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EAN : 9782234016354
137 pages
Stock (01/01/1994)
3.33/5   27 notes
Résumé :

Deux jeunes citadines rachètent une ferme dans la campagne anglaise, où elles vivent tant bien que mal. À la fin de la Première Guerre mondiale, le retour d un jeune soldat amène une intrigue où la volonté de domination tiendra une place capitale. Pour Lawrence, la séduction n'a rien d'un art ; elle renvoie à quelque chose de profondément animal en chacun de nous, au-delà des affinités amoureuses, et d'ailleurs de tout comportement sensé...
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le Renard est un court roman, 137 pages exactement, de l'auteur anglais D.H. Lawrence.
L'histoire est celle de deux femmes d'origine citadine, qui se sont retirées quelque part dans la campagne anglaise pour exploiter une petite ferme, avec des poules, des canards et quelques vaches. L'auteur ne les décrit quasiment que sous leurs noms patronymiques, tel que le voisinage d'ailleurs les connaît : March et Banford. Nous sommes à l'automne 1918, hélas pour ces deux jeunes femmes, le grand rêve agricole s'étiole, la ferme vivote, l'affaire n'est pas très rentable, elles ont dû se séparer des quelques génisses qu'elles possédaient pour se consacrer uniquement à élever la volaille.
Et puis, il y a ce renard qui rôde, qui se fait de plus en plus menaçant, les nargue à la lisière du bois, dépèce désormais chaque jour une poule de la basse-cour...
Elles sont découragées.
On ne sait rien du projet qui les a amenées là, on ne sait rien vraiment de leurs relations, ce qu'il y avait avant qu'elles ne viennent ici, ce n'est pas important. On les sent unies par un amour qui les protègerait et en même temps elles sont comme sur un fil tendu où il ne suffirait pas grand-chose pour que le paysage se fissure. Elles ont besoin l'une de l'autre, c'est cela qui les tient sans doute...
Et puis un jour, Henry Grenfel, un jeune soldat de retour de la guerre débarque... Il pensait retrouver son grand-père qui était l'ancien propriétaire de la ferme, mais le vieil homme est mort depuis...
Le jeune homme est harassé et un peu dépité. Comme il est plein de douceur, les deux jeunes femmes proposent de lui offrir l'hospitalité pour quelques jours...
Voilà, le décor est planté ! À partir de cet instant, un jeu ténu va se jouer, sournois, indicible, entre les trois personnages dans une tension palpable, grandissante à chaque instant, c'est presque comme une lutte, où le désir s'insinue, tandis que le renard rôde à la lisière du texte.
L'histoire est construite sous la forme d'un vrai huis-clos.
J'ai été subjugué par la densité de sentiments et d'émotions condensés en si peu de pages, sentiments et émotions qui ne sont jamais dits à ciel ouvert, tout est sous-jacent, tu, enfoui, caché par des pulsions qui sommeillent et s'éveillent comme des braises...
C'est incroyablement sensuel, presque animal par moments. Troublant, cruel aussi.
Le désir, la jalousie, la domination, s'invitent comme une farandole dans cette narration puissante, thèmes sans doute chers à l'auteur et que j'avais déjà aperçus dans L'Amant de Lady Chatterley.
Il y a quelque chose d'animal qui rôde parmi les pages et l'auteur joue subtilement avec ce quatrième personnage qu'est le renard et qui fera basculer le récit vers l'envers du décor...
C'est bref, c'est dense, c'est percutant, c'est juste un chef d'oeuvre.
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Etrange récit assez envoûtant que ce "Renard" qui désigne à la fois le goupil voleur de poules et le jeune Henry, ambitieux prétendant aux dents longues, familier de la ruse et des artifices pour parvenir à ses fins.

March et Banford sont deux femmes anglaises qui s'installent dans une ferme à l'issue de la Première Guerre mondiale. On ne connaît pas l'histoire particulière de ces deux amies qui, à trente ans passés, sans mari, sans enfants, décident d'élever poules et canards. Inexpérimentées, peut-être un peu utopistes, elles vivotent plus qu'elles ne vivent de leur activité agricole. Un beau jour, arrive un jeune homme en uniforme canadien, il est le petit-fils de l'ancien propriétaire de la ferme. Rapidement, il conçoit le dessein de séduire March, cette forte femme aux allures viriles qui fend le bois, dresse des palissades, nourrit la volaille et porte pantalon et bandes molletières. Un plan à deux inconciliable avec le trio que forment deux femmes et un homme.

Lawrence plante le décor en quelques pages et donne une atmosphère à la fois poétique par le spectacle de la nature et oppressante par la mise en place de ce huis-clos paysan qui enferme une poignée de personnages dans un drame latent jusqu'au dénouement.

