait également avec des ouvriers locaux, mais quelle importance?
Et on peut continuer.
La raison de la guerre, selon d'auteur? le parlement a abolit une loi favorable à la langue russe. Cette décision n'a jamais était promulguée? Peu importe. de nombreux russophones (y compris du Donbass) lui expliquent en russe qu'ils ne veulent pas être protégés par Guirkine et Zakhartchenko? Bah, des détails!
Comment arrêter la guerre? L'auteur le sait : il faut signer « un nouveau partenariat économique » avec Poutine pour qu'il retire ses troupes du Donbass. Et si, après la signature, Poutine ne retire pas ses troupes? L'auteur n'en parle pas.
Côté positif : le livre est bien écrit, bien structuré et pas cher.
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Son livre se lit comme un roman, nourri par les rencontres, les bombardements, les brefs moments de peur et ceux, tout aussi courts, de grâce.
Lire la critique sur le site : LaPresse
C'est que l'histoire est une matière hautement friable et il faut bien la connaitre pour saisir comment chacun s'amuse à en manipuler les fragments afin de construire une version qui sert ses intérêts.
Ils auront beau dire ce qu’ils voudront, retourner ton cadavre dans tous les sens, la guerre ne sera jamais belle sur le visage de personne. Leur héroïsme n’est pas surhumain, il est antihumain. Chacune de leur victoire est une défaite de plus pour notre espèce.
Personne n’a cherché à bâtir de pont. Ce sont moins les divergences en soi qui ont provoqué la crise que le manque de communication. Les vainqueurs ont été arrogants. Un simple dialogue, ou même un monologue de leur part, aurait montré que les positions des majorités d’un côté et de l’autre n’étaient pas si éloignées que certains – les propagandistes russes en premier lieu – voulaient le laisser croire.
Elle a fait comme on fait à la guerre. Elle a regardé droit devant, sans jeter un coup d’œil à l’angle mort de ses convictions, et elle a continué de haïr ceux qu’elle refuse d’écouter.
Car aucun parce que, aucun argument historique, politique ou militaire, aucun sentiment vertueux de supériorité morale de la part des protagonistes de cette guerre, de toute guerre, ne peut justifier, ne serait-ce que partiellement, l’usurpation de ton droit à la vie. Tu étais innocent et tu l’es toujours. Ils étaient tous coupables et ils le sont encore.
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