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Critique de Sarindar


Comment définir et analyser la guerre de mouvement et de raid, et donc de harcèlement, et la guerre psychologique conduites pendant la Révolte arabe dirigée par les Hachémites contre les Turcs de 1916 à 1918 ?
T.E. Lawrence théorisa beaucoup pendant et surtout après guerre, mais pour faire oublier qu'il n'était pas le concepteur des opérations ni le donneur d'ordres, et que si sa perception des choses, son implication et son esprit d'initiative furent loin d'être négligeables et donnèrent de merveilleux résultats, il n'a finalement fait qu'improviser et a cherché à donner sens à tout cela, mais après coup.
Si Lawrence a bien mis en musique à sa façon la prise à revers du port d'Akaba, sur la mer Rouge, en juillet 1917, et s'il a réussi de beaux "coups" dans les attaques de train et les destructions de ponts et de tronçons de voie ferrées entre Médine et Damas pour gêner le trafic ferroviaire essentiel pour l'approvisionnement et le déplacement des troupes turques - et a échoué dans quelques-unes de ses entreprises -, il a surtout bénéficié avec les Arabes d'un facteur chance et des coups de boutoir portés aux Turcs par les généraux britanniques Archibald Murray et Edmund Allenby en Palestine et en Syrie, qui ont permis aux troupes chérifiennes, placées plus à l'est, de remonter vers le nord en parallèle.
De sorte qu'il faut lire les écrits de Lawrence avec recul et circonspection, et ne pas regarder les résultats obtenus par les Arabes, sur le terrain, comme le fruit de leur seule bravoure et de leur infaillibilité guerrière.
Une observation plus fouillée des faits militaires et des tactiques employées permet de se rendre compte que plusieurs choses ont joué ensemble, plus qu'une idée stratégique de haut vol (impression donnée par la relecture lawrencienne des événements), dont l'application se serait imposée comme seul adaptée aux circonstances. Il faut par exemple relativiser la notion de "guerre de course dans le désert". La "petite guerre" conduite par les Arabes le fut certes avec une économie de moyens et de pertes, mais elle ne fut pas organisée scientifiquement ; elle le fut au mieux, avec parfois de très beaux résultats à la clé, et les résultats obtenus n'auraient certainement pas pu l'être sans le soutien financier (la "cavalerie de Saint-George") et l'appui logistique britannique et français. Ce qui n'enlève rien au courage et à l'audace des Arabes et de "Lawrence d'Arabie".


François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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