Le récit semble tout d'abord inoffensif avant que l'atmosphère et les relations entre protagonistes se tendent et s'intensifient. On ne peut pas parler de suspens mais réellement de tension. J'ai apprécié cette narration bien qu'à mon sens, Lawrence, sous l'apparence de mettre en scène de manière moderne des femmes indépendantes, nuise finalement à ses héroïnes dont il prépare l'asservissement à l'homme par leur incapacité à échapper aux calculs et à la ruse de l'homme-renard.

"Le Renard" n'est pas un roman d'amour, c'est un roman de domination, celle du mâle sur les femelles. L'histoire de l'Humanité ?


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D.H. Lawrence nous a habitué aux histoires d'amour troublantes notamment avec son excellent roman "L'Amant de Lady Chatterley". Si le trouble est bien présent dans "Le renard", cette nouvelle est beaucoup moins séduisante.
Elle reste cependant surprenante tout au long de la lecture par la psychologie des personnages et par l'association entre le renard qui rôde autour du poulailler et le jeune soldat qui tourne autour d'une femme. Mais cette surprise m'a laissée un peu sur ma faim parce que le texte manque de rythme.
On s'essouffle à attendre ce qui va se passer à Bailey farm où deux femmes, Bandford et March, ont décidé de vivre ensemble pour reprendre la vieille ferme. Elles ne manquent pas de labeur en cette fin de première guerre mondiale. On ne connait pas la nature de leur relation mais assez vite on peut penser que c'est plus que de l'amitié.
Bandford est gracile et autoritaire alors que March est solide physiquement mais peu sure d'elle.
Quand le jeune Henry revient de la guerre dans la ferme de son grand-père, il fait connaissance avec les deux femmes qui lui annoncent que ce dernier est mort mais elles acceptent d'héberger le soldat provisoirement. Il va jeter son dévolue sur March qui le fascine alors que cette dernière reconnaît en lui les yeux du renard qui s'attaque à ses poules. Pourtant, elle va finir par accepter sa demande en mariage bien qu'elle ne soit pas amoureuse. Peut-être par simple attirance sexuelle ? On peut se poser la question. Cela rend Bandford furieuse et elle n'hésite pas à le faire savoir d'autant plus que le jeune homme ne cherche qu'à dominer la femme, à en faire sa possession. La pauvre March ne sait plus quoi faire même quand Henry insensible à la mort tue le renard, elle oscille en permanence entre l'homme et la femme.
L'histoire a un intérêt certain notamment sur la complexité des rapports humains mais aussi sur les séquelles laissées par la guerre, dommage que le texte soit un peu poussif.


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J'adore le style de D. H. Lawrence. Un écriture musicale qui produit son effet, même sous sa forme traduite, car il utilise un effet assez peu usité en littérature, qui confine à la scansion et qui consiste à dédoubler les fins de phrases, figure de style connue des spécialistes sous le nom d'« épiphore », mais si l'on ne se souvient pas du terme, ça n'a probablement pas beaucoup d'importance.

Cette mécanique d'écriture crée un rythme particulier, très agréable à mes oreilles et que je prends chaque fois plaisir à retrouver dans les écrits de l'auteur. Toutefois, un style n'est pas tout et, s'il en faut venir aux choses qui fâchent un peu, j'ai été globalement moins convaincu par le Renard que par d'autres livres de David Herbert Lawrence.

Dans l'Angleterre post-Première guerre mondiale, deux jeunes femmes forment un « couple » de fermières quelque peu atypique, surtout pour l'époque. L'auteur ne nous dit jamais que March et Banford — c'est ainsi qu'il les désigne la plupart du temps — ont une relation homosexuelle, mais on le devine sans peine.

Les deux femmes (approchant la trentaine) ont réuni leurs économies afin de reprendre la ferme de Bailey, un vieil homme décédé trois ans plus tôt. Celle-ci se situe quelque part dans la proche banlieue nord de Londres, un espace aujourd'hui urbanisé, mais qui, il y a un siècle, ne l'était pas encore, non loin du quartier d'Islington.

Jill Banford est frêle, souffreteuse, tandis que Nellie (Ellen) March, bien que féminine, est bâtie comme un maître autel. C'est Banford et sa famille qui ont apporté la majeure partie du capital, mais c'est March qui effectue l'essentiel du travail physique de la ferme. Les affaires, toutefois, ne sont pas extraordinairement florissantes car, ayant renoncé au gros bétail, les deux fermières ont tout misé sur les poules, lesquelles poules sont affreusement sensible au…
… renard !

Ajoutons à cela qu'un beau jour, un soir, même, pour être précis, un certain Henry Grenfel s'en vient frapper à la porte sans y avoir été invité. le temps est exécrable, et le jeune homme, trempé sous sa capote, se retrouve tout étonné de ne pas découvrir son grand-père dans la maison. C'est en réalité le petit-fils du vieux Bailey décédé trois ans plus tôt.

