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Critique de tolstoievski


Avec L'Étalon, David H. Lawrence affute sa mine de crayon pour ce qui deviendra, dès son roman suivant, son chef-d'oeuvre absolu, L'Amant de Lady Chatterley.

On sent que l'auteur tourne autour, cherche encore, essaie de trouver l'angle juste ; qu'il possède déjà plus ou moins tous les ingrédients constitutifs de son futur grand roman mais que tout n'est pas encore en place, pas parfaitement calibré : l'héroïne principale est déjà une jeune femme mariée de milieu aisé, blasée de la fadeur, de la mollesse des hommes du monde dits « convenables » ou « à la mode ».

C'est une Américaine fortunée, Lou Witt, qui a épousé un Australien, Henry Carrington, alias Rico, un peu artiste, un peu bohème, un peu poseur, un peu dragueur et surtout bon à rien, si ce n'est à faire le mondain. Lady Carrington s'ennuie donc ferme aux États-Unis, en Europe continentale, un peu partout, et finit par échouer un certain temps en Angleterre.

Là, accompagnée par sa mère, Mrs Witt, une veuve cinquantenaire audacieuse et encore relativement attirante, mais dont la langue corrosive fait des ravages quoi qu'elle touche, Lou n'a d'intérêt dans la vie que pour les promenades à cheval. Pas regardante à la dépense, on lui présente un étalon fougueux, St. Mawr, qui aussitôt la séduit par sa « sauvagerie » intérieure, telle qu'elle devait être aux origines, couplée à une allure impeccable, d'une incroyable distinction.

St. Mawr n'est réellement maîtrisé que par son palefrenier, Lewis, un Galois taciturne, dont la description physique rappelle à s'y méprendre le propre portrait de l'auteur. On y sent déjà poindre à travers lui tous les ferments du futur personnage d'Oliver Mellors, celui qui deviendra l'amant de la Lady... Mais ici, point de tout cela, l'auteur peine à caractériser ce personnage, il lui adjoint une sorte de double, en la personne du palefrenier amérindien Phoenix, qui est au service de Mrs Witt.

Les choses se gâtent un petit peu lorsque Lou fait clairement entendre que la virilité de son mari Rico se mesurerait à son aptitude à monter le bouillant St. Mawr. Lui, Rico, déteste l'équitation mais possède une assez haute estime de sa propre virilité. Sachant qu'au demeurant, il n'est pas totalement insensible aux roucoulades d'une jeune femme de bonne famille, Flora Manby...

Alors, oui ou non, Rico acceptera-t-il de relever le défi de St. Mawr ? À qui Lou est-elle le plus attachée, à son mari ou à son cheval ? Quel rôle joueront les convenances, Mrs Witt, Lewis, Flora ou Phoenix dans les décisions finales impliquant Lou, Rico et St. Mawr ? Ça, je veux bien vous le laisser découvrir par vous-même.

Mon impression générale est assez bonne, concernant ce court roman, mais pas optimale. Pas optimale, notamment, parce que, vu le volume de l'ouvrage, la longue dernière partie, détaillant un lieu, un paysage, un domaine et l'historique de ses anciens propriétaires m'a parue diluée, inutile et inappropriée. Inappropriée, en ce sens qu'elle fait totalement retomber la tension, là où l'on aurait espérer la voir encore monter. Ou encore, inappropriée parce qu'elle introduit des personnages déjà morts et qui ne joueront aucun rôle dans le développement final…

Le thème central est pourtant intéressant, la séduction pour la rudesse originelle plus que pour le maniérisme moderne, mais le traitement n'en est, d'après moi, bien maîtrisé que sur la première moitié de l'ouvrage. J'imagine que cette thématique est toujours d'actualité et peut-être, même, plus que jamais, à présent que beaucoup souhaitent une forme de retour à la nature, aspirent à une vie peut-être moins confortable mais plus authentique, plus en phase avec les origines, loin des centres métropolitains hyperconnectés...
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