La poésie…
Elle se tient là dans le miroir des jours
Elle caresse le ciel du bout des doigts
Elle se tait entre deux battements d’ailes
Elle dit le feu le vent et l’étincelle
Elle est la faim la soif qui ensorcelle
Elle est soleil levant
pépiement matinal
Elle est poisson volant dans un feu végétal
Elle est lointaine et proche étrange et familière
Elle est le chant secret
la danse des fougères
Elle est la fleur sauvage la flûte traversière
Ombre posée sur les paupières de la nuit
Elle se tient silencieuse aux carreaux de ta vie
Elle est celle qui prie aux croisées de ta joie
Et cette fête du silence…
Et cette fête du silence
Ce fruit donné
Cette naissance
Combien de fois l’avons-nous refusée
Combien de fois l’avons-nous expulsée
Loin de l’auberge où nous menons commerce
Dans les remises de notre cœur
Mais là à même le sol de nos famines
Baume mêlé au feu glacé de nos déserts
Voilà qu’elle nous rejoint
Voilà qu’elle nous devine
Lumière nue aux carreaux de nos nuits
Lente poussée de joie au ventre du mystère
Appel en nous du Chant
Amour qui nous relève
Le poème ne se fabrique pas…
Le poème ne se fabrique pas
Il ne se possède pas
Il ne s’obtient pas au mérite
Il ne prouve pas sa conformité
C’est un chant clandestin
Un don reçu
Un présent inespéré
Un cerceau faisant rouler la nuit
Autour des hanches du silence
Une main posée sur la tempe bleue du temps
Une ombre qui tient tête au soleil
L’éblouissement d’un amour gracieux
La simplicité d’un pardon sans aveu
D’où vient cette cascade…
D’où vient cette cascade
De mots quand tu écris
Où roule cette rivière
Au creux de ta main nue
Qu’est-ce qui s’enracine
Ici lorsque tu pries
Quel est donc ce silence
Où se forme l’épi
D’où vient ce vent ténu
Toutes fenêtres closes
Qui ouvre ce passage
Ce jour entre les lauzes
Quel est ce cri muet
Que la joie perpétue
Qu’est-ce qui chante encore
Même quand la voix s’est tue
Le Poème est le plus court chemin…
Le Poème
Est le plus court chemin
Du silence à la joie !
Un poème de Jean Lavoué, dit par lui-même, accompagné à la guitare par Alejandro, un ami mexicain