Que va faire cet encombrant visiteur ? Quelle relation va-t-il se nouer entre lui et elles ? Qu'adviendra-t-il du renard ? Mais, au fait, qu'est-ce qu'un renard ? Ces interrogations, et tant d'autres, auxquelles je me refuse à répondre sous peine de déflorer l'oeuvre, trouveront réponse si vous décidez de passez à la lecture.

Il me reste toutefois à souligner que le but littéraire est moins net, moins maîtrisé, me semble-t-il, moins efficace, peut-être, ici que dans d'autres réalisations de l'auteur. L'anthropomorphisation du renard et l'animalisation de certains personnages m'ont un peu dérangé, car j'ai trouvé le procédé un peu trop voyant, un peu trop insistant, alors que c'était beaucoup plus subtil dans L'Étalon, par exemple, du même D. H. Lawrence.

Au demeurant, je ne suis pas certain d'avoir vraiment compris le sens qu'a voulu donner l'auteur à cette oeuvre. En somme, artificialité, défaut de sens et équilibre général un peu défaillants sont venus altérer mon plaisir dans la réception de ce court roman, mais qui reste, je tiens à le souligner, tout de même agréable à lire, notamment par ce fameux effet de style que j'évoquais plus haut.
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Dans la campagne anglaise, à la fin de la Première Guerre mondiale. Deux femmes tentent de vivre tant bien que mal dans la ferme qu'elles ont racheté. Un jour, un soldat arrive sur les lieux à la recherche de son grand-père.

Le Renard est un court roman (un peu plus de 130 pages) écrit par D. H. Lawrence en 1917. Un texte scandaleux et subtil, au style sobre, où l'écrivain fait montre de tout son talent. Il joue avec les métaphores et un personnage très doué pour la manipulation pour mieux critiquer la situation des femmes à cette époque : difficile, très difficile de vouloir vivre sans hommes, d'être indépendante, de tout simplement sortir de la norme. Il décrit aussi avec justesse l'illusion du bonheur. Dès les premières lignes, en filigrane, la tragédie s'amorce inexorablement.

Un roman efficace et très bien écrit.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Avec sa bonne volonté, sa responsabilité, elle s’était épuisée au point qu’elle avait la sensation que la vie entière, que tout n’était qu’un horrible abîme de néant. Plus vous tendiez la main vers la fleur fatale du bonheur, qui tremble, si bleue et si jolie, dans une crevasse un tout petit peu plus loin que votre main, plus terriblement vous preniez conscience du gouffre épouvantable du précipice creusé au-dessous de vous, et dans quoi vous plongerez inévitablement, comme en un trou sans fond, si vous tendez la main davantage. Vous cueillez fleur après fleur – ça n’est jamais la fleur. La fleur elle-même… eh bien, son calice est un gouffre épouvantable, c’est le trou sans fond.
(p. 133-134)
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Il espérait pouvoir caresser sa joue blanche et douce, son visage étrangement apeuré. Il espérait pouvoir plonger les yeux dans ses grands yeux noirs et craintifs. Il espérait même pouvoir poser la main sur sa poitrine, et sentir ses seins tendus sous sa tunique.
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Le jeune homme se rendait rarement au village. Souvent, il lisait. C'était un grand lecteur à ses heures - c'est-à-dire qu'une fois lancé, il se plongeait entièrement dans sa lecture.
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Elle était son enfer et son paradis sur la terre.
(p. 113)
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La vie n'était pas censée être qu'un esclavage, les deux filles s'accordaient à le dire.
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Videos de D.H. Lawrence (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de D.H. Lawrence
Lady Chatterley de Pascale Ferran : Entretien avec Michel Ciment (2006 / France Culture). Par Michel Ciment. Réalisation : Pierrette Perrono. Photographie : Pascale Ferran • Crédits : Sipa. Le 11 novembre 2006, dans son émission “Projection privée” diffusée sur France Culture, Michel Ciment recevait la réalisatrice Pascale Ferran pour s'entretenir avec elle autour de son film “Lady Chatterley” : une adaptation cinématographique d'un roman de l'écrivain britannique D. H. Lawrence. Pascale Ferran expliquait notamment les raisons pour lesquelles elle avait choisi d'adapter la deuxième version du livre, intitulée “Lady Chatterley et l'Homme des bois”. “Lady Chatterley et l'Homme des bois” (“John Thomas and Lady Jane”) est un roman du Britannique D. H. Lawrence publié en 1927. Deuxième des trois versions du roman polémique de 1928 “L'Amant de lady Chatterley”, il s'en distingue par l'absence de scènes crues et plusieurs variations, notamment à la fin. Moins connu que la version définitive, “Lady Chatterley et l'Homme des bois” a servi pour la mini-série télévisée britannique de Ken Russell diffusée en 1993, et l’adaptation cinématographique française de Pascale Ferran sortie en 2006, où jouent Marina Hands, Jean-Louis Coulloc'h et Hippolyte Girardot.
Sources : France Culture et Wikipédia
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